TRAITÉ
DU
DISCERNEMENT DES ESPRITS.

CHAPITRE I


    1. Le dessein de cet ouvrage. 2. Combien le discernement des esprits est difficile, et d'où vient cette difficulté. 3. Combien il est nécessaire. 4. Que le défaut de ce discernement fait tomber en plusieurs épouvantables fautes. 5. Prière pour demander lumière sur ce sujet

    I. Je me suis proposé, pour la gloire de Dieu et pour l'instruction de ceux qui sont engagés dans la conduite des âmes, de ramasser d'une manière facile et aussi claire que le sujet le peut permettre, ce que les saints Pères et les autres écrivains approuvés ont enseigné du DISCERNEMENT DES ESPRITS, et ce que j'en ai observé moi-même, tant par ma propre expérience, que par l'expérience des autres. Et l'ouvrage fera voir à ceux qui le considéreront, si j'aurai fait quelque chose d'utile, n'en voulant rien dire moi-même, de crainte de parler témérairement. Car cette entreprise est difficile. Elle est environnée de beaucoup d'obscurité. Elle est embarrassée de divers cas. On y rencontre comme une infinité de détours où l'on ne voit goutte. En sorte que, quelque diligence qu'on y emploie, elle arrête souvent par tant de difficultés qu'on ne peut résoudre, que ce que l'on pensait avoir trouvé, tantôt échappe des mains, tantôt recommence à paraître tout de nouveau, tantôt se perd comme en un abîme.

    II. Il Faut certainement pour ce sujet une sagesse qui surpasse l'intelligence de tous les hommes, quelque savants qu'ils puissent être, et quelque accoutumés qu'ils soient aux exercices de la vie spirituelle. Cette sagesse et cette intelligence, comme parle Job (Job. 28. 21, 23.), est cachée aux yeux des vivants, et les oiseaux du Ciel (c'est-à-dire les âmes les plus élevées) ne l'aperçoivent point. Il n'y a que Dieu qui entende sa voie, et qui connaisse sa demeure (Job. 11. 8, 9.). Elle est plus haute que le ciel. Que ferez-vous donc pour y atteindre ? Elle est plus profonde que les abîmes. Comment donc la pourrez-vous pénétrer ? Ses bornes passent celles de la terre, et elle a plus d'étendue que la mer. Car la vie spirituelle est pleine de secrets. Les voies par lesquelles Dieu appelle et conduit les hommes sont diverses et admirables : et l'homme ne saurait discerner, sans une lumière surnaturelle répandue par celui qui est la Vérité même, si quelqu'un marche dans l'esprit de la vérité. Si personne ne connaît ce qui est Dieu, sinon l'esprit de Dieu même, comme l'enseigne l'Apôtre (1. Cor. 2. I ) : qui sera l'homme qui pourra connaître et discerner les inspirations divines, et entendre cette voix secrète et intérieure de Dieu parlant dans le silence au coeur du fidèle, qui est la Jérusalem spirituelle, où il se plaît d'habiter (Isa. 4. 2.) ? Qui peut pénétrer les secrets du coeur humain ? Il n'y a que celui qui l'a créé qui puisse y entrer quand il lui plaît, selon ce témoignage de Jérémie(Jerem. 17. 9. 10.) : Le coeur de l'homme est méchant et impénétrable. Qui le pourra connaître ? C'est moi qui suis le Seigneur, qui sonde les coeurs, et qui examine les reins, c'est-à-dire, les désirs et les inclinations. Qui peut découvrir, qui peut éviter les tromperies si multipliées, les artifices si variés, les moyens innombrables de nuire, les pièges si ingénieusement cachés, et les filets si propres à nous engager et nous retenir que Satan met incessamment en usage contre nous, vu que cet ennemi, dont la méchanceté est inexplicable, se transforme souvent en ange de lumière pour nous surprendre (2. Cor. 11.14.) ?

    L'Ecriture nous avertit que Satan veut se nourrir de viandes exquises (Hab. 1.16.) : ce qui signifie qu'il s'efforce de séduire et de dévorer ceux qui sont les plus saints. C'est pourquoi ils se doivent tenir soigneusement sur leurs gardes, pour n'en être point circonvenus et surpris. Qui sera capable de faire un discernement exact des divers mouvements de son propre esprit, parmi l'agitation et le tumulte de tant de passions et d'affections différentes, et parmi tant de ténèbres qui nous tiennent en danger d'être trompés? Qui pourra marcher dans un chemin si difficile et si obscur sans aucun achoppement, si nous n'avons personne qui porte un flambeau devant nous pour nous éclairer ?

    Le Seigneur pèse les esprits : et toutes les voies de l'homme sont exposées à ses yeux, dit le Sage(Prov. 16. 2.). Celui qui pèse les vents et qui mesure les eaux, fait seul un jugement et un discernement exact et parfait de toutes choses (Job. 28. 25.). La parole de Dieu, dit l'Apôtre (Heb. 4. 12.), est vive et efficace, et elle perce plus qu'une épée à deux tranchants : elle entre et pénètre jusque dans les replis de l'âme et de l'esprit, jusque dans les jointures et dans les moelles, et elle discerne des pensées et les mouvements du coeur. C'est pourquoi Dieu nous défend de juger, par une prudence humaine, des choses intérieures et cachées, selon ce témoignage du même Apôtre (Cor. 4. 5.) : Ne jugez point avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne, qui produira dans la lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et découvrira les plus secrètes pensées des coeurs. Car, selon le témoignage de saint Grégoire (Greg. 5. Mor. c. 27.), celui qui voit la lumière, sait l'estime et le jugement qu'il doit faire des ténèbres. Mais celui qui ne voit point la clarté de la lumière, est capable de prendre les choses obscures pour des choses claires. Souvent l'entrée des vertus est proche de l'entrée des vices, et y a de la ressemblance : et l'homme a besoin d'une grande lumière pour ne point tomber inconsidérément dans le vice, en pensant suivre la vertu. On a besoin sur cela d'une très grande circonspection, tant à cause que l'entendement à peu de force et de pénétration pour connaître les choses intérieures, et que l'amour des choses de la terre nous captive et nous aveugle ; qu'à cause que les fausses ressemblances des vertus préviennent et occupent l'esprit et la raison comme par quelques sortes d'enchantements et de prestiges, et arrêtent tellement sa vivacité et sa force, que les choses qui ne sont pas bonnes ne lui paraissent plus que sous des apparences de bien, et que celles qui ne sont pas mauvaises, ne lui paraissent plus que sous des apparences de mal.

    III. L'Apôtre que Jésus aimait nous avertit de ne croire pas à tout esprit (Joan. 13. 23. 1. et Joan. 4. 1.), c'est-à-dire à tous les mouvements, à toutes les impressions, à toutes les suggestions, à tous les désirs, à toutes les inspirations. mais d'éprouver si les esprits sont de Dieu (Joan. 4. 1.). Comment puis-je faire cette épreuve ? dit S. Augustin (Aug. Ser. 30. de verb. Ap.). Je souhaiterais la faire, ajoute-t-il, si je ne pouvais me tromper. Il est certain que si je n'éprouve et ne reconnais les esprits qui sont de Dieu, je ne puis éviter de rencontrer les esprits qui ne sont pas de Dieu, et cela sera cause que je serai séduit par les faux prophètes. Que ferai-je dans ces rencontres ? Comment observerai-je tout ce qu'il faut, pour n'être point trompé ? O que ce nous serait un grand bien, si comme l'apôtre S. Jean a dit : Ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez si les esprits sont de Dieu, il avait aussi daigné nous apprendre, comment on doit éprouver les esprits qui sont de Dieu.

    Cependant le Saint-Esprit nous avertit d'éprouver quels sont les esprits, pour nous exempter de l'inquiétude et de la peine où nous serions de nous être laissé tromper. Et parce que cette épreuve surpasse tout ce que nous pouvons connaître et pénétrer par les forces naturelles de notre esprit, le même Esprit-Saint, qui souffle où il veut, demande pour nous avec des gémissements ineffables (Joan. 3. 8. et Rom. 8. 26.), en nous faisant demander avec des prières instantes ce qui est hors de notre pouvoir : afin que le père des lumières, qui fait sortir des ténèbres la lumière la plus resplendissante (Jac. 1. 17.), quand il lui plaît, nous éclaire d'une manière admirable (1. Cor. 4. 6.), en nous envoyant sa lumière des montagnes éternelles (Ps. 75. 5.), selon le langage de l'Écriture, et nous enseignant, comme dit le prophète Isaïe, à choisir le bien, et à réprouver le mal, et à séparer ce qui est précieux de ce qui est vil (Isa. 7. 15. Jerem. 15. 19.).

    A la vérité, par le péché de nos premiers parents, nous sommes des enfants de ténèbres, qui vivons comme dans une nuit très obscure. Mais lorsqu'il plaît à Dieu de nous éclairer par les rayons de la grâce, nos ténèbres se dissipent ; nous marchons comme dans le jour (Rom, 13, 13.), étant environnés de la lumière du Ciel ; nous voyons ce que nous devons faire ; et nous élevant au-dessus de notre état de corruption et de mort, nous entrons dans un état plus parfait. Et puisque nous sommes quelquefois poussés à des choses qui sont toutes les mêmes, tantôt par Satan, tantôt par la nature, et tantôt par l'esprit de Dieu, la lumière du discernement est extrêmement nécessaire pour reconnaître de quel principe nous viennent les suggestions qui se présentent à nous ; qui sont celles à qui nous devons donner entrée dans notre coeur, et qui sont celles à qui nous le devons fermer.

    Cette lumière du discernement nous enseigne à observer notre conscience dans toutes nos actions ; à reconnaître nos manquements, et à nous défendre des artifices et des tromperies de notre ennemi. Que si la science de guérir les corps est estimée très difficile, à cause qu'elle dépend des conjectures et des signes extérieurs où l'un voit des ambiguïtés, des incertitudes et des équivoques, en sorte que les plus habiles et les plus experts médecins y étant quelquefois trompés, ordonnent des remèdes qui nuisent, au lieu de guérir : combien doit-il être plus difficile de discerner les mouvements intérieurs de notre âme, qui sont éloignés de nos sens et cachés dans des ténèbres épaisses ? L'homme animal et charnel, dit l'Apôtre, n'est point capable des choses de l'esprit de Dieu (1. Cor. 2. 14.). Car il les regarde et les examine avec une imagination grossière et animale qui attache son âme aux choses sensibles. Mais l'homme spirituel juge bien de tout (1. Cor. 2. 15), parce que s'élevant jusqu'à la lumière immuable et divine, il reçoit ses rayons en son âme, et étant transformé, selon l'esprit, en une image et une ressemblance de cette lumière par la clarté dans laquelle il s'avance de jour en jour, il voit et discerne clairement toutes les choses qu'il a dans l'esprit ; et il voit aussi comme autour de lui dans ces choses et par ces choses, ainsi que dans des miroirs extrêmement nets et éclairés, tout ce qui est dans le monde, et juge de tout : parce que rien ne saurait se dérober au jugement de celui à la connaissance duquel rien n'est caché.

    Mais il est très rare, comme l'observe saint Laurent Justinien (Lib, de obed. c. 16.), de trouver des hommes qui soient spirituels tout ensemble de nom et d'effet, quoique plusieurs en aient le nom. Plusieurs ont la réputation de la sainteté ; mais peu en ont les oeuvres. Ils ont la voix de Jacob ; mais ils ont les mains d'Esaü. Et nous voyons, dans l'Apocalypse, qu'un évêque avait la réputation d'être vivant, qui ne laissait pas d'être mort (Apoc. 3. 1.). C'est pourquoi les profanes, dont le nombre est si grand, ne sont point capables du sujet que nous avons à traiter ; et il les en faut exclure, comme on les éloignait autrefois des choses saintes. Car ils n'ont point les yeux de l'âme propres à considérer les choses qui sont des ouvrages de la foi. Ils ressemblent à des hommes qui passent tout d'un coup des ténèbres à la clarté du soleil, et qui n'en peuvent supporter l'éclat jusqu'à ce que leurs yeux s'y soient peu à peu accoutumés.

    IV. C'est de ce manquement de lumière et de connaissance que viennent des méprises, des tromperies, des illusions, des périls, et diverses fautes où l'on tombe. De là viennent d'épouvantables chutes dans de grands hommes, desquelles pouvant rapporter beaucoup d'exemples, je me contenterai néanmoins d'en marquer deux entre tous les autres ; afin que les fidèles apprennent à ne se point élever par présomption, et à ne se point attribuer témérairement la capacité de discerner les esprits.

    Qui a été plus célèbre et plus rempli de sagesse et de lumière parmi les grands hommes des premiers siècles de l'Eglise, que l'a été Origène ? I1 a eu l'esprit si fort, sa doctrine a été si profonde, il a été si habile, et si éloquent, et sa vie a été si sainte, que tout le monde l'avait en admiration. Et cependant cet homme si extraordinaire, se confiant et s'abandonnant trop à son esprit, et méprisant les traditions des anciens par la présomption où ses lumières propres l'avaient élevé, est tombé dans des erreurs très absurdes.

    La chute de Tertullien a été toute semblable à celle-là. Car ayant, par la vasteté merveilleuse de son esprit, embrassé toutes les sectes des philosophes et toutes les sciences : mais ne s'étant pas constamment attaché à la doctrine ancienne de la foi, de docteur très orthodoxe de 1'Eglise, il en est devenu un ennemi très emporté et très violent, pour s'être laissé décevoir par les dogmes erronés de Montan sous prétexte d'une vie chaste et austère, et pour avoir suivi, par un jugement et un applaudissement précipités, les extravagances de certaines femmes folles et fanatiques, comme de véritables prophéties.

    Cela étant, nous avons une grande obligation de suivre cette sentence de Notre-Seigneur : Soyez des changeurs habiles, que les SS. Pères allèguent souvent (Clem. Alex. 1. 1. Strom. ; Origen. in Joann. to. 19. ; Epiph. har. 44. Hier. ep. ad Min. et Alexan. Cassian. coll. 1. c. 20. ; Cyrill. Alex. 1. 1, adv. Nestor.), afin que l'esprit malin ne nous fasse pas prendre du verre pour des diamants, et la fausseté pour la vérité ; et qu'ainsi nous soyons comme ces changeurs expérimentés et habiles qui savent discerner, sans s'y méprendre jamais, la bonne monnaie de la fausse. Car comme un changeur exact et fidèle examine et pèse toutes les monnaies qu'on lui présente, pour reconnaître si elles ont toutes les qualités qu'il faut qu'elles aient ; ainsi nous devons examiner tous les mouvements intérieurs de l'âme et tous les replis du coeur avec une très soigneuse recherche, et peser toutes choses, non pas avec des balances humaines et infidèles, mais avec les balances et les poids du sanctuaire, et éprouver, par la doctrine de JÉSUS-CHRIST et des Saints, comme par une pierre de touche, ce qu'il y a de vrai ou de faux en chaque chose.

    C'est ce que je me suis proposé de faire en ce traité, où j'ai la confiance que l'on trouvera tout ce qui est nécessaire pour mon dessein. Car en ce qui est des choses qui sont connues de tout le monde, je crois qu'il suffit de marquer celles qui sont les plus considérables et les principales : et en ce qui est des choses obscures et cachées, la plus grande partie de la doctrine que l'on en peut établir, consiste à savoir ce que l'on y doit chercher. Mais il est important, à l'entrée de cet ouvrage, d'implorer le secours de Dieu, sans lequel tous nos efforts sont inutiles, toute notre prévoyance est timide et incertaine, et toute notre sagesse n'est que folie et que vanité.

    V. Lumière très vive et très pénétrante de la sagesse incréée, daignez venir éclairer mes ténèbres, parce que j'ai été jusqu'ici dans une nuit perpétuelle, et dans un accablement de maux qui m'ont aveuglé. Enseignez-moi à connaître votre vérité, afin qu'étant rempli de vos puissantes inspirations, je m'élève au-dessus de la terre pour m'attacher à la divine science qui doit conduire mon entendement et ma raison. Pénétrez par la vivacité de vos rayons le fond de mon coeur, afin que le malheureux amour des ténèbres dans lesquelles je suis né, ne soit point cause que je m'éloigne de vous, et que je m'égare dans une région tout opposée à ce que vous êtes, et où je devienne tout à fait dissemblable à vous. Faites-moi goûter, par la disposition de mon coeur, les vérités que vous me faites la grâce de répandre dans mon esprit ; afin qu'en me approchant de vous, qui êtes infiniment pur, avec la pureté que je le dois, je rejette de mon esprit toutes les opinions mauvaises et erronées, et tous les vains fantômes de ce siècle qui sont répandus de tous côtés.

    Seigneur, qui daignez découvrir les secrets de votre sagesse, non pas aux sages et aux prudents de ce siècle, mais à ceux qui reconnaissent leur petitesse et leur bassesse, donnez-moi la grâce de n'écrire que des choses conformes à votre loi, en me dégageant de toutes les fictions et de toutes les faussetés des mauvais esprits. Daignez allumer en moi ce feu que vous avez envoyé sur la terre pour éclairer et faire vivre les hommes et faites-moi connaître vos intentions et vos desseins autant que j'en ai besoin, Découvrez-moi votre secret, et envoyez-moi des pensées dignes de cette haute sagesse, dont j'ai entrepris l'explication dans cet ouvrage, en me confiant en votre secours. Car tout ce que je puis avoir de bon dans ma vie, dans mes sens et dans mon esprit, ne peut venir que de vous, qui êtes mon souverain bien et mon Créateur.

    Sans vous la mémoire me manque ; je ne juge qu'avec erreur, et je ne suis point capable de choisir le bien dont je me suis privé par mes péchés. Etant votre ouvrage, je vous ai abandonné, et je suis tombé dans deus maux extrêmes, savoir l'ignorance et l'infirmité. J'y demeurerai toujours et j'y périrai, si vous ne réparez mes désordres et mes ruines par cette même puissance avec laquelle vous m'avez tiré du néant.

    Sans votre lumière et votre secours, il n'y a point en l'homme de vérité , mais il n'y a que vanité ; il n'y a point de vraie science, mais il n'y a que de l'erreur ; il n'y a nul ordre qui puisse faire discerner les choses, mais il n'y a que de la confusion. C'est pourquoi je m'écrie avec le Prophète : Seigneur, vous êtes ma lumière et mon salut (Ps. 26. 1.) , afin de m'ôter l'ignorance en m'éclairant, et l'infirmité en me sauvant.

    Je vous demande, Seigneur, qu'il vous plaise m'enseigner ce que j'ignore ; conserver en moi ce que je commence à connaître ; me corriger où je me trompe ; me soutenir et me fortifier où il est besoin que je travaille ; me dégager de tout ce qui est faux et mauvais. Vous m'avez déjà fait la grâce de me donner la volonté : mais je ne trouve pas le moyen de l'accomplir (Rom. 7. 18.); et je n'ai pas la confiance de le pouvoir trouver jamais, si par la même grâce par laquelle vous m'avez donné cette volonté, vous ne m'en donnez encore l'accomplissement. Car, Sauveur du monde, comme vous nous l'enseignez par votre Apôtre (Rom. 9. 16.) , ce n'est point de celui qui veut, ni de celui qui court que l'exécution des choses dépend, mais de vous, qui faites miséricorde, et sans qui je ne puis rien, je n'ai rien, et je ne sais rien.