V

 

Le Curé d'Ars et les Âmes du Purgatoire

 

Lors du procès de canonisation, Mme la comtesse Prosper des Garets, femme du maire d'Ars, a porté ces témoignages : (1)

L'une des dévotions qui tenaient le plus au cœur de M. le Curé était la dévotion aux âmes du purgatoire ; elle allait chez lui jusqu'à la tendresse. Avait-il une messe à dire pour un malade ou pour les âmes souffrantes, il préférait les âmes du purgatoire. Ce que je vais ajouter n'est que le résultat de mes impressions et de ma conviction personnelle, sans que je songe à rien préjuger sur le fond et la réalité des faits. Ma conviction est donc qu'il était en relation directe avec les défunts, et que le purgatoire était un lieu où il savait ce qui se passait...

 

Une demoiselle de Bourg, Mlle d'Ecrivieux, avait avec elle son vieux père, qui avait été rebelle toute sa vie aux influences religieuses et qui mourut subitement. La bonne demoiselle était très inquiète sur son salut. Afin de se rassurer, elle consulta M. le Curé d'Ars, qui, sans hésiter, répondit : « Il est sauvé, mais il est en purgatoire pour un temps indéfini ».

 

Ma mère, qui était une personne très pieuse, venait de mourir. Il me semblait que je n'avais presque pas besoin de prier pour elle ; j'en parlai à M. le Curé. « Priez, me répondit-il, priez au contraire beaucoup pour elle ». Ma sœur, de son côté, s'en ouvrit à M. le Curé : « Soyez tranquille, mon enfant, lui dit-il, votre mère est bien placée.

— Comment, monsieur le Curé, elle est en paradis ?

— Je ne vous dis pas cela, mon enfant ; je vous dis qu'elle est bien placée. »

Nous comprîmes qu'il voulait nous dire qu'elle n'était pas pour longtemps en purgatoire.

 

Mlle Adèle de Murinais, après avoir consacré toute sa vie à l'exercice des bonnes œuvres, s'était éteinte à la suite d'une longue et douloureuse maladie. Je la recommandai aux prières de M. Vianney. « Inutile, mon enfant, de prier pour elle », me répondit-il. Et lorsque la belle-sœur de la défunte voulut lui demander de célébrer des messes pour le repos de son âme, il refusa en disant : « Elle n'en a pas besoin ».

Mlle de Bar, qui est notre parente, avait perdu sa mère dont la vie avait été semée de bien des épreuves. Elle vint à Ars et, comme elle entrait à la sacristie, M. Vianney l'aborda et lui dit : « Mademoiselle, vous avez donc perdu votre mère ; elle est au ciel.

— J'ai cette confiance, monsieur le Curé.

— Oh ! oui, elle est au ciel. »

Et comme Mlle de Bar présentait à M. Vianney le chapelet de sa mère pour le faire bénir, il le prit et le baisa avec respect.

 

J'ai remarqué beaucoup d'autres choses de ce genre ; ce qui a mis en moi la conviction dont j'ai parlé plus haut.

 

(1) Procès de l'Ordinaire, folios 901-902

 

 

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