DÉVIATIONS DU BOUDDHISME PRIMITIF
Déification du Bouddha
Ainsi, le Bouddhisme promet la paix de l'esprit et du coeur, mais en interdisant à l'esprit tout ce qui fait sa raison d'être et en anesthésiant le coeur. Que vaut la sagesse obtenue au prix de ce double suicide intellectuel et moral ? Le coeur et la raison ont protesté contre ces solutions négatives ; la doctrine areligieuse est devenue une religion et le penseur agnostique, un dieu. Il est curieux de remarquer que la légende du Bouddha - qui seule nous est parvenue - est pleine de surnaturel. Lui qui fut athée, ou pour le moins agnostique, les dieux sont représenté constamment autour de lui ; à sa naissance, Indra et Brahmâ le reçoivent entre leurs bras ; les dieux favorisent son évasion ; sa mère devenue déesse (Mâyâ Dêvî) le supplie de renoncer aux macérations ; les dieux le conduisent à l'arbre de la Bodhi ; des prodiges s'accomplissent au ciel, sur terre et dans l'enfer à l'heure de son illumination ; les dieux et même les démons présentent leurs hommages au nouveau Bouddha et écoutent son enseignement ; au moment de sa mort, une mélodie céleste se fait entendre : ce sont les dieux qui chantent les louanges du Bienheureux avant de le recevoir, en attendant que lui-même, qui ne s'est jamais occupé des dieux, devienne, dans la piété de ses disciples, l'objet de l'adoration réservée aux êtres divins. De bonne heure, en effet, ses reliques furent portées dans les principales villes de l'Inde et enfermées dans des monuments appelés stûpas où elles furent honorées par des offrandes de cierges, de fleurs et de parfums ; de même les lieux de sa naissance, de son illumination, de sa première prédication et de sa mort devinrent sacrés, ils furent le but de pèlerinages et l'occasion de réjouissances périodiques, surtout l'endroit où eut lieu l'illumination, sous l'arbre de la Bodhi ; des images et des statues du Bouddha furent également très vite à la mode et on les porta processionnellement dans des fêtes. Rien ne fut assez beau pour célébrer l'apôtre de la pauvreté et du renoncement. Si Gautama avait prêché un Dieu, il n'aurait jamais pu devenir que le prophète de ce Dieu ; mais, ayant banni toute divinité de son ciel, il en devint lui-même le dieu, sans en avoir jamais le titre, puisque le mot Dieu n'existait pas dans son enseignement.
Grand Véhicule
Il y a eu, au cours de l'histoire, plusieurs espèces de Bouddhismes que les docteurs du moyen âge ont groupées sous trois grandes dénominations : Véhicule inférieur, grand Véhicule et Véhicule tantrique ou Véhicule des formules magiques, Le terme Véhicule (yâna), moyen de salut, désigne toute discipline qui prétend réaliser la fin dernière, c'est-à-dire la délivrance de la transmigration. Sous le nom de "Véhicule inférieur" ou "petit Véhicule" (Hînayâna), les adeptes du Grand Véhicule (Mahâyâna) ont désigné les systèmes et la règle de vie des anciennes écoles monastiques. Ces écoles se réclamaient d'une tradition remontant au Bouddha lui-même. Le Grand Véhicule ne conteste pas cette prétention, mais se vante de mener plus loin et plus commodément un plus grand nombre de créatures ; d'où son nom. Quant au Véhicule Tantrique, il consiste dans la superposition des éléments bouddhiques à des mythologies et des pratiques païennes ; il repose sur des apocalypses qu'on appelle tantras ("livres") ; de là son nom ; et il prétend qu'on devient Bouddha par la magie et le rite. C'est dans les livres sacrés du Petit Véhicule qu'il faut chercher l'enseignement de Gautama, que nous avons exposé dans les chapitres qui précèdent. Ces livres comprennent deux corbeilles (pitakas) : la corbeille des discours {sûtras, en pâli suttas) (30), qui renferme la Loi (dharma, en pâli, dhamma) et la corbeille contenant les règles de discipline (vinaya) (31). De ce canon nous n'avons en entier et dans l'original que la rédaction pâlie.
Deux sectes, la secte des Vibhajjavâdins, de la langue pâlie, et la secte sanscrite des Sarvâstivâdins possèdent seules une troisième corbeille "d'explication approfondie de la doctrine" (abhidharma), certainement beaucoup plus récente que les deux autres corbeilles et chacun de ces deux abhidharmas constitue une collection entièrement distincte de l'autre (32). Nous avons vu que l'enseignement du Bouddha ne comporte pas un système philosophique, mais qu'il est une méthode pour arriver au salut. Le Grand Véhicule déclare que le Maître n'a pas nécessairement dit toute sa pensée et il introduit la thèse du double enseignement : l'un préparatoire, l'autre complet, et la distinction, plus dangereuse encore, des deux vérités : la vérité d'apparence, qui contient la doctrine traditionnelle, et la vérité vraie, qui se résume dans le mot "vacuité" (çunyatâ).
Pour le Grand Véhicule, en effet, le vrai savoir est un non-savoir, ni négation ni affirmation, l'absence de toute idée ; donc la vérité des sages est le silence ; on ne peut pas dire que les choses existent, ni qu'elles n'existent pas, car elles sont vides. Donc l'expérience est illusion et la méditation de l'inexistence détruit l'illusion. Mais la doctrine du Grand Véhicule ne se trouve-t-elle pas en germe dans le rationalisme et l'irréligion du Petit Véhicule ? Dans le Petit Véhicule, les sentiments pour le Maître disparu sont pénétrés d'une profonde affection ; il est la bonté et la sagesse personnifiées ; sa vie est l'unique type de vie parfaite ; on ne le prie pas, mais on se souvient de lui ; si le Maître n'est plus en relation avec ses disciples, ceux-ci demeurent en relation avec lui. On aboutit donc ainsi à une sorte de culte et ce culte devient nécessaire au salut, car il est l'occasion d'une édification morale et intellectuelle que rien ne peut remplacer ; mais il n'est pas à proprement parler religieux, quoique le Bouddha, incarnant les aspirations religieuses de toute une collectivité, ait pris des aspects très varies et inspiré des dévotions très diverses. Or, dès les environs de l'ère chrétienne, les bouddhistes ont des dieux vivants, miséricordieux, quasi éternels, dont ils vénèrent les icônes ou les symboles et auxquels ils adressent des prières. Nous avons vu que, dans la spéculation indienne, les dieux sont d'anciens maîtres de l'ascétisme, des magiciens, des savants ou des saints. Or, le Bouddha est égal aux plus grands en austérité, en science et en vertu ; il n'est donc pas étonnant qu'il ait pris place dans le panthéon hindou. On se le représente riche du mérite acquis au cours de nombreuses transmigrations, régnant depuis plusieurs siècles dans le ciel sublime des dieux Tushitas, "dieux satisfaits ou sereins", sous la forme d'un éléphant blanc à six défenses ; c'est sous cet aspect qu'il entra dans le sein de sa mère endormie. Ici le Bouddhisme a visiblement subi l'influence de l'Hindouisme, car cette dernière incarnation du Bouddha est, non pas une renaissance à proprement parler, mais bien une descente (avatâra) dans le genre de celles où la piété populaire voyait les manifestations du dieu Vishnu. C'est ainsi que la scolastique organise le dogme du Bouddha supranaturel, supérieur au monde (lokattara), prédestiné à devenir le plus grand des dieux.
BOUDDHAS ET BODHISATTVAS
Mais la doctrine primitive devait subir d'autres modifications. On comprend que les Indiens, aux yeux de qui aucun horizon ne bornait la vie universelle et pour qui des grandeurs et des chiffres gigantesques traduisaient le sentiment écrasant de la petitesse humaine, ne pouvaient pas considérer ce qui semblait le centre de leur temps et de leur monde comme le centre unique de tous les temps et de tous les mondes. Ils furent donc amenés à penser qu'en des temps déterminés des êtres déterminés doivent devenir des Bouddhas, tous reproduisant les caractères, tous accomplissant les gestes de Gautama le Çakyamuni, comme lui-même a dit et fait ce que les autres Bouddhas avaient dit et fait avant lui depuis des temps immémoriaux. La doctrine que prêche un Bouddha se conserve un temps déterminé, puis disparaît, jusqu'à ce qu'un autre Bouddha apparaisse et de nouveau "fasse tourner la roue de la Loi". Les futurs Bouddhas sont appelés Bodhisattvas. Le Bodhisattva par excellence est Maitreya (en pâli Metteyya), "l'Etre plein d'amour" qui doit succeder immédiatement à Gautama. Ensuite on enseigna que les Bouddhas ne sont que les manifestations visibles de Bouddhas surnaturels, les Dhyâni-Bouddhas ou Bouddhas de contemplation, au nombre de cinq. Chacun de ces Dhyâni-Bouddhas émane de sa substance un être divin, éternel, appelé Dhyâni-Bodhisattva qui est à son tour le "Verbe" d'un Bouddha humain. Il y a donc cinq trinités ou triades formées chacune d'un Dhyâni-Bouddha, de son Dhyâni-Bodhisattva et de son Bouddha humain ; la plus connue est celle qui comprend Amitâbha (diminutif Amida) " Lumière infinie", Avalokiteçvara, le "Compatissant" et Gautama.
Il y a aussi des divinités féminines d'une tendresse maternelle, qui portent le nom de Târâs," Sauveuses" ou "Etoiles". Ainsi on aboutit à un véritable polythéisme qui devait dégénérer en magie et en sorcellerie. Quelques docteurs mahâyânistes, vers le V ème siècle de notre ère, essayèrent de canaliser ce mouvement en imaginant un Etre suprême, l'Âdi-Bouddha, Sagesse et Raison absolues, Bouddha primordial, unique, dont tous les autres ne sont que des émanations ; copie en somme de l'ancien Brahmâ ou équivalent de l'Âme universelle du Brahmanisme. Le polythéisme du Grand Véhicule redevient panthéisme. La conception du nirvâna se modifie également. Une notion aussi centrale, but des efforts, raison d'être de tous les travaux, ne pouvait demeurer imprécise. L'agnosticisme primitif devient un matérialisme total, doublé d'un nihilisme métaphysique ; pour le Grand Véhicule, en effet, le monde sensible étant le néant, sa destruction aboutit, non au néant, mais au vide (çûnyatâ), qui n'est ni le Néant ni l'Etre, mais un état pur, inconcevable, aussi éloigné du Néant que de l'Etre. Toutefois, la piété populaire tend à le remplacer par des paradis, par des "terres bienheureuses" peuplées d'élus et de saints, comme la délicieuse contrée de Sukhâvatî, plus faciles à atteindre et surtout à concevoir que ce nirvâna tout métaphysique. D'autre part, le Petit Véhicule ne se préoccupait que du salut individuel ; le but du fidèle n'était pas tant le Bouddha que l'arhat, c'est-à-dire l'être qui a réduit au minimum la prise du monde extérieur sur lui.
Le Grand Véhicule lutte contre l'égoïsme religieux ; il poursuit le salut de toute l'humanité ; son adepte aspire donc à être, non plus un arhat, mais un bodhisattva ; en d'autres termes, suivant l'expression d'Oltramare, le Petit Véhicule veut faire du pécheur un être sauvé, le Grand Véhicule veut en faire un sauveur (33). Bien plus, le saint n'aspire plus, comme l'arhat, à posséder au plus tôt le nirvâna, il veut retarder le plus possible le moment de cette béatitude, afin d'accumuler les bonnes actions et d'en appliquer les mérites aux hommes (34). C'est ainsi qu'on représente le Bodhisattva Avalokiteçvara décidant de ne pas devenir Bouddha avant d'avoir introduit toute les créatures dans le nirvâna. Le fidèle du Grand Véhicule veut être un "futur Bouddha" et puise ses inspirations dans cette extraordinaire épopée des 547 dernières "naissances" (jâtakas) du Maître que la Communauté façonne et vulgarise à cette époque. La charité (maitrî, en pâli mettâ) de l'ancien Bouddhisme, qui n'était qu'une disposition de bienveillance étrangère à toute sympathie, se mue en une fièvre d'amour ; le seul moyen de ne pas s'aimer soi-même, c'est d'aimer les autres comme soi-même. Le bodhisattva sacrifie tout, "comme un arbre qui produit des fruits et ne les mange pas lui-même" ; même il prend sur lui les douleurs et laisse aux autres les mérites. Le fidèle s'ingénie donc à ne jamais penser à lui-même s'il mange, ce n'est pas pour se sustenter, mais pour alimenter les 84.000 micro-organismes logés dans le corps ; s'il évite le péché et accumule les bonnes actions, ce n'est pas pour se préserver de l'enfer et des mauvaises destinées, c'est parce que les damnés, les animaux, les infirmes et les indigents sont inutiles au prochain. Ainsi, à l'inverse de l'adepte du Petit Véhicule qui, par l'extinction de tout désir, se préparait au nirvâna, le fidèle du Grand Véhicule s'efforce de détruire l'idée du "moi", non seulement par la recherche philosophique et la méditation du vide, mais surtout par la pratique de l'aumône, de l'humilité, du renoncement (35). Mais il faut ajouter que cette folie de charité n'a jamais dépassé les limites d'un enthousiasme littéraire et tout platonique, car les textes mahâyânistes répètent volontiers que l'intention vaut le fait, que la charité mentale ou symbolique est aussi féconde que la charité effective. Quant aux moines, qui n'ont rien à donner, le grand don est le don de la "parole" et, de fait, l'esprit missionnaire des bouddhistes a été remarquable. Seulement, de nouvelles déviations étaient inévitables. L'amour du prochain aboutit a un véritable laxisme ; le saint doit commettre un péché s'il y voit quelque utilité pour autrui ; la pureté d'intention, l'amour désintéressé des créatures justifie tout, témoin l'histoire de ce moine fidèle depuis 42.000 ans au voeux de chasteté et qui condescend par charité aux désirs d'une folle. En récitant à midi les formules d'hommage aux Bouddhas, le fidèle efface tous les péchés qu'il a pu commettre depuis l'aube ; les prières du soir purifient des souillures de l'après-midi ; celles du matin des souillures de la nuit. Même il suffit de prononcer une seule fois le nom d'Amitâbha pour être sauvé. Il est évident que le Grand Véhicule a diminué les forces de résistance de l'organisme monachique et précipité la ruine du Bouddhisme indien.
TANTRISME
L'Inde était restée païenne en dépit des spéculations théologiques. Mais celles-ci ont fourni à l'Hindouisme des fragments de doctrine. Aussi l'adepte des Tantras, pour devenir un Bouddha, a-t-il recours, à coté de la "méditation du vide", à des formules magiques ou à l'hypnose. En même temps, les dieux païens deviennent les seuls Bouddhas et leurs épouses les seules Sauveuses (Târâs). Au reste, à aucun moment le Bouddhisme n'a rompu avec les dieux ; en tant que chemin de la délivrance, il ne connaît, nous l'avons vu, ni castes ni dieux, mais il ne contesta jamais le pouvoir des divinités ; de plus, ne possédant aucun rite pour la naissance, le mariage ou la mort, il laissait ses adeptes recourir aux génies, aux incantations, aux charmes, aux rites des sorciers ou des magiciens. La morale bouddhique avait beau condamner ces pratiques, aucun bouddhiste n'a jamais mis en doute leur efficacité. Certains ascètes étaient considérés comme ayant un pouvoir sur les hommes et sur la nature ; c'étaient des exorcistes et des guérisseurs ; le Petit Véhicule déjà attribuait aux plus éminents le rang de "Bouddha individuel" (pratyekabuddha). Dans le Grand Véhicule il y a des hymnes et des litanies en l'honneur des Bouddhas, des Bodhisattvas et des Târâs. Mais la magie se lie à la piété, il faut prier suivant les rites ; les mots magiques deviennent des talismans (36).
Dans le Tantrisme, des formules magiques circulent, appelées dhâranîs ou mantras, formules composées de caractères sanscrits groupés en mots n'appartenant le plus souvent à aucune langue connue et ayant un pouvoir sur les éléments, les génies, les dieux, les Bodhisattvas et même les Bouddhas ; seulement il faut les réciter sans changer un mot et en prononçant exactement toutes les lettres de chaque mot, chacune ayant une valeur mystique propre (37). Par ces formules l'initié était censé échapper à l'enchaînement des renaissances et atteindre dès cette vie au nirvâna (38). Le plus célèbre de ces mantras, la "Science en six syllabes", le om mani padme hûm ( ô le joyau dans le lotus. Amen.) (39) est attribué au Bouddha lui-même. De plus, des dieux hindous, plus démons que dieux, obtiennent, pour la première fois dans l'histoire du Bouddhisme, les honneurs de la littérature et de l'iconographie. Puis ce sont les expériences de magie, les rituels et les spéculations de "la main gauche", les évocations de divinités, horde grimaçante de génies monstrueux, dont le chef est Çiva sous ses multiples aspects et son épouse, elle aussi une et multiple. On décrète que toutes les créatures sont le corps spirituel et vide du Bouddha ; bien plus, que chacune est le Bouddha. La théosophie tantrique proclame du reste que "tout est pur pour les pur", que le mal ne réside que dans l'intention et que la pureté d'intention résulte de la "connaissance du vide" ; l'initié peut faire tout ce qu'il veut, pourvu qu'il garde pure sa pensée. Le Tantrisme a contribué à la décadence et à la disparition de la "Bonne Loi". Et si le Bouddhisme résista, ce ne fut que grâce aux institutions disciplinaires du Petit Véhicule.
30) divisée en 5 nikâyas
31) qui comprend 3 sections ou vargas ( en pâli vagga )
32) C'est la réunion de ces trois corbeilles -Tripitaka (en pâli Tipitaka) - qui constitue le canon des Ecritures bouddhiques. Il fut rédigé au concile de Pâtaliputra (Patna) tenu vers 244-242 avant J. -C. , sous le roi Açoka ou Priya-Darçi (en pâli Piyadasi), le Constantin du Bouddhisme.
33) Ainsi se trouve résolue la difficulté que l'ancienne théologie avait écartée : comment, par la volonté et par l'acte, peut-on annuler la volonté et stériliser l'acte ? Le Grand Véhicule répond : l'intention donnant à l'acte sa valeur karmique, l'acte est salutaire dès que l'intention le dirige, non vers le sujet, mais vers autrui.
34) Il est à peine besoin de souligner que cette conception est l'antithèse de la doctrine primitive d'après laquelle chacun est strictement et mécaniquement responsable de ses propres actions.
35) C'est ainsi que le Bouddha, dans son avant-dernière incarnation, donne à un brahman mendiant sa femme et ses deux enfants ; plus anciennement, étant lièvre, il prie un brahmane affamé d'allumer un grand feu et il s'y précipite, se donnant comme nourriture à celui qui n'en avait pas ; dans une autre existence, étant roi des hommes, sous le nom de Civi, il donne des richesses, son royaume, ses vêtements, sa femme et ses enfants ; ne possédant plus que son corps, il donne encore ses mains et ses pieds à des infirmes et ses yeux à un brahmane aveugle. _ Toutefois, il convient ici de bien se souvenir que, s'il est représenté faisant tous ces sacrifices, c'est pour parvenir plus tard à l'état de Bouddha, de sorte que l'altruisme tant vanté du fidèle n'est au fond qu'un égoïsme bien compris. (cf. de la Vallée-Poussin, p. 297-300)
36) Par exemple, la fameuse syllabe sacrée om qui remonte aux temps les plus reculés.
37) Les choses n'ayant qu'une existence idéale, le mot qui représente un objet à la même valeur que cet objet.
38) Ce système renferme des éléments très anciens, mais ne paraît s'être constitué que vers le VIIIe siècle de notre ère.
39) C'est la Dhâranî d'Avalokiteçvara ; pour beaucoup de Tibétains elle résume le Bouddhisme tout entier.