Le Foyer Polaire Original (1)

  

     L'existence d'un foyer polaire originel nous est attestée par tous les peuples que nous avons rattachés à la Race Blanche. Les documents fournis par les écrits des Hindous, des Perses et des Hébreux sont assez probants. Tandis que de nombreux savants modernes en étaient restés à la vieille antienne de nos origines pamiriennes ou hindoustanes, un Hindou, M. B. G. Tilak, dans un ouvrage abondamment documenté : The arctic Home in the Vedas, soutenait et prouvait une thèse bien différente, par une exégèse serrée des poèmes védiques.

     Cet auteur étudie d'abord les caractéristiques de l'année polaire et circumpolaire :

194 jours de soleil continu
47 jours d'aurore
48 jours de crépuscule
76 jours d'obscurité continue.


     À mesure qu'on s'éloigne du pôle, la période d'obscurité diminue, ainsi d'ailleurs que la durée des aurores.

     Les autres caractéristiques des régions polaires peuvent se résumer ainsi : le soleil se lève au Sud ; les étoiles ne se lèvent pas mais révoluent ; la nuit ininterrompue, elle-même, est illuminée par les aurores boréales.

     M. Tilak fait remarquer qu'une année de 12 mois lunaires avec 12 jours intercalaires était familière aux poètes du Rig-Veda. Cette année est celle du calendrier gaulois de Coligny dont nous avons déjà parlé et qui avait un mois intercalaire tous les deux ans et demi (12 + 12 + 6).

     La révolution du dôme céleste dans le sens horizontal, caractéristique exclusivement polaire, est mentionnée dans les hymnes védiques où Indra est dit « séparer le ciel et la terre, par sa puissance, comme les deux roues d'un char montées sur le même axe ».

     Le mont Meru est le pôle Nord terrestre. Le Mahabharata en donne une claire description :

     « Au Meru le soleil et la lune vont en cercle, de gauche à droite (pradakshinam) tout le jour et les étoiles font de même... Par sa splendeur, le mont surpasse l'obscurité de la nuit à tel point que celle-ci se distingue difficilement du jour... Le jour et la nuit sont ensemble égaux à un an pour les résidents de ce lieu. »

     Ces références sont largement suffisantes pour convaincre chacun qu'à l'époque où fut composé le grand poème épique, des écrivains hindous avaient une sûre connaissance des caractéristiques météorologiques et astronomiques du pâle Nord, Le rappel de « l'éclat de la montagne » est spécialement intéressant comme description des splendeurs de l'aurore boréale.

     D'après les écrits des Parsis, l'Airyana-Vaejo ou foyer originel des Iraniens fut un séjour rendu inhabitable par le froid. Dans ce home originel, le soleil se levait et se couchait une fois l'an, chose possible seulement au pôle Nord. Enfin la longue durée de l'aurore est confirmée par les milliers de vers que récitait le prêtre pendant sa durée. L'aurore est divisée en trois phases bien nettes : l'aurore qui va se lever, celle qui se lève, celle qui s'est levée. Ces distinctions ne sauraient être faites sous le ciel de l'Inde où le jour et la nuit se succèdent presque sans transition. Enfin, une longue aurore continue de 30 jours est expressément citée dans la littérature védique. Au pôle et dans les régions arctiques, les périodes de lumière solaire continue varient selon la longitude entre 7 et 10 mois.

     Or la légende d'Aditi dit expressément que le plus vieux nombre d'âdityas ou soleils était de sept. Le soleil est appelé saptâshwa (aux 7 coursiers). Un document postérieur nous montre le nombre des âdityas porté à 12 : « Il y a 12 mois de l'année, ce sont les âdityas ». 

     Le Shatapala Brâhmana, expliquant la légende d'Aditi, nous dit que sept fils d'Aditi sont appelés Devâ-âdityas (adityas divins) par les hommes, un huitième Mârtânda étant né « non-développé ». Le nom de ce huitième est étymologiquement dérivé de Mârta, signifiant mort ou non développé et de ânda un oiseau. Ceci se réfère, dit M. Tilak, à un soleil mort ou de descendant au-dessous de l'horizon. Le soleil est d'ailleurs symbolisé par un oiseau, dans divers passages du R. V. La légende est une réminiscence du lieu où le soleil montait au-dessus de l'horizon pour 7 mois et redescendait au cours du huitième, ce qui n'est exact que pour la zone arctique.

     Enfin, le Taittriyâ Samhita dit ouvertement que le soleil possède trois lumières :
 

Celle du matin qui est Vasanta (printemps) ;
Celle de midi qui est grîshma (été) ;
Celle du soir qui est carad (automne) ;


     Ailleurs, il est écrit : « Quand le soleil est couché, c'est la double saison Hemanta et Shishira (hiver) ». Nous retrouvons des traditions analogues dans l'ancien calendrier romain de 10 mois et dans les divers calendriers celtiques. Dans le glossaire de Cormac, il est signalé que le dernier mois de l'année était celui qui précédait l'hiver et que le premier jour du premier mois d'hiver était aussi le premier jour de l'année. D'où la fête des morts, la nuit de Samhuin, coïncidant avec la disparition définitive du soleil au-dessous de l'horizon arctique.

     M. Tilak, dans son livre passionnant, nous fait remarquer que « les anciennes familles patriarcales de la Race Blanche connaissaient des années formées d'un couple de six mois de jour et de six mois de nuit. » Une division de l'année en deux parts bien tranchées est visible dans le calendrier gaulois de Coligny (SAEMON et GIAMON). Il est curieux de remarquer que c'est du nombre deux que se tire le nom hébreu de l'année SheNE et la période appelée YUGA en sanskrit, période dont l'étendue a varié considérablement au cours des siècles.

     Ce premier point de contact établi entre les calendriers celtique et hindou et la notation hébraïque du temps, nous engage à rechercher si d'autres traces d'une année polaire ou circumpolaire ne se laissent pas deviner chez les hébreux, confirmant ainsi notre postulat de leur très ancienne origine celtique.

     M. S. de Ferares, dans son étude sur la durée de l'année biblique, a remarqué l'existence, chez les ancêtres des hébreux, d'une année de sept mois, sans en soupçonner cependant la raison que nos lecteurs connaissent maintenant.

     Dans l'Exode, on peut lire que la fête de la récolte se situe vers la fin de l'année. De plus, il est écrit textuellement dans le Lévitique : « mais le 15ème jour du SEPTIÈME MOIS, vers la récolte, Vous célébrerez une fête. »

     Nous avons déjà étudié la signification du nombre sept en hébreu et nous avons remarqué que ce nombre signifiait « ce qui cesse, finit » (fin de. l'année et disparition du soleil).

     Autre rapprochement avec le calendrier gaulois, le mois de la récolte correspond assez bien avec le mois RIVROS de la table de bronze de Coligny, mois qui pourrait s'interpréter : le mois des seigles.

     Dans le poème de job, plein de réminiscences archaïques, nous trouvons cette phrase singulière :
WhaShE WheSh KaSYME V'HeDeRY ThiMeN, qu'on traduit généralement : « Il a fait la grande Ourse, l'Orion et les Pléiades, ainsi que les étoiles des régions australes. »

     Mais, le terme employé pour étoiles HeDeRY, quoiqu'il puisse signifier constellations dans le sens, où nous employons « maisons », dans l'expression « maisons astrologiques », possède un sens qui a échappé aux traducteurs, abusés par le contexte.

     Le mot HeDeR signifie, comme verbe, « pénétrer à l'intérieur », « se cacher » et comme nom « une chambre intérieure », « un lieu profond et obscur », « les enfers », au sens antique du mot. Le terme hébreu qui signifie Sud, signifie aussi à main droite, comme en Sanskrit et en divers idiomes celtiques.

     Nous retrouvons d'ailleurs au chapitre XXVI du livre de Job la même cosmographie que dans les Védas (passages qui ont trait à la libération des eaux, à la demeure de Vritra et à sa lutte avec Indra)

     « Les RephAYM (2) tremblent sous les eaux... (devant Dieu)...
Devant Dieu, le ShAOL est nu, il n'y a pas de voile pour l'abîme... Il étend LE SEPTENTRION sur LE CHAOS (ThEU), il suspend la terre sur le néant, IL RENFERME LES EAUX DANS SES NUÉES... Son souffle donne au ciel la sérénité (3)... Sa main, TRANSPERCE LE SERPENT FUYARD (4) ».. Il était au moins curieux de signaler ces indices.
 


A. SAVORET.


(1) Extrait de l'ouvrage « Du Menhir à la Croix », en vente aux Éditions de Psyché.
(2) Le mot Rephalm est traduit par « ombres » « spectres » ou « géants ». L'analogie est remarquable avec les R'BhUs védiques.
(3) Le mot ShePhaRE « sérénité » est assez suggestif, puisque nous voyons un de ses redoublements poétiques : Sepharphara, signifier l'aurore, sens que la forme réduite Shephare eût sans doute jadis.
(4) L'Analogie avec le serpent vritra est ici assez évidente.