D: Les demandes de discernement sont-elles si importantes à notre époque ? Que peuvent faire le chrétien et l'Église ? 

RS : Ce serait s'aveugler que de ne pas voir les manques et difficultés de notre époque : recrudescence des crises identitaires, prolifération des sectes, éclosion de nouvelles spiritualités dans la plupart des pays et au sein même de l'Église, sans compter une ribambelle de publications ne faisant qu'ajouter à la confusion! 

Les bouleversements de cette seconde moitié du XXème siècle correspondent à des transformations sociales et psychologiques profondes et l'on sait que certains malaises de société, pendant ces périodes de transition, font éclore de nouvelles soifs d'absolu tout à fait imprévisibles. 

 Face à de tels effets, le Pape et les cardinaux ont multiplié leurs appels et mises en garde, demandant à tous les responsables d'Église de s'entourer de laïcs chrétiens compétents afin de répondre à ces problèmes, plus particulièrement ceux liés à la prolifération des sectes. 
Je pense donc qu'un catholique ne devrait pas rester sourd à de tels appels, ni attendre placidement de futures actions de la hiérarchie écclésiale, pour faire preuve d'initiative. 

J'essaie donc de répondre à ces besoins à ma manière, tout en m'entourant des avis de spécialistes de bonne volonté.  Que ceux qui veulent agir se mettent en marche! 

D: Pourquoi des services ne se mettent-ils pas en place plus rapidement ? 

RS : Pour ce qui concerne l'ésotérisme, le New-Age et les nombreux problèmes qu'ils provoquent, les prêtres ne peuvent pas toujours y faire face, ni découvrir les solutions appropriées.
   Du reste, les difficultés rencontrées au départ ne sont pas systématiquement d'ordre religieux; elles peuvent débuter par de simples tracas liés à la vie active. Déjà sur votre lieu de travail, au sein de votre entreprise ou même de votre entourage, de prétendus initiateurs vous proposent fréquemment de com- bler vos lacunes en tous genres. 

Il est bien connu, dans le New-Age par exemple, qu'on vous appâte souvent au début par des formules innocentes, comme la relaxation ou des ateliers de travaux manuels, dans le but prétendu de vous ressourcer et de mieux maîtriser votre corps ou votre esprit, pour déboucher finalement sur des méthodes de "méditation transcendantale". Ou, en d'autres circonstances, un "instructeur" vous conseillera peut-être de mieux connaître vos incarnations antérieures, afin d'améliorer intuitions et connais- sances, vous proposant pour finir de pratiquer le channeling et de  devenir vous-même médium. 

Même votre patron peut vous conseiller ces nouvelles thérapies, training autogène, cri primal, bio-feed-back ou gestalt,afin d'être mieux dans votre peau et d'améliorer votre productivité. Je ne les décrirai pas, afin d'éviter une publicité inutile!

   Il faudrait donc que les représentants de l'Église connaissent tous ces pièges afin d'appréhender "l'esprit de ce monde" mais est-ce encore la fonction ou le rôle du prêtre que de maîtriser les pièges de la vie civile? 
   Dans son souci maternel, l'Église ne nous prévient-elle pas déjà de certaines erreurs dont elle a conscience, par ses lettres, discours et encycliques ?  En fait-on cas ? Les lit-on aux sources ? 
C'est dans ce but qu'elle nous aide pourtant de ses conseils, dans les différents secteurs : social, moral, politique, vie familiale, etc, sans obliger personne. 
D'autre part, elle n'est au fait de ces dangers qu'au coup par coup, parfois longtemps après, et le pauvre prêtre est suffisamment accaparé par les besoin de sa paroisse pour ne pas s'occuper en plus de ce qui se passe au sein des entreprises et du monde. 
On sait aussi qu'il y a certaines lenteurs administratives au sein de l'Église de France, comme partout ailleurs, et que l'on risque d'attendre longtemps avant que des services spécialisés ne se mettent en place. 

D: Une collaboration entre laïcs et écclésiastiques pourrait-elle voir le jour ?y a-t-il des blocages ?

RS : Effectivement, cette collaboration est plus que souhaitable. Les choses évoluent depuis Vatican II et de nombreux services se sont déjà mis en place dans ce sens mais il reste encore à surmonter bien des routines.
Par exemple, ce mot "laïc", trop souvent synonyme de "chrétien de seconde zone" sous prétexte de ne pas appartenir au clergé, alors qu'au contraire le laïc baptisé représente le sacerdoce royal.
A ce handicap s'ajoute parfois la passivité de certains fidèles qui attendent tout du clergé, le considérant comme une sorte de "système alimentaire" et ne se situant qu'en dépendance par rapport à lui.

    Cette dévalorisation du laïc est parfois entretenue par certains prêtres qui se livrent à des activités touchant au domaine civil. 

Bien intentionnés, ceux-ci peuvent néanmoins en arriver à confondre responsabilités d'un ministère paroissial et travaux extérieurs. 
Dans ce contexte, ils considèrent trop souvent leurs frères comme tout juste bons à les seconder dans leurs activités. 

  Certains ont dès lors du mal à déléguer leurs "pouvoirs" aux laïcs sous prétexte que ceux-ci ne connaissent ni grec ni latin. 

La mission dont ils ont été investis d'En-haut, doublée d'une nomination à un poste de "responsable", peut les amener à une interprétation faussée des valeurs hiérarchiques et, ainsi, à se croire seuls compétents en tous les domaines. 

  Tout cela est dommageable car chacun reçoit sa part de l'Esprit-Saint afin que chaque mission serve à l'unification de tous. C'est là ce qui nous permettrait d'entrer en communion les uns avec les autres, pour une meilleure complémentarité des membres de l'Église et un partage plus efficace des tâches.
Sacerdoce royal et ministère sacerdotal ne sont pas opposés mais complémentaires.

D: L'Église soutient-elle votre démarche ?

RS : Etant donné qu'il n'y a ni facultés ni diplômes pour sanctionner les études en matière de discer- nement et d'ésotérisme, il y faut obligatoirement des aptitudes d'autodidacte et, plus encore, une expérience quotidienne. Si, dans mes démarches personnelles, l'Église m'a beaucoup aidé et parfois même m'envoie du monde, en ce qui concerne les décisions plus concrètes, par exemple un poste spécifique à budgétiser, les responsables en revanche se renvoient la balle. Pour nous laïcs, peu de choses sont prévues en France dans ce domaine, ce qui n'est pas le cas au Canada, pour ne citer qu'un exemple. Sinon, oui, je reçois les encouragements de nombreuses personnalités amies, comme vous allez le voir.

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