X

 

« Le bon Dieu le veut ! »

 

« Extrait de l'abrégé de la vie et des vertus de Sœur LOUISE-COLOMBE MILLET, décédée en ce monastère, le 20 août 1908, âgée de 89 ans, dont 63 ans 10 mois de profession, au rang des SŒURS CHORISTES. »

 

« Cette sœur était encore jeune fille. Elle habitait Mâcon, où elle était née le 25 novembre 1818. Elle faisait, par ses vertus, l'édification de toute la ville et le bonheur de ses pieux parents. Mais la grâce de la vocation religieuse ne s'était pas encore clairement dessinée...

Vers cette époque, M. et Mme Millet résolurent d'aller passer quelques jours à Ars, afin de conférer à loisir avec le saint Curé dont la renommée commençait à se répandre ; plusieurs amies, désireuses d'une même faveur, accompagnèrent la famille ; Louise seule était dans la résolution bien arrêtée de ne pas s'adresser au vénéré prêtre.

Huit jours s'étaient déjà écoulés, pendant lesquels M. et Mme Millet avaient eu, selon leur désir, la consolation de plusieurs longs entretiens dont ils bénissaient le Seigneur. Les personnes qui les accompagnaient, malgré toute leur diligence, n'avaient pas encore eu ce privilège. Cependant le départ, à la grande satisfaction de Louise, était fixé pour le lendemain : heureux lendemain qui devait marquer une date importante de sa vie !

Le matin de ce jour de grâce, le saint Curé, en se rendant à la sacristie, lança dans la foule un regard pénétrant et tendit son bréviaire : c'était le signe habituel par lequel il invitait à le suivre. Louise avait compris ; d'ailleurs la foule s'écartait pour lui livrer passage, et, sans délai ni examen, il fallut se rendre. Sans autre préambule, l'homme de Dieu lui indiqua le confessionnal :

« Mettez-vous là, mon enfant, mettez-vous là. »

Louise tombe à genoux et, après un court entretien, entend la grande parole qui devait orienter sa vie :

« Mon enfant, vous serez religieuse à la Visitation. Le bon Dieu le veut !... Le bon Dieu le veut !... »

Après avoir écouté les objections de sa pénitente, le saint Curé reprit pour la troisième fois :

« Mon enfant, le bon Dieu le veut !... »

Il n'y avait plus à en douter, l'appel divin était véritable et irrésistible. Cependant les difficultés que notre future Sœur avait confiées au vénérable prêtre se dressèrent tout d'abord comme une montagne infranchissable, puis peu à peu s'aplanirent d'elles-mêmes, ainsi que cela lui avait été prédit ; et enfin, libre de toute entrave, elle put prendre son vol vers l'arche sainte qui devait pendant de si longues années être le lieu de son repos... » (1)

 

 

(1) Circulaire de la Visitation de Mâcon, 21 novembre 1910