DU XII AU XXIII DIMANCHE APRéS LA PENTECïTE
Sur le premier Commandement de Dieu
Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo.
Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cÏur et de toutes vos forces.
(Deut., VI, 5.)
Pourquoi, M.F., le Seigneur nous fait-il un commandement de l'aimer de tout notre cÏur : c'est--dire, sans partage, de la manire dont il nous a aims lui-mme ; de toute notre me et de toutes nos forces ; en nous promettant une rcompense ternelle, si nous y sommes fidles, et une punition ternelle si nous y manquons ? Pour deux raisons : c'est 1¡ pour nous montrer la grandeur de son amour ; 2¡ que nous ne pouvons tre heureux qu'en l'aimant et qu'enfin cet amour ne se trouve que dans l'accomplissement de ses Commandements. Oui, M.F., si tant de maux nous accablent dans ce monde, cela vient de ce que nous violons les commandements de Dieu ; puisqu'il nous dit lui-mme : Ç Si vous gardez fidlement mes commandements, je vous bnirai en toute manire ; mais si vous les transgressez, vous serez maudits en tout ce que vous ferez [1] . È De sorte, M.F., que si nous voulons tre heureux en ce monde, du moins, autant qu'il est possible de l'tre, nous n'avons point d'autres moyens que d'observer fidlement les commandements de Dieu ; et nous verrons que, tant que nous nous carterons du chemin que les commandements de Dieu nous ont trac, nous serons toujours malheureux, pour l'me et pour le corps, dans ce monde et dans l'autre. Je vais donc vous montrer, M.F., que notre bonheur est attach notre fidlit observer les commandements que le bon Dieu nous a faits.
I. – Si nous ouvrons les livres saints, M.F., nous y verrons que tous ceux qui se sont fait un devoir de bien observer ce que les commandements de Dieu leur prescrivaient ont toujours t heureux, parce qu'il est trs sr que le bon Dieu n'abandonnera jamais celui qui se fait un devoir de faire tout ce qu'il lui commande. Notre premier pre, Adam, nous en donne un bel exemple. Tant qu'il fut fidle observer les ordres du Seigneur, il fut heureux en toute manire : son corps, son me, son esprit et tous ses sens n'avaient point d'autres penchants que vers Dieu ; les anges mmes descendaient du ciel avec plaisir pour lui tenir compagnie. Ainsi aurait continu le bonheur de nos parents, s'ils avaient t fidles leurs devoirs ; mais ce moment mille fois heureux ne dura pas longtemps. Le dmon, jaloux d'un tel bonheur, les eut bientt perdus et privs de tous ces biens qui devaient durer toute l'ternit. Ds qu'ils eurent le malheur de transgresser les commandements du Seigneur, tout alla de travers pour eux : les chagrins, les maladies, la crainte de la mort, du jugement et d'une autre vie malheureuse, prirent la place de leur premier bonheur ; leur vie ne fut plus qu'une vie de larmes et de douleurs.
Le Seigneur dit Mose : Ç Dis mon peuple que, s'il est fidle observer mes commandements, je le comblerai de toutes sortes de bndictions ; mais que s'il ose les transgresser, je l'accablerai de toutes sortes de maux [2] . È Le Seigneur dit Abraham : Ç Parce que vous tes fidles garder mes commandements, je vous bnirai en tout ; je multiplierai vos enfants comme les grains de sable qui sont au bord de la mer. Je bnirai tous ceux qui vous bniront ; je maudirai tous ceux qui vous maudiront ; de votre race natra le Sauveur du monde [3] . È Il fit dire son peuple lorsqu'il tait prt entrer dans la Terre promise : Ç Les peuples qui habitent cette terre ont commis de grands pchs ; c'est pourquoi je veux les chasser pour vous mettre leur place. Mais prenez bien garde de ne pas violer mes commandements. Si vous tes fidles les observer, je vous bnirai en tout et partout. Lorsque vous serez dans vos champs, dans vos villes et dans vos maisons, je bnirai vos enfants, qui vous aimeront, vous respecteront, vous obiront et vous donneront toutes sortes de consolations. Je bnirai vos fruits et vos bestiaux. Je commanderai au ciel de vous donner la pluie dans le temps convenable, autant qu'il en faudra pour arroser vos terres et vos prs : tout vous russira [4] . È Dans, un autre endroit, il leur dit : Ç Si vous gardez fidlement mes commandements, je veillerai sans cesse votre conservation ; vous serez sans crainte dans vos maisons ; j'empcherai que les btes froces vous nuisent, vous dormirez en paix : rien ne pourra vous troubler. Je serai toujours au milieu de vous. Je marcherai avec vous. Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple [5] . È Plus loin, il dit Moise : Ç Dis mon peuple que s'il observe bien mes lois, je le dlivrerai de tous ces maux qui l'accablent. È Et le Saint-Esprit nous dit lui-mme Ç que celui qui a le bonheur de bien garder les commandements du Seigneur est plus heureux que s'il possdait toutes les richesses de la terre [6] . È
Dites-moi, auriez-vous jamais pens que le bon Dieu et tant cÏur de nous faire garder ses commandements, et qu'il nous promt tant de biens si nous sommes assez heureux que de les bien observer ? Vous conviendrez avec moi que nous devons faire consister tout notre bonheur garder fidlement ses commandements. Pour mieux vous convaincre, M.F., que, ds que nous transgressons les commandements de Dieu, nous ne pouvons tre que malheureux, voyez ce qui se passa l'gard de David. Tant qu'il fut fidle marcher dans le chemin que les commandements de Dieu lui avaient trac ; tout alla bien pour lui : il tait aim, respect et cout de ses voisins. Mais ds l'instant qu'il voulut quitter d'observer les commandements de Dieu, de suite, son bonheur finit, et toutes sortes de maux lui tombrent dessus. Les troubles, les remords de sa conscience prirent la place de cette paix et de ce calme dont il jouissait ; les larmes et la douleur furent son pain de tous les jours. Un certain jour qu'il gmissait tant sur ses pchs, on vint lui dire que son fils Amnon avait t poignard dans son ivresse par son propre frre Absalon [7] . Absalon chercha mme dtruire son pre, lui ter la vie pour rgner sa place ; David fut forc d'aller se cacher dans les forts pour viter la mort [8] . La peste lui enleva un nombre presque infini de sujets [9] . Si vous allez plus loin, voyez Salomon : tant qu'il fut fidle garder les commandements de Dieu, il tait le miracle du monde ; sa rputation s'tendait jusqu' l'extrmit de la terre, puisque la reine de Saba vint de si loin, pour tre tmoin des merveilles que le Seigneur oprait en lui [10] ; mais nous voyons que, ds qu'il eut le malheur de ne plus suivre les commandements de Dieu, tout alla mal pour lui [11] . Aprs tant de preuves tires de l'criture sainte, vous conviendrez avec moi, M.F., que tous nos maux ne viennent que de ce que nous n'observons pas fidlement les commandements de Dieu, et que, si nous voulons esprer quelque bonheur et quelque consolation en ce monde, (du moins autant qu'il est possible d'en avoir, puisque ce monde n'est qu'un tissu de maux et de douleurs), le seul moyen de nous procurer ces biens, c'est de faire tout ce que nous pourrons pour plaire Dieu en faisant ce qu'il nous ordonne par ses commandements.
Mais si nous passons de l'Ancien Testament au Nouveau, les promesses ne sont pas moins grandes. Au contraire, nous voyons que Jsus-Christ nous les fait toutes pour le ciel, parce que rien de ce qui est cr n'est capable de contenter le cÏur d'un chrtien, qui n'est fait que pour Dieu qui seul peut le contenter [12] .
Jsus-Christ nous engage fort mpriser les choses de ce monde pour ne nous attacher qu'aux choses du ciel, qui ne finissent jamais. Nous lisons dans l'vangile que Jsus-Christ se trouvant un jour avec des personnes qui semblaient ne penser qu'aux besoins du corps, i1 leur dit : Ç Ne vous mettez pas tant en peine de ce que vous mangerez ni de quoi vous vous vtirez. È Et pour bien leur faire comprendre que tout ce qui regarde le corps est fort peu de chose : Ç Considrez, leur dit-il, les lis des champs, ils ne filent ni ne prennent soin d'eux ; voyez comment votre Pre cleste prend soin de les vtir ; car je vous assure que Salomon dans toute sa richesse et sa force n'a jamais t si bien vtu que l'un d'eux. Voyez encore les oiseaux du ciel, qui ne sment ni ne moissonnent ; ni ne renferment rien dans leur grenier, voyez comment votre Pre cleste a soin de les nourrir. Gens de peu de foi, n'tes-vous pas plus qu'eux ?... Cherchez, avant tout, le royaume des cieux ; c'est--dire, observez fidlement mes commandements, et tout le reste vous sera donn avec abondance [13] . È
Que voulons-nous dire par l, M.F. ? Qu' un chrtien qui ne cherche qu' plaire Dieu et sauver son me, ce qui est ncessaire aux besoins du corps ne lui manquera jamais. – Mais, me direz-vous peut-tre, quand nous n'avons rien, personne ne nous apporte rien. – D'abord, je vous dirai que tout ce que nous avons, nous le tenons de la bont de Dieu, et rien de nous-mmes. Mais, dites-moi, M.F., comment voulez-vous que le bon Dieu fasse des miracles pour nous ? Serait-ce parce qu'il y en a quelques-uns qui osent porter leur incrdulit et leur impit jusqu' vouloir croire que le bon Dieu n'existe pas, c'est--dire qu'il n'y a point de Dieu ? parce que d'autres, moins impies, sans tre moins coupables, disent que le bon Dieu ne fait pas attention ce qui se passe sur la terre, que le bon Dieu ne se mle pas de si peu de chose ? et enfin, parce que d'autres ne veulent pas convenir que cette grande Providence est attache l'observance des commandements de Dieu et qu'ils comptent pour tout sur leur travail et leurs soins ? (ce qu'il me serait bien facile de vous prouver par vos travaux du dimanche, qui montrent vritablement que vous ne comptez rien sur Dieu, mais tout sur vous et sur votre travail ) Il y en a cependant qui croient cette grande Providence, mais qui lui mettent une barrire impntrable par leurs pchs.
Voulez-vous, M.F., prouver la grandeur de la bont de Dieu pour ses cratures ? faites-vous un devoir de bien observer tout ce que les commandements vous ordonnent, et vous serez tonns de voir combien le bon Dieu prend soin de ceux qui ne cherchent qu' lui plaire. Si vous en voulez voir les preuves, M.F., ouvrez les livres saints et vous en serez parfaitement convaincus. Nous lisons dans l'criture sainte que le prophte lie, fuyant la perscution de la reine Jzabel, alla se cacher dans un bois. tant l, dpourvu de tout secours humain, le Seigneur le laissera-t-il mourir de misre ? Non, certainement, M.F., le Seigneur, du haut du ciel, ne manque pas d'avoir les yeux sur son fidle serviteur. De suite, il lui envoie un ange du ciel pour le consoler et lui porter tout ce qu'il lui fallait pour se nourrir [14] : Voyez le soin que le Seigneur prend de nourrir la veuve de Sarepta. Il dit son prophte : Ç Va trouver cette bonne veuve, qui me sert et observe mes commandements, avec fidlit ; tu multiplieras sa farine, crainte qu'elle ne souffre [15] . È Voyez comment il commande un autre prophte Habacuc d'aller porter manger aux trois enfants qui taient dans la fournaise de Babylone [16] .
Si vous passez de l'ancienne loi la nouvelle, les merveilles que le bon Dieu opre pour ceux qui ont soin de bien observer ses commandements, ne sont pas moins grandes. Voyez comment le bon Dieu nourrit des milliers de personnes avec cinq pains et deux poissons [17] ; cela n'est pas difficile comprendre, puisqu'ils cherchaient, premirement, le royaume des cieux et le salut de leur me en suivant Jsus-Christ. Voyez comment il prend soin de nourrir un saint Paul ermite, pendant quarante ans, par le ministre d'un corbeau ; preuve bien claire que le bon Dieu ne perd jamais de vue ceux qui l'aiment, pour leur fournir tout ce qui leur est ncessaire. Lorsque saint Antoine alla voir saint Paul, le bon Dieu lui envoya un double repas [18] : ï mon Dieu ! que vous aimez ceux qui vous aiment ! que vous avez peur qu'ils souffrent ! Dites-moi, M.F., qui commanda ce chien d'aller chaque jour porter la petite provision saint Roch dans un bois. Qui commanda cette biche d'aller tous les jours donner son lait l'enfant de Genevive de Brabant dans son dsert ? N'est-ce pas le bon Dieu, M.F. ? Et pourquoi, M.F., est-ce que le bon Dieu prend tant de soins de nourrir tous ces saints, sinon parce qu'ils taient fidles observer tous les commandements qu'il leur donnait ?
Oui, M.F., nous pouvons dire que les saints faisaient consister tout leur bonheur observer les commandements de Dieu, et qu'ils auraient mieux aim souffrir toutes sortes de tourments que de les violer ; nous pouvons dire aussi que tous les martyrs n'ont t martyrs que parce qu'ils n'ont pas voulu violer les commandements de Dieu. En effet, M.F., demandez sainte Reine, cette jeune vierge, pourquoi elle a tant endur de tourments, ce qui lui fut d'autant plus sensible que ce fut son pre qui fut son bourreau ? Il la fit pendre par ses cheveux un arbre o il l fit frapper de verges jusqu' ce que son pauvre petit corps innocent ne ft qu'une plaie. Aprs ces cruauts, qui firent frmir mme les paens qui en furent tmoins, il la fit conduire en prison, dans l'esprance qu'elle ferait ce qu'il lui commandait. La voyant inbranlable, il la fit ramener auprs de l'arbre, et ordonnant qu'on l'attacht comme la premire fois par les cheveux, il la fit corcher tout en vie. Quand la peau fut spare de son corps, il la fit jeter, dans une chaudire d'huile bouillante, o il la regardait impitoyablement brler. Si vous me demandez, M.F., pourquoi elle supporta tant de cruauts ? ah ! M.F., le voici. C'est qu'elle ne voulut pas transgresser le sixime commandement de Dieu, qui dfend toute impuret [19] . Pourquoi est-ce que la chaste Suzanne ne voulut pas consentir aux dsirs de ces deux infmes vieillards et qu'elle prfra plutt la mort [20] ? N'est-ce pas pour la mme raison ? Qui fut la cause que le chaste Joseph fut dcri, calomni auprs de Putiphar, son matre, et conduit en prison [21] ? n'est-ce pas encore pour la mme raison ? Pourquoi est-ce que saint Laurent se laissa coucher sur un brasier de charbons allums ? N'est-ce pas parce qu'il ne voulut pas transgresser le premier commandement de Dieu, qui nous ordonne de n'adorer que Dieu et de l'aimer plus que nous-mmes ? Oui ; M.F., si nous parcourons un peu les livres o sont renferms les actions des saints, nous y voyons des exemples admirables et tonnants de leur fidlit observer les commandements de Dieu, et nous voyons qu'ils ont prfr souffrir tout ce que les bourreaux ont pu inventer, plutt que d'y manquer.
Nous lisons dans l'histoire des martyrs du Japon, que l'empereur fit arrter, dans un mme endroit, vingt-quatre chrtiens ; qui l'on fit souffrir tout ce que la rage des paens put leur inspirer. Les martyrs se disaient les uns aux autres : Ç Prenons bien garde de ne pas violer les commandements de Dieu pour obir ceux de l'empereur ; prenons courage, le ciel vaut bien quelques souffrances qui ne durent que quelques moments. Esprons fermement, et le bon Dieu, pour qui nous voulons souffrir, ne nous abandonnera pas. È
Lorsqu'on les eut conduit dans le lieu o l'on devait les interroger, celui qui les avait mens faisant l'appel et croyant qu'il en manquait, cria haute voix : Ç Mathieu ? o est Mathieu ? È Un soldat, qui, depuis longtemps, dsirait se faire connatre pour chrtien, s'crie : Ç Me voici, qu'importe, d'ailleurs, dit-il, la personne, je m'appelle aussi Mathieu et je suis chrtien comme lui. È Le juge, tout en fureur, lui demanda s'il le disait tout de bon. Ç Oui, rpondit le soldat, il y a longtemps que je professe la religion chrtienne, j'espre ne jamais la quitter ; je ne dsire que le moment de la manifester l'extrieur. È De suite, le juge le fit mettre au nombre des martyrs. Il en eut tant de plaisir, qu'il en mourut de joie, avant de mourir dans les tourments. Parmi ce nombre, il y avait un enfant de dix ans. Le juge, le voyant si jeune, ne voulut pas, pendant quelque temps, le mettre sur la liste de ceux qui devaient mourir pour Jsus-Christ. Cet enfant tait inconsolable de se voir priv de ce bonheur ; il protesta si fort que jamais il ne changerait et qu'il mourrait dans cette religion, il fit tant, qu'il fora, pour ainsi dire, le juge le mettre au nombre des martyrs. Il en eut une si grande joie, qu'il semblait ne pouvoir plus se possder ; il voulait toujours tre le premier, toujours rpondre pour tous ; il aurait voulu avoir le cÏur de tous les hommes pour les sacrifier tous Jsus-Christ. Un seigneur paen, ayant appris que cet enfant tait destin mourir avec les autres chrtiens, en fut touch de compassion. Il va lui-mme trouver l'empereur, pour le prier d'avoir piti de cet enfant, disant qu'il ne savait pas ce qu'il faisait. L'enfant, qui l'entendt, se tourna contre lui, en lui disant : Ç Seigneur, gardez votre compassion pour vous ; pensez seulement vous faire baptiser et faire pnitence, sans quoi, vous irez brler avec les dmons. È Ce seigneur, le voyant si bien rsolu la mort, le laissa. L'enfant, s'tant trouv prsent quand on leur lut leur sentence, qui portait qu'on leur couperait le nez et les oreilles, et qu'on les promnerait sur des charrettes par toute la ville, pour donner plus d'horreur de la religion chrtienne, et afin que les paens les accablassent d'injures ; ce pauvre petit eut une si grande joie, qu'il semblait qu'on venait de lui annoncer la possession d'un royaume entier. Les paens eux-mmes taient tonns qu'un enfant si jeune et tant de courage et prouvt tant de joie de mourir pour son Dieu. Les bourreaux tant venus pour excuter les ordres de l'empereur, tous ces saints martyrs allrent se prsenter leur bourreau pour se faire dcouper, avec autant de tranquillit et de joie que si on avait voulu les conduire dans une salle de festin. Ils se laissrent couper le nez et les oreilles avec la mme tranquillit que si on leur avait coup un morceau de leur habit. Leur pauvre corps tait tout couvert de sang, ce qui fit horreur mme aux paens qui en furent tmoins. On entendait ceux-ci s'crier de temps en temps : Ç ï quelle cruaut ! quelle injustice de faire tant souffrir des personnes qui n'ont point fait de mal ! Voyez-vous, se disaient-ils les uns aux autres, voyez quel courage leur donne cette religion qu'ils professent. È Toutes les fois qu'on les interrogeait, ils ne rpondaient rien, sinon qu'ils taient chrtiens et qu'ils savaient souffrir et mourir, mais que jamais ils ne violeraient les commandements de leur Dieu, parce qu'ils faisaient consister tout leur bonheur y tre fidles. Hlas ! ces pauvres martyrs, aprs qu'on les et promens par la ville sur ces charrettes, leur corps tait tout couvert de sang ; les pierres taient toutes ensanglantes et la terre tait toute rouge du sang qui coulait, avec abondance de leurs plaies. Comme leur sentence portait qu'ils devaient mourir chacun sur une croix, celui qui les avait conduits pour la premire fois, reconnut ces chrtiens. Ce qui le toucha grandement, ce fut cet enfant de dix ans. Il s'approcha de lui, en lui disant : Ç Mon enfant, vous tes bien jeune, c'est bien dommage de mourir dans un ge si peu avanc ; si vous voulez, je me charge d'obtenir votre grce auprs de l'empereur, et bien plus, une grande rcompense : È Cet enfant, l'entendant parler de la sorte, se mit rire en lui disant qu'il le remerciait bien ; mais de garder toutes ses rcompenses pour lui-mme, puisqu'il n'avait point d'esprance pour l'autre vie ; mais que, pour lui, il mprisait tout cela comme tant trop peu de chose ; que toute sa crainte tait de ne pas avoir le bonheur de mourir, comme les autres martyrs, pour Jsus-Christ. Sa mre, qui tait tmoin de tout cela, quoique chrtienne, tait inconsolable de voir mourir son enfant sur une croix. Ce pauvre petit, voyant sa mre si dsole, l'appela auprs de lui, en lui disant qu'il tait peu difiant pour une mre chrtienne de tant pleurer la mort d'un enfant martyr, comme si elle ne connaissait pas tout le prix d'un tel sacrifice ; qu'elle devrait, au contraire, l'encourager et remercier le bon Dieu d'une telle grce. Cet enfant de bndiction, un moment avant de mourir, dit des choses si belles et si touchantes sur le bonheur de ceux qui meurent pour Jsus-Christ, que les paens aussi bien que les chrtiens, tous fondaient en larmes. Lorsqu'on l'approcha de sa croix, avant d'y tre attach, il embrassa cette croix, il la baisa, il l'arrosa de ses larmes, tant il eut de joie de voir que vritablement il allait mourir pour son Dieu. Quand, ils furent tous sur leurs croix, l'on entendit une troupe d'anges qui chantaient le Laudate pueri Dominum, avec leur musique cleste ; ce qui fut entendu de tous les paens. Quel spectacle ! M.F., le ciel dans l'admiration !... la terre dans l'tonnement !... les assistants dans les larmes, et les martyrs dans l'allgresse, qui quittent la terre, c'est--dire toutes les souffrances et les misres de la vie, pour aller prendre possession d'un bonheur qui durera autant que Dieu mme...
Eh bien ! M.F., dites-moi, qui porta tous ces martyrs endurer tant de tourments ? si ce n'est pour ne pas vouloir violer les commandements de Dieu ? Quelle honte pour nous, M.F., lorsque Jsus-Christ nous confrontera avec eux ; nous, que, si souvent, un simple respect humain, un maudit qu'en dira-t-on, fait rougir, ou plutt nous fait dsavouer que nous sommes chrtiens, pour nous mettre du nombre des rengats.
II. – Mais examinons cela, M.F., un peu plus de prs, et nous verrons que, si le bon Dieu nous ordonne de garder fidlement ses commandements, ce n'est que pour notre bonheur. Il nous dit lui-mme qu'ils sont faciles accomplir [22] , et que, si nous les accomplissons, nous y trouverons la paix de nos mes [23] . Si, dans le premier commandement, le bon Dieu nous ordonne de l'aimer, de le prier et de ne nous attacher qu' lui, et si nous devons le prier soir et matin, et souvent dans la journe, dites-moi, M.F., n'est-ce pas l le plus grand de tous les bonheurs pour nous, que le bon Dieu veuille bien nous permettre de nous prsenter tous les matins devant lui, pour lui demander les grces qui nous sont ncessaires pour passer saintement la journe ? N'est-ce pas une grce qu'il nous fait, n'est-ce pas cette grce, que le bon Dieu nous donne le matin, qui rend toutes nos actions mritoires pour le ciel ? n'est-ce pas ce qui nous les fait trouver moins dures ? Si ce mme commandement nous ordonne de n'aimer que Dieu et de l'aimer de tout notre cÏur, n'est-ce pas parce qu'il sait qu'il n'y a que lui qui puisse nous contenter et nous rendre heureux en ce monde ? Voyez une maison, o tous ne vivent que pour Dieu : n'est-ce pas un petit paradis ? Vous conviendrez donc avec moi, M.F., que ce commandement n'a rien que de doux et de consolant pour celui qui a le bonheur de l'observer avec fidlit.
Si nous passons au deuxime, qui nous dfend toute sorte de jurements, de blasphmes, d'imprcations et de maldictions, et toute sorte de colre, en nous recommandant la douceur, la charit, et la prvenance pour tous ceux qui nous environnent : dites-moi, M.F., qui sont ceux qui sont le plus heureux, ou de ceux qui se livrent tous ces excs de colre, d'emportements et de maldictions, ou de ceux qui, dans tout ce qu'ils font ou disent, montrent cette galit d'humeur, cette bont, et qui s'tudient continuellement faire la volont des autres ? Nous voyons donc que ce commandement ne contribue qu' nous rendre heureux nous-mmes et ceux qui sont avec nous.
Si nous venons au troisime, qui nous ordonne de passer saintement le jour du dimanche, en cessant toute sorte de travail manuel pour ne nous occuper que de ce qui regarde le service de Dieu et le salut de notre me : dites-moi, M.F., n'est-ce pas pour notre bien ; puisque nous cessons de travailler pour ce monde qui n'est rien ? puisque nous ne sommes qu'un instant sur la terre, et qu'en priant ou faisant de bonnes Ïuvres, nous nous ramassons pour le ciel un trsor que nous ne quitterons jamais, et, par l, nous attirons sur notre travail de la semaine toute sorte de bndictions ? N'est-ce pas dj un moyen pour notre bonheur ? Ce mme commandement nous ordonne encore d'employer ce saint jour pleurer nos pchs de la semaine, de nous en purifier par la vertu des sacrements : n'est-ce pas, M.F., nous forcer, pour ainsi dire, ne chercher que notre bien, notre bonheur, et notre flicit ternelle ? Ne sommes-nous pas plus contents lorsque nous avons bien pass le saint jour du dimanche prier le bon Dieu, que si nous avons eu le malheur de le passer dans les plaisirs, les jeux et les dbauches ? Le troisime commandement n'a donc rien que de consolant et d'avantageux pour nous.
Si nous passons au quatrime, qui ordonne aux enfants d'honorer leurs parents, de les aimer, de les respecter et de leur souhaiter et procurer tous les biens dont ils sont capables : dites-moi, n'est-ce pas une chose juste et raisonnable ? Des parents qui ont tant fait pour leurs enfants ! n'est-il pas juste que ces mmes enfants les aiment et leur donnent toutes les consolations dont ils sont capables ? Si ce commandement tait bien observ, ces familles ne seraient-elles pas un petit paradis par ce respect, cet amour que les enfants auraient pour leurs parents ! Si ce mme commandement ordonne aux parents d'avoir bien soin des mes de leurs enfants, et leur dit qu'un jour ils en rendront un compte rigoureux, n'est-ce pas une chose juste ; puisque ces mes ont tant cot Jsus-Christ pour les sauver, et qu'elles seront la joie et la gloire de leurs parents pendant toute l'ternit ? Si ce mme commandement ordonne aux matres et matresses d'avoir grand soin de leurs domestiques, de les regarder comme leurs enfants, ces matres ne sont-ils pas trop heureux de pouvoir aider sauver des mes qui ont tant cot de tourments un Dieu fait homme pour nous ? Disons mieux, M.F. : si ce commandement tait bien observ, le ciel ne descendrait-il pas sur terre par la paix et le bonheur que nous y goterions ?
Si nous passons au cinquime qui nous dfend de faire tort notre prochain dans ses biens, sa rputation et sa personne, n'est-ce pas une chose bien juste, puisque nous devons les aimer comme nous-mmes, et une chose, en mme temps, bien avantageuse pour nous, puisque Jsus-Christ nous dit que jamais le bien d'autrui n'entrera dans le ciel ? Vous voyez que ce commandement n'a rien de dur, puisque par lui nous nous assurons le ciel. Si nous passons au sixime commandement, qui nous dfend toute impuret dans les penses, les dsirs et les actions ; n'est-ce pas pour notre paix et notre bonheur que le bon Dieu nous dfend toutes ces choses ? Si nous avons le malheur de nous livrer quelques-uns de ces mauvais pchs infmes, votre pauvre me n'est-elle pas comme dans un enfer ? n'tes-vous pas tourments et le jour et la nuit ? D'un autre ct, votre corps et votre me ne sont-ils pas destins tre la demeure de la Trs-Sainte Trinit ; ne doivent-ils pas, dis-je, aller passer une ternit avec les anges, auprs de Jsus-Christ qui est la puret mme ? Vous voyez donc que ce commandement ne nous est donn que pour notre bien et notre repos, mme ds ce monde
Si le bon Dieu nous dit, M.F., par la voix de son glise : Ç Je vous commande de ne jamais laisser passer plus d'un an, sans vous confesser ; È dites-moi, ce commandement n'est-il pas pour nous montrer la grandeur de l'amour de Dieu pour nous ? Dites-moi, quand mme l'glise n'aurait pas fait ce commandement, peut-on vivre tranquille avec le pch dans le cÏur et le ciel ferm pour nous, tant exposs chaque instant tomber en enfer. Si le bon Dieu nous commande de le recevoir Pques, hlas ! M.F., une me peut-elle bien vivre, ne faisant qu'un repas tous les ans ? Mon Dieu, que nous connaissons peu notre bien, notre bonheur ! Si l'glise nous ordonne de nous priver de manger de la viande, de jener certains jours ; est-ce une chose injuste ; puis qu'tant pcheurs, nous devons ncessairement faire pnitence dans ce monde ou dans l'autre ? Et n'est-ce pas, en cela, changer contre de petites peines ou privations des maux bien rigoureux dans l'autre vie ?
Ne conviendrez-vous pas avec moi, M.F., que si le bon Dieu nous a fait des commandements, nous oblige de les observer, cela n'est que pour nous rendre heureux dans ce monde et dans l'autre ? De sorte, M.F., que si nous voulons esprer quelques consolations et quelques adoucissements dans nos misres, nous ne les trouverons qu'en observant avec fidlit les commandements de Dieu ; et, tant que nous les violerons, nous ne serons que malheureux, mme ds ce monde. Oui, M.F., quand mme une personne serait matresse de la moiti du monde ; si elle ne fait pas consister tout son bonheur bien observer les commandements, ne sera que malheureuse. Voyez, M.F., lequel tait le plus heureux de saint Antoine dans son dsert, livr toutes les rigueurs de la pnitence, ou de Voltaire, dans tous ses biens et ses plaisirs ; et, comme nous dit saint Paul, dans son abondance et sa crapule [24] . Saint Antoine vit heureux, meurt content et, maintenant, jouit d'un bonheur qui ne finira jamais ; tandis que l'autre vit malheureux avec tous ses biens, meurt en dsespr, et maintenant, selon toute apparence, sans le juger, souffre comme un rprouv. Pourquoi, M.F., cette grande diffrence ? c'est que l'un fait consister tout son bonheur observer fidlement les commandements de Dieu, et l'autre met tous ses soins les violer et les faire mpriser ; l'un, dans la pauvret, est content ; et l'autre, dans l'abondance, est bien misrable ; ce qui nous montre, M.F., qu'il n'y a que Dieu seul qui puisse nous contenter et rien autre chose.
Voyez le bonheur que nous avons si nous observons fidlement les commandements de Dieu, puisque nous lisons dans l'vangile que Jsus-Christ nous dit : Ç Celui qui observe mes commandements m'aime et celui qui m'aime sera aim de mon Pre ; nous viendrons en lui et nous y ferons notre demeure [25] . È Quel bonheur peut tre plus grand et quelle grce plus prcieuse ; puisque en gardant les commandements de Dieu, nous attirons en nous tout le ciel. Le saint roi David avait bien raison de s'crier : Ç ï mon Dieu, que ceux qui vous servent sont heureux [26] ! È Voyez encore combien le bon Dieu bnit les maisons de ceux qui observent ses lois divines. Nous lisons dans l'vangile que le pre et la mre de saint Jean-Baptiste gardaient si bien les commandements que personne ne pouvait leur reprocher la moindre chose [27] ; aussi le bon Dieu, en rcompense, leur donna un enfant qui fut le plus grand de tous les prophtes. Ce fut un ange qui vint du ciel, pour leur annoncer cette heureuse nouvelle. Ce fut mme le Pre ternel qui lui donna le nom de Jean, qui veut dire : enfant de bndiction et de bonheur. A peine Jsus-Christ est-il conu dans le sein de sa mre, qu'il va lui-mme dans cette maison, pour y rpandre toute sorte de bndictions. Il sanctifia cet enfant, avant qu'il ft n, et remplit le pre et la mre du Saint-Esprit [28] . Voulez-vous, M.F., que le bon Dieu vous visite et vous comble de toute sorte de bndictions ? tchez de mettre tous vos soins bien observer les commandements de Dieu, et tout ira bien chez vous.
Nous lisons dans l'vangile qu'un jeune homme demanda Jsus-Christ ce qu'il fallait faire pour avoir la vie, Le Sauveur lui rpondit : Ç Si vous voulez avoir la vie ternelle, gardez mes commandements avec fidlit [29] . È Notre-Seigneur s'entretenant un jour avec ses disciples sur le bonheur de l'autre vie, dit que le chemin qui conduit au ciel est troit, qu'il y en a bien peu qui le cherchent vritablement, et, parmi ceux qui le trouvent, bien peu qui soient dans cette route : Ç ce n'est pas tous ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, qui seront sauvs ; mais seulement ceux qui font la volont de mon Pre en gardant mes commandements. Plusieurs me diront au jour du jugement : Seigneur, nous avons prophtis en votre nom ; nous avons chass les dmons du corps des possds et nous avons fait de grands miracles. Je leur rpondrai : Retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquit. Vous avez fait de grandes choses ; mais vous n'avez pas observ mes commandements ; je ne vous connais pas [30] . È Jsus-Christ dit au disciple bien-aim : Ç Soyez-moi fidle jusqu' la fin, et je vous donnerai la couronne ternelle [31] . È Vous voyez donc, M.F., que notre salut est absolument attach l'observance des commandements de Dieu. Si vous avez quelque doute de savoir si vous serez sauvs ou damns, prenez les commandements de Dieu et confrontez-les avec votre vie. Si vous voyez que vous marchez dans le chemin qu'ils vous ont trac, ne vous mettez en peine que de persvrer ; mais, si vous vivez d'une manire tout oppose, vous aurez beau vous tourmenter, vous ne laisserez pas que d'tre damns [32] .
III. – Nous disons que si nous voulons avoir la paix de l'me, il faut garder les commandements de Dieu, parce que le Saint-Esprit nous dit que celui qui a une conscience pure est comme dans un festin continuel [33] . Il est trs certain, M.F., que celui qui vit selon les lois de Dieu est toujours content, et, bien plus, rien n'est capable de le troubler. Saint Paul nous dit [34] qu'il est plus heureux et plus content dans sa prison, dans ses souffrances, ses pnitences et sa pauvret que ses bourreaux ne le sont dans leur libert, leur abondance et leur crapule ; que son me est remplie de tant de joie et de consolation, qu'elle dborde de tous cts [35] . Sainte Monique nous dit qu'elle fut toujours contente quoiqu'elle fut souvent maltraite par son mari, qui tait un paen [36] . – Saint Jean de la Croix nous dit qu'il avait coul les jours les plus heureux de sa vie, l o il avait le plus souffert. Ç Mais, au contraire, nous dit le prophte Isae, celui qui ne vit pas selon les lois du Seigneur ne sera ni content ni heureux. Sa conscience sera semblable une mer agite par une furieuse tempte, les troubles et les remords le suivront partout [37] . È Si ces personnes veulent vous dire qu'elles sont en paix, ne les croyez pas, parce qu'elles sont des menteurs ; parce que le pcheur n'aura jamais la paix [38] . Voyez-en la preuve, M.F., dans Can. Ds qu'il eut le malheur d'avoir tu son frre Abel, son pch fut, toute sa vie, son bourreau, qui ne le quitta qu' la mort pour le traner en enfer [39] . Voyez encore les frres de Joseph [40] . Voyez mme Judas : aprs avoir vendu son divin Matre, il fut si tourment, qu'il alla se pendre un figuier, tant la vie lui tait charge [41] . Nous lisons dans l'histoire qu'un jeune homme, dans un accs de fureur, tua son pauvre pre. Son pch ne lui donna de repos ni jour, ni nuit. Il lui semblait entendre son pre qui lui criait : Ç Ah ! mon fils, pourquoi m'as-tu gorg. È Il alla lui-mme se dnoncer pour qu'on le ft mourir, pensant que l'enfer ne serait pas plus rigoureux. Hlas ! M.F., si nous avons le malheur de ne pas garder les commandements de Dieu, jamais nous ne serons contents, mme avec les plus grands biens. Voyez Salomon, etc.
Mais, chose trange, M.F., l'homme a beau tre tourment et savoir les remdes qu'il faut prendre pour avoir la paix avec son Dieu et avec lui-mme, il aime mieux commencer son enfer que d'avoir recours aux remdes que Jsus-Christ nous a donns. Vous tes malheureux, mon ami, pourquoi voulez-vous rester dans cet tat ? Revenez Jsus-Christ et vous retrouverez la paix de l'me [42] que vos pchs vous ont ravie.
IV. – Nous disons que si nous ne gardons pas les commandements de Dieu, nous serons malheureux tous les jours de notre vie. Voyez-en la preuve dans Adam. Ds qu'il eut pch, le Seigneur lui dit : Ç Parce que tu as viol mes lois, la terre, pour toi, sera maudite ; elle ne produira d'elle-mme que des ronces et des pines. Tu mangeras ton pain la sueur de ton front, et cela, tous les jours de ta vie [43] . È Voyez Can ; le Seigneur lui dit : Ç Can, le sang de ton frre crie vengeance, tu seras errant, vagabond et fugitif tous les jours de ta vie [44] . È Voyez encore Sal... De sorte, M.F., que, ds que nous cessons de suivre ce que les commandements de Dieu nous ordonnent, nous devons nous attendre toutes sortes de maux spirituels et temporels. Pres et mres, voulez-vous tre heureux ? Commencez bien observer les commandements de Dieu vous-mmes, afin que vous puissiez vous donner pour modles vos enfants, et que vous puissiez toujours leur dire : Ç Faites comme moi. È Si vous voulez qu'ils fassent bien leur prire, donnez-leur-en l'exemple. Voulez-vous qu'ils soient bien modestes l'glise, donnez-leur l'exemple ; mettez-les ct de vous. Voulez-vous qu'ils observent bien le saint jour du dimanche ? commencez vous-mmes. Voulez-vous qu'ils soient charitables ? soyez-le vous-mmes. Hlas ! M.F., si tant de maux nous accablent, n'en cherchons point d'autres raisons que la multitude des pchs que nous commettons, en transgressant les commandements de Dieu. Plaignons, M.F., ceux qui viendront quelques sicles aprs nous. Hlas ! ce sera bien plus mauvais encore.
Voulons-nous, M.F., que Dieu cesse de nous chtier ? cessons nous-mmes de l'offenser ; faisons comme les saints qui ont tout sacrifi plutt que de violer ses saintes lois. Voyez un saint Barthlemy et une sainte Reine, qui ont t corchs tout en vie, pour ne pas vouloir offenser Dieu. Voyez un saint Pierre et un saint Andr, qui ont t crucifis sur une croix. Voyez toutes ces foules de martyrs qui ont endur mille tourments pour ne pas transgresser les commandements. Voyez tous les combats qu'ont soutenus les saints Pres des dserts contre le dmon et leurs penchants. Lorsque saint Franois d'Assise tait sur une montagne pour prier, les habitants du voisinage vinrent lui demander de les dlivrer, par ses prires, de quantit de btes froces qui dvoraient tout ce qu'ils avaient. Ce saint leur dit : Ç Mes enfants, cela ne vient que de ce que vous avez viol les commandements de Dieu ; revenez Dieu et vous serez dlivrs. È En effet, aussitt qu'ils eurent chang de vie, ils furent dlivrs.
De mme, en finissant, disons que si nous voulons que nos maux spirituels et temporels finissent, finissons d'offenser le bon Dieu ; cessons de transgresser ses commandements. Cessez, M.F., de livrer votre cÏur, votre esprit et peut-tre mme votre corps l'impuret. Cessez, M.F., de frquenter les jeux, les cabarets, les lieux de plaisirs. Cessez, M.F., les travaux du dimanche. Cessons de nous loigner des sacrements. Cessons, M.F., de nous faire un jeu de violer les lois du jene et de l'abstinence ; quittons la route que suivent les paens, qui les commandements ne sont pas connus. Cherchons, M.F., notre vritable bonheur qui ne peut se trouver qu'en Dieu seul, en accomplissant fidlement les commandements. Cessons, M.F., de travailler nous rendre malheureux pour l'ternit. Revenons Dieu, M.F., et pensons que nous sommes chrtiens et que, par consquent, nous devons combattre nos penchants et le dmon ; fuir le monde et ses plaisirs, vivre dans les larmes, la pnitence et l'humilit. Disons comme le saint roi David : Ç Oui, mon Dieu ! je me suis loign de vos commandements par mes pchs ; mais, mon Dieu, aidez-moi, je reviendrai vous par les larmes et la pnitence, et je marcherai tous les jours de ma vie dans la voie de vos commandements, qui me conduiront jusqu' vous pour ne jamais vous perdre. È Heureux, M.F., celui qui imitera ce saint roi, qui, revenu Dieu, ne le quitta jamais plus ! C'est l, M.F., ce que je vous souhaite.
[1]
DEUT. XXVIII.
[2]
DEUT. XXVIII.
[3]
GEN. XXII, 16-18.
[4]
DEUT. VII.
[5]
LEV. XXVI, 3-12.
[6]
Ps. CXVIII, 14.
[7]
II REG. XIII, 28.
[8]
II REG. XV.
[9]
II REG. XXIV.
[10]
III REG. X.
[11]
III REG. XI.
[12]
Fecisti nos ad te, et inquietum est cor nostrum donec requiescat in te (Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cÏur est inquiet tant qu'il ne repose pas en vous): S. Augustin Confessions, Livre I, chap. 1.
[13]
MATTH. VI, 25-33.
[14]
III REG. XIX.
[15]
III REG. XVII, 14.
[16]
Le prophte Habacuc fut envoy, non point Ç aux trois enfants qui taient dans la fournaise de Babylone È, mais Daniel enferm dans la fosse aux lions Babylone. DAN. XIV, 33.
[17]
MATTH. XIV, 19.
[18]
Vie des Pres du dsert, t. Ier, p. 21.
[19]
Voir dans Ribadeneira la vie de sainte Reine, vierge et martyre, au 7 septembre.
[20]
DAN. XIII.
[21]
GEN. XXXIX, 20.
[22]
I JOAN. V, 3.
[23]
Ps. CXVIII, 165.
[24]
Luc. XXI, 34.
[25]
JOAN. XIV, 23.
[26]
Ps. CXVIII, 1.
[27]
Luc. I, 6.
[28]
Luc. I, 39.
[29]
MATTH. XIX, 17.
[30]
MATTH. VII, 14-23.
[31]
APOC. II, 10.
[32]
Saint Jrme. - Demande que lui fait une dame romaine, si elle serait sauve. (Note du Saint.)
[33]
PROV. XV, 15.
[34]
ACT. XXVI, 29.
[35]
II COR. VII, 14.
[36]
S. AUG. Conf. lib. IX, cap. IX.
[37]
IS. LVII, 20.
[38]
IS. LVII, 21.
[39]
GEN. IV, 14.
[40]
GEN. XLII, 21.
[41]
MATTH. XXVII, 5.
[42]
MATTH. XI, 29.
[43]
GEN. III, 17-19.
[44]
GEN. IV, 40-12.