La Perfection

Tout est perfection. La perfection totale se manifeste en haut et la perfection partielle est manifestée en bas. Mais ce qui est en haut est comme ce qui est en bas .

Si la perfection n était pas à la base de toutes choses, il y a longtemps que plus aucune vie n'existerait et que la création tout entière n'aurait plus de raison d'être.

Nous avons reçu autrefois, ou plutôt il nous a été transmis des Evangiles. Nous avons entendu d'autres paroles depuis, dites par un Être de Bonté qui guérissait les coeurs et les corps malades qui venaient à Lui ; parmi ces paroles est la suivante : Cela a-t-il été dit dans vos Evangiles ? Et le Christ nous dit : J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. (Jean 16, 12). Ceci comporte de nouveaux Evangiles.

Pour que de nouveaux Evangiles soient écrits, ou simplement connus, il faut de nouveaux révélateurs.

Or, nous lisons : Jésus leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; je suis la porte. Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire et qu'il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. (Jean X, 7. 8. 9. 13. 14.)

Tout est perfection, et nous avons entendu également que si nous savions comment les mondes succèdent aux mondes et comment une terre usée et prête à s'effondrer est immédiatement remplacée par une autre, qui attend déjà pour commencer son évolution ; si nous savions combien tout jusque dans les moindres détails, est bien fait, nous ne demanderions jamais le plus petit changement à ce qui se passe autour de nous.

Le Révélateur par excellence nous dit que Ses prédécesseurs étaient des voleurs et des brigands et ceci peut nous surprendre, surtout venant de Lui. Mais Il précise  le mercenaire n'est pas en peine des brebis il ne s'inquiète pas de sa charge autant que de lui-même ; il est personnel. Il est voleur parce qu'il prend pour lui du temps que son Maitre lui a donné pour paître Ses brebis. Il est voleur parce que, s'il a quelques facultés pour être un berger, il ne doit pas tirer de ces facultés des gloires ou des satisfactions personnelles. Il est brigand parce qu'épris de lui-même, il brise autour de lui, au lieu de construire. Il y a des moyens multiples de briser et de voler, tout en sauvant les apparences. Lorsque la brebis a suffisamment adoré un mauvais berger, il n'est plus en peine de son sort.

Je suis la porte , je ne retiens pas pour moi, je suis le Passage et l'affranchissement. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. (Jean X, 11). Qu'il la perde ou qu'il la garde, peu lui importe, pourvu qu'il sauve celle de sa brebis.

Mais il doit venir des bergers après Lui, comme il en est venu avant. Sauront-îls être aujourd'hui autre chose que des mercenaires qui fuient ? Où sont la force, le courage et l'Amour ?

Cependant si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. (Jean X, 9).

Il doit trouver des pâturages, ce qui implique non pas une contemplation de vagues béatitudes, mais une absorption et une assimilation d'aliments nouveaux. Des Evangiles nouveaux.

Celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. (Jean X, 2).

Il a accès aux pâturages spirituels, pouvoir sur les lois de la nature, car le portier lui ouvre, et il appelle les brebis par leur nom, c'est-à-dire qu'il connaît leur véritable essence.

Il possède tout, la vie et la mort, notre composition actuelle et le plus loin, c'est-à-dire les pâturages. Plus encore, il les conduit dehors , il donne la liberté à ses brebis.

J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie, et il faut que je les amène ; elles entendront ma voix (donc elles lui appartiennent) et il y aura un seul troupeau, un seul berger. (Jean X, 16).

Tant que le mercenaire s'enfuit, il ne peut devenir un bon berger, il n'essaie même pas d'entrer par la porte, il ne se dépouille pas de lui-même, il n'appelle pas l'Esprit Universel, le Saint-Esprit.

Entrer par la porte, c'est être pur, c'est-à-dire exempt de toute personnalité, car c'est là le fondement de tout développement spirituel. Le mot impersonnel ne veut pas dire inexistant, car il faut être impersonnel, transformer sa vie, son être, ses sentiments en autre chose que soi.

Il faut transformer son être tout entier en amour du prochain. Quel amour plus beau, plus pur pourrons-nous avoir pour un autre être semblable à nous-mêmes sinon celui qui ne lui prend rien et lui conserve toute sa dignité, toute sa liberté ? Le bon berger est en peine de sa brebis. Il nous a été dit d'aimer Dieu par-dessus toutes choses et notre prochain comme nous-mêmes. Mais de tout ce qui précède ne résulte-t-il pas qu'il faut aimer Dieu par-dessus toutes choses et le voir dans son prochain ? Le voir Lui à travers ce pauvre frère trop faible pour marcher, ou trop triste pour relever la tête, à travers ces enfants spirituels desquels il est dit : Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de votre Père qui est dans les cieux. De même, ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu'il se perde un seul de ces petits. (Matthieu XVIII, 10, 14.)

Et si nous disons que nous ne sommes pas les gardiens de nos frères, nous ne sommes pas seulement des voleurs, des brigands et des mercenaires, mais nous devenons des meurtriers semblables à Caïn qui répondit à l'Eternel, qui cherchait Abel : Suis-je le gardien de mon frère ?

Celui qui est la Porte et le Berger et qui nous promet les pâturages nous confirme la Sainte Unité de toutes choses en nous disant : Celui d'entre vous qui recevra un de ces petits en mon nom, c'est moi-même qu'il reçoit. En mon nom, Son Nom, c'est Lui-même. Les pâturages sont en Lui, parce qu'Il n'est pas seulement Celui qui est venu, mais parce qu'Il est aussi Celui qui vient, il est Celui des nouveaux Evangiles.

La première condition pour n'être plus mercenaire vis-à-vis des brebis consiste à réaliser que notre prochain vaut autant que nous-mêmes, que nous n'avons sur lui aucune supériorité, aucune priorité, aucun droit à des exigences. Ainsi, nous ne le volerons plus de ses attributs divins.

Le Christ nous dit encore comment avoir accès à ces nouveaux Evangiles, ou pâturages qui sont en Lui : L'Esprit de Vérité vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même. (Jean XVI, 13). C'est là le secret de la vérité, car il est dit aussi qu'il ne faut jamais s'arrêter en chemin, quel que soit le point auquel on peut avoir eu accès, car le Chemin est sans fin.

Dès qu'on croit tirer quelque chose de soi-même, on s'arrête, car l'Esprit seul se renouvelle sans arrêt, parce qu'il est celui qui ne parle pas de lui-même, mais celui qui écoute, qui entend et qui transmet.

C'est-à-dire qu'il agit, qu'il reçoit et qu'il ne retient pas pour lui. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. (Ier Ep. aux Corinthiens II, 10). Et que pour les hommes tout ce qui n'est pas le produit d'une conviction est péché. (Ep. aux Romains 14, 23).

Mais le Juif (dans le sens de Juste) est celui qui l'est intérieurement, et la circoncision, c'est celle du coeur, selon l'Esprit, et non selon la lettre. (Ep. aux Romains 11, 29).

Alors à quoi cela nous sert-il de répéter toujours la même lettre, si nous n'y apportons pas un esprit nouveau ?

Il nous a été dit aussi que, pour mettre du vin nouveau, il fallait des outres neuves, et que faisons-nous des ouvriers nouveaux que Dieu envoie sans cesse sur les champs à cultiver et qui pourraient peut-être, en travaillant, devenir ces récipients capables de contenir le vin nouveau ?

Ils ne travaillent pas parce que personne ne les appelle. Gardiens de vos frères, pensez à Celui qui a dit que tant que nous n'avons pas fait plus que ce que nous pouvons faire, nous n'avons rien fait.

Il y a deux mille ans, Il disait aussi : Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles, nous n'avons fait que ce que nous devions faire. (Luc 17, 10).

Il en résulte que nous devons tous faire plus que ce qui nous a été ordonné, c'est-à-dire apprendre plus que ce que nous n'avons appris jusqu'à présent.

Nous avons la Porte et nous avons le Bon Berger, mais les pâturages restent inutilisés et le Portier attend en vain. Soyez en peine de vos brebis, et le Consolateur viendra pour elles et pour vous.

Ne le cherchons pas manifestement, disant il est ici ou il vient là-bas pour lui demander conseil et nous décharger sur Lui de nos responsabilités, mais ouvrons la porte à l'Esprit, à ce Dieu qui donne la vie aux morts, à ces morts que nous sommes, et qui appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient. (Ep. aux Romains IV, 17).

Et quand il sera venu , cet Esprit Nouveau pour nous, le Saint-Esprit, il convaincra le monde , c'est-à-dire que les choses ou compréhensions venues avec lui deviendront incontestables et évidentes par elles-mêmes, en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. En ce qui concerne le péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus (manifestement) ; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. (Jean XVI, 8. 9. 10. 11).

Il convaincra de ces trois choses, car elles sont d'une même essence, à savoir : du péché, de n'avoir pas cru en Celui qui est la Lumière car en Principe était le Verbe ; du jugement, du mal lequel en Principe est néant ; et de la justice en ce que le Principe retourne à son Principe, et la Lumière à la Lumière, sans que tout ce qui n'a pu La recevoir encore puisse arriver à la ternir d'aucune façon.

Lorsque l'Esprit Saint visite un coeur devenu impersonnel et tout amour, il éloigne de lui tout péché, car l'Agneau lui-même l'habite. L'Amour (charité) ne cherche pas son intérêt , (Ire Ep . aux Corinthiens XIII), et, l'Esprit ramène en ce coeur l'équilibre, en ce sens que la Lumière qui souffre en nous en ce monde retourne au Père et retrouve cette union qui est l'Harmonie Céleste, et que, le prince de ce monde étant jugé, il n'y a plus de place pour la menace, ni la rétribution, ni l'amertume, parce que le mal qui fut existant en nous a été transformé en vérité. Et si la Vérité habite réellement en nous et que nous ayons pitié de quelqu'un, cette Vérité deviendra du pain du fait de ce que nous aurons ressenti. Même en appliquant ceci aux circonstances purement matérielles et malheureuses de notre existence terrestre, nous y trouvons la clef du soulagement, car l'amour génère l'amour et souvent la main de celui dont on a pu toucher le coeur agit en notre faveur.

Tout est perfection, d'après laquelle il ne s'agit que de pouvoir régler sa vie.

Le seul absolu vers lequel nous devons et nous pouvons aspirer ici-bas, c'est la Présence de l'Esprit.