Portrait du Salésien

 

 

Nous trouvons, dans un ouvrage espagnol, un Portrait du Salésien si nettement tracé sur le vif, que nous demandons à son auteur la permission d'en faire jouir nos lecteurs.

« On doit à Don Bosco une création : la création du Salésien. Le Salésien n'est pas le Jésuite, soldat, pour ainsi dire, du bataillon sacré, de la milice serrée que l'Église lance contre ses ennemis les plus acharnés, et surtout contre ce monde moderne, si plein d'orgueil, si infatué de sa science et de sa valeur ;

Ce n'est pas le Capucin, le religieux populaire entre tous, avec ses austérités et ses rigueurs, avec son mépris des biens d'ici-bas, et ce renoncement absolu, intérieur et extérieur, qui nous confond ;

Ce n'est pas le fils de Saint Benoît, qui vit dans les solitudes, et partage sa vie entre l'étude, le chant des louanges divines, et le travail de la terre ;

Ce n'est pas le disciple de Joseph Calasanct, ouvrier des plus saintes œuvres, gloire de l'Église, et bienfaiteur de la société, mais dévoué à une seule tâche ;

Le Salésien n'est rien de tout cela.

 

Le Salésien est l'homme de l'abnégation et de l'humilité, qui vit enseveli sans même y penser, qui fait le bien en croyant qu'il ne fait rien, qui se sacrifie sans le soupçonner et parfois en l'ignorant complètement, et qui, ouvrier de la dernière heure, s'estime le dernier parmi les serviteurs de l'Église. Il va où on l'envoie ; il prend les choses et les accepte comme on les lui donne, et construit son nid aussi bien entre les rameaux fleuris d'un arbre, que sur la plus haute cime d'une roche sauvage et dénudée.

Ses vertus caractéristiques sont de ne s'arrêter à aucun prix, même quand tout est contre lui, et de ne se décourager jamais, se confiant toujours à la Providence.

Le Salésien, par l'énergie, l’activité, la hauteur et la largeur des vues, comme par une fermeté à toute, épreuve, tient du Jésuite ; il tient du Capucin pour la popularité ; il est moine par le recueillement et la vie occupée ; il tient enfin de tous les Ordres religieux connus, tout en restant un type nouveau. » (1).

 

On peut rapprocher de cette page d'un saint et docte évêque espagnol (2), le cri de D. Bosco à ses fils : Lavoro, lavoro ! travail, travail ! Un Salésien travaille ordinairement pour trois. Les buts variés de la Congrégation nouvelle permettent d'utiliser toutes les aptitudes et toutes les bonnes volontés. Nous avons pensé souvent que si cette Œuvre admirable, – véritable attention de Dieu pour son Église – était connue davantage, elle compterait bientôt la nuée d'ouvriers que la bonté divine a montrée si souvent à Don Bosco, dans les visions de la nuit. Combien de diocèses de notre France, où des jeunes gens cherchent leur voie spéciale dans l'Église de Dieu ! Ce besoin de dévouement et de générosité, qui est encore, Dieu merci, le fond de notre tempérament religieux, en tant que nation, trouve, dans les Œuvres Salésiennes, un champ sans limites. La Congrégation embrasse une variété de ministères qui répond à tous les attraits : soins des enfants pauvres et abandonnés dans des Internats, Patronages et Œuvres de jeunesse, Prédication, Missions, et nous n'indiquons que les principaux.

Les Sœurs de Marie Auxiliatrice s'occupent des petites filles dans les écoles, asiles, et réunions du dimanche. Dans les Missions, elles secondent puissamment les Salésiens, en instruisant les femmes indigènes des vérités de la religion, et en les formant aux divers travaux de leur sexe.

 

(1) Don Bosco y Sua Obra, por el Obispo de Milo, pag. 89, 90.

(2) Actuellement évêque de Malaga.