2ème Livre des Maccabées 9 à 15

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2M9.1 Or vers ce temps-là, il se trouvait qu'Antiochus était revenu sans gloire des régions de la Perse.

2M9.2 Il était en effet entré dans la ville du nom de Persépolis et y avait entrepris de piller le temple et d'opprimer la ville. Aussi bien, la foule se soulevant recourut aux armes, et il arriva qu'Antiochus, mis en fuite par les habitants du pays, dut opérer une retraite humiliante.

2M9.3 Comme il se trouvait du côté d'Ecbatane, il apprit ce qui était arrivé à Nikanor et aux gens de Timothée.

2M9.4 Transporté de fureur, il pensait faire payer aux Juifs l'injure de ceux qui l'avaient mis en fuite. Il ordonna donc au conducteur de pousser son char sans s'arrêter pour hâter la fin du voyage, alors qu'il était déjà sous le coup de la sentence du Ciel. Il avait dit en effet dans son orgueil: «Je ferai de Jérusalem la fosse commune des Juifs quand j'y serai arrivé».

2M9.5 Mais le Seigneur qui voit tout, le Dieu d'Israël, le frappa d'une plaie incurable et invisible. A peine avait-il achevé cette phrase qu'une douleur d'entrailles sans remède et une colique aiguë le saisirent,

2M9.6 ce qui n'était que justice puisqu'il avait torturé les entrailles d'autres hommes par des tourments nombreux et inédits.

2M9.7 Mais il ne rabattait rien de son arrogance; toujours rempli d'orgueil, il exhalait contre les Juifs le feu de sa colère et commandait d'accélérer le voyage. Soudain il tomba du char qui roulait avec fracas: entraînés dans une chute malheureuse, tous les membres de son corps furent tordus.

2M9.8 Et cet homme qui tantôt croyait, dans sa jactance surhumaine, pouvoir commander aux vagues de la mer et qui s'imaginait peser dans la balance la hauteur des montagnes, gisait à terre et dut être transporté dans une litière, rendant évidente aux yeux de tous la puissance de Dieu.

2M9.9 C'était au point que les yeux de l'impie fourmillaient de vers, qu'avec d'atroces douleurs sa chair encore vive partait en lambeaux et que, à cause de la puanteur, toute l'armée avait le coeur soulevé par cette pourriture.

2M9.10 Celui qui peu avant pensait toucher aux astres du ciel, personne maintenant ne pouvait le transporter à cause de l'incommodité insupportable de cette odeur.

2M9.11 C'est enfin à ce moment qu'il commença, brisé, à dépouiller cet excès d'orgueil et à prendre conscience de sa situation sous le fouet divin, torturé par des crises douloureuses.

2M9.12 Comme il ne pouvait lui-même supporter l'odeur qu'il répandait, il avoua: «Il est juste de se soumettre à Dieu et, simple mortel, de renoncer à s'égaler à la divinité».

2M9.13 Mais la prière de cet être abject allait vers un maître qui ne devait plus avoir pitié de lui:

2M9.14 il promettait de déclarer libre la ville sainte vers laquelle il s'était hâté pour la niveler et en faire une fosse commune,

2M9.15 de rendre égaux aux Athéniens ces Juifs qu'il avait jugés indignes même d'une sépulture et bons à servir de pâture aux oiseaux de proie ou à être jetés aux fauves avec leurs enfants,

2M9.16 d'orner des plus belles offrandes le saint Temple qu'il avait jadis pillé, de lui restituer au multiple tous les vases sacrés et de subvenir de ses propres revenus aux frais des sacrifices.

2M9.17 Il promettait de plus de devenir un Juif et de parcourir toutes les régions habitées en proclamant la puissance de Dieu.

2M9.18 Mais comme ses souffrances ne se calmaient d'aucune façon, car le jugement équitable de Dieu pesait sur lui, désespérant de son état, il écrivit aux Juifs la lettre transcrite ci-dessous, sous forme de supplique, et libellée ainsi:

2M9.19 «Aux excellents Juifs, aux citoyens, Antiochus roi et préteur: joie, santé et bonheur!

2M9.20 Si vous vous portez bien ainsi que vos enfants, si vos affaires vont suivant vos désirs, nous en rendons de très grandes actions de grâce.

2M9.21 Quant à moi, je suis alité sans force depuis quelque temps, mais je garde de vous un affectueux souvenir. A mon retour des régions de la Perse, étant tombé dans une faiblesse inquiétante, j'estimai nécessaire de penser à la sécurité de tous.

2M9.22 Je ne désespère pas de mon état, j'ai au contraire le ferme espoir d'échapper à cette faiblesse,

2M9.23 mais considérant que mon père, à l'époque où il fit campagne contre les pays d'en haut, désigna lui aussi son successeur,

2M9.24 afin qu'en cas d'un événement inattendu ou d'une nouvelle fâcheuse les habitants du pays n'en soient troublés, mais sachent à qui la succession des affaires avait été laissée,

2M9.25 songeant en outre que les dynastes proches de nous et les voisins de notre royaume guettent le moment favorable et attendent les éventualités, j'ai désigné pour roi mon fils Antiochus, que souvent j'ai confié et recommandé à la plupart d'entre vous quand j'avais à monter en hâte vers les satrapies d'en haut. Je lui ai adressé la lettre transcrite ci-dessous.

2M9.26 Je vous prie donc et vous demande de vous souvenir des bienfaits que vous avez reçus de moi en public et en particulier et de conserver chacun la bienveillance que vous avez pour moi et pour mon fils.

2M9.27 Je suis en effet persuadé que, plein d'humanité, il suivra scrupuleusement mes intentions et s'entendra bien avec vous».

2M9.28 Ainsi ce meurtrier et ce blasphémateur, après avoir souffert d'horribles douleurs, comme il en avait infligé à d'autres, eut le sort, lamentable entre tous, de perdre la vie sur une terre étrangère, en pleine montagne.

2M9.29 Son corps fut ramené par Philippe, son ami intime, mais comme il se méfiait du fils d'Antiochus, il se retira en Egypte auprès de Ptolémée Philométor.

2M10.1 Maccabée, avec ses compagnons, recouvra sous la conduite du Seigneur le sanctuaire et la ville.

2M10.2 Il détruisit les autels élevés sur la place publique par les étrangers ainsi que les lieux de culte.

2M10.3 Après avoir purifié le Temple, ils bâtirent un autre autel; ils tirèrent des étincelles de pierres à feu, prirent du feu à cette source et offrirent un sacrifice après 2 ans d'interruption; ils firent fumer l'encens, allumèrent les lampes et exposèrent les pains.

2M10.4 Ayant accompli ces rites, ils prièrent le Seigneur, prosternés sur le ventre, de ne plus les laisser tomber dans de tels maux, mais, s'il leur arrivait jamais de pécher, de les corriger avec mesure et de ne pas les livrer à des nations blasphématrices et barbares.

2M10.5 Ce fut le jour même où le Temple avait été profané par des étrangers que tomba aussi le jour de la purification du Temple, le 25 du même mois, qui est Kislew.

2M10.6 Ils célébrèrent avec allégresse les 8 jours à la manière des Tentes, se souvenant comment, il y a peu de temps, ils avaient passé les jours de la fête des Tentes en gîtant dans les montagnes et dans les grottes à la façon des bêtes sauvages.

2M10.7 C'est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verts et des palmes, ils firent monter des hymnes vers celui qui avait mené à bien la purification de son lieu saint.

2M10.8 Ils décrétèrent par un édit public, confirmé par un vote, à l'adresse de toute la nation des Juifs, que chaque année ces jours seraient célébrés.

2M10.9 Telles furent donc les circonstances de la mort d'Antiochus surnommé Epiphane.

2M10.10 Nous allons maintenant exposer les événements qui concernent Antiochus Eupator, fils de l'impie, en résumant les calamités liées aux guerres.

2M10.11 Ayant hérité du royaume, ce prince nomma en effet à la tête des affaires un certain Lysias, le stratège en chef de Coelésyrie et de Phénicie.

2M10.12 Quant à Ptolémée, surnommé Makrôn, le 1er à observer la justice à l'égard des Juifs à cause des torts qu'on leur avait infligés, il avait essayé de les administrer pacifiquement.

2M10.13 Accusé en conséquence par les amis du roi auprès d'Eupator, il s'entendait appeler traître à toute occasion pour avoir abandonné Chypre que lui avait confiée Philométor et avoir passé du côté d'Antiochus Epiphane. N'ayant pas fait honneur à la noblesse de sa dignité, il quitta la vie en s'empoisonnant.

2M10.14 Gorgias, devenu stratège de la région, entretenait des troupes mercenaires et saisissait toutes les occasions pour faire la guerre aux Juifs.

2M10.15 En même temps, les Iduméens, maîtres de forteresses bien placées, harcelaient les Juifs et, ayant accueilli les proscrits de Jérusalem, se mettaient à fomenter la guerre.

2M10.16 Mais Maccabée et ses soldats, après avoir fait des prières publiques et demandé à Dieu d'être leur allié, se mirent en marche contre les forteresses des Iduméens.

2M10.17 Après une attaque vigoureuse, ils s'emparèrent de ces positions et repoussèrent tous ceux qui combattaient sur les remparts; ils égorgeaient ceux qui tombaient entre leurs mains et n'en tuèrent pas moins de 20.000.

2M10.18 9.000 hommes au moins s'étant réfugiés dans 2 tours particulièrement fortes, munies de tout ce qu'il faut pour soutenir un siège,

2M10.19 Maccabée laissa pour les assiéger Simon et Joseph avec Zachée et les siens en nombre suffisant et partit lui-même pour des endroits où il y avait urgence.

2M10.20 Mais les gens de Simon, avides de richesses, se laissèrent gagner à prix d'argent par quelques-uns de ceux qui gardaient les tours et, pour une somme de 70.000 drachmes, ils en laissèrent s'échapper un certain nombre.

2M10.21 Quand on eut annoncé à Maccabée ce qui était arrivé, il réunit les chefs de la troupe et accusa les coupables d'avoir vendu leurs frères à prix d'argent en relâchant contre eux leurs ennemis.

2M10.22 Il les fit donc exécuter comme traîtres et s'empara aussitôt des 2 tours.

2M10.23 Menant à bien toute l'expédition dirigée par lui, il anéantit dans ces 2 forteresses plus de 20.000 hommes.

2M10.24 Or Timothée, qui avait été vaincu précédemment par les Juifs, ayant levé des forces étrangères en grand nombre et rassemblé quantité de chevaux venus d'Asie, parut en Judée avec l'intention de conquérir ce pays par les armes.

2M10.25 A son approche, Maccabée et ses hommes suppliaient Dieu, la tête saupoudrée de terre et les reins ceints d'un cilice.

2M10.26 Prosternés contre le soubassement antérieur de l'autel, ils demandaient à Dieu de leur être favorable, d'être l'ennemi de leurs ennemis et l'adversaire de leurs adversaires, d'après les claires expressions de la Loi.

2M10.27 Au sortir de la prière, ils prirent les armes et avancèrent jusqu'à une assez grande distance de la ville; quand ils furent près de l'ennemi, ils s'arrêtèrent.

2M10.28 Au moment où se diffusait la clarté du soleil levant, ils attaquèrent de part et d'autre, les uns ayant pour gage du succès et de la victoire, avec leur vaillance, le recours au Seigneur, les autres prenant pour guide des batailles leur colère.

2M10.29 Pendant le violent combat qui s'engageait, apparurent du ciel aux ennemis, sur des chevaux aux freins d'or, 5 hommes magnifiques qui se mirent à la tête des Juifs.

2M10.30 Prenant Maccabée au milieu d'eux et le protégeant de leurs armures, ils le gardaient invulnérable, mais sur les adversaires ils lançaient des traits et la foudre, de façon que ceux-ci, bouleversés par l'éblouissement, se dispersèrent dans le plus grand désordre.

2M10.31 20.500 fantassins et 600 cavaliers furent égorgés.

2M10.32 Timothée lui-même s'enfuit dans une place forte très bien gardée, appelée Gazara, où commandait Khéréas.

2M10.33 Mais Maccabée et les siens l'assiégèrent pendant 4 jours avec une ardeur joyeuse.

2M10.34 Confiants dans la sécurité de la place, ceux qui se trouvaient à l'intérieur multipliaient les blasphèmes et ne cessaient de proférer des paroles impies.

2M10.35 Le 5ème jour commençant à poindre, 20 jeunes gens des soldats de Maccabée, enflammés de colère par les blasphèmes, s'élancèrent sur la muraille, animés d'un mâle courage et d'une colère farouche, et ils massacrèrent quiconque tombait entre leurs mains.

2M10.36 D'autres montèrent de la même manière contre les assiégés en les prenant à revers, incendièrent les tours et, allumant des bûchers, brûlèrent vifs les blasphémateurs. Quant aux premiers, ils brisèrent les portes, firent entrer le reste de l'armée et furent les premiers à occuper la ville.

2M10.37 Ils égorgèrent Timothée, qui s'était caché dans une citerne, et avec lui son frère Khéréas et Apollophane.

2M10.38 Après avoir accompli ces exploits, ils bénissaient avec des hymnes et des louanges le Seigneur qui accordait de grands bienfaits à Israël et qui leur donnait la victoire.

2M11.1 Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, à la tête des affaires du royaume, très affecté par les derniers événements,

2M11.2 rassembla environ 80.000 fantassins avec toute sa cavalerie et se mit en marche contre les Juifs, comptant faire de la ville une résidence pour les Grecs,

2M11.3 soumettre le sanctuaire à un impôt à l'instar des autres temples des nations et mettre en vente tous les ans la dignité de grand prêtre,

2M11.4 sans tenir aucun compte de la puissance de Dieu, mettant une confiance arrogante dans ses myriades de fantassins, dans ses milliers de cavaliers et ses 80 éléphants.

2M11.5 Arrivé en Judée, il s'approcha de Bethsour, place forte distante de Jérusalem d'à peu près 5 skhènes, et la pressa vivement.

2M11.6 Lorsque Maccabée et les siens apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils supplièrent le Seigneur avec gémissements et larmes, de concert avec la foule, d'envoyer un bon ange à Israël pour le sauver.

2M11.7 Maccabée lui-même, prenant les armes le 1er, exhorta les autres à s'exposer avec lui au danger pour secourir leurs frères. Ceux-là s'élancèrent, poussés par une ardeur commune;

2M11.8 alors qu'ils se trouvaient encore près de Jérusalem, un cavalier vêtu de blanc apparut à leur tête, agitant des armes d'or.

2M11.9 Tous à la fois bénirent alors le Dieu miséricordieux et se sentirent animés d'une grande force, prêts à transpercer non seulement des hommes, mais aussi les bêtes les plus sauvages et des murailles de fer.

2M11.10 Ils avancèrent en ordre de bataille, ayant un allié venu du Ciel, le Seigneur ayant eu pitié d'eux.

2M11.11 Fonçant sur les ennemis à la façon des lions, ils firent tomber 11.000 fantassins et 1.600 cavaliers et contraignirent toute l'armée des ennemis à fuir.

2M11.12 La plupart d'entre eux s'échappèrent blessés et sans armes, et Lysias lui-même se sauva par une fuite honteuse.

2M11.13 Mais Lysias, ne manquant pas de sens, réfléchit sur la défaite qu'il venait d'essuyer et, comprenant que les Hébreux étaient invincibles puisque le Dieu puissant était leur allié, il envoya des messagers

2M11.14 leur proposer la réconciliation sous toutes conditions équitables et promit d'obliger aussi le roi à devenir leur ami.

2M11.15 Maccabée consentit à tout ce que proposait Lysias par souci du bien public, et tout ce que Maccabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi l'accorda.

2M11.16 La lettre écrite aux Juifs par Lysias était ainsi libellée: «Lysias à l'ensemble des Juifs, salut!

2M11.17 Jean et Absalom, vos émissaires, m'ayant remis l'acte transcrit ci-dessous, m'ont prié de ratifier les articles qu'il contient.

2M11.18 J'ai donc exposé au roi ce qui devait lui être soumis, après avoir moi-même accordé ce qui était possible.

2M11.19 Si donc vous conservez vos dispositions favorables envers l'Etat, je m'efforcerai aussi à l'avenir de travailler à votre bien.

2M11.20 Quant aux matières de détail, j'ai donné des ordres à vos émissaires et à mes gens pour en conférer avec vous.

2M11.21 Portez-vous bien. L'an 148, le 24 du mois de Dioscore».

2M11.22 La lettre du roi contenait ce qui suit: «Le roi Antiochus à son frère Lysias, salut!

2M11.23 Notre père ayant émigré vers les dieux, et nous-même voulant que les habitants de notre royaume soient exempts de trouble pour s'appliquer au soin de leurs propres affaires,

2M11.24 ayant appris que les Juifs, ne consentant pas à l'adoption des moeurs grecques voulue par notre père, mais préférant leur manière de vivre particulière, demandent qu'on leur permette l'observation de leurs lois,

2M11.25 désirant donc que ce peuple soit lui aussi exempt de trouble, nous décidons que le Temple leur soit restitué et qu'ils puissent vivre en citoyens selon les coutumes de leurs ancêtres.

2M11.26 Tu feras donc bien d'envoyer quelqu'un vers eux et de leur tendre la main afin que, connaissant le parti adopté par nous, ils aient confiance et passent leur temps à gérer en toute sérénité leurs propres affaires».

2M11.27 A l'adresse de la nation des Juifs, la lettre du roi était ainsi conçue: «Le roi Antiochus au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut!

2M11.28 Si vous allez bien, cela est conforme à nos voeux, et nous-même nous sommes en bonne santé.

2M11.29 Ménélas nous a fait connaître votre désir de retourner chez vous pour vaquer à vos affaires.

2M11.30 Tous ceux qui retourneront chez eux avant le 30 du mois de Xanthique obtiendront l'assurance de l'impunité.

2M11.31 Les Juifs pourront faire usage de leurs aliments particuliers et de leurs lois comme par le passé, et personne d'entre eux ne sera molesté d'aucune façon pour des fautes commises par ignorance.

2M11.32 J'ai envoyé aussi Ménélas pour vous tranquilliser.

2M11.33 Portez-vous bien. L'an 148, le 15 du mois de Xanthique».

2M11.34 Les Romains de leur côté adressèrent aux Juifs une lettre de cette teneur: «Quintus Memmius, Titus Manilius et Manius Sergius, légats romains, au peuple des Juifs, salut!

2M11.35 Les choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées, nous vous les concédons aussi.

2M11.36 Quant à celles qu'il a jugé devoir soumettre au roi, envoyez-nous quelqu'un sans délai après les avoir examinées, afin que nous les exposions au roi d'une façon qui vous soit avantageuse, car nous nous rendons à Antioche.

2M11.37 Hâtez-vous donc de nous expédier des gens, afin que nous sachions, nous aussi, quelles sont vos intentions.

2M11.38 Portez-vous bien. L'an 148, le 15 du mois de Xanthique».

2M12.1 Ces traités conclus, Lysias revint chez le roi, et les Juifs s'appliquaient aux travaux des champs.

2M12.2 Mais parmi les stratèges en place, Timothée et Apollonius, fils de Gennéus, en plus Hiéronyme et Démophon, à qui s'ajoutait Nikanor le Cypriarque, ne laissaient goûter aux Juifs ni repos ni tranquillité.

2M12.3 Les habitants de Joppé commirent un acte particulièrement impie. Ils invitèrent les Juifs domiciliés chez eux à monter avec leurs femmes et leurs enfants sur des embarcations préparées par eux puisque, disaient-ils, il n'existait aucune inimitié à leur égard.

2M12.4 Sur l'assurance d'un décret rendu par le peuple de la ville, les Juifs de leur côté acceptèrent leur proposition, pour marquer qu'ils désiraient la paix et qu'ils étaient sans défiance. Mais quand ils furent arrivés au large, on les envoya par le fond au nombre d'au moins 200.

2M12.5 Dès que Judas eut appris la cruauté commise contre les gens de sa nation, il fit savoir ses ordres à ses hommes

2M12.6 et, après avoir invoqué Dieu, le juge équitable, il marcha contre les meurtriers de ses frères. Il incendia le port pendant la nuit, brûla les vaisseaux et fit transpercer ceux qui y avaient cherché un refuge.

2M12.7 Mais la place ayant été fermée, il partit avec l'intention d'y revenir pour extirper aussi toute la cité des Joppites.

2M12.8 Averti que les habitants de Jamnia voulaient jouer le même tour aux Juifs qui habitaient parmi eux,

2M12.9 il attaqua de nuit aussi les Jamnites, incendia le port avec la flotte, à tel point que les lueurs des flammes furent aperçues jusqu'à Jérusalem à une distance de 240 stades.

2M12.10 Il s'était éloigné avec son armée à 9 stades de là, lors d'une marche contre Timothée, quand tombèrent sur lui des Arabes au nombre d'au moins 5.000 hommes de pied et 500 cavaliers.

2M12.11 Un violent combat s'étant engagé et les soldats de Judas ayant été victorieux avec l'aide de Dieu, les nomades vaincus demandèrent à Judas de leur donner la main droite, promettant de lui fournir du bétail et de lui être utiles en toute autre circonstance.

2M12.12 Comprenant qu'ils pourraient réellement lui rendre beaucoup de services, Judas consentit à faire la paix avec eux, et après qu'on se fut donné la main, ils se retirèrent sous les tentes.

2M12.13 Judas attaqua aussi une certaine ville forte, entourée de remparts et habitée par un mélange de nations. Son nom était Kaspîn.

2M12.14 Les assiégés, confiants dans la solidité de leurs murs et leurs dépôts de vivres, étaient grossiers à l'excès envers les soldats de Judas, joignant aux insultes les blasphèmes et des propos qu'il n'est pas permis de tenir.

2M12.15 Mais Judas et ses soldats, ayant invoqué le grand Souverain du monde, celui qui sans béliers ni machines de guerre renversa Jéricho au temps de Josué, assaillirent le mur avec fureur.

2M12.16 S'étant emparés de la ville par la volonté de Dieu, ils firent un carnage indescriptible, à tel point que l'étang voisin, d'une largeur de 2 stades, paraissait rempli par le sang qui y avait coulé.

2M12.17 Après s'être éloignés de là de 750 stades, ils atteignirent le Kharax, du côté des Juifs appelés Toubiens.

2M12.18 Quant à Timothée, ils ne le trouvèrent point en ces lieux car il s'en était éloigné sans avoir rien fait, mais non sans avoir laissé en un certain point une garnison vraiment très forte.

2M12.19 Dosithée et Sosipater, généraux de Maccabée, s'y rendirent et firent périr les hommes laissés par Timothée dans la forteresse, au nombre de plus de 10.000.

2M12.20 Maccabée de son côté, ayant groupé son armée en cohortes, nomma ceux qui seraient à leur tête et se mit en marche contre Timothée, qui avait autour de lui 120.000 fantassins et 2.500 cavaliers.

2M12.21 Informé de l'approche de Judas, Timothée évacua les femmes et les enfants, avec le reste des bagages, au lieu dit le Karnion, car la place était inexpugnable et difficilement accessible à cause de l'étroitesse des passes dans toute la région.

2M12.22 La cohorte de Judas parut la 1ère: l'épouvante ayant saisi l'ennemi ainsi que la crainte que leur inspirait la manifestation de Celui qui voit tout, ils prirent la fuite dans toutes les directions, de sorte que souvent ils se blessaient entre eux et se transperçaient avec la pointe de leur épée.

2M12.23 Judas les poursuivit avec une énergie particulière, passant au fil de l'épée ces criminels dont il fit périr jusqu'à 30.000 hommes.

2M12.24 Timothée étant tombé lui-même aux mains des soldats de Dosithée et de Sosipater, leur demandait avec beaucoup d'astuce de le laisser partir sain et sauf, parce qu'il tenait en son pouvoir, disait-il, des parents et même des frères de beaucoup d'entre eux, à qui il arriverait d'être exécutés.

2M12.25 Quand il leur eut assuré par de longs discours qu'il leur restituerait ces hommes sains et saufs en vertu de l'engagement qu'il prenait, ils le relâchèrent pour sauver leurs frères.

2M12.26 S'étant rendu au Karnion et à l'Atargateion, Judas fit égorger 25.000 hommes.

2M12.27 Après la défaite et la destruction de ces ennemis, il conduisit aussi son armée contre Ephrôn, ville forte où habitait Lysanias. De robustes jeunes gens avaient pris position devant les murailles et combattaient avec vigueur; il y avait là de grandes quantités de machines et de projectiles en réserve.

2M12.28 Mais, ayant invoqué le Souverain qui brise par sa force la défense des ennemis, les Juifs se rendirent maîtres de la ville et couchèrent sur le sol environ 25.000 hommes parmi ceux qui se trouvaient à l'intérieur des murs.

2M12.29 Ayant quitté ce lieu, ils marchèrent contre Scythopolis, à 600 stades de Jérusalem.

2M12.30 Mais les Juifs qui y étaient établis ayant attesté la bienveillance que les Scythopolitains avaient eue pour eux et l'accueil courtois qu'ils leur avaient réservé au temps du malheur,

2M12.31 Judas et ses soldats remercièrent ces derniers et les exhortèrent à être bien disposés pour leur race encore à l'avenir. Ils arrivèrent à Jérusalem peu de temps avant la fête des Semaines.

2M12.32 Après la fête dite de la Pentecôte, ils marchèrent contre Gorgias, stratège de l'Idumée.

2M12.33 Gorgias sortit à la tête de 3.000 fantassins et 400 cavaliers.

2M12.34 Dans la bataille rangée qui s'engageait, il arriva qu'un petit nombre de Juifs tombèrent.

2M12.35 Un certain Dosithée, du corps des Toubiens, vaillant cavalier, s'était déjà rendu maître de la personne de Gorgias et, l'ayant saisi par la chlamyde, il l'entraînait de force avec l'intention de capturer vivant ce maudit, mais un cavalier thrace, fonçant sur Dosithée, lui trancha l'épaule, et Gorgias s'échappa et s'enfuit à Marisa.

2M12.36 Quant aux soldats d'Esdrias, ils combattaient depuis longtemps et tombaient d'épuisement: Judas supplia le Seigneur de se montrer leur allié et leur guide dans la guerre,

2M12.37 il entonna dans la langue paternelle le cri de guerre avec des hymnes et mit en déroute les gens de Gorgias.

2M12.38 Ayant rallié son armée, Judas la conduisit à la ville d'Odollam; mais le 7ème jour de la semaine survenant, ils se purifièrent selon la coutume et célébrèrent le sabbat en ce lieu.

2M12.39 Le lendemain, on vint trouver Judas _ au temps où la nécessité s'en imposait _ pour relever les corps de ceux qui étaient tombés et les inhumer avec leurs proches dans le tombeau de leurs pères.

2M12.40 Or ils trouvèrent sous la tunique de chacun des morts des objets consacrés aux idoles de Jamnia, que la Loi interdit aux Juifs. Il fut ainsi évident pour tous que c'était là la raison pour laquelle ces soldats étaient tombés.

2M12.41 Tous donc, bénissant la conduite du Seigneur, juge équitable qui rend manifestes les choses cachées,

2M12.42 se mirent en prière en demandant que la faute commise fût entièrement effacée, et le valeureux Judas exhorta la troupe à se garder pure de tout péché, ayant sous les yeux ce qui était arrivé à cause de la faute de ceux qui étaient tombés peu avant.

2M12.43 Ayant fait une collecte par tête, il envoya jusqu'à 2.000 drachmes à Jérusalem, afin qu'on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement dans la pensée de la résurrection.

2M12.44 Si, en effet, il n'avait pas espéré que les soldats tombés ressusciteraient, il eût été superflu et sot de prier pour des morts;

2M12.45 s'il envisageait qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété, c'était là une pensée sainte et pieuse; voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu'ils fussent absous de leur péché.

2M13.1 L'an 149, la nouvelle parvint à Judas et à son armée qu'Antiochus Eupator marchait sur la Judée avec une troupe nombreuse,

2M13.2 et qu'il avait avec lui son tuteur Lysias, qui était à la tête des affaires; il avait une armée grecque de 110.000 fantassins, 5.300 cavaliers, 22 éléphants et 300 chars armés de faux.

2M13.3 Ménélas se joignit à eux et se mit à circonvenir Antiochus avec beaucoup d'astuce, non pour le salut de la patrie, mais dans l'espoir de pouvoir rentrer dans sa dignité.

2M13.4 Mais le Roi des rois éveilla contre ce scélérat la colère d'Antiochus et, quand Lysias eut démontré au roi que ce Ménélas était la cause de tous les maux, il ordonna de le conduire à Bérée et de l'y mettre à mort, lui aussi, suivant la coutume du lieu.

2M13.5 Or il y a en ce lieu une tour de 50 coudées, pleine de cendres; cette tour était munie d'une machine tournante, inclinée de tous côtés vers la cendre.

2M13.6 C'est là qu'on fait monter l'homme coupable de pillage sacrilège ou de quelque autre crime énorme et qu'on le précipite pour le faire périr.

2M13.7 Tel fut le supplice dont mourut ce prévaricateur et qui priva Ménélas même de l'inhumation;

2M13.8 et cela en toute justice car, comme il avait commis beaucoup de péchés contre l'autel, dont le feu et la cendre étaient purs, c'est dans la cendre qu'il trouva la mort.

2M13.9 L'esprit hanté de desseins barbares, le roi avançait donc pour faire voir aux Juifs les plus horribles des traitements que leur avait fait subir son père.

2M13.10 Judas, l'ayant appris, prescrivit à la foule d'invoquer le Seigneur nuit et jour pour que, cette fois surtout, il vînt au secours de ceux qui étaient menacés d'être privés de la Loi, de la patrie et du Temple saint

2M13.11 et qu'il ne laissât pas ce peuple, qui commençait à peine à reprendre haleine, tomber au pouvoir des nations insolentes.

2M13.12 Quand tous eurent fait de même et imploré le Seigneur miséricordieux avec des larmes et des jeûnes, prosternés pendant 3 jours sans interruption, Judas les exhorta et leur ordonna de se tenir auprès de lui.

2M13.13 Mais après un entretien particulier avec les Anciens, il décida de se mettre en marche avant que l'armée du roi n'envahît la Judée et ne s'emparât de la ville, et de décider de toute l'affaire avec l'assistance du Seigneur.

2M13.14 Ayant donc confié au Créateur du monde le soin de décider du différend, il exhorta les siens à combattre généreusement pour les lois, pour le sanctuaire, la ville, la patrie et les institutions, et fit camper son armée aux environs de Modîn.

2M13.15 Il donna à ses soldats comme mot d'ordre «Victoire de Dieu», puis attaqua de nuit, avec une élite de jeunes braves, les quartiers du roi et anéantit environ 2.000 parmi les hommes du camp. Ses gens transpercèrent le plus grand des éléphants avec le cornac;

2M13.16 ils remplirent finalement le camp d'épouvante et de confusion, puis se retirèrent avec un plein succès.

2M13.17 Déjà le jour commençait à poindre, quand s'achevait cet exploit accompli grâce à la protection dont le Seigneur entourait Judas.

2M13.18 Le roi ayant ainsi expérimenté la hardiesse des Juifs essaya d'attaquer les places au moyen d'artifices.

2M13.19 Il s'approchait de Bethsour, forteresse puissante des Juifs, mais il était repoussé, mis en échec, vaincu.

2M13.20 Aux assiégés, Judas fit passer ce qui leur était nécessaire.

2M13.21 Mais Rhodocus, de l'armée juive, dévoila les secrets aux ennemis; il fut filé, pris et exécuté.

2M13.22 Une seconde fois, le roi eut des pourparlers avec ceux de Bethsour; il leur tendit la main, prit la leur, se retira,

2M13.23 attaqua Judas et ses soldats et eut le dessous. A la nouvelle que Philippe, qu'il avait laissé à la tête des affaires, avait fait un coup de tête à Antioche, il fut bouleversé. Il se mit à traiter avec les Juifs et à composer avec eux, jura de garder toutes les conditions justes et se réconcilia avec eux. Il offrit un sacrifice, honora le Temple et fut généreux à l'égard du saint lieu.

2M13.24 Il fit bon accueil à Maccabée et laissa Hégémonide stratège depuis Ptolémaïs jusqu'au pays des Gerréniens.

2M13.25 Il se rendit à Ptolémaïs; mais les habitants de cette ville, mécontents du traité, s'en indignaient et voulurent en rejeter les conventions.

2M13.26 Alors Lysias monta à la tribune, défendit de son mieux ces conventions, persuada les esprits, les calma, les amena à la bienveillance et partit pour Antioche. Tels sont les événements concernant l'expédition et la retraite du roi.

2M14.1 après un intervalle de 3 ans, Judas et les siens apprirent que Démétrius, fils de Séleucus, après avoir abordé au port de Tripoli avec une forte armée et une flotte,

2M14.2 s'était emparé du pays et avait fait périr Antiochus et son tuteur Lysias.

2M14.3 Un certain Alkime, précédemment devenu grand prêtre mais qui s'était volontairement souillé au temps de la révolte, comprenant qu'il n'y avait pour lui de salut en aucune façon, ni désormais d'accès possible au saint autel,

2M14.4 se rendit chez le roi Démétrius vers l'an 151 et lui apporta une couronne d'or avec une palme et, de plus, des rameaux dus selon l'usage par le sanctuaire. Cependant il resta réservé ce jour-là.

2M14.5 Mais il saisit une occasion complice de sa démence quand Démétrius le convoqua à son Conseil et l'interrogea sur les dispositions et les desseins des Juifs.

2M14.6 Il répondit: «Ceux des Juifs qu'on appelle Assidéens, que dirige Judas Maccabée, fomentent la guerre et les séditions et ne laissent pas le royaume jouir du calme.

2M14.7 C'est pourquoi, ayant été dépouillé de ma dignité ancestrale, je veux dire du pontificat, je suis venu ici,

2M14.8 d'abord poussé par le souci sincère des intérêts du roi, ensuite en considération de nos concitoyens, car la témérité de ceux que je viens de nommer plonge toute notre race dans une grande infortune.

2M14.9 Toi donc, ô roi, quand tu auras pris connaissance de chacun de ces griefs, daigne pourvoir au salut de notre pays et de notre nation si exposée, avec cette bienveillance affable que tu prodigues à tous.

2M14.10 Car tant que Judas est en vie, il est impossible à l'Etat de jouir de la paix».

2M14.11 Dès qu'il eut parlé ainsi, les autres amis du roi, hostiles à l'action de Judas, s'empressèrent d'enflammer Démétrius.

2M14.12 Ayant aussitôt choisi Nikanor, qui était devenu éléphantarque, il le nomma stratège de Judée et le fit partir

2M14.13 avec l'ordre de supprimer Judas, de disperser ceux qui étaient avec lui et d'introniser Alkime grand prêtre du plus grand des sanctuaires.

2M14.14 Les païens de Judée qui avaient fui devant Judas se mêlèrent par troupes aux soldats de Nikanor, pensant que l'infortune et les malheurs des Juifs tourneraient à leur propre avantage.

2M14.15 Informés de l'approche de Nikanor et de l'agression des païens, les Juifs répandirent sur eux de la poussière et ils imploraient Celui qui avait installé son peuple pour toujours et qui ne cessait de secourir son patrimoine avec des signes manifestes.

2M14.16 Sur l'ordre de leur chef, ils partirent aussitôt du lieu où ils se trouvaient et en vinrent aux mains avec les ennemis près du bourg de Dessau.

2M14.17 Simon, frère de Judas, avait engagé le combat avec Nikanor, mais à cause de l'arrivée subite des adversaires il avait essuyé un léger échec.

2M14.18 Toutefois Nikanor, apprenant quelle était la valeur des soldats de Judas et leur assurance dans les combats livrés pour la patrie, se gardait bien de s'en remettre au jugement par le sang.

2M14.19 Aussi envoya-t-il Posidonius, Théodote et Mattathias pour tendre la main aux Juifs et recevoir la leur.

2M14.20 Après un examen approfondi des propositions, le chef les communiqua aux troupes et, les avis ayant paru unanimes, elles manifestèrent leur assentiment aux conventions.

2M14.21 On fixa un jour où les chefs se rencontreraient en particulier. De part et d'autre s'avança un véhicule, et on disposa des sièges d'honneur.

2M14.22 Judas avait disposé aux endroits favorables des hommes armés et prêts à intervenir en cas d'une perfidie soudaine de la part des ennemis. L'entretien aboutit à un accord.

2M14.23 Nikanor séjourna à Jérusalem sans y rien faire de déplacé; il congédia les foules qui, par bandes, s'étaient rassemblées autour de lui.

2M14.24 Il avait sans cesse Judas devant les yeux, éprouvant pour cet homme une inclination de coeur.

2M14.25 Il l'engagea à se marier et à procréer des enfants. Judas se maria, jouit de la tranquillité et prit part à la vie.

2M14.26 Mais Alkime, voyant leur bonne entente et s'étant procuré une copie du traité conclu, vint chez Démétrius et lui dit que Nikanor avait des projets opposés au gouvernement, car l'adversaire même de son royaume, Judas, il l'avait promu diadoque.

2M14.27 Le roi se mit en colère et, excité par les calomnies de ce misérable, il écrivit à Nikanor, lui déclarant qu'il était indigné desdites conventions et lui donnant l'ordre d'envoyer sans retard à Antioche Maccabée chargé de chaînes.

2M14.28 Au reçu de cette missive, Nikanor fut bouleversé et ne pouvait se faire à l'idée de violer les conventions avec un homme qui n'avait aucun tort.

2M14.29 Mais puisqu'il n'était pas possible d'agir à l'encontre du roi, il épiait l'occasion d'exécuter cet ordre par un stratagème.

2M14.30 De son côté Maccabée, remarquant que Nikanor se montrait plus froid à son égard et que son abord ordinaire se faisait moins affable, pensa que cette froideur ne signifiait rien de bon. Il rassembla donc un grand nombre de ses partisans et se dérobait à Nikanor.

2M14.31 Quand l'autre eut reconnu qu'il avait été proprement joué par cet homme, il se rendit au sanctuaire très grand et saint au moment où les prêtres offraient les sacrifices accoutumés et il commanda de lui livrer l'homme.

2M14.32 Comme ils affirmaient avec serment qu'ils ignoraient où était l'homme qu'il cherchait,

2M14.33 Nikanor étendit la main droite vers le Temple et proclama avec serment: «Si vous ne me livrez pas Judas enchaîné, je raserai au niveau du sol ce temple de Dieu, je détruirai l'autel et j'élèverai à cette place à Dionysos un sanctuaire splendide».

2M14.34 Sur de telles paroles, il s'en alla; mais les prêtres tendirent les mains vers le Ciel et imploraient celui qui a toujours combattu pour notre nation, en disant:

2M14.35 «Seigneur, ô toi qui n'as besoin de rien, il t'a plu d'avoir parmi nous le Temple où tu habites.

2M14.36 Maintenant donc, Seigneur saint de toute sainteté, préserve pour jamais de la profanation cette maison qui vient d'être purifiée».

2M14.37 Or un homme du nom de Razis, un des anciens de Jérusalem, fut dénoncé à Nikanor. C'était un homme zélé pour ses concitoyens, jouissant d'un excellent renom, appelé père des Juifs à cause de son affection pour eux.

2M14.38 Car il avait été inculpé de judaïsme dans les temps antérieurs de la révolte, et il avait alors exposé son corps et sa vie pour le judaïsme avec grande constance.

2M14.39 Voulant manifester la malveillance qu'il nourrissait à l'égard des Juifs, Nikanor envoya plus de 500 soldats pour l'arrêter,

2M14.40 car il s'imaginait que, s'il faisait disparaître cet homme, il porterait un grand coup aux Juifs.

2M14.41 Comme ses troupes étaient sur le point de s'emparer de la tour et forçaient le porche, avec l'ordre de mettre le feu et de brûler les portes, Razis, cerné de toutes parts, dirigea son épée contre lui-même,

2M14.42 aimant mieux mourir noblement que tomber entre les mains des criminels et subir des outrages indignes de sa noblesse.

2M14.43 Mais dans la précipitation du combat, il avait mal dirigé le coup et les troupes se ruaient à l'intérieur des portes. Il courut donc allègrement au haut de la muraille et se précipita avec intrépidité sur la foule.

2M14.44 Tous reculèrent au plus vite et il s'en vint choir au milieu de l'espace vide.

2M14.45 Respirant encore et enflammé d'ardeur, il se releva, ruisselant de sang et souffrant atrocement de ses blessures, et traversa la foule en courant. Se dressant sur une roche escarpée

2M14.46 et déjà tout à fait exsangue, il s'arracha les entrailles et, les prenant de ses 2 mains, les lança sur la foule. Il pria le maître de la vie et de l'esprit de les lui rendre un jour, et c'est ainsi qu'il mourut.

2M15.1 Or Nikanor, ayant appris que Judas et les siens se trouvaient dans la région de Samarie, décida de les attaquer sans le moindre risque, le jour du repos.

2M15.2 Les Juifs qui le suivaient par contrainte lui dirent: «Ne les fais pas périr d'une façon aussi sauvage et barbare, mais rends gloire au jour qui a été honoré et sanctifié de préférence par Celui qui veille sur toutes choses».

2M15.3 Mais ce triple scélérat demanda s'il y avait au ciel un souverain qui eût prescrit de célébrer le jour du sabbat.

2M15.4 Comme ils lui expliquaient que «c'est le Seigneur vivant lui-même, souverain dans le ciel, qui a ordonné d'observer le 7ème jour»,

2M15.5 l'autre reprit: «Et moi aussi, souverain sur la terre, je commande qu'on prenne les armes et qu'on fasse le service du roi». Toutefois, il fut dans l'impuissance d'accomplir son cruel dessein.

2M15.6 Nikanor, se redressant avec une extrême jactance, décidait d'ériger un trophée commun avec les dépouilles de Judas et des siens.

2M15.7 Maccabée, de son côté, gardait une confiance inaltérable et avait tout espoir d'obtenir du secours de la part du Seigneur.

2M15.8 Il exhortait ceux qui étaient avec lui à ne pas redouter l'attaque des païens, mais à avoir présents à l'esprit les secours qui leur étaient venus du Ciel dans le passé et à attendre avec confiance, maintenant encore, la victoire qui leur viendrait du Tout-Puissant.

2M15.9 En les encourageant par la Loi et les Prophètes et en leur rappelant aussi les combats qu'ils avaient déjà soutenus, il les remplit d'une nouvelle ardeur.

2M15.10 Ayant ainsi réveillé leur ardeur, il acheva de les exhorter en leur montrant la déloyauté des païens et la violation de leurs serments.

2M15.11 Quand il eut armé chacun d'eux, moins de la sécurité que donnent boucliers et lances que de l'assurance fondée sur de nobles paroles, il leur interpréta un songe digne de foi, une sorte de vision, par lequel il les réjouit tous.

2M15.12 Voici le spectacle qui lui avait été offert: Onias, jadis grand prêtre, cet homme de bien, d'un abord modeste et de moeurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l'enfance à toutes les pratiques de la vertu, étendait les mains et priait pour toute la communauté des Juifs.

2M15.13 Ensuite était apparu à Judas, de la même manière, un homme aux cheveux blancs et très digne, admirable de prestance et environné de majesté.

2M15.14 Prenant la parole, Onias disait: «Cet homme est l'ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour toute la ville sainte, Jérémie, le Prophète de Dieu».

2M15.15 Jérémie tendit alors de la main droite une épée d'or à Judas et la lui remit avec ces paroles:

2M15.16 «Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, et avec lui tu briseras les ennemis».

2M15.17 Rassurés par les excellentes paroles de Judas, capables d'inspirer la vaillance et de donner aux jeunes une âme virile, les Juifs décidèrent de ne pas se retrancher dans un camp, mais de passer courageusement à l'attaque et, dans un corps à corps, de remettre la décision à la bonne fortune, puisque la ville, la religion et le sanctuaire étaient en péril;

2M15.18 car l'inquiétude au sujet des femmes et des enfants, des frères et des proches, comptait peu pour eux, alors que la plus grande et la 1ère des craintes était pour le Temple consacré.

2M15.19 L'angoisse de ceux qui étaient enfermés dans la ville n'était pas moindre, inquiets qu'ils étaient de l'action en rase campagne.

2M15.20 Pendant que tous attendaient le dénouement prochain, les ennemis s'étaient déjà rassemblés et rangeaient leur armée en ordre de bataille. Les éléphants étaient amenés sur une position favorable et la cavalerie disposée sur les ailes.

2M15.21 Maccabée considéra les troupes présentes, l'appareil varié de leurs armes et l'aspect sauvage des éléphants. Il leva les mains vers le ciel et invoqua le Seigneur qui opère les prodiges, parce qu'il savait que ce n'est pas par les armes, mais selon sa décision, qu'il accorde la victoire à ceux qui en sont dignes.

2M15.22 Dans son invocation, il disait: «O toi, Maître, tu as envoyé ton ange au temps d'Ezékias, roi de Judée, et il a exterminé 185.000 hommes de l'armée de Sennakérib.

2M15.23 Envoie aussi maintenant, ô souverain des cieux, un bon ange devant nous pour semer la crainte et l'effroi.

2M15.24 Que par la grandeur de ton bras soient frappés ceux qui sont venus, le blasphème à la bouche, attaquer ton peuple saint»! Et il termina sur ces mots.

2M15.25 Tandis que les soldats de Nikanor avançaient au son des trompettes et des chants de guerre,

2M15.26 les hommes de Judas en vinrent aux mains avec les ennemis en faisant des invocations et des prières.

2M15.27 Combattant de leurs mains et priant Dieu de leur coeur, ils firent tomber au moins 35.000 hommes et se réjouirent grandement de cette manifestation de Dieu.

2M15.28 Le travail terminé, ils rompaient les rangs avec joie, quand ils reconnurent le corps étendu de Nikanor, revêtu de son armure.

2M15.29 Au milieu des clameurs et de la confusion, ils bénissaient le souverain Maître dans la langue de leurs pères.

2M15.30 Celui qui, au 1er rang, s'était consacré corps et âme à ses concitoyens, qui avait conservé une tendre affection à ses compatriotes, ordonna de couper la tête de Nikanor et son bras jusqu'à l'épaule et de les porter à Jérusalem.

2M15.31 Il s'y rendit lui-même, convoqua ses compatriotes, disposa les prêtres devant l'autel et envoya chercher les gens de la Citadelle.

2M15.32 Montrant la tête de l'abominable Nikanor et la main que cet infâme avait étendue avec insolence contre la sainte Maison du Tout-Puissant,

2M15.33 il coupa la langue de l'impie Nikanor et dit qu'on la donnât par morceaux aux oiseaux et qu'on suspendît en face du Temple le salaire de sa folie.

2M15.34 Tous alors firent monter vers le ciel des bénédictions au Seigneur glorieux en disant: «Béni Celui qui a gardé son saint lieu exempt de souillure»!

2M15.35 Judas fit attacher la tête de Nikanor à la Citadelle comme un signe manifeste et visible à tous du secours du Seigneur.

2M15.36 Ils décrétèrent tous par un vote public de ne pas laisser passer ce jour sans le signaler, mais de célébrer le 13ème jour du 12ème mois, appelé Adar en araméen, la veille du jour dit de Mardochée.

2M15.37 C'est ainsi que se passèrent les événements concernant Nikanor; et, comme depuis ces temps la ville demeura en possession des Hébreux, je finirai, moi aussi, mon ouvrage en cet endroit.

2M15.38 Si la composition est bonne et réussie, c'est aussi ce que j'ai voulu; si elle a peu de valeur et ne dépasse guère la médiocrité, c'est tout ce que j'ai pu faire.

2M15.39 Car de même qu'il est nuisible de boire du vin pur ou de l'eau pure, alors que le vin mêlé à l'eau est une boisson agréable qui produit une délicieuse jouissance, de même c'est l'art de disposer le récit qui charme l'entendement de ceux qui lisent l'ouvrage. C'est donc ici que je m'arrête.