MGR H. CONVERT
Le Saint Cur d'Ars ET LE SACREMENT DE PNITENCE
Le Saint Cur d'Ars confesseur ¤ I Son assiduit au confessionnal ¤ II Son union Dieu ¤ III Sa svrit et sa fermet ¤ IV Sa bont ¤ V Son discernement des esprits ¤ VI Sa brivet ¤ VII Sa science ¤ VIII Sa mthode de direction ¤ IX Les retraites
Doctrine du Saint Cur d'Ars sur le Sacrement de Pnitence
Art. ler. LE SACREMENT DE PNITENCE Ses effets Son institution, sa ncessit Bont de N-S. dans l'institution du sacrement de Pnitence Quand il faut recevoir le sacrement de Pnitence ? Obstacles la rception du sacrement de Pnitence
Art. Il. PARTIES DU SACREMENT DE PNITENCE ¤ 1. De la contrition : Qu'est-ce que la contrition ? Sa ncessit Qualits de la contrition Comment obtenir la contrition ? ¤ Il. Du bon propos : Qu'est-ce que le bon propos ? Sa ncessit Marques du bon propos ¤ III. De la confession. Ses qualits. Qu'est-ce que la confession ? Elle doit tre humble Elle doit tre simple Elle doit tre prudente Elle doit tre entire ¤. IV. De l'examen de conscience. Son importance Manire de le faire Matire de lÕexamen ¤. V. De l'absolution. Quand le prtre doit diffrer ou refuser lÕabsolution ? ¤. VI. De la satisfaction. Rparation que l'on doit Dieu La pnitence sacramentelle Pnitences volontaires Rparations que l'on doit au prochain
Art. III. LES CONFESSIONS NULLES ET SACRILéGES. ¤ I. Ceux qui font de mauvaises confessions ¤ Il. Confession gnrale, moyen de rparer les mauvaises confessions
RFLEXIONS POUR SÕEXCITER A LA CONTRITION EXERCICE DU CHEMIN DE LA CROIX Invocation et Oraison
|
L'unique but de cette premire partie est de montrer le ÇPatron des curs de lÕUniversÈ dans l'exercice du ministre de la confession. Le portrait a-t-il t assez fouill ? Le trouvera-t-on ressemblant ? Du moins croyons-nous en avoir esquiss les traits principaux.
Arriv Ars une poque o de trs nombreux tmoins existaient encore de la pratique de notre Saint, soit en chaire, soit au confessionnal, nous avons recueilli avec une filiale pit ces vivants tmoignages, nous les avons contrls les uns par les autres, et aussi par les sermons du Serviteur de Dieu : ils ne s'accordaient pas toujours assez bien avec les dpositions du procs. Et cependant impossible de mettre en doute les rcits des contemporains, qui souvent s'accusaient eux-mmes en nous les faisant. Nous en sommes venu cette conviction :
1¡ que M. Vianney avait eu deux manires : l'une l'gard de ses paroissiens, l'autre l'gard des trangers ;
2¡ qu'il avait un peu tempr, dans les dernires annes de sa vie, la svrit laquelle l'avait inclin jusque-l son ducation thologique.
Nous avons donc eu recours une double source de renseignements: la tradition locale et le procs de batification, et c'est en tenant compte de l'une et de l'autre, que nous avons rdig les pages suivantes. La tradition locale nous peint le Cur d'Ars plus svre ; les dpositions des tmoins nous le reprsentent plus doux. Nous avons essay de fondre ensemble ces deux nuances. Nous voulons esprer que notre humble travail sera de quelque utilit plus d'un prtre et surtout plus d'un pasteur de paroisse.
¤ I. SON ASSIDUIT AU CONFESSIONNAL.
Il serait difficile de dire quel point le Cur d'Ars aimait les Çpauvres pcheursÈ. Que faisait-il, les premires annes, genoux devant le Saint Sacrement, immobile, prostern sur le pav du sanctuaire, ds quatre heures du matin ? Il priait pour eux et s'offrait en sacrifice pour leur conversion. Ce fut, pendant plusieurs annes, son occupation presque unique ; il y consacrait huit heures chaque jour. Il cra ainsi ce courant de grces extraordinaires, Çqui allaient les chercher et les amenaient Ars comme malgr euxÈ.
Le mdiateur des pcheurs auprs de Jsus-Christ dans le Trs Saint Sacrement donna donc naissance, en M. Vianney, au confesseur ; et celui-ci ne fut si prodigieux que parce qu'il tirait de celui-l sa puissance et sa grce. Au moment o le plerinage commena s'tablir, M. Vianney se rendait l'glise vers deux ou trois heures du matin ; il sonnait lui-mme l'anglus afin d'avertir les fidles de sa prsence et de leur annoncer qu'il se tenait leur disposition ; jamais il ne les fit attendre ; c'est lui qui les attendait.
Plus tard, lorsque des centaines de plerins afflurent chaque jour et que, ne pouvant suffire la tche, il dut, le soir venu, les laisser pour aller prendre quelques heures de repos, du moins descendait-il l'glise le plus tt possible, minuit, une heure ! ÇIl faudrait bien, disait-il, que le bon Dieu me donnt la facult qu'il a accorde quelques saints, d'tre plusieurs endroits la foisÈ.
ÇCombien de temps passait-il au confessionnal dans une journe ? Environ quinze heuresÈ, dit Mlle Catherine, un des tmoins les plus autoriss de sa vie. Que de souffrances il y endura ! ÇElles taient extrmesÈ. Il n'y allait Çavant le jourÈ qu'au prix Çd'un douloureux combat et qu'avec la plus grande rpugnance. Vers les quatre heures du matin, le sommeil le gagnait ; pour y rsister, la lutte tait terrible... C'tait une heure qu'il redoutait. D'autre part les mauvaises odeurs rpandues dans sa petite chapelle taient insupportables ; pendant l't, la chaleur y tait touffante, l'air y manquait. Plus d'une fois il se sentit mal et faillit s'vanouir. Il demandait alors du vinaigre et le respirait. Nanmoins, ds que la foule diminuait, il paraissait triste et faisait des neuvaines pour quÕelle revint plus nombreuse. Aprs sa maladie de 1843, entrant l'glise pendant sa convalescence, il jetait des regards d'envie sur son confessionnal, on lui avait dfendu l'exercice du ministre avant sa complte gurison. ÇSi j'avais un pied dans le ciel et qu'on m'invitt revenir sur la terre pour travailler la conversion des pcheurs, dit-il un jour en prsence de plusieurs personnes, je reviendrais volontiers ; s'il fallait rester jusqu' la fin du monde, me lever tous les jours minuit et souffrir comme je souffre, oh ! de tout mon cÏur j'accepteraisÈ.
¤ Il. - SON UNION A DIEU.
Le confesseur, au tribunal de la Pnitence, agit au nom du Souverain juge dont il est le dlgu. Mais il n'exerce ses fonctions quÕau milieu des cueils. Il se revtira donc de l'esprit de Notre-Seigneur afin de les viter ; la douceur, la patience, la fermet, le tiendront galement loign de l'indulgence qui excuse tout, de la rigueur qui ne pardonne rien, des vivacits qui ferment les cÏurs ; il demandera avec instance la grce, les lumires surnaturelles, le discernement des esprits, ncessaires pour tre un mdecin qui approprie ses conseils aux besoins des mes, un juge qui prononce des sentences quitables, un directeur clair qui ne conduise pas au foss ceux qu'il a mission de faire marcher dans le droit chemin. Tout pntr de l'onction de la charit, il s'efforcera de toucher les mes, mais en vitant le zle indiscret, les curiosits dangereuses, le sensualisme pieux, les dcisions fausses ou prcipites. Or qui ne voit que de si graves obligations font un devoir au confesseur de se tenir troitement uni Dieu par la prire, la puret d'intention, les oraisons jaculatoires, le frquent recours au Pre des lumires et la Sagesse incre ? Les rayons ne doivent-ils pas rester unis leur foyer, le ruisseau sa source, la fleur sa tige ? Quand ils s'en sparent, ils tarissent ou meurent.
Aussi le ministre de notre Saint au tribunal de la Pnitence fut-il une continuelle oraison. C'est pourquoi les eaux de la grce coulaient sans cesse de son cÏur et de ses lvres, le rayonnement de la Sagesse ternelle illuminait, par ses rponses, les mes troubles, et sa vertu transcendante les embaumait de la bonne odeur de Jsus-Christ.
Avant d'entrer au confessionnal, notre Saint Çimplorait les lumires du Saint-Esprit et offrait au Pre ternel, en rcitant cinq Pater et cinq Ave pour la rconciliation des pauvres pcheurs, le sang et les mrites de Notre-SeigneurÈ. Puis s'adressait la Sainte Vierge, il lui disait : ÇMarie, ne me quittez pas un instant, soyez toujours mes ctsÈ. Assis au saint tribunal, il se reprsentait la Mre de Dieu sa droite et l'ange gardien sa gauche. Ayant constamment avec lui un grand reliquaire en argent qui renfermait plusieurs reliques de la Passion, il prenait ce reliquaire entre ses mains dans les moments pnibles et priait Notre-Seigneur avec ferveur et avec larmes. De temps en temps il fixait aussi ses regards sur la mdaille miraculeuse suspendue son confessionnal ou sur l'image de l'Ecce Homo, de saint Jean-Baptiste, de sainte Philomne, qu'il avait devant lui ; et tour tour il demandait pour les pcheurs agenouills ses pieds des grces de conversion parfaite, pour lui et pour les mes dont il entendait les aveux, des grces de charit, de force, de puret. Il arrivait ainsi que les pnitents se retiraient trs souvent tout mus ; Çquelques-uns pleuraient tout haut et poussaient des crisÈ de douleur ou de joie.
Sa prire, on le voit, n'tait gure interrompue ; elle augmentait plutt en intensit mesure que son ministre devenait plus ardu. Avait-il des rponses difficiles faire, des problmes de conscience embrouills rsoudre, il rflchissait parfois un instant, cherchant en Dieu seul la solution. Ses pnitents l'ont entendu s'entretenir de longs moments avec un mystrieux personnage dont la prsence, ne se rvlant qu'au saint Confesseur, tait invisible pour tout autre : cÕtait l'heure de la prire plus affective, des communications divines plus abondantes. Quelquefois l'union de notre saint avec Dieu s'levait jusqu' l'extase ; on vit mme un jour deux rayons de feu jaillir de son visage, et qui, au lieu de le montrer, l'clipsaient par leur splendeur. Mais plus habituellement ses conseils et ses dcisions sortaient de ses lvres comme la flamme du foyer ; ils attestaient leur manire la puissance et la continuit de son adhsion l'Esprit de sagesse et de science.
En dfinitive, l'union de M. Vianney avec Dieu avait pour principe l'humilit qui se dfie de soi. Elle le jetait entre les bras de sa divine Mre et par elle sur le cÏur de Jsus crucifi. L il se plongeait dans l'ocan de l'amour, il se sentait insparable du Christ et voyait tout en Lui. ÇSes bons saintsÈ l'aidaient aussi de leur crdit auprs du Matre et attisaient encore les flammes de sa charit.
¤ III - SA SVRIT ET SA FERMET.
La svrit, dans les saints, a pour principe l'idal qu'ils veulent atteindre et la parole du Matre qui a cr cet idal : ÇSoyez parfaits comme mon Pre cleste est parfaitÈ. L'artiste qui fouille le marbre et qui en veut faire sortir la vie, est svre : il le frappe coups de ciseau il le taille il le dpouille de cette forme grossire qui cache une me ensevelie dans la matire ; il ne s'arrte que quand son marbre jubile, pleure ou adore. Ainsi font les saints : ils ont la noble, la sublime ambition de former, en eux et dans les autres, le Christ, d'en devenir la ressemblante image et de la faire resplendir dans toutes les mes qu'ils touchent. Travail difficile, qui requiert de pnibles immolations, des retranchements douloureux, la haine de soi jusqu' la mort. Ce travail, les saints s'y vouent sans dfaillance. C'est pourquoi leur doctrine est svre : elle est celle de lÕEvangile qui est le code de la saintet ; c'est pourquoi leur direction est rude, mme quand elle revt des formes suaves : ils font passer par Çle chemin troit qui conduit la vieÈ. Pour eux, point d'accommodement entre l'esprit chrtien et l'esprit du sicle, point de ces concessions, mme lgres et momentanes, faites la triple concupiscence. L'vangile dans toute son austrit, voil leur unique rgle. Ils font des efforts hroques pour le suivre et pour Çprparer au Seigneur un peuple parfaitÈ, qui le suive leur exemple.
Cette seule explication suffirait amplement justifier l svrit de notre Saint. Il se montrait sans piti dans la rpression des veilles et des cabarets ; il avait, pour les parents et l'accomplissement de leurs obligations d'tat, des exigences qui nous paraissent outres ; le blasphme le mettait hors de lui, et il s'armait, pour en arrter le cours, de toutes les svrits du langage, de toutes les menaces des chtiments divins ; une infraction, mme accidentelle, la loi du dimanche, amenait une protestation nergique et immdiate, et il entendait que les saints jours fussent sanctifis dans sa paroisse comme dans une communaut religieuse fervente.
Sans doute Çinstruit par l'exprienceÈ et l'tude de la thologie de saint Alphonse, guid par des conseils autoriss et n'ayant plus, aprs la conversion de sa paroisse, de rformes oprer, Çil adoucit cette svrit et suivit une morale moins rigideÈ ; mais il resta toujours inexorable pour la correction d'un abus ds qu'il relevait la tte et pour bien d'autres cas particuliers de conscience.
Parmi les abus que le Saint Cur d'Ars trouva rgnant dans sa paroisse, la danse fut assurment le plus gnral et le plus tenace : une longue habitude lui donnait une force de rsistance terrible, et il avait, dans le temprament du Dombiste, mou et sensuel, un terrain qui lui avait permis de jeter de profondes racines. Comment extirper un si grand mal, contre lequel sans doute avait chou dj le zle des curs prcdents ?
Le nouveau pasteur dut d'abord user de misricorde, se fier aux promesses que lui faisaient les pnitents, les exhorter avec instance ne point retourner des amusements o ils perdaient leur me, les clairer sur les dangers qu'ils couraient, les mettre en face de leur salut assurer mme par de dchirants renoncements, selon le prcepte du Matre : ÇSi votre Ïil droit vous scandalise, arrachez-leÈ.
Cependant la fivre de la danse persistait toujours aussi violente. Ses paroissiens dansaient tous les dimanches sur la place ou dans les cabarets, dans les communes voisines ou aux ftes balladoires ; les vieillards eux-mmes, Çles lunettes sur le nezÈ, refusaient de s'en priver.
Telle qu'elle se pratiquait, et vu les mÏurs dissolues de l'poque, la danse lui paraissait une cole de luxure et une occasion prochaine de pch mortel. Elle tait l'ennemie de toute pit, mme dans les mes les mieux prvenues de la grce, et y touffait toute vertu en son germe.
L'intrt gnral du troupeau confi la garde de M. Vianney n'exigeait-il pas, non moins que le salut de telle me plus particulirement expose se perdre, la disparition d'un dsordre si pernicieux ? Il le pensa, et ds lors rsolut d'appliquer la lettre les principes de la thologie morale sur les occasionnaires et les rcidifs, avec une grande bont, mais aussi avec un front d'airain que rien ne ferait reculer. Il refusa, en effet, l'absolution, mme au temps pascal, toutes les personnes qui avaient dans, ne ft-ce qu'une fois dans le cours de l'anne ; et tant qu'il Çjugea probablement qu'elles retomberaient dans leur pchÈ, il les carta de la participation aux sacrements. Elles pouvaient venir se confesser, et, de fait, la plupart continuaient d'y venir ; il les encourageait, les exhortait changer de vie, mais ne les absolvait pas. ÇSi vous ne vous corrigez, leur disait-il, vous tes damnes !È
Cette pratique, on le conoit, suscita bien des rcriminations, on dit tout haut et de toutes manires que M. le Cur Çn'tait pas commodeÈ, on compara sa mthode celle de ses confrres plus indulgents ; on le taxa de Çscrupuleux, d'ingratÈ. Certaines personnes allrent se confesser dans les paroisses voisines ; il leur rpondit qu'elles allaient Çchercher un passeport pour l'enferÈ. Elles l'accusrent entre elles, disant : Çil veut nous faire promettre des choses que nous ne pouvons pas tenir ; il voudrait que nous fussions des saints ; et cela n'est pas trop possible dans le monde. Il voudrait que nous ne missions jamais le pied la danse, que nous ne frquentassions jamais les cabarets et les jeux. S'il fallait faire tout cela, nous ne ferions jamais de Pques...È Cependant Çl'on ne peut pas dire que l'on ne retournera plus dans ces amusements, puisqu'on ne sait pas les occasions que l'on pourra rencontrerÈ. A cette argumentation intresse, il rpliqua : ÇLe confesseur, tromp par votre beau langage, vous donne l'absolution et vous dit : ÇSoyez bien sages !È Et moi je vous dis que vous allez fouler le sang adorable de Jsus-Christ, que vous allez vendre votre Dieu comme Judas l'a vendu ses bourreauxÈ.
A cette mthode, que gagna le Cur d'Ars ? Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles demeurrent exclus des sacrements pendant des annes entires... C'est vrai. Peut-on penser, peut-on dire que ce fut un mal ?... Autrement, ils les eussent reus d'une manire au moins nulle sinon sacrilge ; ils eussent alli, comme cela ne se fait que trop communment, les pratiques de la vie chrtienne et les dsordres du cÏur ; la paroisse eut paru convertie sans l'tre en ralit ; les pompes de Satan tant toujours en honneur, le Prince des tnbres serait rest le vrai matre de la situation. Or le Cur d'Ars entendait que de son troupeau, Jsus-Christ ft roi sans conteste. Pour Lui, il mena une guerre de plus de vingt annes, disputant pied pied le terrain l'ennemi, sacrifiant dans la bataille son repos et mme transitoirement sa rputation, versant son sang flots presque tous les jours, s'extnuant de fatigues et de jenes. La victoire fut enfin, complte, dfinitive ; la pit et la vertu purent fleurir leur aise sur cette terre purifie et conquise son unique Matre, et aujourd'hui encore nous continuons d'en goter les fruits.
Du reste, disons-le en passant, ce ne fut pas seulement l'gard des danses que parut la fermet du Cur d'Ars. ÇLe pcheur qui ne se rendait pas ses tendres monitions, a dpos son vicaire, le trouvait inflexible maintenir les rglesÈ et se heurtait une barrire infrangible.
La conduite de notre Saint avec les plerins ne ressemble pas d'ordinaire celle qu'il tenait l'gard de ses paroissiens. ÇOn me reproche, disait-il, de n'tre pas assez svre pour les pnitences que je donne au confessionnal, d'absoudre trop facilement les trangers. Mais, vraiment, puis-je tre svre pour des gens qui viennent de si loin, qui font tant de dpenses, de sacrifices, qui souvent sont obligs de se cacher pour venir ici ?È L'loignement, en effet la difficult de revenir, l'impossibilit d'un long sjour, les dispositions que rvlait gnralement l'effort accompli pour s'adresser un confesseur extraordinaire, taient des raisons qui permettaient M. Vianney d'tre indulgent et de se contenter de simples promesses. Cependant quand il rencontrait des mes captives d'une passion ou d'une habitude invtres et qu'une grce particulire n'avait pas touches, il les retenait Ars, les obligeait suivre tous les exercices de pit qui s'y faisaient, se purifier par les Ïuvres de la pnitence, se confesser plusieurs fois, prier.
C'est, par exemple, une religieuse dont le salut est expos : il la garde trois jours pour fortifier ses bonnes rsolutions et la protger contre la tentation.
C'est une jeune fille de quinze ans, lance dj dans les ftes mondaines et qui a la fivre de la danse : il la confesse cinq jours conscutifs et ne l'absout que la cinquime fois, aprs que sa conversion est assure.
C'est un incroyant venu Ars, pour demander sa gurison. Il y reoit la grce d'une mort de prdestin, en se confessant huit jours de suite, etc., etc.
¤ IV. - SA BONT
M. Vianney, disent ses paroissiens, Çtait svre, mais trs bonÈ. Ce sont deux traits essentiels la physionomie des saints.
La bont est le don de soi par amour et dans l'amour.
Comme le Cur d'Ars se donna volontiers !
Comme il aima les mes !
Ses sances de confessionnal, qui commenaient une heure du matin et ne finissaient qu' la nuit, le proclament bien haut ; les pnitents qui l'entendirent le pourraient proclamer plus loquemment encore.
ÇCeux qui avaient le bonheur de s'adresser lui pour la confession, dit la comtesse des Garets, taient profondment touchs des paroles que le bon Cur leur disait. Il avait alors de ces mots qui demeurent jamais gravs dans l'me. Il rappelait surtout l'amour de Dieu, son immense misricorde, la grandeur du pch, le malheur des pcheurs ; il encourageait, il consolait, et l'on se sentait capable, en le quittant, de porter sa croixÈ.
Au confessionnal, ont dpos d'autres tmoins, il ne cessait d'exhorter les fidles aimer Dieu, et le peu qu'il leur disait les impressionnait vivement ; son amour de Dieu lui faisait obtenir de merveilleux rsultats. Quelques paroles sorties de sa bouche suffisaient inspirer l'horreur du pch et embraser les mes de charit ; on sortait du confessionnal tout transform et souvent l'on ne pouvait s'empcher de s'crier :
ÇQuel prtre !È Aucun autre ne produisait la mme impression.
ÇSa parole brlante comme le feu tait Çdouce comme le mielÈ.
ÇM. le Cur, vous vous trompez, je ne suis pas du tout venu ici pour me confesser.
- Je le sais, je le sais, mais je sais de mme que vous ne sortirez pas d'ici sans vous tre confess.
- Mais je ne suis pas prt.
- Je vous aiderai.
- Mais je ne veux pas me confesser.
- Allons I... Au nom du Pre...È.
Et le pauvre pcheur, subjugu par cette simple et pressante invitation, tombait genoux en traant sur son front et sur sa poitrine le signe de la croix. Au milieu d'un vide immense, il avait peru une voix qui clairait sa conscience, qui en droulait successivement les replis les plus intimes, qui le troublait parce quÕelle le connaissait mieux que lui-mme, qui le consolait et faisait couler des larmes d'attendrissement et de repentir.
Sa parole tait souvent empreinte d'une paternelle tendresse : ÇMa petite, ma pauvre petiteÈ taient des locutions assez ordinaires sur ses lvres quand il parlait ses pnitentes. Elles traduisaient un sentiment de commisration et d'affectueux intrt.
Sa parole devenait caressante s'il se trouvait en prsence d'une me pure qui avait besoin de lumire et d'encouragement
ÇMa bonne petite enfant, vous aviez un bien grand dsir de me voir et, vous tes venue de bien loinÈ.
ÇMa bonne petite enfant, vous avez bien souffert dans la place que vous venez de quitter ; je sais tout... Le bon Dieu veut que vous restiez dans le monde, il faut faire Sa volont avant tout. Vous avez une mre, ma bonne petite fille, il faut vous en aller auprs d'elle, le bon Dieu l'exige de vous, c'est l votre missionÈ.
ÇVous avez une bien grande confiance en Dieu, ma chre enfant, Il vous prouvera beaucoup, vous serez perscute, mais courage ! Priez avec ferveur la Sainte Vierge, elle est votre mre ; priez beaucoup sainte Philomne et saint Jean ; c'est par leur intercession que j'ai obtenu de grandes grces. Priez-les beaucoup. A votre sortie, je vous donnerai quelques petits souvenirs que vous porterez sur vousÈ.
ÇAimez bien Jsus, aimez-le beaucoup. Je vais clbrer tout l'heure la sainte messe, laquelle vous communierez. Je vais prier pour vous, et tant qu'il plaira au bon Dieu de me laisser sur la terre, je prierai tous les jours pour vous, et lorsqu'il m'appellera Lui je ne vous oublierai pas, je prierai encoreÈ.
M. Vianney se donnait tout chacun, et il n'tait pas un de ses pnitents qui ne se pt croire l'objet d'une sollicitude spciale. Mais sa direction n'avait rien d'humain : il habitait les hauteurs et n'en descendait jamais. Il voyait en Dieu les mes et les maux qui les ravageaient, et il recevait de Dieu les remdes propres les gurir et les rconforter : le ton si suave de sa voix, son ineffable sourire, son regard humide de larmes, ses expressions tour tour si enflammes et si tendres, sa bont extrme, taient les formes varies et sensibles de la divine charit qui embrasait son cÏur. Dieu et les mes ! Dieu seul dans les mes ! Les mes pour Dieu seul ! S'il en rencontrait une qui, au lieu d'aller Dieu Çdroit comme un boulet de canonÈ, ft un circuit offensant pour la Majest divine en paraissant tablir un partage entre la crature et le Crateur, il lui imposait les sacrifices les plus humiliants et redressait rudement son allure.
ÇIl tait particulirement sec et austreÈ dit M. Monnin, avec Mlle Pignault, celle de ses pnitentes qui lui avait vou le plus dÕattachement et de fidlit. Il la menait par des voies extrmement dures, ne laissant chapper aucune occasion de rompre sa volont, de la mortifier, de l'exercer la pratique du renoncement dans les grandes comme dans les petites choses, jusque-l qu'il lui interdisait d'assister ses catchismes, et qu'on l'a vu, un beau jour de Jeudi-Saint, la consigner dans l'glise une place d'o elle ne pouvait apercevoir ni les dcorations du reposoir, ni l'clat des cierges, ni la splendeur des ornements, ni, ce qui lui tait bien plus sensible, la divine hostieÈ.
ÇTout en supportant avec une trs grande patience et une suavit d'me incomparable les dfauts, les scrupules et les bizarreries des personnes qui s'adressaient habituellement lui, il ne leur permettait pas ces entretiens prolongs, ces recours frquents et inutiles, ni aucune de ces recherches qui peuvent nourrir l'amour-propre et amuser la vanitÈ.
Le saint tait bon pour tout le monde. Mais il avait une prdilection marque pour les prtres, les religieux et les pcheurs.
Les prtres ! Il les accueillait avec respect et dfrence, et, au moindre signe, laissait tout pour les entendre. Il les clairait dans leurs doutes, les consolait dans leurs insuccs, relevait leur courage et les engageait sans cesse s'appuyer, au milieu des difficults de leur tche, sur les motifs et les moyens surnaturels. Craignait-il de les avoir offenss par une rflexion piquante et humoristique, il leur en faisait humblement ses excuses ; pensait-il pouvoir leur rendre quelque service et allger ainsi une indisposition passagre, volontiers il et assum sur lui leur propre travail ; devant eux il multipliait l'aveu Çde son ignorance, de sa gourmandise et de son hypocrisieÈ et se mettait sincrement aux pieds de tous. ÇSi je rencontrais, un ange et un prtre, disait-il, je saluerais le prtre avant de saluer l'ange. Celui-ci est l'ami de Dieu, mais le prtre tient sa placeÈ. Et quand ce prtre tait un cur, son respect et sa sympathie se doublaient d'une sorte d'admiration pour la haute mission qu'il avait remplir, de piti pour les responsabilits qui pesaient sur lui.
Les religieux ! N'taient-ils pas, comme lui, pris d'amour pour la pauvret, et la croix de Jsus ? Ne gravissaient-ils pas avec le mme cÏur que lui, sinon du mme pas, la montagne de la perfection ? Ils taient ses frres et ses sÏurs. Quand il s'en prsentait son saint tribunal, il avait pour eux une condescendance qui ne savait rien refuser et il versait dans leur cÏur l'abondance des consolations clestes.
SÏur Marie de Jsus avait l'me tout angoisse ; le saint la confessa.
ÇMa petite, votre me est donc toujours en danger !
-0 mon Pre, promettez-moi de prier pour moi jusqu' ce que je sois au ciel.
- C'est bien grand, ce que vous me demandez l...
- Promettez-le-moi, mon PreÈ. Le saint Cur avait les mains jointes ; les yeux extasis, il priait.
ÇJe vous le prometsÈ, dit-il enfin.
SÏur Marie-Gonzague tait menace de graves infirmits. Elle fit une confession de neuf ans, et, aprs l'absolution, le Bienheureux lui dit : ÇOh ! Mon enfant, bnissez le bon Dieu ! Que vous tes heureuse ! Vous tes pure ! Rsignez-vous la volont du bon Dieu, la souffrance mne au ciel.
- Mais, mon Pre, lui dit-elle, je suis toute jeune et dj incapable de me rendre utileÈ. Et elle pleurait.
- Mon enfant, vous ne serez pas inutile ; vous irez en Corse et vous y travaillerez. Ne vous tes-vous pas offerte en sacrifice Notre-Seigneur pour le salut de vos parents ?
ÇElle se rappela alors qu'un jour, pleurant sur l'tat actuel de son pre et de sa mre, qui taient protestants, elle s'offrit Notre-Seigneur pour qu'ils ne mourussent pas hors de l'glise catholique. Elle l'avait oubli, et personne au monde n'avait reu cette confidence. Elle tait de plus en plus tonne et comme hors d'elle-mme. Elle sanglotait, mais que ces larmes taient douces ! Elle se voyait environne d'une lumire cleste et elle entendit ces consolantes paroles : ÇMon enfant, vous aimerez bien le bon Dieu avant de mourirÈ. Une joie profonde, la paix, la rsignation envahirent ds ce moment l'me de SÏur Marie-Gonzague et y demeurrent toujours.
Les pnitents ont une place de choix dans l'glise, parce qu'ils en ont une dans le cÏur de Dieu. N'est-il pas crit qu'il y a plus de joie au ciel de la conversion d'un seul pcheur que de la persvrance de quatre-vingt-dix-neuf justes ? A l'exemple du bon Pasteur, le saint accordait souvent ses prfrences aux brebis gares et, en ramenait-il une au bercail, sa joie tait indicible.
ÇIl savait exciter leur confiance par la considration des misricordes de Dieu et des mrites infinis de Jsus-Christ ; rveiller en leur cÏur des sentiments de contrition, en leur montrant la laideur du pch et les terribles chtiments qui attendent aprs cette vie les mes impnitentes, et en pleurant sur leurs fautesÈ.
Avec quel soin et quel tact surnaturels il faisait l'examen de conscience des pauvres pcheurs ! Le dmon s'en plaignit un jour par la bouche d'une possde.
Avec quelle ardeur il poursuivait leur conversion ! Il y employait les flagellations sanglantes, les larmes et les supplications les plus persuasives. ÇQue tu me fais souffrir ! lui dit un autre jour le dmon. S'il y en avait trois comme toi sur la terre, mon royaume serait dtruit. Tu m'as enlev plus de 80.000 mesÈ.
Pour eux il demandait, en clbrant la messe, Çles grces et les forces qui leur taient ncessaires pour bien faire leur confessionÈ. Il les prvenait contre la crainte de recevoir Çune trop longue pnitenceÈ. ÇOh ! Mon ami, que cela ne vous arrte pas ! L'on vous aidera, l'on en fera la plus grande partie, on priera pour vous, on pleurera vos pchs pour obtenir avec plus d'abondance la misricorde de Dieu sur vous. Mon ami, ayez piti de cette pauvre me qui a cot si cher Jsus-Christ !È
ÇJe me rappelle trs bien, dit un tmoin, qu' la suite d'un jubil, quelques personnes tant demeures sans en profiter, M. le Cur les pressait vivement dans une instruction l'glise, de s'approcher des sacrements et nous disait : ÇSi elles veulent venir, je me charge de faire pnitence pour ellesÈ.
Accabl par la foule, il refusait souvent d'entendre les confessions des personnes pieuses, des sminaristes, afin de rserver un temps plus prcieux pour la confession des pcheurs, et il leur fermait le guichet aprs avoir, du reste, rpondu aux questions qu'ils avaient cru devoir lui soumettre. Ce qui faisait encore dire au dmon : ÇTu es un avare... - Il m'est difficile d'tre avare. J'ai peu, et le peu que j'ai, je le donne de bon cÏur.
- Ce n'est pas de cette avarice que je parle, c'est d'une autre. Tu es avare des mes ; tu m'en arraches tant que tu peuxÈ.
¤ V. - SON DISCERNEMENT DES ESPRITS.
ÇLe discernement des esprits, dit le cardinal Bona, consiste dans une motion spciale du Saint-Esprit, qui fait discerner les divers mouvements intrieurs et reconnatre s'ils procdent d'un bon ou d'un mauvais esprit, que ces mouvements aient rapport aux mÏurs ou la doctrine, qu'ils soient l'effet d'une touche intrieure et invisible, ou qu'ils soient excits par les enseignements et les conseils que les hommes donnent au dehors, ou par des anges apparaissant et parlant d'une manire sensible. C'est cette grce du discernement que l'Aptre marque la septime entre celles qui sont appeles, dans l'cole, gratuitement donnes ; grce que I'Esprit-Saint n'accorde pas tous, mais qui Il veut et quand Il veut, afin que ceux qui la reoivent soient capables de discerner les divers esprits, non seulement en eux-mmes, mais aussi dans les autres, pour la commune utilit de l'gliseÈ.
Cette illumination surnaturelle ne se rencontre pas dans l'homme d'une manire constante et habituelle ; elle suppose chaque fois une nouvelle rvlation. Or, elle peut s'oprer de diffrentes manires et des degrs divers.
I - Dans sa plnitude, elle montre dcouvert l'intime des mes, les intentions qui les animent, les mouvements bons ou mauvais qui les agitent. C'est ainsi que le Cur d'Ars lisait livre ouvert dans le cÏur de ses pnitents et dcouvrait leurs fautes caches, qu'il disait, premire vue, ceux qui accouraient lui, quels taient leurs attraits, leur vocation, et par quelles voies Dieu voulait les conduire.
Deux sÏurs de Fareins viennent le trouver ; l'une marie, l'autre aspirant au clotre. ÇVous vous marierez, dit-il celle-ciÈ, et celle-l : ÇVous entrerez dans la vie religieuseÈ ; la premire perdit son mari quelque temps aprs et dit adieu au monde ; la seconde embrassa la vie commune.
M. Valpinson, ngociant de la Fert-Mac, avait peine commenc la formule ordinaire : ÇMon Pre, je m'accuse...È, que M. Vianney se met pleurer chaudes larmes : ÇHlas ! Vous avez un vice qui vous damnera si vous ne le corrigez, cÕest lÕorgueilÈ. Le pnitent fut transform du coup, et sa vie devint celle d'un chrtien doux et humble comme le petit enfant.
Marie Gressard, de Montchanin, demande se confesser. Lorsque son accusation est finie, le serviteur de Dieu lui dit :
ÇMon enfant, est-ce tout ?
- Oui, mon Pre.
- N'avez-vous rien oubli ? Cherchez bien ; il y a encore une faute que vous n'avez pas accuseÈ. Comprenant que M. Vianney lisait dans son me, Mlle Gretsard lui fit l'aveu d'une faute assez grave que, par fausse honte, elle avait tenu cache.
Mme Veuve Chognon, de Saint-Jean-des-Ollires, se disposait couter les avis de M. Vianney, lorsque celui-ci lui dit :
ÇEst-ce tout, mon enfant ?
- Oui, mon Pre, rpondit-elle sans hsiter ; je ne me souviens pas d'autre chose.
- Et la bouteille cache dans le foss sur le bord de la route, vous ne m'en parlez pas ? Cependant, c'est mal ce que vous avez fait l. Ne recommencez pas, mon enfant, ne retournez jamais vers ces personnesÈ.
La bouteille laquelle faisait allusion M. le Cur avait t donne par une femme, qui avait un don, cette personne qui tait alle la consulter pour un de ses enfants malade. Il lui rpugnait d'en faire usage cause d'une norme araigne flottant au milieu du liquide, et c'est ce flacon qu'elle avait plac sous une pierre, dans un foss de la route, en allant Ars.
Un homme du dpartement de la Drme avait sa femme souffrante. Ne sachant plus qui en appeler, il avait rsolu de s'adresser M. Vianney, persuad que le bon cur lui fournirait un remde sr pour rendre la sant la malade. Mais il avait perdu depuis longtemps l'habitude de se confesser et il ne pouvait aborder M. le Cur qu'au confessionnal. Il prit le parti de feindre afin d'avoir l'occasion de parler du remde qu'il venait chercher de si loin. Aprs avoir fait un semblant dÕaccusation, il essaie, en effet, d'intresser le saint la maladie, objet de son voyage. A ce moment, la grille se referme, et il a juste le temps d'entendre ces mots prononcs dÕune voix sifflante : ÇVous reviendrez demainÈ. Le lendemain, mme aventure. Il se risqua une troisime fois, toujours dispos ne pas se confesser. ÇH, mon ami, lui dit le saint Confesseur ce n'est pas ainsi qu'il faut vous moquer du bon Dieu ! Vous ne dites pas ceci et cela vous avez fait de la prison prventive pour tel motif ; dans tel chemin vous avez reu une vole de coups de btonsÈ.
A ces mots qui lui rvlrent lui-mme ses mfaits, notre pauvre homme tressaillit des pieds la tte, et, la grce aidant, il se confessa avec sincrit et se convertit.
Il. - Parfois le don de discernement est plus restreint. Il se rduit alors un instinct intrieur qui, combin avec les rgles de la saine doctrine et de la prudence chrtienne, avertit des dispositions des mes et de l'esprit qui les anime.
Un jour deux personnes se prsentent au confessionnal du saint Cur. Toutes deux taient en deuil.
L'une, sincrement pieuse, l'me de toutes les Ïuvres de sa paroisse, avait perdu coup sur coup trois enfants, et avec le dernier s'teignait un nom illustre. L'autre, chrtienne sans doute, mais frivole et mondaine, ne concevant pas la vie sans ce tourbillon de ftes qui consument la sant, o se gaspille le temps et s'effondre la pit, avait vu toutes ses esprances s'vanouir par la mort de son fils unique.
Le malheur unit ces deux inconnues de la veille, et, en quelques heures, elles devinrent amies.
Pour la premire, le saint fut, sinon svre, du moins d'une austrit qui ne laissait la nature aucune satisfaction. Elle tait capable, avec sa foi vive, de porter plus gnreusement son preuve ; pourquoi ces retours sur elle-mme, cet attendrissement sur ses maux, ce naturalisme dans la souffrance ? Il la fit monter d'un coup d'aile sur les sommets du sacrifice qu'ensoleille l'amour de Dieu et d'o rayonnent la lumire et la paix.
Pour l'autre, blesse par la croix et non encore dprise des charmes terrestres, il fut d'une paternelle tendresse, couta ses gmissements, pleura et gmit avec elle, la releva en lui prodiguant les consolations humaines et divines.
M. l'abb Guyot faisait auprs de notre saint une retraite de quelques jours. Il avait l'habitude, par manire de rcration, de jouer un moment aux cartes aprs son repas de midi. ÇPuis-je continuer ?È demanda-t-il au saint Directeur. M. Vianney a vu en lui une me nergique et droite : ÇNon, ne jouez plusÈ, lui rpondit-il. Et par des rponses brves, incisives, qui ne permettaient pas de rplique, il dtruisit une une les objections de son pnitent.
Mre Marie-Vronique tait, Lyon, un objet de vives contradictions. Parmi le clerg, ceux-ci exaltaient sa saintet, ceux-l la traitaient de folle et de visionnaire. Que devait-elle, dans ce conflit, penser elle-mme de son projet d'institut ? Elle consulta M. Vianney qui, d'un mot, sut rconforter la patiente. ÇPuisque le dmon y met tant d'obstacles, dit-il, il est facile de voir combien cette Ïuvre rendra de gloire DieuÈ.
III - Enfin on peut tre conduit la connaissance des penses intimes par l'extrieur de la physionomie, par l'expression sensible du visage, lÕaccent de la voix, le maintien du corps. Ces inductions sont par elles-mmes purement humaines, l'effet d'une sagacit naturelle ou le rsultat de l'exprience ; mais elles peuvent provenir aussi d'une lumire et d'une inspiration surnaturelles, qui sont une des formes du discernement des esprits ; et c'est principalement sous cette forme qu'il se rencontre dans les directeurs spirituels qui implorent la lumire divine, sans ngliger les moyens humains propres donner la connaissance des mes.
Un jour le cur d'Ars se rendait la Providence entre deux haies de plerins. Il aperoit un chasseur, son fusil en bandoulire, et, ct de lui, un superbe chien. Il s'arrte devant notre plerin de fortune et, le fixant de ce regard profond qui donnait le frisson, il lui dit ces tranges paroles : ÇAh ! Mon ami, si votre me tait aussi belle que votre chien, qu'elle serait ravissante !È Atterr par cette rvlation, le chasseur, au lieu de courir aprs le gibier comme il en avait en l'intention, se trouva pris lui-mme dans les filets de la grce ; il fit deux ou trois lois, d'un air songeur, le tour de l'glise, puis y entra pour purifier son me de ses souillures auprs du Bienheureux.
Dans la direction, le point le plus capital comme le plus dlicat est de suivre l'appel de Dieu et de le faire suivre aux autres, de ne pas devancer I'Esprit-Saint, de se proportionner soi-mme aux mes. Dou de l'esprit de discernement au point que nous venons de voir, le Cur d'Ars fut un directeur consomm. ÇIl avait un tact admirable, pour rejeter ce qui tait l'inspiration d'un zle indiscret, l'affaire de l'amour-propre ; mais il encourageait les Ïuvres, les institutions, toute ide vraiment propre procurer le salut et la sanctification des mes. Avec non moins de tact, il discernait et indiquait les besoins des mes, ce qui tait prcepte, devoir ou conseil, l'attrait suivre, la mesure de perfection demander chacun. Une lumire toute divine rpandait en lui sa clart et le rendait capable de dissiper les tnbres chez les autres ; il possdait en toute rencontre cette connaissance certaine de la volont de Dieu que ceux-l seuls possdent qui ont la puret du coeur, du corps et des lvresÈ.
¤ VI. - SA BRIæVETE
Le saint donnait peu de temps chacun de ses pnitents. ÇUn soir, dit un tmoin, je comptai 50 laques et 20 prtres garnissant les stalles. Je ne sais comment cela se fit, mais tous purent parler M. le CurÈ.
ÇIl tait court, trs courtÈ, nous disait un prtre qui s'tait adress lui plusieurs fois. ÇUn mot d'exhortation et c'tait finiÈ. Citons des exemples.
Le Frre Athanase avait quelques ngligences se reprocher dans ses exercices de pit. Il s'en accuse en ajoutant : ÇMais au fond j'ai bonne volontÈ. - Ah ! rpliqua le saint, prenez garde ! Ces bonnes volonts l, elles pavent l'enferÈ. Et ce fut tout.
Le Frre Amde, futur Suprieur gnral des Frres de la Sainte-Famille, se confessait au saint Cur. Celui-ci, voyant sans doute en son pnitent une me qui allait droit Dieu, joignit les mains et s'cria : ÇAimez, aimez bien le bon Dieu !È. Et il lui donna l'absolution.
A un jeune habitudinaire plong dans le vice, le Cur d'Ars fit une courte et pathtique allocution et le pria de considrer une image qui reprsentait Notre-Seigneur en croix ; il se mit ensuite verser d'abondantes larmes qui transformrent le cÏur du coupable.
Un autre homme emporta pour toute morale ces paroles suggestives : ÇSoyons bien sages, mon enfant ; nous nous en allons È
Mgr de Langalerie a racont, pendant une retraite pastorale qu'il prsidait Auch, qu'tant une fois genoux aux pieds de son saint Cur, le confesseur lui dit, par manire d'exhortation, ces simples mots qui renferment tout un programme piscopal : ÇAimez bien votre clerg !È
Deux fois M. l'abb Monnin confessa au Cur d'Ars quelques imperfections chappes l'humaine fragilit. Chacune des accusations du pnitent provoquait de la part du Confesseur des larmes et ce simple cri de foi, de commisration, d'horreur des moindres fautes :ÇQue c'est dommage ! È
Sans doute le saint consacrait aux mes le temps ncessaire, et il lui arriva maintes fois d'tre moins expditif avec ses pnitents. Mais l'on doit dire qu'en gnral il tait bref.
Il pouvait l'tre en faisant magnifiquement tout son devoir. N'avait-il pas cette intuition des cÏurs, qui lui en rvlait les besoins, les dispositions, l'tat ? Elle lui permettait de dire chacun la parole approprie et d'apporter au mal, d'une main sre, le remde opportun. N'avait-il pas Çun souffleurÈ ? Dans tous les cas embrouills o le confesseur d'ordinaire hsite, cherche, interroge, rflchit, le cleste ÇsouffleurÈ lui dictait la solution nette et prcise.
N'tait-il pas une de ces mes pures dont il clbrait la puissance en disant que Dieu fait leur volont plus qu'elles ne font la Sienne ? Il arrachait au divin Convertisseur ces traits enflamms qu'il enfonait dans les cÏurs avides de saintet comme dans les cÏurs des pcheurs. Il ne disait que quelques mots, mais si pleins de grce et d'onction, qu'ils suffisaient allumer l'incendie de la charit ou en activer les ardeurs dvorantes. Ses lvres, comme celles du prophte Elie, jetaient des flammes qui allaient consumer le vice et toute imperfection ; ses discours, empreints de la grce de Dieu, branlaient les volonts les plus endurcies et brisaient leur rsistance. ÇDeux mots anims par l'amour et c'est assezÈ, a dit saint Franois de Sales.
¤ VII. - SA SCIENCE.
Bien que dou d'un trs grand bon sens et divinement clair, le Cur d'Ars ne se crut pas dispens d'tudier.
M. Toccanier, qui fut son vicaire pendant les six dernires annes de sa vie, une poque o les plerins l'assigeaient sans trve ni relche, nous le reprsente Çlisant le soir la Vie des saints et la thologieÈ. Ses sances de confessionnal finissaient en hiver six heures, en t huit heures ; et quand, harass de fatigues, bris par le travail, il rentrait chez lui, au lieu d'aller prendre un repos si bien mrit il se livrait l'tude, se courbait de longs moments sur la Bible, ce Çlivre sacerdotalÈ, comme l'appelle saint Jrme, sur la Vie des saints, ses frres et ses mules, sur les Confrences d'Angers on autres livres qui dveloppaient les leons apprises au Grand Sminaire de Saint-Irne et au presbytre d'cully.
M. Raymond, son vicaire de 1843 1853, dclare lui Çavoir procur pour ses tudes les examens de Valentin et la thologie morale de GoussetÈ et il ajoute qu'il Çles repassait chaque hiverÈ.
Le voil donc, le confesseur incomparable du XIXe sicle, l'oracle aux dcisions impeccables, promptes comme l'clair qui vient du ciel, sres comme la Vrit d'o elles manent, le voil, donc dans une petite chambre froide, humide, sans feu ; il grelotte sur son sige, et le sommeil l'accable : mais la charit lui communique des ardeurs dvorantes et le tient veill aussi longtemps qu'il le faut. Que fait-il ? Sachant que les lumires infuses ne sont pas accordes la paresse, il relit pour la vingtime fois peut-tre les pages o sont inscrites les rgles que doit suivre le confesseur dans l'administration du sacrement de Pnitence, il rflchit sur les cas de conscience et la solution qui leur est donne, il les compare ceux qu'il trouve lui-mme chaque jour au saint Tribunal ; heureux de rencontrer dans saint Alphonse une thologie plus large et plus accommodante que celle de son Grand Sminaire, il s'imprgne fond de sa doctrine.
Selon la pense de saint Jrme, le prtre est l'arche du salut, parce que ses lvres doivent garder la science comme l'arche d'alliance renfermerait les tables de la loi. Saint Ambroise compare le prtre Çl'abeilleÈ ; il doit, d'aprs le saint Docteur, recueillir le suc des divines Ecritures et en composer un miel suave qui serve de remde tous les maux dont souffrent les mes.
Tel fut bien le Cur d'Ars ; arche vivante de la loi de Dieu, qu'il possdait merveilleusement, il s'tait rendu capable d'en pntrer tous les secrets et de l'expliquer au peuple chrtien.
Abeille mystique, il avait puis, dans la doctrine des Pres et des Docteurs de l'glise, une ample provision de miel dlicieux qu'il distribuait toutes les mes meurtries et les gurissait
Du reste croyait-il manquer de lumire sur un point particulier ? Avec une simplicit d'enfant il interrogeait mme, au besoin, de jeunes prtres qui possdaient toutes fraches encore, disait-il, les notions thologiques, ou il consultait des hommes expriments qui avaient vieilli dans le saint ministre, ou il crivait son vque les cas dont la solution ne lui apparaissait point assez nette, ou il recourait aux PP. Jsuites de Lyon, dans la science desquels il avait toute confiance. Il profitait aussi du sjour que faisaient dans sa paroisse certains prtres minents ; c'est ainsi que M. l'abb Tailhades, cur du diocse de Montpellier, qui resta trois mois Ars, tout en s'difiant profondment des vertus du saint, en devint le conseiller ; que M. le chanoine Camelet, Suprieur des Missionnaires diocsains, qui prcha Ars le jubil de 1847, lui donna, on a des raisons de le penser, des dcisions qui intressaient le bien gnral de la paroisse et du plerinage.
La casuistique de M. Vianney, au milieu des contradictions quelle lui suscita, lui valut un jour cet loge indirect de son vque : Çje ne sais pas si le Cur d'Ars est instruit, mais je sais bien qu'il est clairÈ. Il fut l'un et l'autre ; il s'instruisait par une tude persvrante, et le Saint-Esprit rpondait lÕhumilit de sa prire en l'clairant.
¤ VIII. SA MTHODE DE DIRECTION.
M. Vianney n'tait pas seulement le confesseur qui absout, il tait de plus le directeur qui affermit dans le bien, qui conduit la saintet, en montre la voie, stimule et soutient la marche vers cet idal.
Quelle fut sa mthode de direction ? Quel en fut le thme ordinaire ?
Il s'appliquait d'abord imprimer dans les mes la crainte de Dieu et de ses jugements.
Que de fois il a dit de grands pcheurs ces uniques et terrifiantes paroles : ÇMon ami, vous tes damn !È C'tait le coup de flche qui les transperait et faisait frissonner leur chair elle-mme. Ils s'en allaient atterrs, tout en larmes, remus jusqu'au fond de leur conscience, et revenaient contrits, rsolus changer de vie.
Que de fois, se jetant aux pieds d'un de ces hommes qu'une rsistance obstine aux sollicitations de la grce avait rendus aveugles et insensibles, il s'cria : ÇSauvez votre me, sauvez votre me !È Et comme si un clair les avait envelopps de sinistres clarts, ces aveugles recouvraient tout coup la vue et fondaient en pleurs au regard de leurs pchs et de la justice divine. Le jugement, le feu de l'enfer, la mort, l'ternelle sparation de Dieu, faisaient souvent le fond de ses exhortations au tribunal de la PnitenceÈ.
Vous avez mang de la viande un jour dfendu... ? Quelle folie de mieux aimer aller brler dans les enfers que de vous priver d'une sensualit passagre !È
Jeunes gens, jeunes filles, vous frquentez de mauvaises compagnies, pres et mres, vous en tes les tmoins muets, et tous Çvous esprez aller un jour au ciel... Quel aveuglement !È
Mre de famille qui dites votre fille d'aller la danse, vous commettez une ÇhorreurÈ Dieu vous attend Çau jour du jugement !È
ÇLa crainte du Seigneur est le commencement de la sagesseÈ. Par cette discipline, le Cur d'Ars trempa fortement les mes ; peut-tre avaient-elles une pit peu sensible, mais leur dlicatesse de conscience tait intransigeante. Nous en avons connu qui pratiquaient l'abstinence avec une vaillance qui s'ignorait elle-mme et en imposait aux trembleurs ; qui observaient le repos dominical dans des circonstances o il tait devenu un simple conseil ; qui auraient fait dix lieues pour ne pas manquer la messe un jour de dimanche ou de fte d'obligation. Et ces mes taient lgion. Capituler devant le devoir rel ou prsum tait, aux yeux de ces chrtiens, une lchet dont la seule pense les et fait rougir et qu'ils eussent estime capable d'attirer sur eux les maldictions divines.
Or ces convictions si bien enracines, ils ne les gardaient pas pour eux seuls : il nous est arriv d'assister des enfants de douze quatorze ans qui, tant malades, pleuraient par crainte de l'enfer et l'ide de paratre prochainement devant Dieu.
Sachant que les occasions de pch sont des piges o tombent toutes les mes qui s'y exposent tmrairement, M. Vianney estimait avec les Docteurs de IÕEglise que l'indulgence sur ce point est de la cruaut ; aussi se montrait-il inflexible quand il rencontrait des personnes qui refusaient de sortir de ces liens ou qui hsitaient les briser.
Un jour, une dame de Paris lui demande se confesser.
ÇVotre confession, lui rpondit-il, serait inutile, car je lis au plus profond de votre me, et j'y vois deux dmons qui la tiennent enchane comme une esclave. J'y vois le dmon de l'orgueil et le dmon de l'impuret. Je ne puis vous donner l'absolution qu' la condition que vous ne retourniez plus Paris, et comme je connais vos dispositions, je sais que vous y retournerez.
- Je suis donc damne ?
- Je ne dis pas cela, mais il vous sera bien difficile de vous sauverÈ.
Nous avons vu comment il traitait les danses. Les veilles, autre flau de sa paroisse, lui dictrent la mme conduite. Il n'absolvait pas non plus les cabaretiers, parce que, selon le mot de saint Grgoire, Çil y a des emplois qu'on ne peut qu' peine ou point du tout exercer sans pchÈ et que, Çsi la pnitence est sincre, dit le deuxime Concile de Latran, on doit les quitterÈ.
Faire prier tait une des principales sollicitudes du saint Cur et un de ses grands moyens de direction. Il exigeait l'assiduit aux offices et recommandait la messe quotidienne. Il insistait auprs de chacun sur la fidlit la prire du matin, et auprs des parents et des matres sur le saint usage de la prire du soir en commun.
Il conseillait aux travailleurs de s'occuper de quelque pense pieuse en allant dans les champs ou en en revenant, et de sanctifier leurs labeurs par la mditation, surtout des fins dernires.
Il amena mme un grand nombre de ses paroissiens rciter l'Anglus trois fois par jour et l'Ave Maria quand l'heure sonnait au beffroi.
Il faisait aimer, par-dessus toutes les autres, la dvotion au Saint Sacrement et la Sainte Vierge. Il y avait Ars des personnes qui ne quittaient presque pas l'glise ; on les voyait toute la journe en adoration devant le Saint Sacrement ou en prire devant la Vierge immacule.
Il envoyait les plerins dans les chapelles de sa vieille glise demander les grces qu'ils taient venus chercher Ars, car il voulait que, tenant manifestement du ciel ces faveurs, ils emportassent jamais, comme la lumire et la force de leur vie, l'habitude d'une prire humble et confiante.
La frquentation des Sacrements tait un des points sur lesquels il revenait le plus souvent.
La routine des communions pascales l'indignait, et il ne comprenait pas qu'un chrtien pt se borner ne recevoir son Dieu qu'une fois l'an.
La tideur des femmes, qui ne communiaient qu'aux principales ftes de l'anne, lui arrachait les plaintes les plus touchantes et les menaces les plus vhmentes.
Pourquoi ne pas communier tous les mois, tous les dimanches, tous les jours mme !
ÇQuand on peut faire un bon repasÉ, faut-il avoir mauvais got pour ne pas le prendre !È
Le serviteur de Dieu combattait le pch, semait et cultivait la vertu dans les mes, en suggrant ou en imposant des pnitences mdicinales.
Il dit dans un de ses sermons : ÇSi vous avez vritablement votre salut cÏur, vous devez vous imposer des pnitences vous-mme. Voici celles qui vous conviennent le mieux. Si vous avez eu le malheur de donner du scandale, il faut vous faire si vigilant que votre prochain ne puisse rien voir, en vous qui ne le porte au bien : il faut que vous montriez par votre conduite que votre vie est vraiment chrtienne. Et si vous avez eu le malheur de pcher contre la sainte vertu de puret, il faut mortifier ce misrable corps par les jenes... et le faire de temps en temps coucher sur la dure. Si vous vous trouvez d'avoir quelque chose manger qui flatte votre gourmandise, il faut le refuser votre corps... Si vous tes attach la terre, il faut faire des aumnes autant que vous le pourrez pour punir votre avarice, en vous privant de tout ce qui ne vous est pas absolument ncessaire pour la vie. Avons-nous t ngligents dans le service de Dieu, imposons-nous, pour faire pnitence, d'assister tous les exercices de pit qui se font dans notre paroisse... Avons-nous l'habitude de jurer, de nous emporter ? Mettons-nous genoux pour redire cette sainte prire : ÇMon Dieu, que votre saint nom soit bni dans tous les sicles des sicles ; Mon Dieu purifiez mon cÏur, purifiez mes lvres afin qu'elles ne prononcent jamais des paroles qui vous outragent et me sparent de vousÈ.Toutes les fois que vous retomberez dans ce pch, il faut sur-le-champ ou faire un acte de contrition ou donner quelques sous aux pauvres... Avez-vous bu ou mang avec excs ? Il faut que dans tous vos repas vous vous priviez de quelque chose. Voil des pnitences qui, non seulement peuvent satisfaire la justice de Dieu si elles sont unies celles de Jsus-Christ, mais qui peuvent encore vous prserver de retomber dans vos pchsÈ.
La direction particulire du saint ne diffrait pas de sa direction gnrale.
Un jour, il confessait un homme esclave du respect humain ; au premier coup d'Ïil, il a dcouvert la plaie de son me. ÇPour votre pnitence sacramentelle, lui dit-il, vous allez rciter, avant de sortir de cette glise, les actes de foi, d'esprance et de charit. Ce n'est pas tout : vous assisterez, un des deux dimanches de la Fte-Dieu, dans votre ville natale, la procession du Saint-Sacrement, en ayant soin de vous placer immdiatement aprs le dais. Allez en paix, mon enfantÈ
Caroline Lioger venait souvent Ars avec sa mre. Le saint se plaisait prouver l'obissance et l'humilit de sa pnitente en lui montrant quelquefois d'un geste imprieux la porte de l'glise, comme pour la chasser ; d'autres fois il lui enjoignait d'aller se mettre sur le seuil de la porte et d'y prier les bras en croix, pendant la sortie de l'office divin. En la voyant ainsi, chacun pouvait croire que des pchs graves lui avaient valu cette pnitence ou tout au moins on la traitait d'exagre.
M. Vianney savait si bien inspirer la pratique de la mortification ceux qu'il dirigeait que cette vertu tait devenue assez commune dans sa paroisse. Il nous souvient d'avoir entendu un vieillard nous dire : ÇOh ! Quelle sainte mre nous avions ! Comme le Cur d'Ars l'avait forme aux solides vertus ! Je la voyais avec admiration prier les bras en croix. Elle vitait souvent, en mangeant, de broyer la nourriture avec les dents, afin de n'en pas sentir le got. Sa charit tait exquise ; d'une parfaite amnit, elle se montrait indulgente tout le mondeÈ.
Des enfants mme recevaient la direction du Bienheureux et entraient spontanment dans la voie des pnitences et des austrits corporelles.
ÇIl conseillait ses pnitents la mortification, et quelques-uns le cilice et la discipline. Je l'ai vu donner un rude cilice un de ses pnitentsÈ, dit M. l'abb Raymond.
M. Vianney tenait aussi fortement la main ce que toutes les personnes dont il dirigeait la conscience s'appliquassent avec la dernire exactitude l'accomplissement des devoirs de leur tat ; il exigeait surtout soigneusement des pres et mres, des matres et matresses de maison l'accomplissement de ces grands devoirs d'dification, de surveillance, de correction, d'instruction auxquels ils sont obligs envers leurs enfants et leurs domestiques. Il en fit ainsi de vrais ducateurs qui avaient souci d'lever chrtiennement leurs familles et qui aidaient leur pasteur autant qu'ils en taient aids.
¤ IX. LES RETRAITES.
Les retraites, dit saint Franois de Sales, taient Çfamilires aux anciens chrtiensÈ : ils excitaient ainsi Çleurs mes, par divers exercices spirituels, l'entire rformation de leur vieÈ, rparaient Çleurs forces abattues par le temps, chauffaient leur cÏur, faisaient reverdir leurs bons propos et refleurir les vertus de leur espritÈ.
Convaincu des avantages des retraites, le saint Cur d'Ars se livra tout entier ce ministre si sanctifiant, et elles furent innombrables les personnes qui se mirent sous sa direction pour faire ces pieux exercices.
Tantt c'taient des pcheurs qui, touchs de la grce, voulaient se dcharger de leurs fautes et inaugurer une vie chrtienne, et le bon saint les gardait cinq ou six jours, les recevant toujours avec une mansutude de pre, acceptant de les aider lui-mme dans leur examen, payant leurs frais de sjour l'htel. Et quand il les renvoyait, une complte transfiguration s'tait opre en eux ; leur persvrance tait le plus souvent assure.
Tantt c'taient des mes qui, sous l'action de I'Esprit de Dieu dont elles vivaient, aspiraient la perfection, comme par exemple Maria Dubouis qui devait plus tard devenir l'intime amie de Pauline Jaricot, son soutien, sa confidente et l'mule de ses vertus. Il l'entendit prs d'une heure chaque jour, pendant une semaine ; il l'coutait, la questionnait et l'initia d'une manire ineffable la science du vritable amour. Le dernier jour, aprs avoir donn l'absolution sa fille spirituelle, le saint fondant en larmes lui dit : Ç0 mon enfant, bnissez avec moi le divin Matre des grces qu'Il vous a faites et du bonheur que vous aurez dsormais de ne plus conserver en votre me un grain de poussire... Soyez fidle Jsus par Marie, aimez-Les et faites-Les aimerÈ. Elle allait, partir de ce moment, Çavancer dans l'humilit et la charit, elle mourrait un jour victime de son dvouement aux pauvres ouvriresÈ.
C'taient encore des mes venues pour tudier avec lui leur vocation et quÕil orientait vers la vie religieuse : telles la Fondatrice de la Socit du Saint-Sacrement, la Fondatrice et premire suprieure gnrale de l'Institut des SÏurs Victimes du Sacr-CÏur de Jsus, tels des jeunes gens qu'il envoyait la Trappe et qui emportaient d'Ars une si grande dvotion envers sainte Philomne, qu'ils demandaient prendre le nom de Çla petite SainteÈ.
D'autres fois, des novices se prparaient dans la retraite d'Ars la sainte profession, et ils avaient le bonheur, aprs leurs aveux, de re-cevoir cette douce assurance de l'homme de Dieu : ÇVous avez fait une bonne confession, votre me est toute blancheÈ.
Plus rarement peut-tre, il surexcitait la foi des mes et l'levait jusqu' cette nergie qui obtient les miracles, et alors c'tait le corps qui trouvait la gurison en mme temps que la conscience, la puret.
ÇOn ne saura qu' la fin du monde tout le bien qui s'est opr ArsÈ par le ministre de notre Saint.
Doctrine du Saint Cur d'Ars sur le Sacrement de Pnitence.
Le saint Cur d'Ars nous a laiss, dans ses instructions, un riche trait du sacrement de Pnitence : trait affectif, exprimental plus que spculatif, mais o se rvle l'me du cur, du directeur d'mes, de l'homme apostolique, du saint. Nos lecteurs verront par les larges extraits que nous en donnons ci-aprs, les principes qui ont dirig le saint Confesseur dans l'administration de ce sacrement. Les uns y trouveront peut-tre un modle d'exposition et une rgle de conduite ; les autres, sans aucun doute, un sujet d'dification et une lumire ; tous admireront le souffle de foi vive et d'ardente charit qui anime et transfigure ces humbles pages, crites avec la seule prtention de faire du bien un modeste auditoire de campagne et de l'instruire. On n'y admire point, il est vrai, le relief de la forme ni la sublimit des penses qu'inspirera plus tard M. Vianney sa saintet consomme ; du moins cet expos brille-t-il par sa limpide simplicit et y rgne-t-il, de la premire ligne la dernire, une communicative et puissante conviction.
ARTICLE PREMIER. Le sacrement de Pnitence.
I. Ses effets. - Le sacrement de Pnitence est un sacrement qui efface les pchs commis aprs le baptme. On l'appelle aussi ÇconfessionÈ.
Dans ce sacrement, ÇJsus-Christ semble dployer les richesses de sa misricorde jusqu' l'infini. Le sacrement de Pnitence, en effet, arrache notre pauvre me la tyrannie du dmon, nous rend l'amiti et la grce de Dieu, teint ces remords de conscience qui nous dchiraient, et nous fait recouvrer la paix ; il redonne la vie notre me et toutes les Ïuvres que le pch avait fait mourir ; il nous rend l'innocence avec tous nos droits au royaume de Dieu que le pch nous avait ravis ; en moins de trois minutes, il change notre ternit malheureuse en une ternit de plaisirs, de joie et de bonheurÈ, il fortifie contre les rechutes, Çconserve la belle vertuÈ, gurit de l'intemprance la plus invtre, donne une abondance Çde grces et de force pour faire le bien et viter le malÈ.
II. Son institution, sa ncessit.
Qui a tabli la confession ? ÇC'est Jsus-Christ lui-mme qui l'a tablie en disant ses aptres ainsi qu' tous leurs successeurs : ÇRecevez le Saint-Esprit, les pchs seront remis ceux qui vous les remettrez et retenus ceux qui vous les retiendrezÈ. Comment les prtres exerceraient-ils Çce sublime et admirable pouvoir de remettre et de retenir les pchs, si le pnitent ne les leur faisait connatre ?È
ÇAprs un seul pch mortel, sans la confession, jamais nous ne verrons Dieu, et, pendant l'ternit, nous serons condamns prouver les rigueurs de sa colre et tre maudits. Ou nous confesserons nos pchs, ou nous irons brler dans les enfersÈ.
C'est la loi qui atteint tout le monde, Çdepuis le Saint Pre jusqu'au dernier des artisansÈ.
ÇCeux qui se confessent ne seront pas tous sauvs ; mais reconnaissons-le, tous ceux qui auront le grand bonheur d'aller au ciel, seront choisis parmi ceux qui se confessent, Çet jamais parmiÈ les autresÈ.
III. Bont de Notre-Seigneur dans l'institution du sacrement de Pnitence.
ÇOn ne peut comprendre la bont que Dieu a eue pour nous d'instituer ce grand sacrement. Si nous avions en une grce demander Notre-Seigneur, nous n'aurions jamais pens Lui demander celle-l. Mais Il a prvu notre fragilit et notre inconstance dans le bien, et Son amour L'a port faire ce que nous n'aurions pas os Lui demanderÈ.
Ç Mes frres, allez interroger tous les damns qui brlent dans les enfers : tous vous rpondront qu'ils ne sont rprouvs que parce qu'ils n'ont pas eu recours ce sacrement, ou parce qu'ils l'ont profan. Montez dans le ciel, demandez tous les Bienheureux assis sur ces trnes de gloire, ce qui les a conduits dans ce lieu si heureux : presque tous vous diront que la confession a t le seul remde dont ils se sont servis pour sortir du pch et se rconcilier avec DieuÈ.
ÇAh ! mes frres, sans ce sacrement, que de damns de plus et que de saints de moins ! Oh ! que les saints qui sont dans le ciel sont reconnaissants Jsus-Christ d'avoir tabli ce sacrement !È
ÇLa confession vous rpugne ? Si l'on disait ces pauvres damns qui sont en enfer depuis si longtemps : Çnous allons mettre un prtre la porte de l'enfer. Tous ceux qui voudront se confesser n'ont qu' sortir, croyez-vous qu'il en restt un seul. Les plus coupables ne craindraient pas de dire leurs pchs, et mme de les dire devant tout le monde. Oh ! comme l'enfer serait vite dsert, et comme le ciel se peuplerait ! Eh ! bien, nous avons le temps et les moyens que ces pauvres damns n'ont pas : profitons-enÈ.
ÇQue l'homme est heureux, puisque, aprs avoir perdu son Dieu, le ciel et son me, il peut encore esprer trouver des moyens si faciles pour rparer cette grande perte, qui est celle d'une ternit de bonheur ! Le riche qui a perdu sa fortune, souvent ne peut point, malgr sa bonne volont, la rtablir ; mais le chrtien a-t-il perdu sa fortune ternelle, il peut la recouvrer sans qu'il lui en cote rien, pour ainsi direÈ. Il n'a, pour cela, qu' recevoir le sacrement de Pnitence. Ç0 mon Dieu, que vous aimez les pcheurs !È
IV. Quand il faut recevoir le sacrement de Pnitence.
Au moins une fois l'an, selon le commandement de l'glise.
ÇCependant, les confessions d'un an n'ont rien qui puisse vous donner une parfaite tranquillit. Pour qu'une confession, en effet, mrite le pardon, il faut quÕelle soit humble et entire, accompagne d'une vritable contrition et du ferme propos de ne plus pcher l'avenirÈ. Or, Çil est difficile que toutes ces dispositions se trouvent dans ceux qui ne se confessent qu'une fois l'anneÈ.
Du reste est-il possible, avec une seule confession par an, de ne pas tomber dans quelque faute grave ?... ÇSi vous voulezÈ assurer votre salut, Çvous ne devez donc pas vous contenter de vous confesser une fois l'anne ; parce que, chaque fois que vous seriez en tat de pch, vous courriez risque d'y prir et d'tre perdus pour une ternitÈ.
Vous voulez aller au ciel ? ÇFrquentez les sacrements de temps en temps. Faites du moins, pour votre pauvre me, ce que vous faites pour votre corps qui n'est cependant qu'un monceau de pourriture et qui, dans quelques moments, sera la pture des plus vils animaux. Lorsque vous tes dangereusement blesss, attendez-vous six mois ou un an pour y appliquer les remdes que vous croyez tre ncessaires pour vous gurir ? Lorsque vous tes attaqus par une bte froce, attendez-vous d'tre moiti dvors pour crier au secours ? N'implorez-vous pas de suite le secours de vos voisins ? Pourquoi n'agiriez-vous pas de mme, lorsque vous voyez votre pauvre me souille et dfigure par le pch, rduite sous la tyrannie des dmons ?È
V. Obstacles la rception du sacrement de Pnitence.
1¡ Le respect humain. ÇUn jour, le bon Dieu vous donna la pense d'aller vous confesser, et vous sentiez que vous en aviez besoin; mais vous avez pens que l'on se moquerait de vous. que l'on vous traiterait de dvotÈ, et vous vous tes abstenu.
ÇVous avez honte, mon ami, de servir le bon Dieu, crainte d'tre mpris ? Mais regardez donc Celui qui est mort sur cette croix, demandez-Lui donc s'Il a eu honte d'tre mpris et de mourir pour vous de la manire la plus ignominieuseÈ.
Vous craignez le monde et ses railleries...ÇIl ne fallait pas vous faire chrtienÈ ; car par le baptme vous vous tes engag renoncer au monde et au dmon et suivre Jsus-Christ.
2¡ Les mauvaises compagnies. ÇQuelle est la cause pour laquelle vous ne frquentez plus les sacrements ? N'est-ce pas depuis que vous allez avec cet impie qui a tch de vous faire perdre la foi en vous disant que tout ce que le prtre vous disait, c'taient des btises, que la religion n'tait que pour retenir les jeunes gens, que l'on tait des imbciles d'aller conter ce qu'on avait fait un homme, que tous ceux qui sont instruits se moquent de tout cela, c'est--dire jusqu' la mort ; ensuite ils avouent qu'ils se sont tromps. Eh bien ! sans cette mauvaise compagnie, auriez-vous eu tous ces doutes ?... Mon ami, ou l'enfer ou la fuite ; point de milieu. Choisissez lequel des deux vous voulez prendreÈ.
3¡ La tideur. ÇLe chrtien qui vit dans la tideur, ne laisse pas de croire, toutes les vrits que l'glise croit et enseigne, mais c'est d'une manire si faible que son cÏur n'y est presque pour rien. Il sait que Jsus-Christ a donn au sacrement de Pnitence la puissance de remettre nos pchs et de nous faire crotre en vertu. Il sait que ce sacrement nous donne des grces proportionnes aux dispositions que nous y apportons : n'importe !È Il ne se gne pas, il est ngligent, il ne sent pas Çle besoin de sa pauvre meÈ et laisse passer les mois entiers sans se confesserÈ.
ÇQue doivent penserÈ de telles mes Çles anges gardiens ? Ah ! mon DieuÈ, comme ils souffriraient s'ils en taient capables !
ARTICLE Il. Parties du sacrement de Pnitence.
Il y a, dans le sacrement de Pnitence, quatre parties : la contrition, la confession, l'absolution et la satisfaction.
¤ 1. – DE LA CONTRITION.
I.ÇQu'est-ce que la contrition ?È
ÇC'est une douleur de l'me et une dtestation des pchs qu'on a commis avec une ferme rsolution de ne plus y tomberÈ.
Il. - Sa ncessit.
ÇCette disposition est la plus ncessaire de toutes celles que Dieu demande pour pardonner le pcheur.
ÇSans elle, point de pardon ; sans elle, point de ciel ; disons plus, sans elle tout est perdu pour nous : pnitences, charit et aumnes et tout ce que nous pouvons faire. Il faut de toute ncessit que le pcheur pleure ses pchs, ou dans ce monde ou dans l'autre. Dans ce monde, vous pouvez les effacer par le regret que vous en avez, mais non dans l'autre. Oh ! combien nous devrions tre reconnaissants envers la bont de Dieu, de ce que, au lieu de ces regrets ternels et de ces douleurs dchirantes que nous mritons de souffrir dans l'autre vie, c'est--dire en enfer, Dieu se contente seulement que nos cÏurs soient touchs d'une vritable douleur, qui sera suivie d'une joie ternelle ! 0 mon Dieu ! que vous vous contentez de peu de chose !
ÇNon seulement la contrition est ncessaire au pcheur, mais j'ajoute que rien ne peut nous en dispenser. Une maladie qui nous te l'usage de la parole peut nous dispenser de la confession, une mort prompte peut nous dispenser de la satisfaction, du moins pour cette vie ; mais il n'en est pas de mme de la contrition : sans elle, il est impossible, et tout fait impossible d'avoir le pardon de ses pchsÈ.
Mais souvent, on ne s'aperoit pas du dfaut de contrition. ÇRien de plus facile comprendre : si nous avons le malheur de cacher un pch dans nos confessions, ce crime est continuellement devant nos yeux comme un monstre qui semble nous dvorer, ce qui fait qu'il est bien rare que nous ne nous en dchargions pas une fois ou l'autre. Mais pour la contrition, il n'en est plus de mme : nous nous confessons, sans regret, notre cÏur n'est pour rien dans l'accusation que nous faisons de nos pchs, nous recevons l'absolution, nous nous approchons de la table sainte avec un cÏur aussi froid, aussi indiffrent que si nous venions de faire le rcit d'une histoire ; nous allons Çainsi de jour en jour, d'anne en anneÈ, nous persuadant qu'il suffit d'accuser nos pchs pour en recevoir le pardon ou que nous les dtestons sincrement parce que nous rcitons par habitude de belles formules de contrition ; Çenfin nous arrivons la mort o nous croyons avoir fait quelque bien : nous ne trouvons et ne voyons que des confessions nulles ou sacrilges. 0 mon Dieu, que de confessions mauvaises par dfaut de contrition !È
III. - Qualits de la contrition.
ÇCette douleur doit avoir quatre qualits si une seule manque, nous ne pouvons pas obtenir le pardon de nos pchs.
1¡ ÇSa premire qualit : elle doit tre intrieure, c'est--dire dans le fond du cÏur. Elle ne consiste donc pas dans les larmes : elles sont bonnes et utiles, il est vrai, mais elles ne sont pas ncessaires. En effet, lorsque saint Paul et le bon larron se sont convertis, il n'est pas dit qu'ils aient pleur, et leur conversion a t sincre. Non, non, ce n'est pas sur les larmes que l'on doit compter : elles-mmes sont souvent trompeuses, bien des personnes pleurent au tribunal de la Pnitence et la premire occasion retombent. Mais la douleur que Dieu demande de nous, la voici. Ecoutez ce que nous dit l prophte Jol : ÇAvez-vous eu le malheur de pcher ? Oh ! mes enfants, briser et dchirez vos cÏurs de regretÈ
ÇSi vous avez perdu le Seigneur par vos pchs, nous dit Mose, cherchez-le de tout votre cÏur dans l'affliction et l'amertume de votre cÏurÈ. Pourquoi Dieu veut-il que notre cÏur se repente ? C'est que c'est notre cÏur qui a pch : ÇC'est de notre cÏur, dit le Seigneur, que sont ns toutes ces mauvaises penses, tous ces mauvais dsirsÈ ; il faut donc absolument que si notre cÏur a fait le mal, il se repente, sans quoi jamais Dieu ne nous pardonnera.
2¡ ÇJe dis qu'il faut que la douleur que nous devons ressentir de nos pchs soit surnaturelle, c'est--dire que ce soit l'Esprit-Saint qui l'excite en nous, et non des causes naturelles. Je distingue :
ÇS'affliger cause de la honte que le pch entrane ncessairement avec lui, ainsi que des maux qu'il nous attire, comme la honte d'une jeune personne qui a perdu sa rputation, ou d'une autre personne qui a t prise voler son voisin : tout cela n'est qu'une douleur purement naturelle qui ne mrite point notre pardonÈ. Ce fut la douleur de Can, d'Antiochus, de Sal et de Judas.
Çætre afflig d'avoir commis tel au tel pch, parce qu'il nous exclut du paradis et qu'il mrite l'enfer : ces motifs sont surnaturels, c'est l'Esprit-Saint qui en est l'auteur, c'est la contrition imparfaite. Elle ne justifie point le pcheur, mais elle le dispose recevoir sa justification dans le sacrement de Pnitence.
ÇCelui qui, dans son repentir, ne considre que Dieu, a une contrition parfaite, disposition si minente qu'elle purifie le pcheur par elle-mme avant d'avoir reu la grce de l'absolution, pourvu qu'il soit dans la disposition de la recevoir s'il le peutÈ. Ce fut la contrition de David ; aussi, ds qu'il eut dit : ÇJ'ai pchÈ, de suite son pch lui fut pardonn.
Ce fut la contrition de sainte Marguerite, qui tait inconsolable d'avoir commis, Ç l'ge de cinq ou six ansÈ, un petit mensonge, cause de Çl'outrageÈ que ce pch Çavait fait Dieu.
Hlas ! mes frres, qu'allons-nous devenir, si tant de saints ont fait retentir les rochers et les dserts de leurs gmissements, ont form, pour ainsi dire, des rivires de leurs larmes pour des pchs dont nous nous faisons un jeu, tandis que nous avons commis des pchs mortels peut-tre plus que nous nÕavons de cheveux sur la tte ? Et pas une larme de repentir ! Oh ! triste aveuglement !È
Ce fut la contrition de ce voleur, nomm Jonathas, qui, s'tant converti par les prires de saint Simon, reut de Jsus-Christ l'assurance qu'il tait pardonn et en tat de monter au ciel, et qui tomba mort au pied de la colonne du Stylite. ÇMourir de douleur d'avoir offens Dieu ! 0 belle mort ! 0 mort prcieuse !È
3¡ ÇTroisime condition de la contrition : elle doit tre souveraine, c'est--dire la plus grande de toutes les douleurs. Pourquoi ? ÇMon ami en voici la raison : elle doit tre proportionne la grandeur de la perte que nous faisons et au malheur o le pch nous jette. D'aprs cela, jugez quelle doit tre notre douleur, puisque le pch nous fait perdre le ciel avec toutes ses douceurs. Ah ! que dis-je, il nous fait perdre notre Dieu avec toutes ses amitis et nous prcipite en enfer qui est le plus grand de tous les malheursÈ.
ÇMais, pensez-vous, quels signes pourra-t-on distinguer si cette contrition est en nous ? Est-ce aux larmes que nous verserons ? Non... La contrition souveraine est la disposition de souffrir tous les maux, plutt que de retomber dans les pchs que l'on vient de confesserÈ. On la reconnatra donc aux sacrifices que nous ferons pour ne plus offenser Dieu, au changement qu'aura opr en nous le sacrement, au tmoignage que rendront ceux qui nous ont vus et entendus avant la confession. Comme ce surintendant du palais imprial, dont il est parl dans la vie de l'archevque de Sleucie, saint Simon, qui aprs avoir eu le malheur d'apostasier, reconnut son crime et l'expia dans le sang du martyre, Çnous serons dispossÈ, par la grce de Dieu, Ç renoncer toutes faveurs, tous biens terrestres, donner Dieu mille viesÈ, s'il le fallait, Çpour lui prouver la sincrit de notre conversion, affirmer notre regret et notre amourÈ.
4¡ ÇLa contrition doit tre universelleÈ. C'est l'enseignement des saints, que si nous ne dtestons pas tous nos pchs mortels, Çils ne seront pardonns ni les uns ni les autresÈ.
Saint Sbastien fut mand un jour par le gouverneur de Rome, Chrosmos, qui Çgmissait depuis longtemps, couvert de plaies, sans avoir pu trouver un homme dans le monde pour le dlivrerÈ.
- ÇGurissez-moi, lui dit le gouverneur, et je me ferai chrtienÈ.
- ÇJe vous promets de la part du Dieu que j'adore, rpondit le saint martyr, que ds que vous aurez bris toutes vos idoles, vous serez parfaitement guriÈ. Le gouverneur les brisa toutes, moins une seule qu'il affectionnait plus que les autres ; et Çsa douleur tait plus violente que jamais. Tout en fureur, il va trouver le saint, en lui faisant les reproches les plus sanglants.
- Avez-vous bris toutes vos idoles ?... rpliqua Sbastien. Allez, brisez celle que vous avez conserve, et vous serez guriÈ. Le gouverneur la prend aussitt, la brise et l'instant mme il recouvre la sant.
ÇVoil, mes frres, un exemple qui nous retrace la conduiteÈ d'un grand Çnombre de pcheurs qui se repentent de certains pchs et non de tous, et qui, semblables ce gouverneur, bien loin de gurir les plaies que le pch a faites leur pauvre me, en font de plus profondes ; et, tant qu'ils n'auront pas fait comme lui, bris cette idole, c'est--dire rompu cette habitude de certains pchs, tant qu'ils n'auront pas quitt cette mauvaise compagnie, ce dsir de plaire, cet attachement excessif aux biens de la terre, leurs confessionsÈ au lieu de les gurir, les rendront plus coupables encore aux yeux de Dieu.
IV. - Comment obtenir la contrition ?
1¡ Il la faut demander Dieu. ÇLa contrition vient du ciel : c'est Dieu qu'il faut la demander. Les saints l'ont demande Dieu, par le jene, la prire, par toutes sortes de pnitences et de bonnes ÏuvresÈ. Faites de mme. ÇPeut-tre ne l'avez-vous jamais demande avant de vous confesser... ou l'avez-vous demande sans presque dsirer de l'avoir ?... È
Ç0 mon Dieu ! donnez-nous, s'il vous plat, cette contrition qui dchire et brise nos cÏurs. Oh ! cette belle contrition qui dsarme la justice de Dieu, qui change notre ternit malheureuse en une ternit bienheureuse ! Oh ! Seigneur, ne nous refusez pas cette contrition qui renverse tous les projets et les artifices du dmon, cette contrition qui nous rend si promptement votre amiti !È Oh ! belle vertu, que tu es ncessaire, mais que tu es rare !
2¡ Demandons-la par les mes du Purgatoire, Çqui, depuis tant d'annes, pleurent dans les flammes les pchs qu'elles ont commisÈ. Elles nous l'obtiendront.
3¡ ÇExcitons-la en nous. Imitons ce saint vque, mort dernirement, qui, chaque fois qu'il se prsentait au tribunal de la Pnitence, pour avoir une vive douleur de ses pchs faisait trois stations : la premire en enfer, la seconde dans le ciel, la troisime sur le Calvaire.
ÇDÕabord, il portait sa pense dans ces lieux dÕhorreur et de tourments ; il se figurait voir les damns qui vomissaient des torrents de flammes par la bouche, qui hurlaient et se dvoraient les uns les autres : cette pense lui glaait le sang dans les veines, il croyait ne pouvoir plus vivre la vue d'un tel spectacle, surtout en considrant que ses pchs lui avaient mille fois mrit ces supplices.
ÇDe l, son esprit se transportait dans le ciel et il faisait la revue de tous ces trnes de gloire o taient assis les Bienheureux. Il se reprsentait les larmes qu'ils avaient verses et les pnitences quÕils avaient faites pendant leur vie pour des pchs si lgers, et que lui-mme en avait tant commis et nÕavait encore rien fait pour les expier ; ce qui le plongeait dans une tristesse si profonde qu'il semblait que ses larmes ne pouvaient plus se tarir.
ÇNon content de tout cela, il dirigeait ses pas du ct du Calvaire et l, mesure que ses regards se rapprochaient de la croix o un Dieu tait mort pour lui, les forces lui manquaient, il restait immobile la vue des souffrances que ses pchs avaient causes son Dieu. On l'entendait chaque instant rpter ces paroles avec des sanglots : ÇMon Dieu, mon Dieu ! puis-je encore vivre en considrant les douleurs que mes pchs Vous ont causes ?È
Voil, mes frres, ce que nous pouvons appeler une vritable contritionÈ.
¤ Il. DU BON PROPOS
I. Qu'est-ce que le bon propos ; sa ncessit.
Le bon propos Çest une ferme rsolution de ne plus pcher l'avenirÈ.
ÇIl faut que notre volont soit dtermine et que ce ne soit pas un faible dsir de nous corriger ; nous n'obtiendrons jamais le pardon de nos pchs si nous n'y renonons pas de tout notre cÏur. Nous devons tre dans le mme sentiment que le saint Roi-prophte : ÇOui, mon Dieu, je vous ai promis d'tre fidle observer vos commandements ; j'y serai fidle avec le secours de Çvotre grceÈ Le Seigneur nous dit Lui-mme : Çque l'impie quitte la voie de ses iniquits, et son pch lui sera remisÈ. Il n'y a donc de misricorde esprer que pour celui qui renonce ses pchs de tout son cÏur et pour jamais, parce que Dieu ne nous pardonne qu'autant que notre repentir est sincre et que nous faisons tous nos efforts pour ne plus y retomber. D'ailleurs, ne serait-ce pas se moquer de Dieu que de lui demander pardon d'un pch que l'on voudrait encore commettre ?È
Il. Marques du bon propos.
ÇLa premire c'est le changement de vie : c'est la moins sujette nous tromper. Venons-en l'explication :
ÇUne mre de famille s'accusera de s'tre souvent emports contre ses enfants ou son mari. Aprs sa confession, allez la visiter dans l'intrieur de son mnage : il n'est plus question ni d'emportements ni de maldictions ; au contraire, vous ne voyez en elle que douceur, bont, prvenance, mme pour ses infrieurs ; les croix, les chagrins et les pertes ne lui font pas perdre la paix de l'me. Savez-vous pourquoi cela ? Le voici : c'est que son retour Dieu a t sincreÈ, sa volont de ne plus pcher ferme et solide, Çenfin, que la grce a pris de profondes racines dans son cÏur et qu'elle y porte des fruits en abondanceÈ.
ÇUne jeune fille viendra s'accuser d'avoir suivi les plaisirs du monde, les danses, les veilles et autres mauvaises compagnies. Aprs sa confession, si elle est bien faite, allez la demander dans cette veille ou bien allez la chercher dans cette partie de plaisir, que vous dira-t-on ? ÇVoil quelque temps, nous ne la voyons plus ; je crois que si vous voulez la trouver, il faut aller ou l'glise ou chez ses parentsÈ. En effet, allez chez ses parents, vous la trouverez, et quoi s'occupe-t-elle ? Est-ce parler de la vanit comme autrefois ou se contempler devant une glace de miroir, ou bien foltrer avec des jeunes gens ? Oh ! non, ce n'est plus ici son ouvrage, elle a foul aux pieds tout cela. Vous la verrez faire une lecture de pit, soulager sa mre dans l'ouvrage du mnage, instruire ses frres et sÏurs, vous la verrez obissante et prvenante envers ses parents, elle aimera leur compagnie. Si vous ne la trouvez pas chez elle, allez l'glise : vous la verrez qui tmoigne Dieu sa reconnaissance d'avoir opr en elle un si grand changement, car elle est retenue, sa modestie est peinte sur son front, sa seule prsence vous porte Dieu. Pourquoi tant de biens en cette me ? Pourquoi ? C'est que sa douleur a t sincre, sa volont de ne plus pcher ferme et solide et quÕelle a vritablement reu le pardon de ses pchs.
ÇUne autre fois, ce sera un jeune homme qui va s'accuser d'avoir t dans les cabarets et dans les jeux. Il a promis Dieu de tout quitter ce qui pourrait lui dplaire ; et autant il aimait les cabarets et les jeux, autant maintenant il les fuit. Avant sa confession, son cÏur ne s'occupait que de choses terrestres, mauvaises ; prsent, ses penses ne sont que pour Dieu et le mpris des choses du monde. Tout son plaisir est de s'entretenir avec son Dieu et de penser aux moyens de sauver son meÈ.
ÇVoil les marques d'une vritable et sincre contrition, d'un bon propos ferme et solide ; Çsi aprs vos confessions, vous tes ainsi vous pouvez croire qu'elles ont t bonnes et que vos pchs sont pardonns. Mais si vous faites le contraire de ce que je viens de dire : si quelques jours aprs ses confessions, l'on voit cette fille qui avait promis Dieu de quitter le monde et ses plaisirs, si je la vois, dis-je, dans les assembles mondaines ; si je vois cette mre aussi emporte et aussi ngligente envers ses enfants et ses domestiques, aussi querelleuse avec ses voisins qu'avant sa confession ; si je retrouve de nouveau ce jeune homme dans les jeux et les cabaretsÈ, n'est-il pas craindre que leur ferme propos n'ait pas t vritable ? et alors dans quel tat sont ces pauvres mes ?È
Deuxime marque du ferme propos : Çla fuite des occasions prochaines du pch, comme sont les mauvais livres, les comdies, les bals, les danses, les peintures, les tableaux et les chansons dshonntes et la frquentation des personnes d'un sexe diffrent ; ou pour quelques-uns la frquentation du cabaretÈ, le commerce.
ÇQue doit faire une personne qui se trouve dans une de ces positions? Elle doit tout quitter, quoi qu'il en cote, sans quoi point de salut. Jsus-Christ nous dit que si notre Ïil ou notre main nous scandalisent, nous devons les arracher et les jeter loin de nous, parce que, nous dit-il, il vaut beaucoup mieux aller au ciel avec un bras et un Ïil de moins que d'tre jet en enfer avec tout son corps ; c'est--dire quoi qu'il nous en cote, quelque perte que nous fassions, nous ne devons pas laisser que de les quitter, sans quoi, point, point de pardon !È
ÇTroisime marque du forme propos, c'est de travailler de tout son pouvoir dtruire ses mauvaises habitudes. L'on appelle mauvaise habitude la facilit que l'on a de retomber dans ses anciens pchs.
ÇIl faut :
1¡ Veiller soigneusement sur soi-mme ;
2¡ Faire souvent des actions qui soient contraires aux pchs auxquels on est sujet.
ÇSommes-nous sujets l'orgueil, appliquons-nous pratiquer l'humilit, soyons contents d'tre mpriss, ne cherchons jamais l'estime du monde, soit dans nos paroles, soit dans nos actions. Si nous faisons bien, reprsentons-nous que nous tions indignes que Dieu se servit de nous.
ÇSommes-nous sujets la colre ? Il faut pratiquer la douceur, soit dans nos paroles, soit dans la manire de nous comporter envers le prochain.
ÇSommes-nous sujets la sensualit ? Mortifions-nous soit dans le boire, soit dans le manger, dans nos paroles, dans nos regards, imposons-nous quelques pnitences toutes les fois que nous retombons.
ÇHlas ! combien, nous dit saint Jean Chrysostome, qui ne font que des confessions de thtre, qui cessent de pcher quelques instants sans quitter entirement le pch, qui sont semblables ces comdiens qui, reprsentant des combats sanglants et opinitres, semblent se percer de coups mortels ! L'on en voit un qui est terrass, tendu, perdant son sang. Il semblerait vritablement qu'il a perdu la vie ; mais attendez que la toile soit baisse, vous le verrez se relever plein de force et de sant, il sera tel qu'il tait avant la reprsentation de la pice. Voil prcisment l'tat de beaucoup de personnes qui se prsentent au tribunal de la Pnitence. A les voir soupirer et gmir sur les pchs dont elles s'accusent, vous diriez que vraiment elles ne sont plus les mmes, qu'elles se comporteront d'une manire tout autre qu'elles ne l'ont fait jusqu' prsent. Mais, hlas ! attendez, je ne dis pas cinq jours, mais un ou deux jours, vous les retrouverez les mmes qu'avant leur confession : mmes emportements, mme vengeance, mme gourmandise, mmes ngligences dans leurs devoirs de religion. Hlas ! que de confessions inquitantes !
Voulez-vous un modle de ferme propos ? Considrez I'Enfant prodigue : ÇFrapp de l'tat o ses dsordres l'ont plong, il quitte sur-le-champ le pays o il a prouv tant de maux, ainsi que les personnes qui ont t pour lui une occasion de pchÈ.
Voulez-vous avoir le ferme propos ? Encore une fois : ÇTournez-vous du ct de cette croix o votre Dieu a t clou par amour pour vous. C'est la vue de la croix qui fit verser tant de larmes sainte Madeleine; c'est la vue de la croix qui fit de la vie de Çces grands pnitentsÈ que citent saint Dominique et Rudolphe, Çune vie de larmes et de sanglotsÈ.
ÇPensez qu'une me qui retombe dans le pch, livre son Dieu au dmon, lui sert de bourreau et le crucifie sur la croix de son cÏur ; qu'elle s'arrache elle-mme d'entre les mains de son Dieu, se livre au dmon, perd le ciel et tourne sa condamnation les souffrances mme de Jsus-Christ...È
Ah ! mon Dieu, qui pourrait recommettre le pch, si l'on faisait toutes ces rflexions ?
Demandez sans cesse Dieu le ferme propos et Çne perdez jamais de vue que les damns ne brlent et ne pleurent dans les enfers que parce qu'ils ne se sont pas repentis de leurs pchs dans ce monde et qu'ils n'ont pas voulu les quitterÈ.
¤ III. DE LA CONFESSION. SES QUALITS.
ÇSi je demandais un enfant : Qu'est-ce que la confession ? Il me rpondrait simplement que c'est l'accusation de ses pchs faite un prtre approuv, pour en recevoir l'absolution, c'est--dire le pardon.
- Mais pourquoi me direz-vous, est-ce que Jsus-Christ nous assujettit une accusation si humiliante, qui cote tant notre amour-propre ?
- Mon ami, je vous rpondrai que c'est prcisment pour nous humilier que Jsus-Christ nous y a condamns. Il n'est pas douteux qu'il est pnible un orgueilleux d'aller dire un confesseur tout le mal qu'il a fait, tout celui qu'il a eu dessein de faire, tant de mauvaises penses, tant de dsirs corrompus, tant d'actions injustes et honteuses qu'on voudrait pouvoir se cacher soi-mme. Mais vous ne faites pas attention que l'orgueil est la source de tous les pchs, et que tout pch est une orgueilleuse rvolte de la crature contre le Crateur ; il est donc juste que Dieu nous ait condamns cette accusation si humiliante pour un orgueilleux. Du reste regardons cette humiliation des yeux de la foi : est-ce donc une chose bien pnible que d'changer une confession publique et ternelle, avec une confession de cinq minutes qu'il nous faut pour dire nos pchs un ministre du Seigneur, pour regagner le ciel et l'amiti de notre Dieu ?
- Pourquoi est-ce, me direz- vous, qu'il y en a qui ont tant de rpugnance pour la confession ?...
- Hlas ! C'est que les uns ont presque perdu la foi, les autres sont orgueilleux et d'autres ne sentent plus les plaies de leur pauvre me, ni les consolations que la confession procure un chrtien qui s'en approche dignement... Mon Dieu ! quel aveuglement de ne pas faire cas d'un moyen si facile et si efficace pour gagner un bonheur infini, en se dlivrant du plus grand de tous les malheurs qui est la colre ternelle !È
Quelles qualits doit avoir la confession ? Et Çque devez-vous absolument savoirÈ ce sujet ?
1¡ En premier lieu, je dis que la confession doit tre humble, c'est--dire que nous devons nous regarder, au tribunal de la Pnitence, comme des criminels devant leur juge, qui est Dieu lui-mme :
a) ÇNous devons accuser nous-mmes nos pchs, sans attendre que le prtre nous interroge, l'exemple de David qui disait : ÇOui, mon Dieu, j'accuserai moi-mme mes pchs au SeigneurÈ.
b) ÇNous ne devons pas faire comme font beaucoup de pcheurs, qui racontent leurs pchs comme une histoire indiffrente, qui ne montrent ni douleur ni regret d'avoir offens Dieu.
c) ÇSi le confesseur se voit forc de vous faire quelques remontrances qui blessent un peu votre amour-propre, s'il vous impose quelque pnitence qui vous rpugne, ou mme s'il vous diffre l'absolution : prenez garde de ne jamais murmurer, et moins encore de vous disputer avec lui, en lui rpondant avec arrogance, comme font quelques pcheurs endurcis, qui mme sortiront de l'glise en colre, sans se mettre genoux ; soumettez-vous humblement.
ÇN'oubliez jamais que le tribunal de la Pnitence o le prtre est assis, c'est vritablement le tribunal de Jsus-Christ ; qu'Il coute votre accusation, qu'll vous interroge, qu'll vous parle et qu'Il prononce la sentence de l'absolutionÈ.
Je dis qu'il faut s'accuser Çavec humilitÈ, c'est--dire Çne jamais rejeter ses fautes sur les autresÈ, comme font plusieurs confesse, semblables Adam qui s'excusa sur Eve, et Eve sur le serpent.
ÇAu lieu de s'avouer humblement coupables, en disant que ce n'est que par leur faute qu'ils ont pch, ils font tout le contraire. Un homme sujet la colre s'excusera sur sa femme et ses enfants ; un ivrogne, sur la compagnie qui l'a sollicit boire, un vindicatif, sur une injure qui lui a t faite ; un mdisant, sur ce qu'il ne dit que la vrit ; un homme qui travaille le dimanche, sur ses affaires qui pressent ou qui se gtent. Une mre qui fait manquer les prires ses enfants, s'excusera sur ce quÕelle n'a pas eu le temps. Dites-moi, mes frres, est-ce une confession humble ? Vous voyez clairement que non. ÇMon Dieu, disait le saint roi David, mettez, s'il vous plat, une garde ma bouche, afin que la malice de mon cÏur ne trouve point d'excuses mes pchsÈ.
2¡ ÇJe dis qu'il faut que notre confession soit simple pour tre bonne et capable de nous regagner l'amiti du bon Dieu.
a) ÇIl faut viter toutes ces accusations inutiles, tous ces scrupules qui font dire cent fois la mme chose, qui font perdre le temps au confesseur, fatiguent ceux qui attendent pour se confesser et teignent la dvotion.
b) ÇIl faut se montrer tel que l'on est par une dclaration sincre ; il faut accuser ce qui est douteux comme douteux, ce qui est certain comme certain ; par exemple : si vous disiez que vous ne vous tes pas arrt de mauvaises penses, tandis que vous doutez que vous y ayez pris plaisir, ce serait manquer de sincrit. Dire que ce que vous avez pris ne vaut que tant, pensant que peut-tre cela valait plus; ou bien dire ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir oubli un pch grave dans une de mes confessionsÈ, tandis que c'tait par une mauvaise honte ou par ngligence : ces manires de vous excuser seraient cause que vous Çferiez une mauvaise confessionÈ.
ÇJe dis encore que c'est manquer de sincrit que d'attendre que le confesseur vous interroge sur certains pchs ; si vous aviez eu la volont de ne pas le dire, il ne suffirait pas de le dclarer parce que le confesseur vous le demande, il faudrait encore dire : ÇMon Pre, si vous ne m'aviez pas interrog sur ce pch, je ne vous l'aurais pas ditÈ.
Çvitez, mes frres, vitez tous ces dguisements : que votre cÏur soit sur vos lvres. Vous pouvez bien tromper votre confesseur, mais rappelez-vous bien que vous ne tromperez pas le bon Dieu, qui voit et connat vos pchs mieux que vous. Si quelquefois le dmon, ce maudit Satan, vous tentait pour vous faire cacher ou dguiser quelque pch, faites vite cette rflexion : ÇMais je vais me rendre encore bien plus coupable que je n'tais ; je vais commettre un pch bien plus affreux que celui que je vais cacher, puisque ce sera un sacrilge ; je puis bien le cacher au prtre, mais non Dieu ; tt ou tard il faudra bien que je le dclare, ou que j'aille ternellement brler dans les enfers. Il me faudra avoir une petite humiliation en le dclarent, il est vrai; mais qu'est cela en comparaison de cette confession publique et ternelle ? Un malade, devez-vous dire, qui dsire sa gurison, ne craint pas de dcouvrir les maladies les plus honteuses et les plus secrtes, afin d'y faire appliquer les remdes ; et moi, je craindrais de dcouvrir les plaies de ma pauvre me mon mdecin spirituel, afin de la gurir ! Si vous ne vous sentez pas le courage de dclarer certains pchs, dites au prtre : ÇMon Pre, j'ai un pch que je n'ose pas vous dire, aidez-moi, s'il vous platÈ. Quoique cette disposition soit imparfaite, nanmoins cela vous le fera accuser ; ce qui est absolument ncessaireÈ.
3¡ ÇEn troisime lieu, je dis que la confession doit tre prudente : cela veut dire qu'il faut accuser ses pchs en termes honntes ; ensuite, qu'il ne faut pas faire connatre les pchs des autres sans ncessit. Je dis sans ncessit, parce qu'il est quelquefois ncessaire de les faire connatre, quand on ne peut pas faire autrement, comme par exemple vous avez eu le malheur de commettre un pch contre la sainte vertu de puret, et cela avec un de vos parents ; il faut bien dire cette circonstance. Vous vous trouvez dans une maison o il y a une personne qui vous porte au mal, vous tes encore oblig de le dire, parce que vous vous trouvez dans l'occasion prochaine du pch. Mais en disant cela, il faut avoir en vue d'accuser vos pchs et non ceux des autres.
4¡ ÇEn quatrime lieu, je dis qu'il faut que la confession soit entire, c'est--dire qu'il faut dclarer tous ses pchs mortels, leur nombre, l'espce et les circonstancesÈ qui changent l'espce.
ÇJe dis d'abord les pchs mortels. Quant aux pchs vniels o l'on tombe si souvent, l'on n'est pas oblig de s'en confesser, parce que ces pchs ne font pas perdre la grce et l'amiti du bon Dieu, et qu'on peut en obtenir le pardon par d'autres moyens, je veux dire par la contrition du cÏur, la prire, le jene, l'aumne et le saint sacrifice. Mais le saint Concile de Trente nous enseigne qu'il est trs utile de s'en confesser. En voici les raisons :
1¡ nous en recevons beaucoup plus srement le pardon par le sacrement de Pnitence ;
2¡ la confession de nos pchs vniels nous rend plus vigilants sur nous-mmes ;
3¡ les avis du confesseur peuvent beaucoup nous aider nous corriger ;
4¡ l'absolution que nous recevons, nous donne des forces pour nous les faire viter.
Mais si nous nous en confessons, il faut le faire avec regret et dsir sincre de nous en corriger. Il est bon, selon le conseil de saint Franois de Sales, lorsque vous n'avez que des pchs vniels vous reprocher, de vous accuser, la fin de votre confession, d'un gros pch de votre vie passe, en disant : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir commis autrefois tel pchÈ, en le disant comme si vous ne l'aviez jamais confess.
ÇJe dis qu'il fautÈ dclarer autant que possible Çle nombreÈ de ses pchs mortels.
Si vous aviez commis trois fois un pch et que volontairement vous ne disiez que deux fois, celui que vous laisseriez serait cause que votre confession serait un sacrilge.
Il y en a qui a se contentent de dire ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir mdit, d'avoir jurÈ. - Ç Mais combien de fois ?È leur dira le prtre. – ÇPas souvent, toujours quelquefoisÈ. Est-ce l, mes frres, une confession entire?
ÇPar exemple encore, si vous disiez : Mon Pre, je m'accuse d'avoir manqu la messe, d'avoir vol, d'avoir fait des choses dshonntes : tout cela ne serait pas suffisant ; il faut dire combien de fois vous avez commisÈ ces pchs.
ÇSavez-vous, mes frres, quand il est permis de dire Çenviron, peu prsÈ? C'est lorsque vous faites une longue confession, qu'il vous est impossible de dire au juste combien de fois vous avez fait tel pch : alors, voici ce que vous faites, vous dites combien de temps a dur l'habitude, combien de fois peu prs vous y tes tomb par semaine, par mois ou par jour ; si l'habitude a t interrompue pendant quelque temps ; et de cette manire vous approchez du nombre autant que vous le pouvez. Si malgr tous les soins que vous avez donns votre examen, il vous est rest quelques pchs, votre confession ne laisserait pas d'tre bonne, il vous suffirait de dire dans votre prochaine confession : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir oubli involontairement tel pch dans ma dernire confessionÈ ; il est ainsi compris avec ceux que vous avez accuss. C'est pour cela que quand vous vous accusez, vous dites : ÇMon Pre, je m'accuse de ces pchs et de ceux dont je ne me souviens pasÈ.
ÇJe disÈ ensuite qu'il faut dclarer Çl'espceÈ de ses pchs mortels. ÇCe n'est pas assez de dire en gnral que l'on a beaucoup pch, mais il faut encore dire quelles sont ces sortes de pchs que l'on accuse, si c'est vol, mensonge, impuret et le reste.
Je dis enfin qu'il faut dclarer les circonstances qui changent l'espce du pch, Çc'est--dire qui font un pch d'une autre nature. Par exemple : commettre l'impuret avec une personne marie, c'est un adultre ; avec une parente, c'est un inceste. Celui qui fait quelque pch, qui jure le saint nom de Dieu, tient des propos dshonntes, travaille le dimanche, mange de la viande les jours dfendus, en prsence de plusieurs personnes, devant ses enfantsÈ, ajoute tous ces pchs la malice du scandale. A Çmdire par haine, par envie, par ressentimentÈ, il y a deux pchs, l'un contre le huitime commandement, l'autre contre le cinquime.
ÇVoil des circonstances qu'il faut dclarer ; sans quoi vous vous exposez faire des confessions au moins fort douteuses.
Telles sont Çles qualits que doit avoir une confession pour tre bonne. C'est maintenant vous d'examiner si vos confessions passes ont t accompagnes de ces qualits. Si vous vous trouvez coupables, ne perdez pas de temps : peut-tre que le moment o vous vous promettez de revenir sur vos pas, vous ne serez plus de ce monde.
¤ IV. - DE L'EXAMEN DE CONSCIENCE.
Son importance.
- ÇL'examen est la recherche, avec un soin raisonnable, des pchs que nous avons commisÈ.
Si, par suite d'une ngligence grave dans votre examen de conscience Çvous laissiez quelque pch mortel, quand mme, vous l'auriez dit si vous l'aviez connu, cela n'empcherait pas que votre confession ne soit un sacrilgeÈ.
MANIéRE DE LE FAIRE.
Pour bien s'examiner :
1¡ Il faut se recueillir, choisir si l'on peut, un lieu solitaire et faire le silence autour de soi ; Çretirer son coeur et son esprit de toute affaire temporelle, je veux dire ne plus penser ni son commerce, ni son mnage ; descendre dans son coeur, avec un flambeau d'une main et une balance de lÕautre, pour examiner le nombre, les circonstances et peser toute la malice de ses pchsÈ.
2¡ Il faut implorer les lumires du Saint- Esprit.
a) ÇUn des effets, les plus funestes du pch, c'est d'aveugler d'une manire si affreuse celui qui le commet, qu'il ne se connat nullement, et, bien plus, quÕil ne cherche mme pas se connatreÈ. Tmoin David qui n'ouvrit les yeux sur son double crime que devant les reproches du prophte Nathan ; il ne vit qu'alors l'abme dans lequel il tait tomb depuis un an
b) ÇEn second lien, nous avons bien besoin des lumires du Saint-Esprit, parce que notre cÏur est le sige de l'orgueil, qui ne cherche que les moyens de nous reprsenter nos pchs moindres qu'ils ne sont.
ÇN'tant de nous-mmes, que tnbresÈ, demandons Dieu, Çavec une humilit profonde et une grande confiance en son infinie bontÈ, de nous connatre tels que nous sommes ; Çfaisons, pour cela, quelque bonne action, comme d'entendre la sainte messe, quelques petites privations dans nos repas, dans notre sommeil, et commenons flchir la justice du bon Dieu en lui offrant nos peines de la journeÈ.
3¡ Il faut donner l'examen le temps et l'application convenables.
ÇIl n'est gure possible de dterminer le temps que nous devons y employer ; mais il n'est pas douteux que ceux qui se confessent rarement doivent y mettre plus de temps que ceux qui se confessent souvent.
Donnons-y Çl'application que nous apporterions une affaireÈ dont nous aurions coeur le succs. Ç Une bonne confession nous rend le ciel et l'amiti de notre Dieu ; une mauvaise nous chasse du Paradis et nous prcipite au fond des enfers. Cette seule pense doit nous faire comprendre le temps et le soin que nous devons y apporter pour la faire saintementÈ.
ÇLorsque vous pensez vous approcher du sacrement de Pnitence, apportez, si vous le pouvez, la mme diligence que celle avec laquelle Jsus-Christ nous examinera au grand jour. Craignez, avec le saint roi David que, malgr tous les soins que vous prendrez pour vous examiner, vous ne laissiez encore bien des pchs que vous ne connatrez qu' la mort pour en rendre compte. Dites souvent avec lui : ÇMon Dieu, pardonnez moi les pchs que je ne connais pasÈ.
Matiére de l'examen.
Çtant seuls et en la prsence de Dieu, il faut commencer notre examen de conscience et rechercher tous nos pchs.
a) ÇExaminez-vous sur vos confessions passes et voyez si vous avez accus tous vos pchs mortels avec une vritable douleur d'avoir offens Dieu et un ferme propos de vous corriger et de quitter, non seulement le pch, mais encore l'occasion prochaine du pch.
ÇVoyez si vous avez bien fait votre pnitence dans le temps qu'on vous l'avait ordonne ; si vous avez fait toute rparation et les restitutions que vous pouviez ou deviez faire.
b) ÇSuivez les commandements de Dieu et ceux de lÕEglise et les pchs capitaux, et voyez comment et en combien de manires vous avez pch contre ces commandements. Remarquez avec soin, sans vous presser, en quoi vous vous en tes carts par penses, par dsirs, par action, par omission. Pour vous faciliter cette recherche, examinez quelles sont vos occupations les plus ordinaires, les lieux o vous allez, les personnes que vous voyez.
c) ÇExaminez-vous sur les devoirs de votre tat, c'est quoi beaucoup de personnes ne font pas attention.
- Mais me direz-vous, comment faut-il s'examiner sur ce point ?
- Cela n'est pas bien difficile. Vous savez bien quoi vous vous occupez, qui sont ceux qui sont sous votre conduite, dont Dieu vous demandera compte un jour.
Etes-vous pre ou mre de famille ? Eh bien ! examinez comment vous vous tes conduits envers vos enfants. Avez-vous eu soin de leur apprendre leurs prires ds qu'ils ont commenc parler ? Leur avez-vous inspir le respect qu'ils devaient avoir en la prsence de Dieu ? Leur avez-vous appris les principaux mystres de la religion, ncessaires pour tre sauvs ? Ne les avez-vous pas laisss dans une ignorance crasse, ne prenant pas tant coeur le salut de leur me que la conservation de vos btes ?
ÇAvez-vous nglig de les corriger, les voyant offenser le bon Dieu ? En avez-vous ri au lieu de les chtier chrtiennement ? Leur avez-vous donn le mauvais exemple en vous mettant en colre, en vous disputant avec votre mari, vos voisins ou voisines ? N'avez-vous pas mdit ou calomni en leur prsence ? Leur avez-vous appris ne jamais mpriser les pauvres, en les habituant eux-mmes faire l'aumne ? Avez-vous fait tout ce que vous avez pu pour les rendre agrables Dieu et assurer leur salut ? Avez-vous pri le bon Dieu pour eux ?È
Si vous avez des domestiques, vous avez aussi des devoirs remplir leur gard ; les domestiques en ont envers leurs matres, les ouvriers envers ceux qui les emploient. ÇQue chacun sonde sa conscience afin de pouvoir se connatre, au tribunal de la Pnitence, aussi coupable qu'il est.
a) ÇExaminez-vous sur les pchs d'omission : presque personne n'y pense. Par exemple : pouvant faire l'aumne, avez-vous nglig de la faire ? Pouvant rendre quelque service votre prochain, l'avez-vous refus ? Vos enfants et vos domestiques vous ont-ils vu manquer la messe, les vpres, vos prires le matin et le soir ?
b)ÇExaminez-vous sur vos pchs d'habitude, dites combien de temps cette habitude a dur.
ÇSur chaque pch que l'on dcouvre, il faut encore examiner les circonstances ncessaires pour les bien faire connatre, et le nombre de fois que l'on y est tomb.
ÇVous conviendrez avec moi que, pour un tel examen, il faut du temps, de l'application et de l'instruction.
ÇHlas ! combien de pcheurs qui s'aveuglent quand ils n'ont pas ces gros pchs que souvent mme des paens honntes ne commettraient pas ! Ils n'ont rien dire. Cependant on les verra vivant dans une ngligence habituelle de leur salut : et ils n'ont rien ! Hlas ! C'est qu'ils ne veulent pas se donner la peine de descendre dans leur cÏur, o ils trouveraient de quoi les faire mourir d'horreurÈ. Qu'une personne extrmement contrefaite et laide se regarde attentivement dans un miroir, elle se trouvera si laide et si affreuse, quÕelle ne pourra mme par y penser sans horreur : beaucoup de pcheurs sont tranquilles parce qu'ils ferment les yeux sur l'tat de malheur o est rduite leur pauvre me, parce qu'ils ne veillent pas assez sur eux-mmes ; ils ne veulent pas chercher leurs fautes, parce qu'ils ne veulent pas changer de vie. Que s'ensuit-il de l, sinon une chane de confessions nulles ou Çsacrilges ?È
ÇQue devez-vous faire pour viter un si grand malheur ?
ÇAyez un grand soin de vous bien faire instruire de vos devoirs ; et, pour cela, soyez assidus et attentifs aux instructions, catchismes, lectures de pit.
ÇSoyez de bonne foi avec vous-mmes, ayez une volont ferme de sauver votre pauvre me.
ÇPrenez l'habitude de vous examiner midi et le soir comment vous avez pass la journe.
ÇLe dimanche, rappelez votre mmoire les plus gros pchs de la semaine.
ÇEn suivant cette marche, vous n'oublierez pas vos pchs ; vous les rappelant, vous ne pourrez pas vous empcher de les dtester et de faire tous vos efforts pour vous en corrigerÈ : vous serez toujours prts vous confesser.
¤ V. - DE L'ABSOLUTION.
ÇSi vous me demandez ce que c'est que l'absolution, je vous dirai que c'est un jugement que le prtre prononce au nom et par l'autorit de Jsus-Christ, et par lequel nos pchs sont aussi remis, aussi effacs que si nous ne les avions jamais commis, pourvu que nous les confessions avec les dispositions que demande ce sacrement. Ah ! qui de nous pourra s'empcher d'admirer l'efficacit de ce jugement de misricorde ? 0 moment heureux pour un pcheur converti !... A peine le ministre a-t-il prononc ces paroles : ÇJe vous absous de vos pchsÈ, que l'me est lave, purifie de toutes ses souillures, par le sang prcieux qui coule sur elle. Mon Dieu ! Que Vous tes bon pour les pcheurs ! Oh ! Qu'il en a cot ce divin sauveur pour donner l'efficacit ces paroles ! Que de tourments, que d'opprobres et quelle mort douloureuse !
ÇMais nous sommes si aveugles, si grossiers, si peu spirituels, que la plupart croient qu'il ne tient qu'au prtre de donner ou de refuser l'absolution comme il lui plat. Non, nous nous trompons grossirement ; un ministre du sacrement de Pnitence n'est que le dispensateur des grces et des mrites de Jsus-Christ ; il ne peut les donner que selon les rgles qui lui sont prescrites.
ÇSi vous dsirez savoir quand on doit vous diffrer ou refuser l'absolution, le voici : coutez-le bien et gravez-le dans votre cÏur, afin que, chaque fois que vous irez vous confesser, vous puissiez connatre si vous mritez d'tre absous ou renvoys.
Je trouve sept raisons qui doivent porter le prtre vous diffrer l'absolution. C'est l'glise elle-mme qui a donn ces rgles sur lesquelles le prtre ne doit pas passer ; s'il les dpasse, malheur lui et celui qu'il conduit : c'est un aveugle qui en conduit un autre. Le devoir du ministre est de bien appliquer ces rgles, et le vtre, de ne jamais murmurer lorsqu'il ne vous donne pas l'absolution. Si un prtre vous la refuse, c'est parce qu'il vous aime et qu'il dsire vritablement sauver votre pauvre me.
1¡ÇJe dis que ceux qui ne sont pas assez instruits ne mritent pas l'absolution ; le prtre ne doit pas la leur donner, et ne le peut sans se rendre coupable, parce que tout chrtien est oblig de connatre Jsus-Christ avec ses mystres, avec sa doctrine, ses lois et ses sacrements. Saint Charles Borrome, archevque de Milan, nous dit expressment qu'on ne doit pas donner l'absolution ceux qui ne connaissent pas les principaux mystres du Christianisme et les obligations particulires de leur tat, Çsurtout, nous dit-il, quand on reconnat que leur ignorance vient de leur indiffrence pour le salutÈ. Les lois de l'glise dfendent de donner l'absolution aux pres et mres, aux matres et matresses qui n'instruisent pas leurs enfants ou leurs domestiques, ou qui ne les font pas instruire par d'autres de tout ce qui est ncessaire pour tre sauv ; qui ne veillent pas sur leur conduite, qui ngligent de les corriger de leurs dsordres et de leurs dfautsÈ.
Ici le Saint Cur expose longuement tout ce qu'un chrtien doit savoir pour tre sauv : l'oraison dominicale, la salutation anglique, le symbole, les commandements de Dieu et de l'glise, les sacrements, les actes des vertus thologales et de contrition. Et il ajoute : ÇEh ! bien, si je vous avais interrogs, auriez-vous bien rpondu tout cela ?... Si vous ne savez pas tout ce que je viens de vous dire, vous n'tes pas suffisamment instruitsÈ.
Et encore ne suffit-il pas de savoir des mots ; Çmais il faut que, si l'on vous interroge, vous puissiez rendre compte de l'explication de chaque article en particulier et de ce qu'ils veulent dire.
2¡ ÇJe dis que l'on doit diffrer l'absolution ceux qui ne donnent aucune marque de contritionÈ. Ces marques, quelles sont-elles ? ÇLes promesses et les protestations ?È Non. ÇL'exprience nous apprend que nous ne devons gure nous y fier, Tous nous disent qu'ils sont fchs d'avoir offens le bon Dieu, qu'ils veulent se corriger tout de bon, et que s'ils viennent se confesser, ce n'est que pour cela. Et moins de huit jours aprs avoir t absous, ils oublient toutes leurs promesses et retournent leurs mauvaises habitudesÈ.
La vraie marque de contrition est l'effort accompli pour changer de conduite ; Çsans cela, nous n'avons pas mrit l'absolution, et il y a tout lieu de croire que nous n'avons fait qu'une confession nulle ou sacrilge. Ah ! si du moins toutes les trente absolutions, il y en avait une de bonne, que le monde serait bientt converti !
3¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution tous ceux qui conservent des haines, des ressentiments dans leur cÏur, qui refusent de pardonner ; de sorte qu'il faut bien prendre garde de ne jamais recevoir l'absolution lorsque vous avez quelque chose contre votre prochain.
4¡ ÇJe dis que l'on doit traiter de mme ceux qui ont fait quoique tort au prochain et qui refusent de rparer le mal qu'ils ont fait ou dans sa personne ou dans ses biens. L'on ne peut pas mme donner l'absolution une personne qui, tant l'article de la mort, peut restituer elle-mme et se contente de dire ses hritiers de le faire sa place. Tous les Pres disent que, pour celui qui a du bien d'autrui, qui pourrait le rendre et qui ne le rend pas, il n'y a point de pardon ni de salut esprer.
5¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution ceux qui sont dans l'occasion prochaine de pcher, et qui refusent d'en sortir. Le prtre ne doit et ne peut, sans se damner, leur donner l'absolution, moins qu'ils ne promettent de renoncer ces occasions et de les quitter.
6¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution ceux qui sont scandaleux; qui, par leurs paroles, leurs conseils et leurs exemples pernicieux portent les autres au pch. Tels sont ces mauvais chrtiens qui tiennent dans leurs maisons des veilles, des danses, des jeux dfendus ; qui ont des tableaux dshonntes ou de mauvais livres ; comme sont encore les personnes du sexe qui se parent dans l'intention de plaire et qui, par leurs regards, leurs manires, font commettre tant de fornications et d'adultres de cÏur. Un confesseur, dit saint Charles, doit refuser l'absolution toutes ces personnes, puisqu'il est crit : ÇMalheur celui par qui le scandale arriveÈ
7¡ÇJe dis que l'on doit diffrer l'absolution aux pcheurs d'habitude, qui retombent depuis longtemps, dans les mmes pchs, qui ne font point ou du moins font bien peu d'efforts pour se corriger. Quand il n'y a point de changement ni d'amendement dans une personne qui se confesse, sa pnitence est fausse et trompeuse. Le saint Concile de Trente nous ordonne de ne donner l'absolution, qu' ceux en qui l'on voit la cessation du pch, la haine et la dtestation du pass, la rsolution et le commencement d'une vie nouvelle.
ÇVoil, mes frres, les rgles dont un confesseur ne peut s'carter, sans se perdre lui-mme et ses pnitentsÈ.
¤ VI. – DE LA SATISFACTION.
La satisfaction, est la rparation que l'on doit Dieu et au prochain pour les pchs qu'on a commis
Rparation que l'on doit Dieu.
ÇDepuis le commencement du monde, nous voyons partout que Dieu, en pardonnant le pch, a toujours voulu une satisfaction temporelle, qui est un droit que sa justice demande. Sa misricorde pardonne, mais sa justice veut tre satisfaite en quelque petite choseÈ.
Dieu, il est vrai, Çn'coute, au baptme, que sa misricorde et nous pardonne sans rien exiger de nousÈ ; mais, Çdans le sacrement de Pnitence, il ne nous remet nos pchs et ne nous rend la grce qu' condition que nous subirons une peine temporelle, ou dans ce monde ou dans les flammes du PurgatoireÈ.
Pourquoi ?
a) ÇAfin de nous punir du mpris et de l'abus de ses grces.
b) ÇPour nous prserver de retomber dans le pch : nous rappelant ce que nous avons endur pour les pchs dj confesss, nous n'aurons pas le courage d'y retournerÈ.
c) Notre-Seigneur Çveut que nous unissions nos pnitences aux siennesÈ.
Or, quelle est la satisfaction que Dieu exige de nous Çpour rparer les injures que nos pchs lui ont faitesÈ?
La Pnitence sacramentelle.
Avant tout, Çla pnitence que le confesseur nous impose ; elle fait partie du sacrement. Si l'on n'tait pas dans l'intention de l'accomplir, la confession serait sacrilge.
ÇNous devons la recevoir avec joie et reconnaissance. Si nous pensions ne pas pouvoir la faire, il faudrait reprsenter humblement au confesseur nos raisons ; s'il les trouve bonnes, il nous la changera... Mais nous ne devons jamais la changer de nous-mmes. Vous trouvez vos pnitences longues ou difficiles ; mais vous n'y pensez pas ! Comparez-les donc celles de l'enfer que vous avez mrites. Hlas ! avec quelle joie un pauvre damn ne recevrait-il pas jusqu' la fin du monde les pnitences que l'on vous donne, et encore de bien plus rigoureuses, si, ce prix, il pouvait terminer son supplice !
ÇNous devons accomplir la pnitence que le confesseur nous impose, Ce n'est qu' cette condition que Dieu rend sa grce au pcheur et que le prtre, en son nom, lui remet ses pchs. Ne serait-ce pas une impit de ne pas faire la pnitence et d'esprer encore le pardon ? Ce serait aller contre la raison ; ce serait vouloir la rcompense sans qu'il en cote rien.
ÇQue penser de ceux qui ne font pas leur pnitence ? S'ils n'ont pas encore reu l'absolution, ce sont des personnes qui n'ont pas mme le dsir de se convertir, puisqu'elles refusent les moyens prendre pour cela. Mais quand le pnitent a reu l'absolution et qu'il a nglig sciemment et volontairement sa pnitence, c'est un pch mortel si les pchs qu'il a confesss taient mortels.
ÇIl faut accomplir la pnitence tout entire, ne rien laisser de tout ce qu'on nous a donn ; nous devrions plutt ajouter celle que le confesseur nous a impose. Saint Cyprien nous dit que la pnitence doit galer la faute, que le remde ne doit pas tre moindre que le mal. Mais, dites-moi, quelles sont les pnitences que l'on donne ? Quelques chapelets, quelques litanies, quelque aumne, de petites mortifications. Toutes ces choses ont-elles quelque proportion avec nos pchs qui mritent des tourments qui ne finiront jamais ?
ÇIl y en a qui font leur pnitence en marchant ou assis : cela n'est pas faire. Votre pnitence, vous devez la faire genoux, moins que le prtre ne vous dise que vous pouvez la faire ou en marchant, ou assis. Si cela vous est arriv, vous devez vous en confesser.
ÇIl faut la faire au temps marqu, sans quoi vous pchez, moins que vous ne puissiez pas faire autrement, et le dire votre confesseur quand vous retournerez. Par exemple, il vous aura ordonn de faire une visite au Saint Sacrement aprs les offices, parce qu'il sait que vous allez dans des compagnies qui ne vous porteront pas au bon Dieu, et vous la faites un autre jour ou dans une autre circonstance ; il vous aura command de faire un acte de contrition si vous avez le malheur de retomber dans le pch que vous avec dj confess, et vous ne le rcitez que longtemps aprs, ou bien vous attendez, pour faire votre pnitence, le moment o vous tes prs d'aller vous confesser : vous comprenez aussi bien que moi que dans tous ces cas-l. vous tes coupable et que vous ne devez pas manquer de vous en accuser.
ÇIl faut faire votre pnitence dvotement :
a) ÇAvec attention de l'esprit et dvotion du cÏur.
b) ÇAvec une grande confiance que le bon Dieu vous a pardonn vos pchs par les mrites de Jsus-Christ qui a satisfait pour vous par ses souffrances et sa mort sur la croix.
c) ÇAvec joie, ravis de pouvoir satisfaire Dieu que vous avez offens et de trouver un moyen si facile d'expier vos pchs qui mriteraient de vous faire souffrir pendant toute l'ternit.
d) ÇAvec un vrai dsir de quitter le pch tout fait, quoi qu'il vous en cote, fallut-il mme souffrir la mort.
Pnitences volontaires.
ÇNous ne devons pas nous contenter de la pnitence que le confesseur nous impose, parce quÕelle n'est rien ou presque rien, si nous la comparons ce que mritent nos pchs. Si le confesseur nous mnage si fort, ce n'est que dans la crainte de nous dgoter de travailler notre salut. Si vous avez vritablement votre salut cÏur, vous devez vous imposer des pnitences vous-mmeÈ, expier vos pchs : par des actes qui leur soient contraires et les combattent directement ; par la prire vocale ou mentale, l'offrande de toutes vos actions Dieu, la pense frquente des fins dernires ; par le jene et Çtout ce qui peut mortifier le corps et l'espritÈ ; par l'aumne, Çcelle qui regarde le corps et celle qui regarde l'meÈ, c'est--dire par les Ïuvres de misricorde ; enfin par les indulgences.
Imitons les saints ; Dieu avait pardonn David : le roi-prophte se crut cependant oblig de pleurer son pch, et ses larmes Çcoulrent avec tant d'abondance qu'il nous dit qu'il en trempait son pain, qu'il en arrosait son lit et que la douleur ne le quitterait qu'avec la vieÈ.
Le Seigneur avait pardonn saint Pierre Çle pch que lui avait fait commettre la frayeurÈ, et l'aptre ne cessa jamais de laver son pch dans les larmes, au point Çqu'elles creusrent son visageÈ.
Le Sauveur avait pardonn Madeleine Çpuisqu'il dit aux Pharisiens que beaucoup de pchs lui avaient t pardonns parce quÕelle avait beaucoup aimÈ ; et pourtant, Madeleine, aprs la rsurrection, Çalla s'ensevelir dans un dsert o elle fit pnitence toute sa vieÈ.
Rparations que l'on doit au prochain.
ÇAprs avoir satisfait Dieu, il faut encore satisfaire notre prochain pour le tort que nous lui avons fait.
ÇSi vous avez eu le malheur de l'outrager par des paroles injurieuses, il faut lui faire des excuses et vous rconcilier avec lui.
ÇSi vous avez noirci la rputation du prochain par la calomnie, vous devez aller trouver les personnes qui vous avez dit de lui des choses fausses et leur dire que ce n'tait pas vrai, que vous tes bien fch de les avoir dites, que vous les priez de ne pas les croire.
ÇSi vous avez mdit du prochain, vous tes oblig de dire de lui tout le bien que vous pouvez savoir.
ÇSi, en frappant ses btes, vous lui avez fait quelque tort, vous tes oblig de le rparer aussitt que vous le pourrez.
ÇSi vous avez nglig de faire Çquelques restitutionsÈ, de rendre Çdes objets empruntsÈ, vous devez, au plus tt vous acquitter de vos dettes.
ÇSi vous avez fait tort au prochain dans son me, en lui donnant du scandale, c'est encore bien plus difficile rparer. Cependant il faut le faire autant que vous le pouvez, sans quoi jamais le bon Dieu ne vous pardonnera. Combien de pres et de mres, de matres et de matresses qui scandalisent leurs enfants et leurs domestiques en ne faisant de prire ni le matin, ni le soir, en jurant et peut-tre mme en blasphmant, en travaillant le dimanche matin, mme avant la sainte messe, en chantant de mauvaises chansons, en donnant de mauvais conseils ! Comment rparer tous ces scandales ?È
¤ I. CEUX QUI FONT DE MAUVAISES CONFESSIONS.
Quels sont ceux Çqui font de mauvaises Confessions ? Ecoutez-le afin que vous puissiez connatre si vous tes de ce nombre. D'abord je suis sr qu'il y en a parmi ceux qui sont ici prsentsÈ ; et Çpeut-tre n'ouvriront-ils pas encore les yeux aujourd'hui sur leur affreux et malheureux tat ; la parole de Dieu ne les touche pas, et les lumires de l'Esprit-Saint, qui ils ont ferm les portes de leur cÏur, ne leur montreront pas l'tat pouvantable o le pch les a prcipits. Ils mourront comme ils ont vcuÈ.
I.ÇCeux-l font de mauvaises confessions qui ne prennent pas le temps ncessaire pour connatre leurs pchs mortelsÈ. Un pch oubli parce que vous ne vous tes pas examins, quoique vous l'eussiez dit si vous l'aviez connu, ne laisserait pas que de rendre votre confession sacrilge. Cependant on trouve un grand nombre de chrtiens qui vont se confesser, souvent mme sans penser leurs fautes, ou du moins d'une manire si lgre que, quand ils se confessent, ils n'ont rien dire, si le prtre ne les examine pas lui-mme. Ce dfaut se rencontre surtout parmi ceux qui ne se confessent que rarementÈ.
Il. ÇCeux-l font de mauvaises confessionsÈ qui manquent de sincrit en matire grave. Il y en a qui cachent des pchs mortels : ce sont plutt les personnes Çqui, pendant quelque temps, ont rempli fidlement leurs devoirs de religion ou des personnes qui font profession de pit. Si elles viennent succomber : d'un ct, effrayes par la honte de leurs pchs, de l'autre par la crainte de se faire connatre aussi coupablesÈ, n'osant pas s'abstenir de se confesser et de communier de peur qu'on ne les remarque, Çque font-elles ? Elles ne disent pas leur faute et commencent une chane de sacrilges qui peut-tre durera jusqu' la mortÈ.
Toutefois, ce qui est plus commun, c'est que, au lieu de cacher simplement leurs pchs, il y en a qui les dguisent. ÇIls les dclarent, mais ils les cachent par la manire dont ils les accusent et on ne les connat gure mieux aprs leur confession qu'avant. Qui pourrait raconter tous les dguisements, tous les artifices que le dmon leur inspire pour les perdre et tromper leur confesseur ? C'est la corde par laquelle il entrane le plus en enfer. Vous allez le voir :ÇJe dis :
1¡ Dguisement de leurs pchs dans la manire de les accuser : ils les diminuent. Quelle est la prparation de certains ? Ce n'est pas de demander Dieu la grce de bien connatre leurs fautes, mais, de se tourmenter pour trouver le moyen de les dire de faon en prouver moins de honte. Sans presque s'en apercevoir, ils les affaiblissent considrablement : les emportements de la colre ne seront que des impatiences ; les discours les plus indcents ne seront que des paroles un peu libres ; les dsirs les plus honteux, les actions les plus infmes, ne seront que des familiarits peu dcentes ; les injustices les plus marques ne seront que de petits torts ; les excs de l'avarice ne seront qu'un attachement un peu trop grand aux biens de la terre. De sorte que, quand la mort arrivera et que Dieu leur fera voir leurs pchs tels qu'ils sont, ils reconnatront alors qu'ils n'ont dit leurs pchs qu' moiti dans presque toutes leurs confessions. Et que s'en suit-il, sinon une chane de sacrilges ! 0 mon Dieu peut-on bien y penser et ne pas tre plus sincre dans ses confessions pour avoir le bonheur d'tre pardonn ?
2¡ Dguisement de leurs pchs par le soin qu'ils prennent de n'en pas dclarer les circonstances, qui souvent sont plus criminelles que les actions mmes. Vous dites bien que vous avez mdit ; mais vous ne dites pas que c'tait de votre pasteur ou d'une autre personne consacre Dieu, dont la rputation est absolument ncessaire au bien de la religion. Vous vous accusez bien d'avoir dit des paroles contre la religion et contre la modestie, mais vous ne dites pas que votre intention tait d'branler la foi de cette jeune personne, afin de lui persuader de consentir vos mauvais dsirs. Vous dites bien que vous avez manqu la messe le dimanche, mais vous ne dites pas que vous l'avez fait manquer d'autres, ou bien que plusieurs personnes vous l'ont vu manquer, Çqui les a scandalisesÈ. Vous vous accusez bien d'avoir t au cabaret, mais vous ne dites pas que c'est un dimanche et pendant la messe ou les vpres, que votre intention tait d'en amener d'autres avec vous si vous aviez pu. Vous vous accusez bien d'avoir eu de mauvaises penses, mais vous ne dites pas que vous y avez donn occasion en allant volontairement avec des personnes que vous saviez trs bien n'avoir que de mauvais propos dbiter. Vous vous accusez bien d'avoir mang de la viande les jours dfendus, mais vous ne dites pas combien de personnes en ont mang cause de vous ; vous ne dites pas si vous avez sollicit vos enfants et vos domestiques ; vous ne dites pas si c'est par impit que vous en avez mang, en vous raillant des lois de l'glise. Vous dites bien que vous avez chant de mauvaises chansons, mais vous ne dites pas combien de personnes les ont entendues ; vous ne dites pas si vous les avez apprises aux autres, si vous avez pri d'autres personnes de vous en apprendre. Vous vous accusez bien d'avoir travaill le dimanche, mais vous ne dites pas combien d'heures, ni combien de personnes vous avez fait travailler, ni si c'est pendant les saints offices, ni si l'on vous a vues... Mon Dieu, que de choses auxquelles on ne pense pas ! Mon Dieu, que de confessions incompltes et au moins douteusesÈ.
3¡ Dguisement dans le ton de la voix qu'ils emploient pour dclarer certains pchs plus humiliants ; dans le soin qu'ils prennent de les placer, de manire que le confesseur puisse les entendre sans y faire attention. L'on commencera accuser beaucoup de petits pchs, comme : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir manqu de prendre de l'eau bnite le matin et le soir, d'avoir eu des distractions pendant mes priresÈ et autres choses semblables. Aprs avoir endormi, autant qu'on peut, l'attention du confesseur, d'une voix un peu plus basse et de la manire la plus rapide, on glisse des abominations et des horreurs.
Quels sont les pchs que l'on craint le plus d'accuser ?
- ÇLes pchs contre la sainte vertu de puret et contre la justice... Nous verrons, au jour du jugement, qu'un grand nombre de confessions ont t rendues mauvaises par ces pchsÈ.
ÇInsenss, pourrait-on dire tous ces prtendus pnitents, quel est donc le dmon qui vous a ainsi sduits pour vous porter trahir si misrablement la vrit ? Dites-moi, quel est le motif qui peut vous porter mentir de la sorte en confession ?
ÇEst-ce la crainte que le confesseur ait mauvaise opinion de vous ? Vous vous trompez.
ÇEst-ce que vous esprez que les pchs que vous dites vous seront pardonns ? Vous vous trompez encore grossirement.
ÇVous pensez tromper votre confesseur ? Mais vous savez bien que vous ne tromperez pas Dieu, de qui vous devez recevoir votre pardon.
ÇDites-moi, cette absolution que vous aurez surprise, pensez-vous bien esprer quÕelle sera ratifie dans le ciel? Hlas ! tel est l'aveuglement de certains pcheurs, qui osent se persuader qu'ils sont pardonns, pourvu qu'ils aient reu une absolution ; peu importe, du reste qu'ils aient dit ou non tous leurs pchs, qu'ils aient tromp ou non leur confesseur.
ÇMais dites-moi, pcheurs aveugles, je vous le demande, tes-vous bien contents de cette absolution, lorsque vous tes sortis du tribunal de la Pnitence ? Avez-vous prouv cette paix et cette douce consolation qui est la rcompense d'une confession bien faite ? N'avez-vous pas t, au contraire, obligs, pour calmer vos remords de conscience, de vous dire en vous-mmes qu'un jour vous referiez la confession que vous veniez de faire ? Mais, mon ami, tout bien examin, vous auriez mieux fait cent fois de ne pas vous confesser. Vous savez trs bien que les pchs que vous avez ainsi confesss ne sont pas pardonns, sans parler de ceux que vous avez voulu cacher. Vous n'tiez donc pas assez coupables ? Et vous avez voulu ajouter tous vos pchs un sacrilge !
Mais, pensent peut-tre quelques personnes, nous ne croyons pas qu'il y en ait qui soient capables de cacher ou de dissimuler leurs pchs, parce qu'ils seraient bien trop tourments.
Ah ! mes frres, s'il me fallait prter serment, je ne balancerais pas dire qu'il y en a au moins cinq ou six qui sont dvors par leurs remords et par leurs pchs, auxquels il faut toutes leurs forces pour ne pas le laisser paratre au dehors, qui m'coutent maintenant, et qui pensent que cela est vrai. Prenez patience, vous les verrez au jour du jugement et vous vous rappellerez ce que je vous dis aujourd'hui.
0 mon Dieu ! la honte ou la crainte peuvent-elles bien retenir un chrtien dans un tat si pouvantable ? Ah ! mon ami, qu'est-ce que vous vous prparez vous-mme ? Vous n'osez pas vous en ouvrir votre pasteur ? Mais est-il seul au monde ? Ne trouveriez- vous pas des prtres qui auraient la charit de vous recevoir ? Mon ami, ayez piti de cette pauvre me qui a cot si cher Jsus-Christ !... 0 mon Dieu ! qui pourra jamais comprendre l'aveuglement de ces pauvres pcheurs ! Vous avez cach votre pch, mon ami, mais il faudra qu'il soit connu un jour, et mme aux yeux de tout l'univers ; tandis que, d'une parole, vous l'auriez cach pour jamais et vous changeriez votre enfer en une ternit de bonheur ! Hlas ! qu'un sacrilge conduit loin ces pauvres pcheurs ! Ils ne veulent pas mourir dans cet tat, mais ils n'ont pas la force d'en sortir. Mon Dieu, tourmentez-les si fort qu'ils ne puissent pas y rester !...
ÇCeux-l font de mauvaises confessions qui se confessent par routine, par habitude, sans avoir une vritable douleur de leurs pchs ni le ferme propos de ne plus les commettre. Le dfaut de contrition est la cause du plus grand nombre des confessions nulles ou sacrilgesÈ.
Ceux qui, en recevant l'absolution, n'ont pas l'intention de faire la pnitence que le prtre leur donne. Il ne faut pas vous contenter de vous accuser d'avoir manqu votre pnitence, mais bien dire qu'en vous confessant vous n'aviez pas l'intention de la faire.
Ceux qui n'ont pas la volont de restituer. ÇJe ne parle pas de ceux qui ont vol ou tromp le prochain et qui ne s'en confessent pas : ceux-l sont bien perdus ; mais je dis que ceux qui le confesseur a ordonn quelques restitutions, si, dans le moment o ils recevaient l'absolution, ils n'ont pas eu l'intention de rendre, leur confession ne vaut rien ; et si vous avez manqu de rendre, le pouvant, comme vous l'aviez promis, il faut le dire en vous confessant. Ceux qui ne font pas tous leurs efforts pour restituer; comme ceux encore qui ont t chargs de faire des aumnes, de faire dire des messes, et laissent tout cela de ct.
Ceux qui continuent de vivre dans l'occasion prochaine du pch, pouvant la quitter.
Ceux qui vivent sans se rconcilier avec leur prochain, qui ne veulent pas pardonner on qui ne pardonnent qu' moiti.
Tous ceux qui frquentent les sacrements sans tre suffisamment instruits des principaux mystres de la religion, ou qui ignorent, par leur faute, ce qui regarde les sacrements qu'ils reoivent.
Les pres et les mres, les matres et les matresses qui ne connaissent pas leurs devoirs envers les enfants et leurs domestiques.
0 mon Dieu ! que de chrtiens vont l'abme et qui ne le croient pas, parce qu'ils ne veulent pas prendre la peine de descendre dans leur cÏur pour y reconnatre les maux que le pch leur a faits !
¤ Il. CONFESSION GNRALE, MOYEN DE RPARER LES MAUVAISES CONFESSIONS.
Comment rparer les confessions nulles et sacrilges ?
Par une confession gnrale, en accusant Çles pchs mortels de toute votre vie, leur nombre et leurs circonstances, ainsi que toutes vos mauvaises confessions et communions.
ÇMais comment me rappeler, quatorze ou vingt ans, cinquante ou soixante ans peut- tre, tout ce que j'ai fait ?È Ce qui nous parat tout fait impossible nous-mmes, nous est facile avec la grce de Dieu. C'est l'examen de conscience qui vous effraie ? Il n'est pas si difficile que vous vous le reprsentez.
Pour faire une confession gnrale, il n'est pas ncessaire d'accuser vos pchs vniels en dtail ; il suffit de les accuser en gnral la fin de votre confession. Votre examen ne roulera donc que sur vos pchs mortels. Or vos pchs sont ou des pchs que vous ne commettez que rarement ou des pchs d'habitude.
Si vous n'avez commis certains pchs que rarement, comme serait, par exemple, de jurer le saint nom de Dieu, de vous mettre en colre en maudissant votre travail, vos enfants ou vos btes, il n'est pas difficile de dire combien de fois peu prs vous y tes tombs par anne, par mois ou par semaine. Si c'est un pch d'habitude, vous savez combien d'annes a dur cette habitude, quel ge elle a commenc, si vous l'avez perdue quelque temps ; il n'est pas difficile de dire combien de fois vous avez commis ce pch par mois, par semaine ou par jour. Eh ! bien, c'est tout ce qu'il faut faire pour rparer vos confessions. Lorsque vous ne pouvez vous rappeler au juste, dites seulement : ÇMon Pre, je m'accuse peu prs tant de foisÈ. Dieu n'en demande pas davantage ; pourvu que vous ayez donn votre examen tout le temps et tous les soins convenables et que vous soyez de bonne foi, c'est--dire sincres dans votre accusation et votre repentir, vous tes srs que quand toutes vos confessions et communions auraient t des sacrilges, le bon Dieu vous pardonnera et vous serez sauvs. D'un autre ct, le confesseur, qui dsire autant que vous le salut de votre pauvre me, ne manquera pas de faire tout ce qu'il pourra pour vous aider, soit par ses interrogations, soit par ses prires, surtout pendant la sainte messe, en demandant Dieu les grces et les forces qui vous sont ncessaires pour bien faire votre confession.
Prenez garde ne pas vous laisser prendre ce pige du dmon qui en perd un grand nombre, qui est de leur faire commencer accuser tous leurs petits pchs les premiers, afin qu'ils n'aient pas la force de dire les gros ensuite. Commencez au contraire dire tous vos plus gros pchs ; alors, vous tez toute puissance au dmon.
Cela est bien ais dire ; mais le faire, c'est autre chose. Comment avoir la force de dire tant de pchs si affreux, qui font horreur rien que d'y penser ?
- Mes frres, il, n'y a qu'un orgueilleux qui ait honte de dire ses pchs ou qui les cache. Otez l'orgueil de votre cÏur, et vous vous accuserez comme vous voudriez l'avoir fait l'heure de la mort. Une personne qui a vraiment cÏur son salut, ne craint nullement de faire l'accusation de ses pchs.
Voulez-vous, mes frres, un motif bien capable de vous engager une confession de toute votre vie, si vous vous sentez coupables ? Ce soir, lorsque vous serez au lit, mettez-vous dans la position o vous serez un jour dans la bire, le corps tendu, les mains croises sur la poitrine, les yeux ferms, tout envelopp dans un suaire ; ensuite dites-vous vous-mmes : que voudrais-je avoir fait lorsque je me trouverai ce moment ? Mon me est souille de tant de pchs qui ne sont pas pardonns... Voudrais-je bien paratre devant le tribunal de Dieu en cet tat ? Reverrai-je un confesseur l'heure de la mort ? Si je venais mourir de mort subite et que je n'eusse pas le temps de me confesser, il faudrait tomber en enfer ! Non, mon Dieu, plus de retard, je vais commencer aujourd'hui me prparer et je ferai si bien que je regagnerai votre amiti et mriterai le ciel.
Avant l'Examen.
Invoquez les lumires du Saint-Esprit afin de vous rappeler exactement vos pchs, d'en connatre l'espce, le nombre et la gravit.
ÇComme un horloger avec ses lunettes ; dit le Cur d'Ars, distingue les plus petits rouages d'une montre, avec les lumires du Saint-Esprit, nous distinguons tous les dtails de notre pauvre vie. Alors les moindres pchs font horreur. È
Venez, Esprit-Saint, remplissez mon cÏur et allumez-en moi le feu de votre amour.
v. 0 Dieu, envoyez votre Esprit et tout sera cr.
r. Et vous renouvellerez la face de la terre.
Oraison. 0 Dieu, qui avez instruit les cÏurs des fidles par la lumire du Saint-Esprit, donnez-moi, par le mme Esprit, de goter ce qui est bien et de jouir toujours de sa consolation. Par Jsus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
Je vous salue, Marie...
PREMIER COMMANDEMENT :
Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇLa prire dgage notre me de la matire; elle l'lve en haut comme le feu qui gonfle les ballons.
Ceux qui ne prient pas se courbent vers la terre comme une taupe qui cherche faire un trou pour s'y cacher. Ils sont tout terrestres, tout abrutis et ne pensent qu'aux choses du tempsÈ.
Avez-vous fait vos prires du matin et du soir ?
Etes-vous rest longtemps sans les faire ?
Les avez-vous faites genoux et avec attention ?
Avez-vous manqu de respect dans le lieu saint ?
Avez-vous consult les devins, les diseuses de bonne aventure, les tables tournantes ?
La Foi.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇCeux qui n'ont pas la foi ont l'me bien plus aveugle que ceux qui n'ont pas d'yeux...
Nous sommes dans ce monde comme dans un brouillard ; mais la foi est le vent qui dissipe ce brouillard et qui fait luire sur notre me un beau soleil.
Il y en a qui perdent la foi et ne voient l'enfer qu'en y entrantÈ.
Avez-vous refus de croire quelque vrit de la foi ?
En avez-vous dout volontairement ?
Avez-vous lu des journaux ou des livres qui combattent la foi ?
Avez-vous frquent des socits o l'on tient des propos contre la foi? En avez-vous ri ?
Avez-vous parl contre les prtres ?
Avez-vous, selon vos moyens, pris la dfense de la religion quand elle tait attaque devant vous ?
Le respect humain vous a-t-il empch de professer votre foi ?
Pendant la priode lectorale, avez-vous vot ?
Avez-vous vot pour le candidat ou la liste catholiques ?
l'Esprance.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇLe dsespoir est un plus grand pch que tous ceux que nous pouvons avoir commis.
Nos fautes sont un grain de sable ct de la grande montagne des misricordes de Dieu.
Le bon Dieu ne nous a promis sa grce qu'autant que de notre ct nous ferons tout ce que nous pourrons pour viter les dangers du pch.
Ah ! pcheur, mpriserez-vous toujours les richesses de la patience de Dieu, de sa bont et de sa longanimit ? Parmi les voleurs, les uns vieillissent dans le brigandage ; d'autres, au premier crime, sont pris et punis. Craignez que le sort de ces derniers ne soit le vtre et que vous ne soyez prcipit dans les abmes au premier pch que vous ferez. Allons, ne lassez plus la patience de Dieu !È
Avez-vous dsespr de vous corriger de vos pchs ou d'en obtenir le pardon ?
Vous tes-vous encourag pcher en pensant que Dieu tait assez misricordieux pour vous pardonner ?
Avez-vous diffr de vous convertir en pensant que Dieu vous pardonnerait quand il vous plairait de ne plus pcher ?
Avez-vous pens que Dieu tait assez bon pour vous donner le ciel sans que vous ayez rien fait pour l'acqurir ?
La Charit.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇUn bon chrtien qui aime Dieu et le prochain - et quand on aime Dieu on aime le prochain - voyez comme il est heureux ! quelle paix dans son me ! C'est le paradis sur la terre.
C'est si beau, la charit ! C'est un coulement du cÏur de Jsus, qui est tout amourÈ.
Avez-vous aim Dieu de tout votre cÏur et par-dessus toutes choses?
Quand Sa volont tait en concurrence avec un plaisir dfendu, un gain illicite, votre orgueil satisfaire, qu'avez-vous prfr ?
Avez-vous aim le prochain comme vous-mme et pour l'amour de Dieu ?
Avez-vous eu de la haine ou gard de la rancune contre le prochain ?
Vous tes-vous veng ou en avez-vous eu le dsir ?
Avez-vous fait l'aumne ?
Avez-vous eu soin des malades de votre maison ?
Avez-vous pri pour vos dfunts ?
DEUXIéME COMMANDEMENT :
Dieu en vain tu ne jureras ni autre chose pareillement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇLe blasphme est une sorte de sacrilge, car vous employez maudire le Crateur une langue qui a t consacre au bon Dieu par le baptme, arrose du sang prcieux de Jsus-Christ, qui tant de fois a servi de reposoir au Sauveur lui-mme.
Ce pch fait dresser les cheveux de la tte toute personne qui n'a pas entirement perdu la foiÈ.
Avez-vous blasphm le saint nom de Dieu ?
Avez-vous murmur contre la Providence ?
Avez-vous mal parl de Dieu, de la religion ou des saints ?
Avez-vous pris Dieu tmoin de choses inutiles ou mauvaises ?
Avez-vous fait de faux serments ?
Avez-vous fait des maldictions contre votre prochain, contre vous-mme ou contre les cratures ?
Avez-vous observ les vÏux que vous avez faits ?
TROISIéME COMMANDEMENT :
Les dimanches tu garderas en servant Dieu dvotement.
Du SAINT CURE D'ARS :
ÇQuand j'en vois qui charrient le dimanche, je pense qu'ils charrient leur me en enfer.
Je connais deux moyens bien srs de devenir pauvre : c'est de travailler le dimanche et de prendre le bien d'autrui. Le dimanche, c'est le bien du bon Dieu ; c'est son jour Lui, le jour du Seigneur. De quel droit touchez-vous ce qui ne vous appartient pas ?
Ceux qui ne font point difficult de manquer la messe le dimanche, prissent presque tous misrablement : c'est visible ; leurs biens vont en dcadence, la foi abandonne leur cÏur, ils vivent comme s'ils n'avaient point d'me sauver, et, par l, ils sont doublement malheureuxÈ.
Avez-vous travaill le dimanche ?
Combien de temps ?
Avez-vous manqu la messe le dimanche ?
L'avez-vous entendue tout entire et avec pit ?
Avez-vous manqu les Vpres sans raison ?
QUATRIéME COMMANDEMENT :
Tes pre et mre honoreras afin que tu vives longuement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇSi ce commandement tait bien observ, le ciel descendrait sur la terre, car l'on y goterait la paix et le bonheur; les familles seraient de petits paradis par le respect et l'amour des enfants envers leurs parentsÈ.
Avez-vous eu pour vos parents les prvenances et le respect auxquels ils ont droit ?
Leur avez-vous parl avec brusquerie ?
Les aimez-vous sincrement, vous souvenant, qu'aprs Dieu ils sont les auteurs de vos jours ?
Auriez-vous dsir leur mort, afin d'tre dlivr de l'embarras qu'ils vous donnent ?
Leur faites-vous tout le bien que vous pouvez ?
Leur obissez-vous en tout ce qu'ils vous commandent de juste et de raisonnable, comme Dieu dont ils tiennent la place ?
Avez-vous eu soin d'eux dans la vieillesse, la maladie, la pauvret ?
Avez-vous pourvu leurs besoins ?
Quand ils taient malades, avez-vous fait appeler le prtre assez tt pour qu'il pt leur administrer les sacrements en pleine connaissance?
Avez-vous fait clbrer des messes pour eux aprs leur mort ?
ætes-vous convaincu que le denier du culte est, non point une dette de charit, mais de justice ?
L'avez-vous vers selon vos moyens ?
CINQUIéME COMMANDEMENT :
Homicide point ne sera de fait ni volontairement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇOh ! que d'homicides spirituels commis par de mauvais conseils et de mauvais exemples ! Ainsi on chantera une mauvaise chanson ; il y a l cinquante personnes, je suppose, qui prennent plaisir vous entendre : elles recevront toutes le poison. Voil cinquante personnes qui vous avez donn la mortÈ.
Avez-vous port le prochain au mal ou l'avez-vous dtourn du bien par de mauvaises paroles, de mauvais conseils, de mauvaises actions?
Avez-vous souhait la mort du prochain ? Pourquoi ?
Vous l'tes-vous souhaite vous-mme ?
Avez-vous frapp le prochain ?
Lui avez-vous dit des injures ?
Vous tes-vous querell avec lui ?
SIXIéME ET NEUVIéME COMMANDEMENTS :
Luxurieux point ne seras de corps ni de consentement.
L'Ïuvre de chair ne dsireras qu'en mariage seulement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇL'me pure est une belle rose, et les trois personnes divines descendent du ciel pour en respirer le parfum.
Il y avait une fois un saint qui avait demand au bon Dieu de lui montrer une me impure ; il vit cette pauvre me comme une bte creve, qu'on a trane pendant huit jours au gros du soleil, le long des rues.
La danse et les bals sont le moyen dont le dmon se sert pour enlever l'innocence au moins aux trois quarts des jeunes gens. Combien de jeunes filles, la suite de la danse, ont perdu leur rputation, leur pauvre me, le ciel, leur Dieu ! Le dmon entoure une danse comme un mur entoure un jardinÈ.
Vous tes-vous arrt avec complaisance des penses ou des dsirs dshonntes ?
Avez-vous dit des paroles dshonntes ?
cout ceux qui en disaient ?
Chant de mauvaises chansons ?
Lu des journaux ou des livres immoraux ?
Assist des cinmas ou des spectacles immodestes ?
ætes-vous all aux bals et aux danses ?
Avez-vous pch contre la puret par regards ? ... Par actions ? ... Tout seul ? ... Avec d'autres ? ... (Dire si la personne avec laquelle vous avez pch tait de votre sexe, si elle tait libre ou marie ou parente... )
Avez-vous frquent de mauvaises compagnies ?
Vos vtements sont-ils conformes la modestie chrtienne ou suivez-vous le dvergondage de la mode ?
SEPTIéME ET DIXIéME COMMANDEMENTS :
Bien d'autrui tu ne prendras ni retiendras ton escient.
Bien d'autrui tu ne convoiteras pour l'avoir injustement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇSans un miracle de la grce, un avare ou si vous voulez, une personne qui a acquis quelque bien par fraude ou par adresse, ne se convertira presque jamais, tant ce pch aveugle celui qui le commet, et non seulement le bien acquis de cette manire ne lui profitera pas, mais il sera cause que son bien lgitimement acquis priraÈ.
Avez-vous pris des objets qui ne vous appartenaient pas ?
Avez-vous pris le bien du prochain en vendant du lait ou du vin mlang d'eau ?
En vendant des animaux domestiques sans rvler leurs dfauts cachs ?
En vendant faux poids ou fausses mesures ?
En faisant payer votre ouvrage plus qu'il ne valait ?
En mettant plus de temps qu'il ne fallait pour l'excuter ?
En haussant les prix d'une manire arbitraire et injuste ?
Avez-vous caus du dommage au prochain en faisant des dgts dans ses proprits ?
En lui intentant un procs injuste ?
Avez-vous coopr au dommage du prochain par vos ordres, vos conseils, vos domestiques, vos enfants, vos animaux ?
Avez-vous profit d'une erreur commise votre avantage ?
Avez-vous gard ce que vous aviez trouv ?
Avez-vous fait ce que vous pouviez pour payer vos dettes ?
Vous tes-vous appropri les dpts qui vous avaient t confis ?
Avez-vous rendu ce que vous aviez pris injustement ?
Rpar les torts que vous aviez faits au prochain ?
HUITIéME COMMANDEMENT :
Faux tmoignage ne diras ni mentiras aucunement.
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇLa langue du mdisant ou du calomniateur est comme un ver qui pique les bons fruits ; c'est une chenille qui salit les plus belles fleurs en y laissant la trace dgotante de son cume.
Vous avez mdit... calomni...Comme le voleur qui rend le bien qu'il a vol, rparez la rputation que vous avez te votre prochain et confessez-vous, sinon vous serez damnÈ.
Avez-vous fait de faux tmoignages devant les tribunaux ?
Avez-vous menti : pour rendre service ou vous excuser... pour rire... pour nuire au prochain ?
Avez-vous calomni le prochain ?
En avez-vous mdit ?
Avez-vous jug tmrairement ?
Du SAINT CUR D'ARS :
ÇQuand on va se confesser, il faut comprendre ce qu'on va faire : on peut dire qu'on va dclouer Notre-Seigneur.
Quand vous avez fait une bonne confessions vous avez enchan le dmon.
Les pchs que nous cachons reparatront tous. Pour bien cacher ses pchs, il faut bien les confesserÈ.
Vous tes vous confess chaque anne ?
Avez-vous communi chaque anne dans le temps de Pques ?
Avez-vous fait des confessions et des communions sacrilges ?
Avez-vous jen et gard l'abstinence aux jours prescrits par l'glise?
Avez-vous t orgueilleux, vaniteux ?
Avez-vous recherch le luxe dans vos vtements et votre parure ?
Etes-vous trop attach aux biens de la terre ?
Avez-vous t jaloux du prochain ?
Vous tes-vous rjoui du mal qui lui arrivait ?
Avez-vous fait des excs dans le boire et le manger ?
Vous tes-vous mis en colre ?
Vous tes-vous laiss aller l'impatience ?
Avez-vous t paresseux dans l'accomplissement des devoirs de votre tat ?
Du SAINT CUR DÕARS :
ÇQuelle honte, je ne dis pas pour des paens, mais pour des chrtiens, que les animaux soient plus fidles accomplir les desseins de la Providence que les propres enfants de Dieu, c'est--dire que les pres et mres que le bon Dieu n'a choisis que pour peupler le ciel !È
Epoux, avez-vous pratiqu la chastet conjugale ?
N'avez-vous pas Çfix, avant Dieu mme, le nombre de vos enfantsÈ?
|
Avez-vous toujours observ dans vos rapports la modestie et la rserve qui convient des chrtiens ?
(Il peut se commettre contre la chastet conjugale d'autres pchs que les poux doivent accuser avec soin)
Avez-vous eu les uns pour les autres une affection, un respect et des gards rciproques ?
Du Saint CUR d'Ars :
ÇLa plus grande proccupation des pres et mres doit tre de travailler sauver les mes de leurs enfants ; ils n'ont point d'ouvrage qui doive passer avant celui-l. En vain emploieraient-ils leur vie faire pnitence, pleurer leurs fautes, distribuer leur bien aux pauvres, s'ils ont le malheur de ngliger le salut de leurs enfants, tout est perdu pour euxÈ.
Parents, levez-vous chrtiennement vos enfants ?
Leur apprenez-vous leurs prires ?
Les leur faites-vous rciter ?
Les instruisez-vous vous-mmes et veillez-vous les faire instruire des vrits de la foi et des devoirs de la vie chrtienne ?
Prfrez-vous pour eux les coles libres ? ætes-vous convaincu qu'ayant le choix, vous n'avez pas le droit de les confier aux coles laques ?
Les envoyez-vous aux offices, au catchisme ?
Veillez-vous sur leur conduite et sur leurs frquentations ?
Les empchez-vous d'aller aux bals, aux danses, aux cinmas dshonntes ?
Les reprenez-vous avec fermet ? Les corrigez-vous au besoin ?
Du saint Cur d'Ars :
ÇLes matres doivent prendre les mmes soins de leurs domestiques que de leurs enfants, en se rappelant ce que dit saint Paul : que s'ils n'ont pas soin de leurs domestiques, ils sont pires que des paens, et ils seront punis plus svrement au jour du jugementÈ.
Matres et matresses, faites-vous observer dans vos maisons la loi de Dieu et les commandements de l'glise ?
Garde-t-on l'abstinence chez vous ?
Faites-vous le possible pour que vos domestiques soient instruits de la religion, frquentent les sacrements et les offices et qu'ils se conduisent en bons chrtiens ?
Faites-vous la prire en commun le soir ?
RFLEXIONS POUR S'EXCITER A LA CONTRITION TIRES DU SAINT CUR D'ARS
SUR L'ENFER.
Le pch est le bourreau du bon Dieu et l'assassin de l'me. C'est lui qui nous arrache du Ciel pour nous prcipiter en enfer. Et nous l'aimons ! É Quelle folie ! É Si on y pensait, on aurait une si vive horreur du pch, qu'on ne pourrait pas le commettre.
N'est-ce pas une vraie folie que de pouvoir goter ds cette vie les joies du Ciel en s'unissant Dieu par l'amour et de vouloir se rendre digne de l'enfer en se liant avec le dmon ? ... On ne peut pas assez comprendre cette folie. On ne peut pas assez la pleurer ! ... Il semble que les pauvres pcheurs ne veulent pas attendre la sentence qui les condamnera la socit du dmon ; ils s'y condamnent eux-mmes.
Mes enfants, si vous voyiez un homme dresser un grand bcher, entasser des fagots les uns sur les autres, et que, lui demandant ce qu'il fait, il vous rpondt : ÇJe prpare le feu qui doit me brlerÈ que penseriez vous ? Si vous voyiez ce mme homme approcher la flamme du bcher, et, quand il est allum, se prcipiter dedans... que diriez-vous ? ...
En commettant le pch, c'est ainsi que nous faisons. Ce n'est pas Dieu qui nous jette en enfer, c'est nous qui nous y jetons par nos pchs. Le damn dira : Çj'ai perdu Dieu, mon me et le Ciel ; c'est par ma faute, par ma faute, par ma trs grande faute ! ... Il s'lvera du brasier pour y retomber... Il sentira toujours le besoin de s'lever, parce qu'il tait cr pour Dieu, le plus grand, le plus haut des tres, le TRéS-HAUT... comme un oiseau dans un appartement vole jusqu'au plancher et retombe... La justice de Dieu est le plancher qui arrte les damns.
Penser qu'on est maudit ! maudit de Dieu ! ... a fait trembler... Maudit de Dieu ! et pourquoi ? Pour un blasphme, pour une mauvaise pense, pour une bouteille de vin, pour deux minutes de plaisir ! ... Pour deux minutes de plaisir perdre Dieu, son me, le ciel, pour toujours !...
Mon Dieu, mon Dieu ! ayez piti de moi.
Acte de contrition, acte de charit.
O beau Ciel, qui ne vous aimerait, puisque tant de biens sont renferms en vous ! Et la vue du Fils de Dieu qui se manifeste dans tout l'clat de Sa gloire, de Sa beaut et de Ses perfections ; et la vue de la croix place radieuse au milieu de la cour cleste pour exciter l'amour et la reconnaissance des lus ; et la vue des saints dont les splendeurs nous tiendront dans un continuel ravissement ; et les admirables cantiques des anges ; et l'amour divin qui embrasera nos cÏurs, qui leur fera ressentir une telle ivresse de douceur, qu'ils seront hors d'eux-mmes et ne pourront plus distinguer s'ils vivent encore ou s'ils se changent en amour; et l'assurance que ces dlices, que ces torrents de bonheur, ces chastes plaisirs, ne finiront jamais, que rien ne pourra nous les ravir ni les diminuer ; et la certitude qu'ils sont la rcompense des vertus que nous aurons pratiques et des pnitences que nous aurons faites ! 0 mon Dieu, mon Dieu, que de biens pour si peu de chose ! 0 beau ciel, belle demeure ! quand te verrons-nous ? 0 bonheur permanent, qui te gotera un jour ? Celui-l seul qui aura persvr ici-bas dans la grce de Dieu, ou qui, ayant pch, aura fait pnitence, car rien de souill n'entrera dans le royaume des cieux.
Mon Dieu, ayez piti de moi, pardonnez-moi !
Acte de contrition, acte de charit.
Quand nous offensons le bon Dieu, si nous regardions notre crucifix, nous entendrions Notre-Seigneur nous dire au fond de lÕme : ÇTu veux donc aussi te mettre du ct de mes ennemis ? Tu veux donc me crucifier de nouveau ?È
Jetons les yeux sur Notre-Seigneur attach la croix, et disons-nous : ÇVoil ce qu'il en a cot mon Sauveur pour rparer l'injure que mes pchs ont faite au bon Dieu ! ... Un Dieu qui descend sur la terre pour tre victime de nos pchs, un Dieu qui souffre, un Dieu qui meurt, un Dieu qui endure tous les tourments, parce qu'Il a voulu porter le poids de nos crimes ! ...
A la vue de la croix, comprenons la malice du pch et la haine que nous devons en avoir. Rentrons en nous-mmes ; voyons ce que nous avons faire pour rparer notre pauvre vieÈ.
Acte de contrition. Je vous salue Marie.
CÏur Sacr de Jsus, je me confie en vous ! Mon Jsus, misricorde.
Ire STATION JSUS-CHRIST EST CONDAMN A MORT
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant, J'ai parcouru pendant trois ans la Jude et la Galile ; J'ai consol les affligs, guri les malades, prch l'Evangile ; JÕai fait du bien tous. Et maintenant les juifs en fureur supplient Pilate de Me condamner mort. Pilate obit et Me livre aux bourreaux.
Le Fidle. Que les juifs sont ingrats et mchants !
Jsus-Christ. Ils le sont en effet. Mais sais-tu, mon enfant, pourquoi Je permets qu'ils demandent Ma mort ? Parce que tu as pch. Si Je le voulais, Je pourrais briser Mes liens et redevenir libre. J'aime mieux mourir pour te dlivrer de l'enfer.
Le Fidle. 0 Jsus, vous tes la bont infinie ! C'est moi qui Vous ai offens, et c'est Vous qui souffrez pour mriter mon pardon ! Accordez-moi la grce de dtester mes pchs de tout mon cÏur et de les pleurer toute ma vie.
Notre Pre, qui tes aux cieux - Je vous salue Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
IIe STATION JESUS-CHRIST EST CHARG DE SA CROIX
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons
R. Parce que vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant j'ai dj les paules meurtries et ensanglantes, et les juifs Me commandent encore de porter une lourde croix.
Je l'accepte avec douceur : reois de mme sans te plaindre tous les maux que tu auras endurer.
Le Fidle. 0 Jsus, Vous tes innocent et je suis pcheur, c'est moi seul qui devrais souffrir. Donnez-moi donc la force de supporter patiemment les peines de cette vie, le courage de faire pnitence de mes fautes et le bonheur de Vous voir dans le ciel.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant, Je suis tomb par terre. Pendant la flagellation et le couronnement d'pines, JÕai perdu beaucoup de sang ; Je suis faible et Ma croix est lourde : Je ne puis plus marcher. Et regarde! En M'aidant Me relever, les bourreaux M'insultent et Me maltraitent.
Je suis tomb, parce que tu ne te corriges pas. J'expie tes mauvaises habitudes.
Veux-tu mon enfant, M'aider Me relever et diminuer Mes douleurs ? Prends la rsolution de confesser tous tes pchs avec une vraie contrition, d'viter les occasions dangereuses, et de vivre plus chrtiennement l'avenir.
Le Fidle. Je vous le promets, Jsus. Mais ma faiblesse est grande, je ne puis seul rsister aux tentations. Si Vous ne me soutenez, je Vous offenserai encore. Donnez-moi Votre grce, mon Dieu, convertissez-moi et sauvez-moi.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant, J'ai le cÏur navr de douleur. Ma mre, Ma bonne mre est l... les bourreaux M'accablent d'injures et Me tranent inhumainement : elle le voit, et son affliction est immense. Elle voudrait Me dlivrer ; mais elle t'aime, elle sait qu'il faut que Je souffre et que Je meure pour te racheter ; elle Me suivra donc jusque sur le calvaire.
Le Fidle. 0 Jsus, Marie, pardon ! Votre tristesse me fait piti ! Ne permettez pas je me spare jamais de Vous. Que les mchants se moquent de moi et me perscutent pour m'exciter pcher : je Vous servirai et Vous aimerai jusqu' mon dernier soupir, et je saurai tout souffrir pour Vous rester fidle.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant, c'est Moi qui ai cr le Monde ; Je suis le Dieu puissant et fort. Je pourrais seul porter Ma croix jusqu'au Calvaire. Mais Je permets un homme de M'aider pour t'enseigner souffrir avec Moi.
Le Fidle. 0 Jsus, je Vous bnis ! souffrir pour Vous sera toute ma joie ! Les contrarits, la maladie, le travail, l'obissance, je veux tout aimer afin de Vous plaire, mon Dieu. Donnez-moi, je Vous en supplie, une soif chaque jour, plus grande de mortifications et de souffrance
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Mon enfant, vois-tu cette femme qui traverse la foule des soldats ? Elle ne craint rien, parce quÕelle M'aime. Elle M'a aperu tout couvert de crachats, de poussire, de sueur et de sang, aussitt elle s'est approche pour M'essuyer le visage et Me consoler. Mon enfant veux-tu l'imiter ?
Le Fidle. Oui, Jsus, je le veux. Mon Dieu ! qui Vous reconnatrait? Vous, la beaut infinie, Vous que les anges contemplent avec une indicible joie, Vous avez la face meurtrie et souille, Vous tes devenu semblable un lpreux, un ver de terre ! Et ce sont mes pchs qui Vous ont ainsi dfigur ! Que ferai-je donc, mon Dieu ? Je Vous supplierai de me pardonner toutes mes offenses, de m'en donner une vraie contrition, d'embraser mon cÏur de Votre saint amour : par mes exemples et mes conseils j'exciterai le prochain Vous servir avec fidlit, je prierai pour la conversion des pcheurs. Mon Jsus, que tous les hommes Vous connaissent, Vous adorent, Vous aiment, et Vous consolent des outrages que Vous avez endurs pour nous racheter
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
VIle STATION JSUS-CHRIST TOMBE POUR LA SECONDE FOIS
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix
Jsus-Christ. Mon enfant, Je suis tomb une seconde fois ; Ma couronne d'pines s'est enfonce dans Ma tte et les soldats M'outragent et Me frappent encore. Je souffre, parce que Je t'aime infiniment.
Si tu M'as souvent offens, viens Me demander pardon. Je souffre pour effacer tes pchs.
Si tu as des peines, ne te dcourage pas ; il faut souffrir pour mriter le ciel.
Le Fidle. 0 Jsus, mes fautes sont nombreuses, mais j'en ai un vritable regret. Vous tes la misricorde et la bont mme. J'espre fermement que Vous me pardonnez. Faites-moi la grce de mourir plutt que de Vous offenser dsormais.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
VIlle STATION. JSUS-CHRIST CONSOLE LES FILLES D'ISRAèL QUI LE SUIVENT
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Le Fidle. 0 Jsus, que Vous tes bon ! Les filles de Jrusalem qui Vous suivent, ont compassion de Vous, elles pleurent, et Vous oubliez Vos souffrances pour les consoler.
Jsus-Christ. Mon enfant, pleure tes pchs, fais pnitence, pratique courageusement tes devoirs et Je te remplirai aussi le cÏur de consolation et de joie. Ceux qui ne M'aiment point ne peuvent tre heureux, ni en cette vie ni en l'autre.
Le Fidle. Seigneur, je Vous obirai. Trop longtemps j'ai cherch le bonheur loin de Vous. Je veux ds aujourd'hui tre pieux, humble, doux et chaste, pour jouir de Votre amiti et mriter de Vous contempler dans la gloire du paradis.
Notre pre - Je vous salue, Marie- Gloire au Pre
Ayez piti de nous Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
IXe STATION JSUS-CHRIST TOMBE UNE TROISIéME FOIS
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous ayez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Oh ! que les hommes sont ingrats et mchants ! Pour eux J'ai t flagell et couronn d'pines, pour eux Je porte cette lourde croix et bientt J'y serai clou ; pour eux J'ai endur toutes les injures, et ils ne M'aiment pas ! Je souffre horriblement pour leur mriter le ciel, et cependant, Je le sais, beaucoup iront en enfer ! Mon me est profondment triste, Je n'ai plus de forces ; c'est pourquoi Je tombe sous Ma croix une troisime fois.
Le Fidle. 0 mon Jsus ! mille fois pardon ! C'est moi qui suis cet ingrat, moi qui Vous ai si souvent offens, moi qui Vous ai si peu aim. Mon Dieu, pardon ! Que de fois, en effet, je Vous ai gravement dsobi et j'ai mrit l'enfer. Si j'tais mort aprs mon pch, je brlerais dans les flammes ternelles et je serais jamais spar de Vous. Mon Dieu, merci de m'avoir conserv la vie, merci de m'avoir pardonn ! Non, Vous n'aurez pas inutilement souffert pour moi ! Car, avec le secours de votre grce, mon Dieu, je veux Vous servir, Vous aimer, Vous bnir toujours sur la terre afin de Vous possder dans le ciel.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
Xe STATION JSUS-CHRIST EST DPOUILL DE SES HABITS
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Vois, Mon enfant, combien Je souffre ! Mes habits se sont colls contre Ma chair meurtrie, et les bourreaux Me les arrachent violemment. Toutes mes plaies se rouvrent et le sang coule avec abondance.
Je souffre ainsi, parce que tu as perdu la grce en commettant le pch mortel.
Je souffre pour que Dieu te pardonne et que ton me redevienne pure.
Je souffre en silence pour t'apprendre ne jamais murmurer.
Le Fidle. 0 Jsus ! Merci de tant dÕamour ! Quel malheur a t le mien ! J'avais la grce sanctifiante, mon me tait belle et semblable Vous, les Anges la saluaient comme leur sÏur, la Sainte Trinit habitait en elle avec dlices, j'tais Votre enfant bien-aim, j'avais le droit de Vous voir dans le paradis. J'ai pch, et aussitt j'ai tout perduÉ, la grce, l'innocence, Votre amiti, le ciel. Mon Dieu, j'ai honte et je pleure ! Et pour me rendre tous ces biens, Jsus, il faut que Vous Vous laissiez encore dpouiller de Vos vtements. Faites-moi la grce en recevant l'absolution, de me rappeler ce que Vous avez souffert pour me la mriter et de ne plus Vous offenser mortellement.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
XIe STATION JSUS-CHRIST EST CLOU SUR LA CROIX
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Regarde Mon enfant : Je suis tendu sur la Croix ; les bourreaux Me demandent Mes mains, Je les tends ; Mes pieds, Je les donne. Ils y enfoncent de gros clous avec le marteau. En mme temps, Ma chair se dchire, Mes os se froissent, Mes nerfs se rompent, Mes veines se brisent, et Je suis dvor de la soif la plus ardente. C'est pour expier tes dsobissances et celles de tous les hommes que Je souffre ainsi.
Le Fidle. 0 Jsus ! que Vous tes bon et que je suis misrable ! Moi, pauvre crature, j'ai tant de peine me soumettre Vos volonts adorables, j'obis si lentement et de si mauvaise humeur ! Et Vous, souverain Matre du ciel et de la terre, on Vous demande Vos pieds et Vos mains pour les percer, et Vous les donnez librement, sans rsistance, et, pendant trois heures, Vous restez clou la croix, parce que cÕest la volont de Votre Pre. Quelle leon mon Dieu ! je la comprends : celui qui n'obit point ne peut tre Votre disciple ni esprer aller au ciel, et il a fallu l'obissance d'un Dieu pour expier toutes nos rvoltes. 0 Jsus, pardon ! je prends la rsolution de Vous obir toujours promptement et avec joie, afin de Vous ressembler et de Vous plaire.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
XIle STATION JSUS CHRIST MEURT SUR LA CROIX
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Jsus-Christ. Me voil crucifi entre deux voleurs. Ecoute, Mon enfant, Mes dernires recommandations :
Je demande Mon Pre le pardon de Mes bourreaux : pardonne de mme ceux qui t'offenseront.
Je confie ma mre saint Jean : aie toujours bien soin de la tienne.
Mais Je veux que Marie soit aussi ta mre : honore-la et prie-la tous les jours de ta vie.
Je promets le paradis au bon larron : aie confiance tes pchs sont nombreux, mais Je te pardonne si tu te repens sincrement. J'ai les pieds attachs pour t'attendre ; les bras tendus pour te recevoir ; la tte penche pour te donner le baiser de paix et de rconciliation ; bientt Mon ct sera ouvert et Mon cÏur bless pour rpandre sur toi toutes mes grces. Ne crains rien, tu seras sauv.
Et maintenant Je meurs. Ne M'oublie pas, Mon enfant, aime toujours ton Sauveur et ton Dieu.
Le Fidle. 0 Jsus ! mon amour ! Vous mourez pour moi, je veux vivre et mourir pour Vous ; toujours je me souviendrai des paroles que Vous m'avez dites sur la croix.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
XIIIe STATION JSUS-CHRIST EST DESCENDU DE LA CROIX ET REMIS A SA MéRE
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Le Fidle. 0 ma mre ! combien grande est votre affliction ! Vous contemplez entre vos bras Jsus, votre cher Fils : Son visage est ple, sanglant et dfigur, Ses yeux sont teints, Sa bouche est ferme ; Son ct ouvert ; Ses pieds et Ses mains sont percs. Vous le regardez, et votre me se remplit de tristesse.
O ma mre ! C'est parce que j'ai offens Dieu, que Jsus-Christ est mort et que vous souffrez si cruellement. Pardon, mre chrie ! je dteste souverainement mes fautes, et je veux vous aimer toujours, vous et votre divin Fils.
Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en paix.
XlVe STATION JSUS-CHRIST EST MIS DANS LE SPULCRE
V. Nous Vous adorons, Jsus, et nous Vous bnissons.
R. Parce que Vous avez rachet le monde par Votre sainte Croix.
Le Fidle. Corps sacr de mon Sauveur, je Vous adore. On Vous met dans un spulcre ; je veux mÕy cacher avec Vous. Que les hommes m'oublient et me mprisent, j'y consens.
Quand je travaillerai, quand je me mortifierai, quand je ferai mon devoir, Vous seul, peut-tre, le verrez et en serez content : cela me suffit et me rjouit.
Pour vivre et ressusciter avec Vous, il faudra me corriger de mes dfauts, rsister mes passions, mourir moi-mme : je suis prt, mon Dieu.
Vous avez voulu tre plac dans un spulcre neuf : donnez-moi, Jsus, un cÏur nouveau, un cÏur pur, un cÏur orn de toutes les vertus, afin de Vous recevoir dignement dans la Sainte Eucharistie.
0 Jsus, rgnez en moi, maintenant et toujours.
Ainsi soit-il.
Notre pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.
Ayez, piti de nous, Seigneur, ayez piti de nous.
Que par la misricorde de Dieu les mes des fidles trpasss reposent en Paix.
Saint Jean-Marie Vianney, prvenu de la grce ds votre enfance, priez pour nous modle de pit filiale, dvot serviteur du cÏur immacul de Marie, lys de puret, vaillant imitateur des souffrances du Christ, abme dÕhumilit, sraphin dans la prire, fidle adorateur du Trs Saint Sacrement, amant de la sainte pauvret, tendre ami des pauvres, pntr de la crainte des jugements de Dieu, fortifi par les visions divines, tourment par l'enfer, modle des vertus sacerdotales, pasteur ferme et prudent, dvor de zle, assidu au chevet des malades,
|
catchiste infatigable, prdicateur aux paroles de flamme, aptre de la sanctification du dimanche, qui avez restaur la vie chrtienne dans les familles, sage directeur des mes, dou de l'esprit de conseil, clair de clestes lumires, redout du dmon, compatissant toutes les misres, providence des orphelins, favoris du don des miracles, qui avez rconcili tant de pcheurs avec Dieu, qui avez affermi tant de justes dans le bien, qui avez got les dlices de la mort, qui jouissez de la gloire du ciel, secourable tous ceux qui vous invoquent, patron du clerg de France, patron de tous les curs de l'univers,
|
V. Priez pour nous, saint Jean-Marie Vianney
R. Afin que nous soyons dignes des promesses de Jsus-Christ.
ORAISON
Dieu tout-puissant et misricordieux qui avez rendu saint Jean-Marie admirable par son zle pastoral et par son constant amour de la prire et de la pnitence, faites-nous la grce, nous vous en supplions, de gagner au Christ, son exemple et par son intercession, les mes de nos frres et de parvenir avec eux la gloire ternelle. Par Jsus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.