CHAPITRE XII

CIRCONCISION DE NOTRE-SEIGNEUR

Le temps d'être circoncis, suivant là loi, étant arrivé, la divine mère demanda avec ferveur à Dieu de lui inspirer sa divine volonté, et le Seigneur lui révéla qu'il devait être circoncis. Elle en parla donc à saint Joseph et lui demanda humblement son avis sans lui faire connaître la révélation du Seigneur. Saint Joseph fut d'avis qu'il fut circoncis puisqu'il était revêtu de l'humanité comme les autres hommes. On prépara donc le remède pour guérir la blessure et une fiole de cristal pour y mettre les saintes reliques avec des linges ou devaient tomber les gouttes de ce sang qui devait être le premier versé pour la rédemption des hommes. On parla ensuite du nom qu'il fallait donner au saint enfant et ils convinrent, suivant la révélation de l'ange, de lui donner le nom de Jésus. Marie et Joseph s'entretenaient sur ce sujet, lorsqu'il descendit du ciel des légions d'anges chacun avec une devise où était gravé le nom de Jésus si resplendissant qu'il surpassait en éclat la lumière. Ils se rangèrent autour de la grotte et saint Miche! et saint Gabriel annoncèrent aux saints époux que c'était le nom qu'il fallait donner au divin enfant. Il y avait à Bethléem une synagogue où l'on n'offrait point ‘de sacrifices car ils ne pouvaient s'offrir qu'à Jérusalem. Un prêtre y lisait la sainte loi au peuple, et les mères lui apportaient leurs enfants, non que ce fut une obligation, mais parce qu'elles pensaient qu'ils courraient moins de dangers s'ils étaient circoncis par un prêtre. Le sainte Vierge voulut qu'il fut le ministre de la circoncision de son fils, à cause de la dignité de l'enfant. Saint Joseph appela donc le prêtre, et ayant jeté les yeux sur le divin enfant il se sentit embrasé d'une sainte ardeur, sans en comprendre la cause. Il dit à la divine mère de se. retirer à l'écart et de confier l'enfant à son père où à un des ministres qu'il avait amené avec lui. Il agissait ainsi afin que la mère ne fut pas trop affligée à la vue de ce sacrifice. La Vierge mère voulait obéir au prêtre, mais elle avait aussi le désir de tenir dans ce temps en ses bras son divin fils. Elle prit donc le parti de prier le prêtre de lui permettre d'être présente, et qu'il ne craignit rien de son courage. Cette faveur lui fut accordée elle démaillota le saint enfant, et l'enveloppa d'un linge pour le préserver du froid et pour recueillir le sang divin. Le prêtre accomplit son ministère et circoncit l'enfant qui pleura un peu non seulement à cause de la douleur de la blessure, mais surtout à cause de la dureté des coeurs des hommes. Sa tendre mère compatit vivement à sa douleur, elle recueillit les sacrées reliques et le sang précieux, et ayant remis tout cela aux mains de saint Joseph elle enveloppa l'enfant dans ses langes et pansa la blessure avec le remède préparé à cet effet. En ce moment le divin enfant témoigna aussi sa mère son amour et sa compassion. Le prêtre demanda le nom qu'ils voulaient lui donner, Marie gardait le silence par humilité et saint Joseph aussi, et tandis que le prêtre attendait tous les deux dirent en même temps Jésus est son nom. Le prêtre l'écrivit dans le registre, et ressentit en le faisant une émotion intérieure qui lui fit verser des larmes. Il dit i ses, parents: Cet enfant sera un grand prophète du Seigneur ayez en soin; dites-moi si je puis vous secourir dans votre indigence, je le ferai volontiers, et il les quitta. Après le départ du prêtre, les saints époux s'entretinrent de nouveau des mystères de la circoncision; ils composèrent des cantiques de louanges pour le saint nom de Jésus, et ils prièrent les anges de chanter à la gloire de leur Dieu humanisé, ce qu'ils firent aussitôt.