Il a été donné de ces deux êtres extraordinaires, chacun à sa façon, mais ayant eu cette analogie de mission d’avoir mis leur épée au service de la France dans des circonstances également noires, plusieurs thèmes assez disparates. Mais en confrontant les renseignements les moins hypothétiques, en tenant compte également du type moral et physique qu’ils représentaient, nous avons pu éliminer les plus douteux et les situer, quant à l’Ascendant, dans le signe dont ils portaient la nette signature, celui du Scorpion. Assez aisée pour Napoléon, la chose était plus délicate pour Jeanne d’Arc.
 
  La statuaire et la peinture la représentent volontiers sous les traits d’une petite Lorraine à tête ronde, un peu gracile, voire (comme dans le déplorable tableau de Lenepveu) sous les espèces d’une madone italienne, aussi douce et « jolie » qu’irrémédiablement insignifiante. Et pourtant, il existe au moins un portrait de Jeanne qui offre des caractères d’authenticité, sinon absolus, du moins très approchants. C’est le tableau peint par le bon roi René, lequel avait le double avantage de savoir tenir un pinceau et d’avoir vu de ses yeux - des yeux de peintre - notre héroïne nationale. Ce tableau - qui faisait partie de la collection Jacques Delbiez - est frappant. Un visage énergique à l’ovale allongé, le nez d’aigle du Scorpion et la mâchoire impérieuse, des yeux expressifs sous des sourcils assez fournis. Il ne faut pas omettre ici un détail, c’est que notre « bonne Lorraine » était des Marches champenoises, Domrémy étant à cheval entre ces deux provinces. Mais laissons cela, puisque ce n’est pas le sujet de la précédente étude.
 
  Nous avions donc monté le thème de Jeanne d’Arc pour le 6 janvier 1412 (calendrier julien), vers 2h. du matin.
    Ce qui nous donnait un Ascendant à 10’’ 23’ du Scorpion et un Milieu du Ciel à 23° du Lion (Signe, soit rappelé en passant, qui est traditionnellement attribué à la France).
    Quant à Napoléon, 15 août 1769, midi 24 (avec rectification de 4 minutes pour conjonction infiniment probable de M-C et de Régulus) son Ascendant se situait vers 14°20’ du Scorpion et son M-C à 24°45’ du Lion.

    Nous joignimes ces thèmes à notre collection sans plus les examiner et leur valeur mutuelle nous aurait échappé, si nous n’avions dû, deux ans plus tard, à la suite de constatations troublantes, reprendre tous nos thèmes du point de vue de l’astrologie stellaire. Nous pûmes ainsi nous rendre compte que, nonobstant ses énormes lacunes, l’astrologie des étoiles fixes avait, en thème natal tout au moins, une importance trop souvent méconnue.
 
  Et, ce qui attira davantage notre attention, ce fut un certain nombre de thèmes à destins partiellement connexes, où se jouaient les mêmes étoiles fixes. Et les deux thèmes les plus curieux à cet égard, dont les analogies ne pouvaient pas ne pas sauter aux yeux, furent justement ceux de Jeanne d’Arc et de Napoléon.
 
  La rencontre était d’autant plus imprévue que 357 ans séparent les deux naissances, 357 ans au cours desquels le ciel des étoiles fixes a subi un décalage de 5° par rapport au zodiaque des Signes, si bien que les deux thèmes, pour concorder sidéralement, doivent diverger zodiacale-
ment, dans la même proportion.
    En les examinant de plus près, nous nous aperçumes que les concordances n’étaient pas seulement d’ordre sidéral, mais aussi d’ordre planétaire. Un bref tableau résumera ces points : 
 

    Ce tableau est suffisamment éloquent par lui-même et laisse rêveur ; Nous répétons qu’il n’a pas été fait pour les besoins de la cause. On notera les oppositions de la polarité LUNE-SOLEIL dans les deux thèmes, dans la conjonction à Altaïr, ainsi que le sextil entre le luminaire masculin de Napoléon et le luminaire féminin de Jeanne d’Arc

  Même les divergences des deux thèmes, outre qu’elles font ressortir les concordances dont le nombre et la nature défient tout appel au « hasard », s’appliquent excellemment à des divergences dans les destins. Ainsi, tandis que le JUPITER de Jeanne se situe en Maison XI, celle des appuis et protecteurs, celui de Napoléon se situe juste sur l’ascendant, lui promettant un règne personnel. Par ailleurs, le SATURNE de Jeanne, aussi mal placé que l’URANUS de Napoléon, est de plus conjoint à ALGOL, l’étoile fatale, pronostic que renforce, surtout en thème féminin, la conjonction LUNE-ARCTURUS.

  Refusant le règne personnel à Jeanne et lui promettant une fin plus tragique que celle du grand empereur, son thème ne s’est que trop traduit en faits !...

  La recherche et la comparaison des ciels semblables, tant stellaires que planétaires judicieusement menées, permettant sans doute de combler quelques-unes des nombreuses et profondes lacunes de la tradition et de mettre à l’épreuve, du même coup, les différentes hypothèses par lesquelles les modernes s’y sont essayés par d’autres voies, avec plus ou moins de bonheur.