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Chapitre I

GUÉRISSEURS ET GUÉRISONS




Depuis que le monde est monde, depuis que l'homme terrestre y joue son rôle, il existe des « guérisseurs ». Il en existera sans doute toujours. S'il en va de la sorte, c'est que la fonction de guérisseur répond à un besoin profond de l'humanité. Aussi, est-ce sans grand succès que la médecine officielle du siècle écoulé a combattu les thaumaturges, réels ou supposé, qui parurent alors.

Qu'on nous entende bien. Il ne s'agissait pas seulement de poursuivre une « concurrence déloyale », de défendre parchemins péniblement conquis et coûteuses patentes. La médecine, alors très sincèrement matérialiste, engageait d'abord une guerre de doctrines, ensuite comme c'était son droit - elle combattait le charlatanisme et les pratiques superstitieuses (voire odieuses ou répugnantes) qui constituaient souvent le plus clair de l'arsenal thérapeutique des rebouteux, rhabilleurs et sorciers ruraux, confondus dans une même réprobation avec les magnétiseurs consciencieux et les guérisseurs-nés.

Plus clairvoyante aujourd'hui, si la médecine a conservé sa légitime défiance, ses justes appréhensions, son souci impérieux de vérifier et de discuter les faits, elle sait du moins que le vrai « guérisseur » existe, au moins sporadiquement, et préfère, plutôt que le condamner à priori, l'étudier, l'observer et le laisser opérer là ou elle se voit elle-même désarmée. En contre-partie, elle lui demande d'accepter son contrôle et de ne pas empiéter sur sou propre domaine. Mais il y a guérisseur et guérisseur... Tous, en effet, n'ont ni la même puissance, ni les mêmes méthodes, ni surtout ne font appel aux mêmes forces. La meilleure classification, la plus centrale, c'est, nous semble-t-il, de les répartir d'après l'agent thérapeutique qu'ils mettent en oeuvre.

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Au premier degré, le plus largement représenté, nous rencontrons les adeptes du magnétisme animal. Le guérisseur transmet avec ses mains le fluide vital dont il surabonde et qu'il dirige vers les organes déficients du malade. Trois modalités principales : imposition des mains immobiles sur la région à traiter; passes longitudinales ou transversales, selon qu'on vise à obtenir un effet d'excitation ou de sédation; impositions vibratoires employées depuis de longues années en Amérique, mais peu utilisées en France. Dans ces dernières, des contractions rythmiques des muscles des bras communiquent une série de secousses intérieures à la main dont les muscles sont relâchés (Méthode du Docteur A. E. Shil). Les premières méthodes du magnétisme animal furent mises en vogue, dans notre pays, en 1778, par le Docteur Mesmer. A sa suite s'illustrèrent le marquis de Puységur, Deleuze, le baron de Reichenbach, le baron du Potet, Cahagnet et Hector Durville, décédé depuis peu.
Les guérisseurs-magnétiseurs sont légion et nous en connaissons certains qui, travaillant correctement, obtiennent d'excellents résultats. Ceux-ci dépendent de l'intensité et de la qualité des radiations de l'opérateur, de la perméabilité du malade et de la gravité du mal. Mais, par contre, que de charlatans assoiffés de réclame, qui doivent leur réputation surfaite moins à leurs succès qu'à une publicité commerciale admirablement entendue! Que peut penser le Corps médical, de bonne foi, quand ses représentants dépouillent certains résultats contrôlés par un des leurs? Comment, dans ces conditions, reprocher leur incrédulité à certains médecins qui ne demanderaient qu'à être convaincus, mais trouvent assez maigres, pour ne rien dire de plus, les sept pour cent de guérisons loyalement constatées par un de leurs confrères, dans le contrôle des séances d'un des guérisseurs contemporains les plus réputés?

Si l'on y réfléchit quelque peu, sept pour cent de résultats ne prouvent absolument rien, pas plus que la guérison spontanée d'un malade abandonné par son docteur ne prouverait l'inutilité de la médecine. C'est un pourcentage bien inférieur à celui qu'accorderait le simple calcul des probabilités.

Dans un autre ordre de faits, un certain nombre de magnétiseurs peuvent momifier de la viande, du poisson et toutes matières putrescibles par l'imposition des mains. Le colonel de Rochas d'Aiglun, ancien directeur de l'École Polytechnique, et le comte de Tromelin ont pleinement et scientifiquement démontré cette possibilité. Aucune des expériences tentées en ce sens n'atteint cependant l'intérêt de celles faites par Charles Parlange, qu'on peut qualifier d'exceptionnelles dans toute la rigueur du terme. Nous en reparlerons plus longuement tout à l'heure.


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Au second degré nous rencontrons les champions du traitement mental et volontaire. Là encore, l'instrument des guérisons est toujours le magnétisme animal, selon cet évident principe que la vie seule peut nourrir, renforcer et rééquilibrer la vie. Mais ce magnétisme sert d'enveloppe à des énergies humaines plus hautes, à des potentialités d'ordre volitif et intellectuel. Traitement mental, suggestion, hypnotisme, concentration de pensée peuvent se regrouper sous un même vocable : action volontaire.

Si le premier degré a pour caractère une prédominance de l'élément involontaire (vitalité) sur l'élément volontaire et conscient qui n'intervient éventuellement que pour en « orienter » l'émission, le second degré offre les caractéristiques opposées : la volonté ne se contente pas d'orienter; elle projette, dirige, concentre. La pensée ne se contente pas de déterminer le but et d'enregistrer l'action; elle s'impose, au point même d'annihiler la pensée du sujet et de s'y substituer.
Ici, les résultats semblent souvent plus brillants et plus rapides. Mais la méthode a ses limites, facilement atteintes. De plus, elle substitue au jeu normal des équilibres naturels (que laissait se rétablir librement la première méthode) l'intervention de la volonté humaine et de la pensée, faillible et souvent aveugle. On peut lui poser de graves objections, dont on ne retiendra ici que les plus immédiatement perceptibles : d'abord, substituer sa volonté à l'effort normal de la nature médicatrice, toujours infaillible dans sa méthode - sinon, hélas! illimitée dans l'étendue de ses moyens - c'est supposer qu'on a saisi la genèse du mal, les nécessités vraies de l'organisme du patient, ainsi que la nature et l'intensité des forces à mettre en oeuvre. Chacun sent bien qu'une telle science n'existe pas en fait, qu'elle n'a peut-être pas dépassé le stade de l'embryonnat (nous parlons toujours en général). Aussi les adeptes de cette méthode ont-ils cherché un biais. A Londres actuellement, Arthur Spray fait de belles cures en employant le sommeil hypnotique; mais, afin de parer dans la mesure du possible aux risques que comporte ce procédé, il travaille avec un medium endormi qui lui signale les dangers. La méthode vaut ici ce que vaut le médium, et son efficacité, son innocuité même, sont à la merci du moindre incident, du moindre trouble psychique de la clairvoyante. Elle ne peut être maniée que par un praticien exercé et consciencieux.

Une autre objection est d'ordre plus élevé.
Le fait de se laisser endormir, d'abandonner sa personnalité consciente aux mains d'un étranger, répugne à notre conception occidentale de la vie. Spirituellement, un tel procédé ne peut être qu'un pis aller, et nous ne saurions, personnellement, le recommander en aucun cas. Endormir hypnotiquement un sujet, c'est pénétrer par effraction dans le domaine le plus intime de sa personnalité; c'est briser bien plutôt qu'«ouvrir» une certaine porte, jusqu'alors jalousement gardée, sans qu'il soit possible d'affirmer à l'avance qu'elle sera réparée et verrouillée avant le réveil. Un sujet qui a été une fois endormi est plus perméable qu'auparavant à certaines influences psychiques, à certaines ambiances, à certains troubles nerveux ou mentaux.
En outre, il faut le dire clairement, toute maladie est un déséquilibre dont les causes premières, souvent fort lointaines, échappent totalement au guérisseur et, partiellement, au médium qui le guide. La gravité réelle de nombre de cas est pratiquement indeterminable. Tel meurt des suites d'un rhume d'apparence bénigne, quand son voisin se tire sans trop de casse d'une tuberculose avancée.

Rééquilibrer c'est, dans l'ordre matériel comme dans l'ordre moral, donner une compensation, régler une dette - voire de nombreuses dettes. Nous touchons ici aux lois spirituelles, qui font de la souffrance une nécessité parfois inéluctable, comme elles font de la mort une nécessité absolument inéluctable. Il est donc des cas où la guérison imposée peut être contraire aux intérêts les plus hauts du malade et où elle ne constitue qu'une nouvelle dette plus lourde que la précédente, et dont la traite lui sera présentée à telle heure et sous telle forme qu'il pourrait bien regretter alors son premier mal.

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Dans les deux degrés précités se répartissent tous les guérisseurs classés comme tels, en laissant de côté ceux qui opèrent par les procédés dits magiques et dont il n'est pas utile de parler ici. Leur grande caractéristique, lumineusement dégagée par l'éminent radiesthésiste Voillaume, dont nous reproduirons plus loin quelques considérations, c'est de faire appel à des forces inhérentes à tout être humain normal, mais plus abondamment concentrées en eux. Pour emprunter une image à la physique on peut dire qu'ils utilisent une énergie commune à tous, mais présentant, chez eux, un potentiel remarquablement plus élevé.
Cette énergie, c'est l'énergie vitale (d'autres diront « astrale »). En nous reportant à la classification de M. Voillaume - qu'on trouvera plus loin - nous résumerons ainsi cette sommaire division :

tableau

Mais il existe un troisième degré, dont les ressortissants ne se rencontrent que très rarement celui des guérisseurs opérant par projection de forces extra humaines, indécelables chez l'être humain normal, forces que l'on peut qualifier de mystiques, si on les envisage du point de vue religieux; de spirituelles, si l'on veut s'en tenir à une conception strictement philosophique.
Nous emploierons de préférence le second terme, le premier ayant d'ailleurs donné lieu à des abus regrettables.

Dans ce troisième degré se classent évidemment les guérisons opérées par les saints des diverses formes religieuses, mais il ne se borne pas à elles. L'esprit souffle où il veut, et les forces d'origine vraiment spirituelle débordent nos classifications, souvent étroites et conventionnelles.
De tout temps cette sorte de guérisseurs a existé; elle comprend deux catégories : l'individualité choisie est consciente des forces spirituelles qu'elle manie avec autorité ou, cas de beaucoup le plus fréquent, elle est le support de forces dont l'origine et le mécanisme lui échappent plus ou moins.

Dans la première catégorie, nous rangerions volontiers un homme dont se souviennent toujours les pauvres gens d'une de nos grandes villes industrielles, dont il fut la Providence.
Nous nous abstiendrons cependant de rappeler un nom odieusement lié à de basses calomnies et à de stupides racontars.

Quittons plutôt la France et le siècle, et cherchons plus loin notre exemple :
Né le 27 avril 1856 à Ebersheim (Alsace), Francis Schiatter était fils de très pauvres gens. Il émigra en Amérique et, vers 1892, se fixa à Denver. Ses guérisons furent innombrables : surdité, tuberculose, cancer, cécité, cédaient à une simple imposition des mains. Lorsqu'on l'interrogeait sur ses pouvoirs, il répondait, bonhomme :
« Mon père remplace aussi facilement une paire de poumons malades qu'il nous guérit du rhumatisme ou de l'enrouement. Vous me demandez ce qu'est "ma" force. Elle n'est rien. C'est la volonté du Père qui fait tout! »
Ce serviteur conscient des forces spirituelles, qui lisait dans les consciences aussi aisément qu'il commandait à la douleur, poursuivit sa mission cinq années durant, à travers la fiévreuse et matérialiste Amérique. Il mourut seul en 1897, l'heure prédite par lui, laissant à son ami Fox cette lettre laconique : « Ma Mission est terminée et le Père me rappelle. Au revoir »(1). Son squelette fut retrouvé six mois après, non loin de Mexico.

C'est à la seconde catégorie des guérisseurs spirituels qu'appartient à l'heure actuelle Charles Parlange. On en jugera tout de suite par cet extrait d'une lettre relatant quelques-unes de ses expériences contrôlées, émanant de M. G. qui a bien voulu nous autoriser à la reproduire :

Septembre 193?

Monsieur,

« Selon votre désir, je vous transmets la conversation que j'ai eue avec M. Charles Parlange, ainsi que les documents demandés.
.................................................................

« Dès cet instant nous abandonnons les sentiers battus : passes et impositions des mains, momification de la viande à 0,20 cm, avec les mains. Nous guérissons les malades à plusieurs mètres de distance, les bras croisés; la viande est momifiée à 1 m. 50 par seule concentration mentale, chose considérée comme absolument impossible par tous ceux qui font autorité en la matière (Côtelette témoin pour chaque expérience, régulièrement putréfiée dans les six jours).

« Les murs eux-mêmes ne nous arrêtent pas et j'ai vu des hommes non avertis être irrésistiblement attirés en arrière, alors que Charles Parlange était dans la pièce à côté.


« Un seul regard arrête instantanément de violentes hémorragies provoquées par des coupures profondes.


« J'ai eu sous les yeux la correspondance d'un médecin traitant, au sujet d'un malade soigné par Parlange à plusieurs centaines de kilomètres. Ce médecin notait les réactions effarantes du malade pendant chaque séance. Mais nous allons plus loin encore et nous réalisons l'expérience la plus incroyable qui ait été faite en Europe à notre connaissance. Il s'agit non d'un organisme vivant, qui est un récepteur de premier choix, mais d'une matière inerte.


« Le 21 novembre 1934, sous le contrôle sévère d'un des plus illustres savants du monde, dont l'attestation ne saurait être mise en doute dans les milieux scientifiques, nous réalisons la momification d'une côtelette à sept cents kilomètres de distance.


« La puissance de Charles Parlange, ou mieux les dons dont il parait bénéficier semblent ne pas avoir de limites et il tente avec succès le traitement collectif, d'abord sur une vingtaine de malades.

« Le médium endormi par le Docteur X... assistant à une séance voit parfaitement des rayons violets s'échapper du front de Charles Parlange et se diriger sur chaque malade, quelle que soit sa place dans la pièce (2).

« Rue Beaujon, en novembre dernier, à 20 h. 45 Charles Parlange exposant au comte d'A... de curieuses expériences de télépathie, celui-ci émit quelques doutes et, tel saint Thomas, demanda à se rendre compte par lui-même : « Tentons une expérience, dit-il, et puisque vous agissez à 800 kilomètres, provoquez donc un phénomène caractéristique sur la personne en question, qui ne peut être prévenue. Télégraphions demain matin et nous verrons »

« Charles Parlange agit immédiatement, à 21 heures, pendant cinq minutes exactement et la réponse au télégramme envoyé le lendemain matin fut la suivante La personne en question, qui s'était couchée et endormie à 20 heures, fut réveillée à 21 heures par un souffle et une violente chaleur dans la colonne vertébrale. Elle se leva pour regarder l'heure, il était exactement 21 h. ; quelques minutes après, elle se rendormait ».

« Dans ce même ordre d'idées, Ch. Parlange ouvre un autre dossier renfermant les résultats de 90 expériences d'action à 750 kilometres (3). J'y vois qu'une personne placée à 750 kilomètres de Paris, immobile et sans aucune initiative, agit à son ordre sur plusieurs Malades installés en face d'elle. Dès le commencement de l'action, la personne interposée ressent une forte pression sur la nuque; aussitôt les malades placés en face d'elle ressentent des réactions plus ou moins violentes. Dès qu'à Paris l'action cesse, la personne interposée ne ressent plus rien et les malades n'ont plus de réactions.

« Bien entendu, comme dans tous les traitements de Ch. ParIange pas un mot n'est prononcé, pas un geste n'est fait.

« Mentionnons aussi la gravité des cas traités, car nous ne nous trouvons qu'en face de maladies incurables, traitées par les plus grands Professeurs des Facultés de France, d'Amérique, d'Autriche, etc..., et non de maladies bénignes (qualité aussi des malades soignés qui sont bien loin d'être de naïfs crédules, mais, au contraire, appuyés sur leurs médecins traitants).
Pourcentage effarant des guérisons, parfois instantanées, qui atteint jusqu'ici 80 % des cas traités. Les expériences surprenantes, absolument inédites et inexplicables en l'état actuel de notre science officielle, m'obligent à faire à Ch. Parlange une dernière question.
- Où vous arrêterez-vous?
- Ceci n'est pas mon secret. Irrésistiblement poussé dans cette voie, j'ai la conviction profonde que cures et expériences ne sont qu'un début, la première remontant à trois ans.

« On peut faire de grandes choses pour son prochain, quand on l'aime comme soi-même ».

On voit déjà combien les phénomènes énumérés par M G. diffèrent de ceux obtenus par les autres guérisseurs connus, tant par leur intensité que par la source extra-humaine dont parfois ils paraissent émaner.

Le chapitre suivant nous fournira sur ce dernier point les plus précieux éclaircissements.



Notes

(1). Le fac-similé de cette lettre fut reproduit dans la revue l'initiation en 1898 Le Voile d'isis (6 février 1896) donna une courte biographie du guérisseur de Denver, d'après des articles de journaux américains.

(2) Mentionnons 25 expériences faites avec médium qui se trouvait à Carcassonne, M. Parlange étant à Paris (distance 750 kilomètres). M. Parlange endormait et éveillait le médium à sa volonté. Trente témoins dont des médecins ont constaté les faits.

(3). Voir note précédente,

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