Emile BESSON.octobre 1966.


NOTRE FOI

Nous avons reçu la lettre suivante :

Nous sommes quelques amis qui nous sommes unis par le même désir de nous instruire, d'avoir une vie intelligente, surtout une vie belle. Nous avons cherché la Vérité dans les écoles et dans les organisations constituées ; nous avons trouvé dans l'ésotérisme et dans les disciplines extrême-orientales des idées intéressantes, mais rien pour notre coeur, rien pour la conduite de la vie. Nous avons lui quelques livres de Sédir, nous lisons votre, bulletin. Cette lecture nous touche ; mais jusqu'à présent elle nous apparaît comme la floraison très belle d'un arbre que nous ne connaissons pas. Nous aimerions en savoir davantage. Voudriez-vous nous dire exactement votre foi ? ».

Cette requête nous émeut. A l'intention de nos correspondants nous avons inséré dans le présent bulletin la déclaration de principe des « Amitiés Spirituelle » dont à l'ordinaire nous ne pouvons publier qu'un fragment.

De même que nos correspondants, nous sommes des amis, quelques-uns se connaissant de longue date, qui nous sommes unis par une même expérience et par un même idéal. Pendant des années nous avons consumé nos forces dans le recherche de la Vérité, mais cette Vérité reculait devant nous à mesure que nous tendions vers elle nos bras et nos coeurs, si. bien que, pour beaucoup d'entre nous, qui voulaient lutter quand même et chercher malgré tout, ce fut l'attente où l'on n'attend plus rien, l'espérance où l'on n'espère plus rien. Plus nombreux sont ceux d'entre nous qui ont été bouleversés par les épreuves de la vie, par les chagrins, par ces peines dont nous n'arrivions pas à comprendre la cause et moins encore le motif. Surtout la souffrance des êtres, la souffrance des petits, la souffrance qui écrase le monde. Nos coeurs étaient dans la nuit, dans une nuit qui nous paraissait sans aurore.

C'est alors que nous avons rencontré Sédir. Il n'a pas raisonné, il n'a pas discuté ; il' nous a fait comprendre que c'est le plan de l'Adversaire de nous pousser au désespoir à la suite de vaines recherches, à la suite de notre raidissement devant l'épreuve, afin d'entraver, de paralyser si possible notre élan vers le Divin. Alors il nous a réappris la prière, non pas le rite froid, mais l'élan de l'âme vers Dieu, la flamme qui jaillit spontanément du coeur et il nous a donné la joie de la communion avec Dieu. En même temps, il nous a fait comprendre que Dieu est en tout et que tout est éclairé par la présence de Dieu ; il nous a appris à mettre le Christ, à mettre Dieu dans tout ce que nous faisons : prière on lecture, action ou repos, méditation ou effort. Il- nous a appris que, lorsque le coeur s'embrase, il communique sa flamme à toute la vie. Et c'est pourquoi, malgré nos faiblesses, nous avons voulu être les ouvriers du Royaume de Dieu et dire an monde ce que Dieu a fait pour nous.

Notre foi n'est ni une théorie ni une doctrine notre foi est une personne : Jésus-Christ ; et, si nous suivons cette personne, c'est dans le désir non pas de raisonner sur elle, mais de marcher sur ses traces. Nous ne sommes ni des prédicateurs ni des propagandistes, nous ne voulons pas discourir sur notre foi, nous voulons nous efforcer de la vivre.

Notre rencontre avec l'Evangile, avec le Christ a marqué pour nous un changement irréversible. Notre vie a été une autre existence ; nous n'avons plus aimé ce que nous aimions naguère, nous avons appris à aimer ce que nous n'aimions pas.
 

Nous avons perdu le goût de la recherche ; nous n'ambitionnons plus de savoir sur Dieu, sur le monde, sur la vie, notre désir est de vivre la vie telle qu'à la lumière de l'Evangile nous la comprenons. Notre volonté est d'être aussi sincères avec, nous-mêmes qu'il est possible. C'est si facile de dire, c'est si difficile de faire !

L'oeuvre de Sédir présente cette particularité remarquable - qui est sa caractéristique - d'unir le sens idéaliste le plus vif et le sens pratique le plus réel. Sédir a été avant tout un réalisateur. Il disait : « A mes yeux les aspirations très nobles, les méditations sublimes ne prennent leur force entière que si elles sont conduites jusqu'à des actes où elles se corporisent ».

Cela ne veut pas dire que le disciple du Christ soit appelé à des tâches extraordinaires. Au contraire. Sédir écrivait : « Notre travail n'est pas l'extraordinaire ni l'exceptionnel. Nous n'avons à mettre du Divin que seulement et uniquement dans la vie commune ».

Sédir a donné à ses « Amitiés Spirituelles » cette devise : « Comme Jésus nous a aimés, nous aussi aimons-nous les uns les autres ». Non un amour sentimental, mais un service : monter les étages, aller voir les malheureux, les malades chez eux et à l'hôpital, ne ménager ni son temps ni sa peine, ni ses pas ni son argent pour aider ceux qui ont besoin, prendre sur soi leur détresse et y faire face comme si vraiment elle était la nôtre. Il nous demandait de prendre à la lettre les paroles de l'Evangile où le Christ S'identifie avec les souffrants et où Il déclare : « J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire... Tout ce que vous avez fait à l'un quelconque de ces malheureux, c'est à moi-même que vous l'avez fait ». Il parlait de l'Evangile, il expliquait l'Evangile, et il disait :
« Je vous prie de bien comprendre que l'Evangile n'est pas un livre de science, de philosophie ou d'ésotérisme ; c'est une invitation à agir ». Il disait que l'amour seul donne la connaissance et il ajoutait : « L'amour en émotions jamais ne montera plus haut que les étoiles ; l'amour incarné en sacrifices seul atteindra les éternels parvis ».

Ceux qui ont vécu auprès de Sédir savent que son obéissance lui a donné le pouvoir de relever ceux qui sont tombés, de consoler ceux qui pleurent, de rassurer les désespérés, de guérir les malades.

Nous terminerons avec une parole de Sédir : « Nous sommes nés d'un groupe amical, nous sommes des amis collaborant à une même oeuvre ; nous resterons des amis on bien nous disparaîtrons. Pour nous, l'amitié, c'est le culte du même idéal, l'observance de la même discipline, la réalisation des mêmes actes ; et, parce que notre idéal se nomme le Christ, notre discipline l'Evangile, nos actes l'en tr'aide fraternelle et la prière, nous croyons notre amitié la plus pure, la plus haute, la plus solide »

« Notre tâche est immense, elle est humainement impossible ; nous l'entreprenons cependant, car notre Maître Se charge de l'impossible, pourvu que nous, nous fassions notre possible ».