XIV

 

Pour tirer d'ennui une domestique

 

Un bulletin paroissial, le Carillon de Beaurepaire – qui, en dépit de son titre, fait encore plus de bien que de bruit – a publié, dans son numéro d'août 1893, ce trait où l'on verra comment saint Vianney mettait ses dons les plus rares au service des humbles, et en d'humbles choses.

 

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Mlle Thérèse-Apollonie Servonat, de Tourdan (Isère), habitait Lyon depuis quelques années. Entendant les Lyonnais parler sans cesse du Curé d'Ars, des miracles qu'il opérait, des pèlerins qui se succédaient par milliers dans son église, elle eut aussi le désir d'aller le voir. Chaque année, ses bourgeois allaient à la campagne prendre quelques semaines de vacances. Elle profita de leur départ pour faire plus librement son voyage.

Arrivée à Ars, elle se proposait d'y passer quelques jours. Sa première visite fut pour l'église qu'elle trouva remplie de monde. A peine eut-elle dit une courte prière qu'elle vit le saint Curé descendre du chœur de l'église et venir directement à elle.

« Mon enfant, lui dit-il, vous venez d'arriver et vous vous proposez de rester ici quelque temps ; mais il faut vite rentrer chez vous, car les maîtres de la maison dont vous avez la garde doivent rejoindre Lyon tel jour. »

La pèlerine écouta le saint Curé. En toute hâte elle remplit ses devoirs de piété et reprit le chemin de Villefranche, où l'on s'embarquait sur la Saône pour Lyon. Deux heures après son arrivée, ses bourgeois étaient de retour.

Revenue dans sa maison paternelle de Tourdan, elle raconta ce fait étonnant à ses parents et amis qui en gardent le souvenir avec émotion.