En écrivant la préface de cette nouvelle édition des sermons du Bx J.-B.-M. Vianney, nous ne croyons pas nécessaire de faire leur éloge. L'éclat des honneurs que la Sainte Eglise va bientôt décerner à l'humble Curé d'Ars rejaillira sur toutes ses oeuvres. Ses sermons en auront une large part. N'ont-ils pas été les premières armes des victoires apostoliques de l'homme de Dieu ?
Cependant nous croyons répondre aux désirs de plusieurs en essayant de jeter quelque lumière sur l'origine de ces sermons. Nous dirons aussi par quelles dispositions providentielles ils ont été conservés, et quelles hautes interventions nous encouragèrent à les publier.
D'après le témoignage d'un des contemporains du Saint, M. Dubouis, curé de Fareins, que nous avons eu le bonheur de connaître, il les composa dans les premières années de son ministère à Ars, entre 1818 et 1827, alors qu'il travaillait à tirer ses paroissiens de leur indifférence et de leur ignorance religieuse, avant les grands travaux suscités par la foule des pèlerins qui vinrent le visiter dans la suite.
« M. Vianney, dit son biographe, le R. P. Monnin, écrivit longtemps ses prônes du dimanche ; il a avoué que ce travail lui causait des peines et des fatigues inouïes. Ce fut une des plus rudes mortifications de sa vie. Il les composait tout d'une haleine, y employait les nuits, renfermé dans sa sacristie, et écrivait quelquefois sept heures de suite, sans désemparer. »
La vue des manuscrits confirme ce témoignage dit P. Monnin. Chaque sermon remplit entièrement les 6 ou 8 pages d'un cahier de format in-quarto. L'écriture en lignes serrées, assez régulière, est tracée d'une main rapide, et qu'on sent tremblante sur les sermons de la saison d'hiver. On y voit peu de ratures, mais des surcharges. Les marges étroites sont souvent remplies de notes renvoyant aux sources où il avait puisé.
Ces sources furent outre l'Écriture sainte et une théologie élémentaire, les ouvrages composant la modeste bibliothèque qu'il avait héritée de M. Balley, son premier maître et son premier Curé. Il y trouvait la Vie des Saints de Ribadeneira, la Perfection chrétienne de Rodriguez, la Vie des Pères du Désert, l'Histoire de l'Église, les sermons du P. Lejeune et quelques sermonnaires des XVIIe et XVIIIe siècles.
Mais il suffira de parcourir un seul de ses sermons pour se convaincre que s'il savait lire, étudier, consulter, citer même les ailleurs qu'il avait à sa portée, le Curé d'Ars ne copiait point. « Préoccupé surtout d'instruire et d'édifier ses ouailles, il ne voulait rien dire qui ne fût compris ; il voulait approprier à des intelligences frustes ce qui avait été fait pour des esprits cultivés, il voulait que sa prédication profitât de tout ce que l'expérience de la vie lui avait appris. » (J. Vianney : Le B. Curé d'Ars.)
Cette obligation si pénible qu'il s'était imposée, d'écrire entièrement et d'apprendre ses sermons, ne l'aurait-il pas héritée, comme sa bibliothèque, de son vénérable maître, M. Balley ? On serait autorisé à le croire par la fidélité avec laquelle il retint toute sa vie les observances austères qu'il avait partagées, au presbytère d'Ecully, avec son Curé, ancien Chanoine Régulier du Couvent des Génovéfains de Lyon. Telles, par exeniple, ces abstinences, ces longs jeûnes et cette habitude de réciter à l'heures du matin les Matines de son Bréviaire.
Toujours est-il que ce pénible labeur de la préparation de ses prônes, tant pour les écrire que pour les apprendre, fut très profitable au Saint Curé. Il l'avouait lui-même au Curé de Fareins, et il recommandait cette pratique à beaucoup de jeunes prêtres qui venaient le consulter. En effet, « s'il finit par pouvoir prêcher, non plus tous les dimanches, mais tous les jours, s'il, en vint à faire son instruction quotidienne sans préparation aucune, avec une facilité surprenante, ce fut sans doute parce que la grâce suppléa aux défauts de la nature ; mais on comprend que ce travail assidu avait déjà transformé la nature. »(J. Vianney, op. cit.) Dieu l'en récompensa par des dons supérieurs quand la foule toujours croissante des pèlerins ne lui laissa plus le temps d'étudier et d'écrire.
Son humilité ne lui permettait pas de penser que « ses pauvres sermons seraient un jour admirés et livrés à la publicité. D'ailleurs, il n'eût jamais consenti à les faire imprimer de son vivant, sans les avoir soumis à une sévère correction et à l'approbation de l'autorité ecclésiastique. Il l'avait déclaré avec une extrême vivacité à un prêtre de ses amis, l'abbé Colomb (1), auquel il les confia en 1845, afin de les mettre à l'abri des poursuites d'un libraire Lyonnais qui voulait les lui soustraire pour les répandre dans le public. C'est une partie de ce précieux dépôt que nous publiâmes pour la première fois, en 1882, mon regretté frère Mgr Delaroche et moi. Voici les circonstances qui déterminèrent cette publication.
Lorsque la Curie épiscopale de Belley institua le premier procès en vue de la Béatification du Curé d'Ars, la commission nommée à cette fin ordonna qu'on recherchât et qu'on lui remît tous les écrits du serviteur de Dieu. Le vénéré possesseur des sermons, alors âgé de près de 80 ans, en fut profondément ému. Il se voyait non sans une peine extrême, à la veille d'être dépouillé d'un trésor qu'il gardait depuis trente ans avec un soin religieux ; et jaloux. Le vieillard confia ses craintes à un éminent religieux (2) qui obtint du Saint-Siège qu'une copie authentique serait seule remise à la commission, les manuscrits restant entre les mains de l'abbé Colomb(3). Ce ne fut pas facile ni surtout rapide besogne, que de déchiffrer les 12 ou 1400 pages de ces précieux cahiers. Outre que l'écriture, aux caractères assez mal formés, était difficile à lire, les phrases, souvent inachevées, restaient parfois inintelligibles. Néanmoins l'ensemble révéla si hautement l'oeuvre d'un saint que des avis de juges compétents et des encouragements venus de Rome même nous déterminèrent à la publier, en gardant toutes les réserves imposées par le Droit.
Cette première édition se composait de 80 sermons. Ce n'était pas tous ceux que le Curé d'Ars avait confiés, en 1845, à M. Colomb. Celui-ci, à une époque que nous ne pouvons pas préciser, lui en avait rendu un certain nombre, ceux, hélas ! dont il nous faut déplorer la perte. Combien pouvait-il y en avoir? Nous ne le savons pas au juste. Mais comme les n°s d'ordre, écrits de la main du Saint Curé sur les cahiers qui nous restent, s'élèvent à 112, 113, nous inclinerions à croire que le Curé d'Ars dut écrire près de 200 sermons. Il s'en serait donc perdu plus de la moitié (4).
Pour faciliter la lecture de l'ouvrage, les manuscrits furent soumis à un modeste travail. L'orthographe et la ponctuation furent corrigées. Quelques phrases mal construites étaient incompréhensibles : on en redressa la construction, on y introduisit quelques mots indispensables. Certains passages obscurs, douteux ou inexacts furent éclaircis par des notes. Mais nous conservâmes avec soin les idiotismes régionaux, ainsi que certains barbarismes dont le Saint Curé se servait familièrement afin de rendre sa pensée avec plus d'énergie. Bref, nous nous serions fait scrupule de modifier en rien la pensée de l'auteur. Une page du 1er sermon sur le Jugement Dernier, reproduite en fac-simile par la photogravure, permettait de se rendre compte du travail accompli. Le lecteur pouvait se convaincre du soin avec lequel on avait donné intégralement le texte, et conservé à ces oeuvres leur physionomie native et leur caractère original.
Ce fut une immense consolation pour le vénérable abbé Colomb que de voir mis au jour ce trésor longtemps inconnu des sermons de son saint ami. Quand il mourut en 1883, après 60 ans de sacerdoce, il légua les précieux manuscrits à celui qui écrit ces lignes, pour lequel il avait été ce que fut M. Balley pour le jeune J.-B.-M. Vianney, un maître, un guide, un modèle.
La première édition n'attira guère l'attention du public. Beaucoup de personnes pour lesquelles le Curé d'Ars était surtout un thaumaturge, un homme constamment illuminé des dons surnaturels, avaient peine à croire qu'il eût pu fournir la matière de quatre volumes. Ce ne fût pas l'opinion que s'en formèrent les Princes de l'Église. Cardinaux et Evêques s'empressèrent de nous féliciter, mon frère et moi. A la suite des Cardinaux de Lyon et de Bordeaux, ceux de Paris, de Reims, de Montpellier, le Card. Mermillod, plusieurs Archevêques et Evêques se plurent à faire ressortir le bel exemple « de travail et de patience » que notre publication apportait à tous les prêtres, mais surtout au jeune clergé.
Trois nouvelles éditions parurent de 1894 à 1909, augmentées de quelques sermons qui n'avaient pas trouvé place dans la première. Celle de 1909 fut honorée d'une lettre du Card. Merry del Val au nom de S. S. Pie X, de sainte mémoire. Monseigneur Dadolle, évêque de Dijon, qui professait pour le Bx Curé dArs un culte enthousiaste, tint à coeur d'en écrire la préface.
L'édition qu'à la veille de la canonisation nous présentons au public, ne saurait, quant au texte, différer des précédentes. On y retrouvera les qualités et les défauts de l'oeuvre oratoire du Curé d'Ars ; mais on y retrouvera en même temps la science la plus haute, le sensus Christi, que seuls possèdent les saints.
Nous ne croyons donc pas hors de propos de terminer cette préface par les conclusions de celle qu'avait bien voulu nous adresser, en 1908, le regretté Monseigneur Dadolle.
« Il est indiscutable que par l'emploi de sa méthode le Curé d'Ars obtint très vite ce qui est le mérite par excellence de la parole, je veux dire le don de la vie. Sa composition n'est guère littéraire, point savante. Il garnit à l'excès les parties de son discours ; il coupe brusquement l'exposition et le raisonnement par des peintures de moeurs, des exhortations ou objurgations enflammées : il revient à l'instruction avec des transitions sans art. L'ordonnance de toute la pièce, d'ordinaire fort longue, n'a rien de raffiné ; la syntaxe est peu sûre ; le vocabulaire commun. Mais qu'importe ? Mens agitat molem : sous cette construction trop lourde, il y a une âme, et une âme qui anime encore les vieux feuillets, tels que nous les lisons maintenant. Quels sont les sermonnaires de l'époque dont on pourrait rendre le même témoignage ? et tant d'autres plus jeunes n'en sont pas dignes !
Si l'on nous demande ce qu'il faut penser des sermons du Curé d'Ars, du point de vue pratique, et s'ils sont à mettre dans un reliquaire ou dans une bibliothèque sacerdotale, nous répondrons dans un reliquaire, assurément, pour ce qu'ils représentent d'héroïque apprentissage du ministère de la parole sainte, mais dans un bibliothèque aussi, et surtout dans une bibliothèque.
Tous les prêtres ont profil à en faire.
Non pas que ces sermons soient à copier ou à apprendre pour être récités tels quels. Ils sont à lire et à relire, à cause des exemples qu'ils rappellent et à cause du modèle qu'ils mettent sous les yeux : ils rappellent un prédicateur qui a pris la peine de faire valoir la piété par le travail, et ils font voir, on peut dire à chacune de leurs pages, toutes frémissantes encore du zèle qui les dicta, le modèle du secret d'être quelqu'un, secret qui consiste à parler avec son âme. Pour le Curé d'Ars, à n'en point douter, c'est le saint principalement qui fit l'orateur. »
Puisse-t-il en être ainsi chez tous nos frères dans le sacerdoce ! Nous serions heureux, si en leur offrant cette nouvelle édition des sermons du Saint Curé d'Ars, nous les aidions à se rapprocher du modèle que leur proposait le Pape Pie X dans son décret du 12 avril 1905 : Perfectum sacri ministerii exemplar ad imitandum.
NOTES
CONCERNANT CETTE NOUVELLE ÉDITION
L'abbé Adrien Colomb de Gast, issu d'une noble et ancienne famille du Velay, avait exercé pendant 20 ans, dans le diocèse de Lyon, un laborieux ministère qui épuisa ses forces. Contraint de se reposer, il remplissait la fonction moins pénible d'aumônier d'un couvent de religieuses à la Croix Rousse quand il fit la connaissance du Curé d'Ars dans des circonstances où il est difficile de ne pas voir l'intervention du surnaturel.
M. Vianney était accablé de travail par suite de l'affluence toujours croissante des pèlerins : connaissant la réputation de zèle de M.Colomb, il désirait depuis longtemps déjà se décharger sur lui de la direction d'une pieuse association en l'honneur des Cinq Plaies de Notre-Seigneur, qui s'était formée entre ses mains. Mais l'abbé Colomb, qui partageait sans doute contre M. Vianney quelques-unes des préventions du clergé de Belley et de Lyon, demeura plus d'un an sans vouloir se rendre à Ars. Il arrive enfin à l'improviste, un soir d'hiver de 1844, au milieu d'une foule de pèlerins, dont un certain nombre étaient ecclésiastiques. « Ah! Monsieur Colomb, s'écrie M. Vianney en allant droit à lui, quoiqu'il ne l'eût jamais vu, vous voilà enfin ! Il y a assez longtemps que je vous demandais. Venez donc... » Et il l'entraîne au presbytère pour lui exposer son projet. L'abbé Colomb dut résister longtemps, car la conversation se prolongea jusqu'à deux heures du matin. Enfin subjugué sans doute par l'ascendant du Curé d'Ars, il accepta de se charger de l'oeuvre.
Depuis lors l'amitié la plus étroite, fondée sur une estime mutuelle, lia les deux saints prêtres. Quand M. Vianney recevait des pénitents de Lyon, il ne pouvait s'empêcher de les gronder : « Comment, vous avez à la Croix Rousse M. Colomb, et vous venez ici ! » C'était une grande marque d'amitié que le Saint Curé donnait à l'abbé Colomb quand il lui confia les manuscrits de ses sermons. Celui-ci y répondait par le culte dont il les entoura toujours. Il les conservait dans une cassette qu'il avait fait exécuter exprès et nous l'entendimes souvent affirmer que le Curé d'Ars serait un jour canonisé.
L'association des Cinq Plaies, dont le premier registre, pieusement conservé, s'ouvre sur la signature de J.-B.-M. Vianney Curé d'Ars, après avoir reçu les approbations de l'Ordinaire de Lyon et du Saint Siège, donna naissance à une famille religieuse du même nom, dont les premiers éléments furent, pour la plupart, d'anciennes filles spirituelles du Curé d'Ars. Cette Congrégation fut ensuite instituée canoniquement par l'Eme Card. Caverot, Archevêque de Lyon. Ce sont les soeurs de cet Institut qui accomplirent sous les yeux de l'abbé Colomb l'oeuvre très méritoire de déchiffrer et de transcrire les manuscrits des sermons. Que celles de ces pieuses ouvrières qui survivent encore reçoivent ici nos remerciements.
Un trait touchant montrera en quelle vénération l'abbé Colomb tenait ces manuscrits. Dans sa dernière maladie, qui fut longue et douloureuse, il se les faisait apporter, les baisait dévotement, afin d'obtenir par l'intercession de son saint ami la grâce de souffrir avec plus de patience.
Le T. R. P. Bruno de Vinay, Provincial des Capucins de Lyon, avait connu intimement le Curé d'Ars, et il entourait d'un culte filial la mémoire du saint prêtre qui avaient dirigé sa vocation. Il connaissait aussi et vénérait M. Colomb dont il avait toute la confiance ; aussi partagea-t-il sa peine quand celui-ci se vit menacé de perdre les précieux manuscrits.
Canoniste distingué et ayant à Rome de hautes relations, le P. Bruno obtint que la S. Congrégation des Rites daignât appliquer en faveur de M. Colomb l'exception admise par Benoit XIV (1b) et aujourd'hui inscrite dans le Code (Can. 2045) (2b). Nous avons relaté le fait dans la préface, nous n'y revenons pas.
Mais le rôle du P. Bruno ne devait pas se borner à consoler et à rassurer le vénérable prêtre qu'était M. Colomb. Lorsqu'en 1879, le Pape Léon XIII, d'heureuse mémoire, eût appelé à Rome le savant religieux pour y remplir la fonction de Procureur Général de son Ordre, il continua à s'intéresser au sort des sermons dont il avait souvent feuilleté les manuscrits et admiré l'accent apostolique. Il nous conseilla vivement de les faire imprimer « comme devant faire connaitre le Vénérable sous un jour nouveau ». A ces encouragements vinrent se joindre ceux du docte Card. Pitra et d'autres encore. Enfin, l'Eme Card. Caverot, notre Ordinaire, s'étant assuré à Rome que rien ne s'opposait à la publication, sous certaines réserves, des écrits du serviteur de Dieu, nous accorda son approbation, le 20 août 1882.
Combien de sermons le Curé d'Ars avait-il confiés à M. Colomb ? Nous pourrions le dire exactement si nous possédions encore une petite fiche où celui-ci l'avait soigneusement inscrit. Mais cette fiche disparut au moment où les manuscrits furent copiés et collationnés pour le procès et nous n'en gardons qu'un souvenir effacé. Sur quoi donc nous basons-nous pour affirmer que le Curé d'Ars dut écrire environ 200 sermons ? Sur un calcul assez simple.
Chacun des cahiers manuscrits qui nous restent porte, à l'angle gauche, écrit de la main du Saint Curé, un n° d'ordre. Comme dans ces 85 cahiers la série des numéros d'ordre ne correspondait pas au cycle de l'année liturgique, nous les avons répartis au mieux, selon la relation du sujet avec l'évangile du dimanche ou l'objet de la fête.
Le rapprochement parallèle des deux séries de n°s d'ordre, celle du Curé d'Ars et la nôtre, ne fut pas sans intérêt. Il nous permit de constater que le saint prêtre a écrit sur le même évangile, ou pour la même fête deux ou trois sermons différents. Parfois, nous les avons donnés à la suite l'un de l'autre; mais les n°s d'ordre que leur a assignés le Curé d'Ars sont très éloignés ; par exemple, notre n° 1 du tome 1er correspond au 22e du Curé d'Ars, notre n° 2, au 111e. La série totale des numéros inscrits sur les sermons que nous éditons s'arrête au chiffre 113.
Ainsi donc il est certain que le Curé d'Ars avait traité deux fois au moins le cycle complet de l'année liturgique, et qu'il l'avait abordé une troisième fois ; il est très probable qu'il avait achevé cette troisième série. Que maintenant on ajoute aux 52 dimanches les principales fètes de l'année, qu'on remarque, de plus, que tous les sermons du Curé d'Ars n'étaient pas destinés à l'instruction du dimanche, mais que plusieurs ont été composés soit en vue d'une retraite (1c), soit pour une autre circonstance particulière, on comprendra que nous n'exagérons pas en disant qu'il devait en avoir écrit près de deux cents.
Le lecteur aura peut-être intérêt à savoir où se trouvent actuellement (mai 1925) les manuscrits dont nous parlons plus haut.
Au moment de la Béatification (janvier 1905), Monseigneur Etienne Delaroche, archiprêtre de Saint-Martin d'Ainay à Lyon, en réunit 81 cahiers, et les enferma, sous le sceau du Card. Coullié, Archevêque de Lyon, dans un artistique coffret d'orfèvrerie, dont les parois de cristal permettaient d'apercevoir l'écriture du Bienheureux.
Apporté à Bome après la Béatification, ce coffret est religieusement conservé, dans le trésor des reliques, à la maison-mère des Chanoines Réguliers de l'Immaculée Conception (2c).
Auprès de ce reliquaire, on conserve un sermon séparé : sur les Morts. Il a été mis dans un cadre à double cristal pour qu'on puisse plus facilement le lire et le vénérer.
Un autre cahier, Sermon sur les Macchabées, inclus dans un précieux reliquaire en cristal et orfèvrerie, fut offert au Souverain Pontife Pie X, dont on connait la dévotion spéciale au Curé d'Ars qu'il espérait canoniser. Le Saint-Père garda un certain temps cette relique sur son bureau, auprès de la statue du Bienheureux qui y resta jusqu'à sa mort (août 1914). Ce reliquaire est encore au Vatican.
Un reliquaire semblable, mais un peu moins précieux, reçut un sermon sur les Devoirs des Parents. On en fit hommage, en 1905, au Card. Pierre Coullié, Archevêque de Lyon, diocèse natal du Bienheureux.
Enfin un 4e sermon, sur l'Aumône, dans un cadre d'orfèvrerie, reprit le chemin d'Ars pour être offert, le 4 août 1905, à Monseigneur Convert, quatrième successeur du Bienheureux. On le vénère au presbytère d'Ars.
Saintes et vénérables pages, tracées par la main du Patron céleste des prêtres voués au ministère des âmes, puissiez-vous lui susciter, nombreux, des émules et des imitateurs.