1853

Un bon somme

 

 

Nous avons dit à quel point Don Bosco maltraitait son pauvre corps, se privant de la dose de sommeil qui lui aurait été absolument indispensable. Mais souvent la nature s'insurgeait, et elle reprenait ses droits, sans s'inquiéter si le moment était bien ou mal choisi.

Un soir, – c'était la veille d'une grande fête –, il était près de minuit, et D. Bosco était au confessionnal depuis six heures. Un grand nombre d'enfants attendaient encore leur tour. Or, il arriva que le sommeil s'étant imposé avec une autorité souveraine, la tête du bon Père vint doucement s'appuyer sur celle du petit pénitent qu'il tenait sur sa poitrine, – selon le touchant usage que les Salésiens ont conservé.

 

L'enfant fut d'abord un peu surpris, puis charmé de sentir son front toucher celui de Don Bosco. Il se garda bien de faire le moindre mouvement ; mais, comme cette immobilité se prolongeait, le confesseur et le pénitent se mirent à dormir à qui mieux mieux.

Les autres enfants, rangés en cercle autour du confessionnal, ne comprenaient rien à ce long et extraordinaire recueillement, qui finit par se communiquer à la petite assemblée. Bref, tout le monde s'endormit aux pieds de Don Bosco..

Vers deux heures du matin, un mouvement de Don Bosco, vint changer la scène : le jeune pénitent, réveillé, put assister au petit lever de ses camarades, et le bon Père envoya tout le monde au lit, remettant au lendemain matin la continuation... active cette fois, de la séance.

Don Bosco aimait à raconter ce trait, qui ne manquait pas d'amener, sur ses lèvres, ce bon sourire si connu.