Jésus, Pierre et Jean (Octobre 1933)
Jésus dit à Pierre : Pais mes brebis (Jean XXI, 17.23). Non pas : Pèse, évalue, critique et juge, mais : Pais mes brebis.
Il dit en parlant de Jean Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne . Non pas : Je viendrai à telle heure ou en tel endroit, mais jusqu'à ce que je vienne.
Or, ces deux paroles sont une seule et même chose ; car, pour paître Ses brebis, il faut qu' Il vienne.
L'effort spirituel, qui consiste à laisser pénétrer en soi son Dieu est frère de l'effort cardiaque d'aimer toujours, d'aimer malgré tout.
Là où l'Esprit est entier, les contingences matérielles importent peu. Et le centre se développe lentement tandis que fuient les horizons anciens.
Pais mes brebis , cela veut dire : En face de chacune d'elles, ressens, éprouve ce qui peut leur être utile, ce qu'elles sont en réalité et ce qu'elles ne sont pas. A défaut de ce savoir, donne sans restriction et si, en se retournant, elles te dévorent, ton Dieu prendra soin de toi.
Ici prend place la seconde parole : Demeure jusqu'à ce que je vienne , que je vienne en toi. Car la venue du Seigneur ne peut devenir universelle tant que le choeur des anges, n'a pas envahi le coeur des hommes.
Toi donc, demeure , c'est tout ce qu'on te demande ; demeure car Mon avènement est proche si ton premier, ton unique souci, c'est Moi.
Et pais mes brebis , car nul autre que Moi-même ne saurait faire cela et, pour que tu puisses participer à cette tâche, il faut que je sois en toi. Ne te laisse pas influencer par les uns et par les autres, regarde-moi et moi seul je te dirai ce dont chacune d'elles a besoin. Les hommes confondent l'amour avec la faiblesse et la vérité avec l'erreur ; ils ne voient pas le chancre intérieur et se laissent prendre aux parfums mortels.
Entre dans ton domaine secret et je viendrai. Parle-moi et je te répondrai. Les circonstances de l'homme te suivront et tu n'auras nul souci de ta défaite ou de ta gloire.
Je suis ton souci unique et le reste ne dépend que de moi.
Pais mes brebis , non pas selon ce qu'elles te demandent, ou selon ce que toi-même tu pourrais désirer obtenir pour elles, mais remets-les entre mes mains ; c'est là tout ce dont elles ont besoin, et c'est aussi là ce qu'on ne fait pas pour elles.
Ton rôle est superflu s'il ne se borne pas uniquement à cela. Vos circonstances actionnées par vous-mêmes ne viennent en premier lieu que de moi ; revenez à moi et tout s'aplanira sous vos pas. Ne cherchez pas parmi les mille choses inutiles ce qui peut vous nuire ou vous servir, car tout est poussière à mes yeux. Il faut que je vienne en ces lieux ; or vous pouvez préparer ma voie ou bien la détruire.
Lorsque mes brebis viendront à moi, vos noms seront gravée dans leurs coeurs, si vous m'avez laissé passer, si vous avez apporté un peu de pâture ; mais elles se détourneront de vous avec effroi si vos clochettes vaines n'ont contribué qu'à allonger leur route et à les faire errer davantage encore sur le chemin.
Voyez-vous, je suis là et j'attends. La Vie aussi attend. Vous croyez pouvoir régler les événements, mais tout a été fait déjà par mon Père et vous n'êtes libres que d'entrer dans la joie ou de rester dans les ténèbres.
L'Epouse, c'est-à-dire la Vie, dit Viens et Moi, le Verbe Esprit, je dis Viens et j'ajoute : Demeure, jusqu'à ce que je vienne en toi.