VII

Double prédiction à une pauvre épileptique

 

En 1850, à Champdor, au milieu des montagnes du Bugey, aux bords de l'Albarine aux belles cascades, Victorine Levrat épousait François Raquin. L'espoir de la maternité réjouit bientôt le cœur de la jeune femme, quand, hélas ! à la suite d'une frayeur soudaine, elle devint épileptique.

Victorine tomba dans une profonde tristesse à la pensée que ses enfants hériteraient de ce mal redouté – le « haut mal ».

 

« Va donc à Ars, lui conseilla un jour sa sœur aînée, qui était sa marraine. Le saint Curé priera pour toi. »

La pauvre malade consentit au voyage. Elle eut la faveur, dès son arrivée, d'aborder M. Vianney et obtint de lui qu'il dirait, le lendemain même, la messe à ses intentions. S'étant confessée, elle communia à cette messe.

Le midi de ce jour-là, Victorine Raquin se mêla à la foule qui attendait le passage du saint de son église à sa cure.

M. Vianney paraît, s'arrête devant la malade.

« Courage, ma fille, lui dit-il, vous porterez votre croix jusqu'à la fin. Ce ne sera pas très long. Vous aurez une nombreuse famille, et tous vos enfants jouiront d'une excellente santé. »

Or la prophétie se réalisa de point en point. Victorine mourut à cinquante et un ans. Son mal ne fit que s'accroître « jusqu'à la fin ». Mais ses enfants se portèrent tous très bien (1).

 

(1) Témoignage de Mgr Guillot, Saint-Paul, Minnesota (États-Unis) qui plusieurs fois entendit conter le fait. (Lettre adressée d Mgr Convert le 29 novembre 1931.) Mgr Guillot est originaire du diocèse de Belley.