(NEUVIéME SERMON)
Diliges Dominum Deum tuum.
Vous aimerez le Seigneur votre Dieu.
(S. Luc, x, 27.)
Nous lisons dans l'vangile, M.F., qu'un jeune homme s'tant prsent devant Jsus-Christ, lui dit : Ç Matre, que faut-il faire pour avoir la vie ternelle ? È Jsus-Christ lui rpondit : Ç Qu'est-il crit dans la loi ? È – Ç Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, lui rpondit le jeune homme, de tout votre cÏur, de toute votre me et de toutes vos forces, et le prochain comme vous-mme. È – Ç Mais je fais tout cela. È – Ç Eh bien ! lui repartit Jsus-Christ, vendez votre bien, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trsor dans le ciel. È Ce mot de vendre son bien pour le donner aux pauvres, le chagrina grandement. Jsus-Christ voulait lui montrer que c'est par les Ïuvres et non par les paroles que nous faisons voir si nous aimons vritablement le bon Dieu. Si, pour l'aimer, nous dit saint Grgoire, il suffisait de dire qu'on l'aime, cet amour divin ne serait pas aussi rare qu'il l'est, parce qu'il n'y a pas une personne qui, tant interroge si elle aime le bon Dieu, ne rponde aussitt qu'elle l'aime de tout son cÏur : le juste le dira et le pcheur aussi, encore le juste ne le dira-t-il qu'en tremblant, l'exemple de saint Pierre [1] ; au lieu que le pcheur le dira peut-tre avec un ton d'assurance, qui semblera rpondre de sa sincrit ; mais il se trompe grandement, parce que l'amour de Dieu ne consiste pas dans les paroles, mais dans les Ïuvres [2] . Oui, M.F., aimer le bon Dieu de tout son cÏur est une chose si juste, si raisonnable, et, en quelque sorte, si naturelle, que ceux d'entre nous dont la manire de vivre lui est le plus oppose, ne laissent pas que de prtendre et d'tre persuads qu'ils l'aiment. Pourquoi tous croient-ils qu'ils aiment le bon Dieu, quoique leur conduite soit tout fait oppose cet amour divin ? Ah ! M.F., c'est que tout le monde cherche son bonheur, et que cet amour seul peut nous le procurer ; voil pourquoi l'on veut se persuader que l'on aime le bon Dieu. Cependant rien de si rare que cet amour divin. Voyons donc en quoi consiste cet amour, et quoi nous pouvons connatre si nous aimons Dieu. Pour mieux le comprendre, considrons, d'un ct, ce que Jsus-Christ a fait pour nous, et de l'autre, ce que nous devons faire pour lui.
I. – Il est trs certain, M.F., que le bon Dieu ne nous a crs que pour l'aimer et le servir. Toutes les cratures qui sont sur la terre sont cres pour l'homme, mais l'homme est cr pour aimer le bon Dieu. Pourquoi est-ce, M.F., que le bon Dieu nous a donn un cÏur dont les dsirs sont si vastes et si tendus, que rien de cr n'est capable de le rassasier ? C'est afin de nous forcer, en quelque sorte, ne nous attacher qu' lui et n'aimer que lui ; parce qu'il n'y a que lui qui puisse nous contenter. Quand l'homme possderait l'univers entier, il ne sera jamais pleinement satisfait ; il lui restera toujours quelque chose dsirer, de sorte que rien de cr ne pourra le remplir. Oui, nous sommes si persuads que nous sommes crs pour tre heureux, que nous ne cessons pas un seul instant de notre vie de chercher le bonheur, et de faire tout, ce qui dpend de nous pour nous le procurer. D'o vient donc que, malgr toutes nos recherches, toutes nos peines et tous nos soins, nous ne nous trouvons pas encore contents ? Hlas ! c'est que nous ne portons pas nos regards ni les mouvements de notre cÏur vers l'objet qui seul est capable de remplir la vaste tendue de nos dsirs, Dieu seul. Non, M.F., non, jamais vous ne pourrez vous contenter et tre pleinement heureux, du moins autant qu'il est possible de l'tre dans ce monde, si vous ne mprisez pas, au moins de cÏur, les choses cres pour ne vous attacher qu' Dieu seul. Nous devons donc appliquer tous nos soins et tous les mouvements de notre cÏur ne dsirer et ne chercher que Dieu seul en tout ce que nous faisons, sans quoi, notre vie se passera chercher vainement un bonheur que nous ne trouverons jamais. Nous nous sommes donc tromps jusqu' prsent ; puisque, malgr tout ce que nous avons fait pour tre heureux, nous n'avons pas pu l'tre. Croyez-moi, M.F., cherchez l'amiti du bon Dieu, et vous aurez trouv votre bonheur. O mon Dieu ! que lÕhomme est aveugle de ne pas vous aimer ; puisque vous pouvez si bien contenter son cÏur ! Mais, M.F., pour vous engager aimer un Dieu si bon, si digne d'tre aim, et si capable de remplir toutes les affections de notre cÏur, jetons un coup d'Ïil sur ce qu'il a fait pour nous ; suivons-le dans le cours de sa vie mortelle et jusqu'aprs sa mort.
Voyez-le, M.F., depuis le moment de son incarnation jusqu' l'ge de trente ans, ne sont-elles pas grandes, les preuves de son amour pour nous ? Qu'a-t-il fait dans son incarnation ? Il s'est fait homme comme nous et pour nous. Dans sa naissance il nous a levs la dignit la plus minente laquelle une pure crature puisse tre leve ; il est devenu notre frre !... O quel amour pour nous ! l'avons-nous jamais bien compris ?... Dans sa circoncision, il s'est fait notre Sauveur. Mon Dieu ! que votre charit est grande !... Dans son piphanie, il est devenu notre lumire, notre guide. Dans sa prsentation au temple, il est devenu notre pontife, notre docteur ; oh ! que dis-je, M.F. ? il s'est offert son Pre pour nous racheter tous. Plus tard, c'est--dire, dans la maison de saint Joseph, il est devenu notre modle, pour l'amour et le respect que nous devons avoir pour nos parents et nos suprieurs. Disons mieux encore : il nous a montr comment nous devions mener une vie cache et inconnue au monde, si nous voulions plaire Dieu son Pre. Suivons Jsus-Christ dans sa vie agissante, tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour nous : ses prires, ses larmes, ses veilles, ses jenes, ses prdications, ses voyages, ses conversations, ses miracles ; oui, tout cela a t fait pour nous. Voyez, M.F., avec quel zle il nous a cherchs, dans la personne de la Samaritaine [3] ; voyez avec quelle tendresse il reoit tous les pcheurs, et nous le sommes tous, dans la personne de l'enfant prodigue ; voyez avec quelle bont il s'oppose la justice de son Pre, qui veut nous punir dans la personne de la pcheresse [4] . Dans sa vie souffrante, hlas ! que d'injures, que de tourments n'a-t-il pas endurs ? Il a t garrott, soufflet, accus, condamn, et enfin, crucifi pour nous. N'est-il pas mort pour nous, au milieu d'opprobres et de douleurs incomprhensibles ? Ah ! M.F., qui pourrait comprendre tout ce que son bon cÏur a fait pour nous ?... Entrons plus avant dans la plaie de ce bon cÏur. Oui, Jsus-Christ pouvait satisfaire la justice de son Pre, pour nos pchs, par une goutte de son sang, par une seule larme, ah ! que dis-je ? par un seul soupir ; mais ce qui pouvait satisfaire la justice de son Pre ne pouvait pas satisfaire la tendresse de son cÏur pour nous. C'est encore son amour pour nous qui l'a fait souffrir d'une manire anticipe, dans le jardin des Olives, les souffrances qu'il devait endurer sur la croix. O abme de tendresse d'un Dieu pour ses cratures !É Jsus-Christ s'est-il content de nous aimer jusqu' la fin ? Non, M.F., non. Aprs sa mort, la lance, ou plutt son amour a ouvert son divin cÏur, pour nous ouvrir comme un asile, o nous viendrions nous cacher et nous consoler dans nos peines, nos chagrins et nos autres misres.
Mais, allons plus loin, M.F. Il veut, ce divin Sauveur, rpandre pour nous jusqu' la dernire goutte de son sang prcieux, afin de nous laver de toutes nos iniquits. Aprs avoir expi nos pchs d'orgueil par son couronnement d'pines ; par le fiel et le vinaigre, les pchs que nous avons le malheur de commettre par notre langue, et qui sont en si grand nombre ; tous nos pchs d'impuret par sa cruelle et douloureuse flagellation ; tous ceux que nous avons commis par nos mains, c'est--dire, toutes les mauvaises actions que nous avons faites, par les plaies de ses pieds et de ses mains ; il a voulu encore expier tous nos pchs par la blessure de son divin CÏur parce que c'est dans le cÏur que tous nos pchs prennent naissance. O prodige d'amour d'un Dieu pour ses cratures !... Il est offens par nous et il est puni pour nous, et c'est sur lui-mme qu'il se venge des offenses que nous lui avons faites !...Hlas ! si nous n'tions pas aussi aveugles que nous le sommes, nous reconnatrions que ce sont nos mains qui, vritablement, l'ont immol sur la croix.
Mais, encore une fois, M.F., pourquoi tant de prodiges d'amour ? Ah ! vous le savez ; c'est pour nous dlivrer de toutes sortes de maux, et nous mriter toutes sortes de biens pour l'ternit. Et si, malgr cela, nous venons encore l'offenser, nous voyons qu'il est prt nous pardonner, nous aimer et nous combler de toutes sortes de biens, si nous voulons l'aimer. O quel amour pour des cratures si insensibles et si ingrates ! ...
Son amour va encore plus loin. Voyant que la mort allait le sparer de nous, et afin de rester parmi nous, il fit un grand miracle : il institua ce grand sacrement d'amour, o il nous laisse son corps adorable et son sang prcieux, pour ne jamais plus nous quitter, jusqu' la fin du monde. Quel amour pour nous, M.F., qu'un Dieu veuille bien nourrir notre me de sa propre substance et nous faire vivre de sa propre vie ! Par le moyen de ce grand et adorable sacrement, il s'offre, chaque jour, la justice de son Pre, satisfait de nouveau pour nos pchs, et nous attire toutes sortes de grces. Voyez encore, M.F., ce tendre Sauveur qui, mort pour notre salut, nous ouvre le ciel. Pour nous y conduire tous, il va lui-mme tre notre mdiateur ; c'est lui-mme qui va prsenter toutes nos prires son Pre [5] et demander grce pour nous, chaque fois que nous aurons le malheur de pcher. Oui, M.F., il nous attend dans ce lieu de bonheur, dans ce sjour o l'on aime toujours et o l'on n'offense jamais...
Non, M.F., jamais vous n'avez bien rflchi comme le bon Dieu vous aime. Est-il bien possible que nous ne vivions que pour l'offenser, puisque nous ne pouvons tre heureux qu'en l'aimant ? Sans doute, si je vous demandais si vous aimez le bon Dieu, vous me diriez que vous l'aimez ; mais cela ne suffit pas ; il faut en donner la preuve. Mais, o sont-elles, M.F., ces preuves qui manifestent la sincrit de notre amour pour le bon Dieu ? O sont les sacrifices que nous avons faits pour lui ? O sont nos pnitences ? Hlas ! le peu de bien que nous faisons, est fait en grande partie sans got, sans avoir une intention bien droite. Que de vues humaines !... que de bonnes Ïuvres faites par pur penchant et sans vritable dvotion ! Hlas ! M.F., quelle pauvret !...
II. – Maintenant, M.F., si vous voulez savoir comment nous pouvons connatre si nous aimons vritablement le bon Dieu, coutez bien ce que je vais vous dire, et ensuite, vous allez vous-mmes juger si vous l'aimez en vrit. Voil ce que Jsus-Christ nous dit lui-mme : Ç Celui qui m'aime garde mes commandements [6] , mais celui qui ne m'aime pas ne les garde pas. È Il vous est donc bien facile de savoir si vous aimez le bon Dieu. Les commandements de Dieu ou sa volont, M.F., ne sont qu'une mme chose. Il vous ordonne et veut que vous remplissiez bien tous les devoirs de votre tat, avec des intentions bien pures et bien droites, sans humeur, sans impatience, sans ngligence, sans fraude dans la vrit ni dans la bonne foi. Nous devons avoir un amour gnreux envers le bon Dieu, qui nous fasse prfrer la mort l'infidlit. De cela, M.F., nous avons des exemples l'infini dans tous les saints, et surtout dans les martyrs dont beaucoup se sont laisss couper en morceaux, plutt que de cesser d'aimer le bon Dieu. En voici un bel exemple dans la personne de la chaste Suzanne [7] . tant alle un jour au bain, deux vieillards, qui taient juges du peuple d'Isral, l'ayant aperue, conurent le dessein de la solliciter au pch ; ils la suivirent, lui proposrent leur infme dessein, dont elle eut horreur. Levant les yeux au ciel, elle dit : Ç Seigneur, vous savez que je vous aime, soutenez-moi. È Ç Je me vois dans la peine de toutes parts, dit-elle aux vieillards ; nous sommes ici en la prsence de Dieu qui nous voit ; si j'ai le malheur de consentir votre passion honteuse, je n'chapperai pas la main de Dieu ; il est mon juge, je sais qu'il me fera rendre compte d'une action aussi lche et aussi criminelle. Si, au contraire, je ne consens pas vos dsirs, je n'chapperai pas vos ressentiments ; je vois bien que vous allez me faire mourir ; mais j'aime mieux mourir qu'offenser Dieu. È Ces misrables, se voyant ainsi rebuts, sortirent avec colre, et publirent aussitt que Suzanne avait t surprise en adultre, qu'ils avaient vu un jeune homme faisant le mal avec elle. Malheureusement, hlas ! on les crut, et, sur leur tmoignage, elle fut condamne la mort. Lorsqu'on la conduisait au supplice, un enfant de douze ans, qui tait le petit Daniel, s'cria du milieu de la foule : Ç Que faites-vous, peuple d'Isral, pourquoi condamnez-vous le juste ? je vous dclare que je ne prends point part au crime que vous allez commettre, en versant le sang de cette innocente. È Le jeune Daniel, s'tant approch du peuple, leur dit : Ç Faites venir les deux vieillards. È Les ayant fait sparer l'un de l'autre, il les interrogea. Ils se couprent dans leurs paroles de telle manire que l'on ne put douter qu'ils taient eux-mmes coupables, et non Suzanne ; ils furent condamns tous deux la mort. Voil ce que fait, M.F., une personne qui aime le bon Dieu, en montrant dans l'preuve qu'elle l'aime vritablement, qu'elle l'aime plus que soi-mme, Suzanne n'en pouvait pas donner une marque plus grande, puisqu'elle choisit la mort de prfrence au pch. Il n'est pas douteux, que, quand il ne faut que des paroles pour dire qu'on aime le bon Dieu, il n'en cote gure. Tous croient qu'ils aiment le bon Dieu et tous osent se le persuader ; mais si le bon Dieu nous mettait l'preuve, combien peu auraient le bonheur de la soutenir !
Voyez encore ce qui arriva sous le rgne d'Antiochus [8] . Ce cruel tyran commanda aux Juifs, sous peine de mort, de manger de la viande dfendue par la loi dix Seigneur. Un saint vieillard nomm Elazar, qui avait toujours vcu dans la crainte et l'amour de Dieu, refusa courageusement d'obir ; il fut condamn mort. Ç Il ne tient qu' vous, lui dit un de ses amis, de sauver votre vie, comme nous l'avons fait nous-mmes. Voil de la viande qui n'a pas t offerte aux idoles : mangez-la, cette petite dissimulation apaisera le tyran. È Le saint vieillard leur rpondit : Ç Croyez-vous que je sois bien attach la vie, et que je la prfre l'amour que je dois mon Dieu ? Et quand mme j'chapperais la fureur du tyran, croyez-vous que je puisse chapper la justice de Dieu ? Non, non, mes amis, j'aime mieux mourir que de dshonorer ma religion et offenser mon Dieu que j'aime plus que moi-mme. Non, il ne sera jamais dit qu' l'ge de quatre-vingt-dix ans j'abandonne mon Dieu et sa loi sainte. È Lorsqu'on le conduisait au supplice, et que le bourreau le tourmentait cruellement, on l'entendait s'crier : Ç Mon Dieu, vous savez que c'est pour vous que je souffre. Soutenez-moi, vous savez que c'est parce que je vous aime ; oui, mon Dieu, c'est pour votre amour que je souffre ! È Voyez son courage voir couper et dvorer son pauvre corps. Eh bien ! M.F., voil ce que nous appelons aimer vritablement le bon Dieu. Ce bon vieillard, qui donne sa vie avec tant de joie pour Dieu, ne se contente pas de dire qu'il l'aime ; mais il le montre par ses Ïuvres.
Nous disons bien que nous aimons le bon Dieu ; mais, quand tout va selon nos dsirs, quand rien ne nous contredit dans notre manire de penser, de parler et d'agir. Combien de fois une seule parole, un air de mpris, ou mme un air un peu froid, une pense de respect humain ; ne nous font-ils pas abandonner le bon Dieu ?
Nous avons dit, M.F., que si nous voulons tmoigner au bon Dieu que nous l'aimons, il faut accomplir sa sainte volont, qui est, que nous soyons soumis, respectueux envers nos parents, nos suprieurs, et tous ceux que le bon Dieu a placs au-dessus de nous pour nous conduire. La volont de Dieu est que ceux qui sont suprieurs conduisent leurs infrieurs sans hauteur, sans duret ; mais avec charit et avec bont, comme nous voudrions que l'on nous conduist ; la volont de Dieu est que nous soyons bons et charitables envers tout le monde ; et que, si on nous loue, bien loin de nous croire quelque chose, au contraire, nous pensions que l'on se moque de nous, comme nous dit trs bien saint Ambroise : Ç Si l'on nous mprise il ne faut point nous chagriner, mais, penser que si l'on connaissait bien ce que nous sommes, l'on dirait beaucoup plus de mal de nous que l'on en dit. È Ou comme nous dit saint Jean : Ç Si l'on nous insulte, la volont de Dieu est que nous pardonnions de bon cÏur et de suite ; et que nous soyons prts rendre service toutes les fois que l'occasion s'en prsentera. È Cette volont est que, dans nos repas, nous ne nous laissions jamais aller la gourmandise ; que dans nos conversations nous tchions de cacher et d'excuser les dfauts de notre prochain et que nous priions pour lui. La volont de Dieu est que, dans nos peines, nous ne murmurions pas, mais que nous les supportions avec patience et rsignation sa volont ; c'est--dire, que dans ce que nous faisons, et dans tout ce qu'il nous envoie, le bon Dieu veut que nous pensions que tout vient vritablement de lui et que tout cela est pour notre bonheur, si nous savons en faire un bon usage. Voil, M.F., ce que les commandements de Dieu nous ordonnent. Si vous aimez le bon Dieu, comme vous le dites, vous ferez tout cela, vous vous comporterez de cette manire ; sinon, vous avez beau dire que vous l'aimez, saint Jean vous dit que vous tes menteurs et que la vrit n'est pas dans votre bouche [9] .
Examinons, M.F., toute notre conduite et toute notre vie, et voyons en dtail toutes nos actions. Il ne faut pas nous arrter toutes nos bonnes penses, tous nos bons dsirs, et tous les mouvements sensibles que nous prouvons, comme, par exemple, lorsque nous sommes touchs en lisant un bon livre, en coutant la parole sainte, nous formons toutes sortes de belles rsolutions : tout cela n'est autre chose qu'illusions, si, d'ailleurs, nous ne nous appliquons pas faire ce que Dieu nous ordonne par ses commandements, et si nous n'vitons pas ce qu'il nous y dfendu. Voyez, M.F., combien vous tes en contradiction avec vous-mmes. Le soir et le matin vous joignez les mains en faisant vos prires, vous dites : Ç Mon Dieu, je vous aime de tout cÏur, et par-dessus toutes choses ; È vous croyez dire la vrit ? Cependant quelques moments aprs, vos mains sont occupes voler votre prochain. Hlas ! peut-tre quelque Ïuvre honteuse. Combien de fois n'avez-vous pas employ ces mains vous remplir de vin et vous livrer la crapule ; cette mme bouche qui vient de prononcer un acte d'amour de Dieu, va se souiller, ds que l'occasion s'en prsentera, par des jurements, par des rapports, des mdisances, des calomnies et par toutes sortes de paroles qui vont offenser et dshonorer ce mme Dieu, qui vous venez de dire que vous l'aimez de tout votre cÏur. Hlas ! M.F., nous disons que nous aimons le bon Dieu de tout notre cÏur ! o sont les preuves qui nous assurent que ce que nous disons est vrai ?
L'on dit dans le monde que les vrais amis se connaissent dans l'occasion ; cela est vrai, et qu'il faut des preuves pour savoir si les amis sont sincres : ce qui est bien facile comprendre. En effet, si je fous disais que je suis votre ami et que je ne fisse rien pour vous le montrer, et qu'au contraire, je fisse mille choses pour vous faire de la peine ; si, dans toutes les occasions o je pourrais vous tmoigner mon attachement, je ne vous donnais que des marques d'aversion, vous ne voudriez pas croire que je vous aime, malgr que je vous l'aie dit souvent ; il en est de mme, M.F., par rapport Dieu. Vous aurez beau lui dire cent fois par jour : Ç Mon Dieu, je vous donne mon cÏur, È cela ne suffit pas. Il faut lui en donner des preuves en ce que nous pouvons faire chaque jour, parce qu'il n'y en a gure o nous ne soyons obligs faire quelque sacrifice au bon Dieu, si nous ne voulons pas l'offenser et si nous voulons l'aimer. Combien de fois le dmon ne nous donne-t-i1 pas des penses d'orgueil, de haine, de vengeance, d'ambition, de jalousie, combien de mouvements de colre et d'impatience : combien de penses ou dsirs contre la sainte vertu de puret ? et, d'autres fois, combien de penses et de dsirs d'avarice ? Hlas ! notre misrable corps nous porte sans cesse au mal, pendant que les lumires de la conscience et les impressions de la grce nous portent au bien. Eh bien ! M.F., voil ce que c'est que de plaire Dieu, ce que c'est que de l'aimer : c'est combattre, c'est rsister courageusement toutes les tentations. Voil comment nous donnerons des preuves de l'amour que nous avons pour le bon Dieu ; voil ce qui nous mettra dans une disposition continuelle de tout sacrifier plutt que d'offenser le bon Dieu. Vous dites que vous aimez le bon Dieu, ou du moins que vous dsirez l'aimer, vous tes un menteur. Pourquoi donc laissez-vous entrer cette pense d'orgueil dans votre cÏur ? vous livrez-vous ces murmures, ces jalousies, ces mdisances et ces complaisances en vous-mme ? c'est que vous n'tes qu'un hypocrite Vous en tes fch, je le crois bien ; vous en serez bien fch... Hlas ! qu'il y en a peu qui aiment le bon Dieu !... Disons-le, la honte du christianisme, il n'y a presque personne qui l'aime de cet amour de prfrence, toujours prt tout sacrifier pour lui plaire, et toujours dans la crainte de lui dplaire.
Voyez, M.F., comment se comporta saint Eustache avec toute sa famille, voyez sa constance et son amour pour le bon Dieu. Il est rapport dans sa vie [10] qu'tant la chasse, il poursuivait un cerf d'une grosseur norme ; s'tant lanc sur un rocher et cherchant le moyen de l'atteindre, il aperut entre ses cornes un beau crucifix qui lui dit d'aller se faire baptiser et de revenir, qu'il lui apprendrait tout ce qu'il aurait souffrir pour son amour, qu'il perdrait ses biens, sa rputation, sa femme, ses enfants et qu'il finirait par tre brl dans le feu, Saint Eustache entendit tout cela sans la moindre frayeur ni la moindre rpugnance, ni mme le moindre murmure. En effet, peu de temps aprs, la peste se mit dans ses troupeaux et parmi ses esclaves, et n'en pargna pas un. Tout le monde commenait le fuir et personne ne voulait le soulager, se voyant aussi misrable et si mpris, il prit le parti d'aller en gypte o il avait encore quelque bien. Sa femme et lui prirent chacun leurs petits enfants par la main et s'abandonnrent la Providence du bon Dieu. Quand il fallut traverser l'eau, le matre du vaisseau garda la femme pour son passage, et jetant le pre et les enfants terre, fit voile d'un autre ct. Voil notre saint Eustache encore priv d'une de ses plus grandes consolations. Supportant tout cela, sans un seul murmure contre la conduite que le bon Dieu tenait envers lui, nous dit l'auteur de sa vie, il prit un petit crucifix entre ses mains, et le baisant respectueusement, il continua son chemin. Un peu plus loin, il fallut passer une rivire assez large... et le reste... Voil, M.F., ce que nous pouvons appeler un amour vritable, puisque rien n'est capable de le sparer de son Dieu.
Nous disons, M.F., que si nous aimons vritablement le bon Dieu, nous devons grandement dsirer de le voir aimer par toutes les cratures. Nous en avons un bel exemple dans l'histoire, et nous y voyons un beau spectacle de l'amour divin. On vit une femme, au milieu de la ville d'Alexandrie, tenant d'une main un vase plein d'eau, et de l'autre un flambeau allum. Ceux qui la virent, tout tonns, lui demandrent ce qu'elle prtendait faire avec tout cet appareil. Ç Je voudrais, rpondit-elle, avec ce flambeau, embraser tout le ciel et tous les cÏurs des hommes, et, avec cette eau, teindre tout le feu de l'enfer, afin que, dsormais, l'on n'aimt plus le bon Dieu ni par l'esprance de la rcompense, ni par crainte de la punition rserve aux pcheurs ; mais uniquement parce qu'il est bon, et qu'il mrite d'tre aim. È Beaux sentiments, M.F., dignes de la grandeur de l'me qui connat ce que c'est que Dieu, et combien il mrite par lui-mme toutes les affections de notre cÏur. L'on racont dans l'histoire des Japonais, que, quand on leur annonait l'vangile, qu'on les instruisait de Dieu et de ses amabilits, surtout quand on leur apprenait les grands mystres de notre sainte religion, et tout ce que le bon Dieu avait fait pour les hommes : un Dieu naissant dans une pauvre table, couch sur une poigne de paille dans les rigueurs de l'hiver, un Dieu souffrant et mourant sur une croix pour nous sauver ; ils taient si tonns de tant de merveilles que Dieu avait faites pour notre salut, qu'on les entendait s'crier tout transports d'amour : Ç Oh ! qu'il est grand ! oh ! qu'il est bon ! oh !qu'il est aimable, le Dieu des chrtiens ! È Mais quand ensuite on leur disait qu'il y avait un commandement qui leur ordonnait d'aimer le bon Dieu et qui les menaait de chtiments s'ils ne l'aimaient pas, ils en taient tellement surpris, qu'ils ne pouvaient plus revenir de leur tonnement. Ç Eh quoi ! disaient-ils, des hommes raisonnable, faire un prcepte d'aimer un Dieu qui nous a tant aims !... mais, n'est-ce pas le plus grand bonheur de l'aimer et le plus grand malheur de ne pas l'aimer ? Eh quoi ! disaient-ils aux missionnaires, les chrtiens ne sont-ils pas toujours au pied des autels de leur Dieu, tout pntrs de la grandeur de ses bonts et tout embrass de son amour ? È Et quand on venait leur apprendre que, non seulement il y en avait qui ne l'aimaient pas, mais encore qui l'offensaient : Ç O peuple injuste ! ï peuple barbare ! s'criaient-ils avec indignation, est-il bien possible que des chrtiens soient capables de tel outrage envers un Dieu si bon ? Dans quelle terre maudite habitent donc ces hommes sans cÏur et sans sentiments ? È
Hlas ! d'aprs la manire dont nous nous conduisons envers le bon Dieu, nous ne mritons que trop ces reproches ! Oui, M.F., un jour viendra o ces nations loignes et trangres appelleront ces tmoignages, contre nous, nous accuseront et nous condamneront devant Dieu. Que de chrtiens passent leur vie sans aimer le bon Dieu ! Hlas ! peut-tre en trouverons-nous plusieurs, au grand jour du jugement, qui n'auront pas donn un seul jour tout entier au bon Dieu ! Hlas ! quel malheur ! ...
Saint Justin nous dit que l'amour a ordinairement trois effets. Quand nous aimons quelqu'un, nous pensons souvent, et volontiers lui ; nous donnons volontiers pour lui et nous souffrons volontiers pour lui : voil, M.F., ce que nous devons faire pour le bon Dieu, si nous l'aimons vritablement. Je dis 1¡, que nous devons souvent penser Jsus-Christ. Rien n'est plus naturel que de penser ceux qu'on aime. Voyez un avare : il n'est occup que de ses biens ou du moyen de les augmenter ; seul ou en compagnie, rien n'est capable de le distraire de cette pense. Voyez un libertin : la personne qui fait tout l'objet de son amour, ne le quitte gure plus que la respiration ; il y pense tellement que, souvent, son corps en est si accabl qu'il en est malade. Oh ! si nous avions le bonheur d'aimer autant Jsus-Christ qu'un avare aime son argent ou ses terres, qu'un ivrogne, son vin, qu'un libertin, l'objet de sa passion, ne serions-nous pas continuellement occups de l'amour et des grandeurs de Jsus-Christ ? Hlas ! M.F., nous nous occupons de mille choses qui, presque toutes, n'aboutissent rien ; tandis que, pour Jsus-Christ, nous passons des heures et mme des jours entiers sans nous souvenir de lui, ou d'une manire si faible, que nous croyons peine ce que nous pensons. O mon Dieu, comment ne vous aime-t-on pas ! Cependant, M.F., de tous nos amis y en a-t-il un plus gnreux, plus bienfaisant ? Dites-moi, si nous avions bien pens qu'en coutant le dmon qui nous portait au mal, nous avons grandement afflig Jsus-Christ, que nous l'avons fait mourir une seconde fois, aurions-nous eu ce courage ?... n'aurions-nous pas dit : Comment, mon Dieu, pourrais-je vous offenser, vous qui nous avez tant aims ! Oui, mon Dieu, le jour et la nuit mon esprit et mon cÏur ne seront occups que de vous.
2¡ Je dis que si nous aimons vritablement le bon Dieu, nous lui donnerons tout ce qu'il est en notre pouvoir de lui donner, et cela, avec un grand plaisir. Si nous avons du bien, faisons-en part aux pauvres, c'est comme si nous le donnions Jsus-Christ lui-mme ; c'est lui qui nous dit dans l'vangile : Ç Tout ce que vous donnerez au moindre des miens, c'est--dire aux pauvres, c'est comme si vous le donniez moi-mme [11] . È Quel bonheur, M.F., pour une crature, de pouvoir tre librale envers son crateur, son Dieu et son Sauveur ! Ce ne sont pas seulement les riches qui peuvent donner ; mais tous les chrtiens, mme les plus pauvres. Nous n'avons pas tous des biens pour les donner Jsus-Christ dans la personne des pauvres ; mais nous avons tous un cÏur, et c'est prcisment de ce prsent qu'il est le plus jaloux ; c'est celui-l qu'il demande avec tant d'empressement. Dites-moi, M.F., pourrions-nous lui refuser ce qu'il nous demande avec tant d'instances, lui qui ne nous a crs que pour lui ? Ah ! si nous y pensions bien, ne dirions-nous pas au divin Sauveur : Ç Seigneur, je ne suis qu'un pcheur, ayez piti de moi ; me voil tout vous. È Que nous serions heureux si nous faisions cette offrande universelle au bon Dieu ! que notre rcompense serait grande !...
3¡ Mais cependant la meilleure marque d'amour que nous puissions donner au bon Dieu, c'est de souffrir pour lui ; car, si nous voulions bien considrer ce qu'il a souffert pour nous, nous ne pourrions pas nous empcher de souffrir toutes les misres de la vie, les perscutions, les maladies, les infirmits et la pauvret : Qui ne se laisserait. pas attendrir la vue de tout ce que Jsus-Christ a souffert pendant sa vie mortelle ? Que d'outrages ne lui font pas souffrir les hommes, par la profanation de ses sacrements, par le mpris de sa religion sainte, dont l'tablissement lui a tant cot ? Quel aveuglement, M.F., de ne pas aimer un Dieu si aimable et qui ne cherche, en tout, que notre bonheur ! Nous avons un bel exemple dans la personne de sainte Magdeleine, devenue clbre dans toute l'glise par ce grand amour qu'elle a eu pour Jsus-Christ [12] . Une fois qu'elle fut lui, elle ne le quitta plus ; non seulement de cÏur, mais encore rellement : le suivant dans ses voyages, l'assistant de ses biens, et l'accompagnant jusqu'au calvaire : Elle fut prsente sa mort, elle prpara les parfums pour embaumer son corps et se rendit de grand matin au spulcre [13] . N'y trouvant plus le corps de Jsus-Christ, elle s'en prend au ciel, la terre ; elle supplie les anges et les hommes de lui dire o ils ont mis son Sauveur ; parce qu'elle veut le trouver quel prix que ce soit. Son amour tait si ardent que nous pouvons dire qu'il fut impossible Jsus-Christ de se cacher elle ; car, elle n'a pens qu' lui, elle n'a dsir et n' voulu que lui ; toutes choses ne lui sont rien ; elle n'a eu ni respect humain, ni crainte d'tre mprise ou raille ; elle a abandonn tous ses biens, elle a foul aux pieds les parures et les plaisirs pour courir la suite de son bien-aim ; tout le reste ne lui est plus rien.
coutez encore la leon que nous donne saint Dominique [14] . Ce saint patriarche dont l'amour de Dieu avait rempli tous les dsirs, aprs avoir prch toute la journe, passait les nuits entires en contemplation ; il se croyait dj dans le ciel, et ne pouvait comprendre que l'on puisse vivre sans aimer le bon Dieu, puisque nous y trouvons tout notre bonheur. Un jour qu'il fut pris par des hrtiques, Dieu fit un miracle pour le tirer d'entre leurs mains. Ç Qu'auriez-vous fait, lui dit un de ses amis, s'ils avaient voulu vous faire mourir ? È – Ç Ah ! je les aurais conjurs de ne pas me faire mourir tout d'un coup, mais de me couper en tant petits morceaux qu'ils l'auraient pu ; ensuite de m'arracher la langue et les yeux, et, aprs avoir roul le reste de mon corps dans mon sang, de me trancher la tte. Je les aurais pris de ne laisser aucune partie de mon corps sans la faire souffrir. Ah ! c'est alors que j'aurais eu le bonheur de dire vritablement au bon Dieu que je l'aime. Oui, je voudrais tre matre de tous les cÏurs des hommes, afin de les faire tous brler d'amour. È Quel beau langage part de ce cÏur brlant de l'amour divin ! Toute sa vie ce grand saint chercha le moyen de mourir martyr, pour montrer au bon Dieu que vraiment il l'aimait.
Voyez encore saint Ignace, martyr, vque d'Antioche, qui fut condamn, par l'empereur Trajan, tre expos aux btes. Il eut tant de joie d'entendre la sentence qui le condamnait tre dvor par les btes, qu'il crut mourir de bonheur. IL n'avait qu'une seule crainte, c'est que les chrtiens n'obtinssent sa grce. Il leur crivit en leur disant : Ç Mes amis, que je devienne la proie des btes et que je sois moulu comme un grain de froment de Dieu pour devenir le pain de Jsus-Christ. Je sais, mes amis, qu'il m'est trs utile de souffrir ; il faut que les fers, les gibets, les btes farouches dchirent mes membres et les brisent dans mon corps, et que tous les tourments viennent fondre sur moi. Tout m'est bon pourvu que j'arrive la possession de Dieu. Je commence maintenant aimer Jsus-Christ ; c'est prsent que je suis son disciple. Je n'ai plus que du dgot pour les choses de la vie, je ne suis affam que du pain de mon Dieu, qui doit me rassasier pendant l'ternit ; je ne suis altr que de la chair de Jsus-Christ, qui n'est que charit [15] . È Dites-moi, M.F., peut-on trouver un cÏur plus embras de l'amour de Dieu ? En effet, il fut dvor par les lions, qui ne laissrent que quelques parties de son corps.
Que faut-il conclure de tout cela, M.F., sinon que tout notre bonheur sur la terre est de nous attacher, Dieu ? C'est--dire, il faut que, dans tout ce que nous faisons, le bon Dieu soit l'unique but ; puisque nous savons tous par notre propre exprience que rien de cr n'est capable de nous rendre heureux, que le monde entier avec tous ses biens, ses plaisirs ne saurait satisfaire notre cÏur. Ne perdez jamais de vue, M.F., que tout nous quittera. Un moment viendra o tout ce que nous avons passera d'autres mains... Au lieu que si nous avons le grand bonheur de possder l'amour de Dieu nous l'emporterons dans le ciel, ce qui fera notre bonheur pendant l'ternit. Aimer Dieu, ne servir que lui seul et ne dsirer que sa possession : voil le bonheur que je vous souhaite.
[1]
Joan, xxi, 17.
[2]
I Joan, iii, 18.
[3]
Joan. iv, 6.
[4]
Joan. viii, 11.
[5]
Hebr. vii, 25.
[6]
Joan. xiv, 23.
[7]
Dan. xiii.
[8]
II Mach, vi.
[9]
I Joan, ii, 4.
[10] Ribadeneira au 20 septembre. LÕhistoire de Sainte Eustache est plusieurs fois cite par le Saint.
[11]
Matth. xxv, 40.
[12]
Matth. xxvi, 13.
[13]
Joan. xx.
[14] Ribadeneira, au 4 aot.