Don Bosco

 

Ces vers ont été dits à une matinée musicale donnée au Cercle Catholique

d'ouvriers de Nice, en faveur de l'Œuvre de Don Bosco (mars 1881).

 

Mesdames, je voudrais vous conter une histoire

Bien courte, en quelques mots, mais, vous pouvez me croire,

Intéressante. Or donc un pauvre prêtre, un jour,

Se sentit transpercé de cet étrange amour,

Flèche divine au cœur, adorable blessure,

Qui du bonheur du Ciel nous donne la mesure.

Il se fit père et mère, étreignant sur son sein

L'enfant abandonné, vaguant par le chemin,

Et, dans un fier élan de charité suprême,

N'ayant rien à donner, il se donna lui-même.

Mesdames, le bon Dieu, de son bras tout-puissant,

Soutient toujours celui qui protège l'enfant ;

L'Esprit-Saint largement lui donne sa lumière,

Et déverse sur lui tous les biens de la terre.

Le pauvre abbé, d'abord, recueillit un enfant,

Puis un second, puis dix, puis cinquante, puis cent ;

Puis toujours s'élargit cette chère famille :

Mesdames, à cette heure, ils sont plus de CENT MILLE

Qui l'appellent mon Père. Est-il un nom plus doux ?

C'est votre nom, Seigneur, qu'on prononce à genoux !

Plus de cent mille enfants, vous entendez, mesdames,

Dont on nourrit les corps, dont on soigne les âmes !

On fait de ces enfants d'habiles ouvriers,

De vaillants travailleurs, rompus à leurs métiers :

Mais on va plus avant, plus haut : On leur révèle

L'ineffable beauté de leur âme immortelle :

Et ces enfants du peuple, enivrés à leur tour,

Transpercés, eux aussi, de la flèche d'amour,

Se donnent, en grand nombre, au bon et divin Maitre,

Ce Jésus ouvrier qu'on leur a fait connaître.

Ô prodige inouï ! Douce contagion !

D'un cœur qui s'est donné, céleste éclosion !

Des prêtres sont sortis de la jeune famille,

Des prêtres !... à lui seul, il en a fait SIX MILLE !

Ces prêtres, à leur tour, puissants intercesseurs,

Lèvent les bras au ciel pour tous leurs protecteurs.

Mais ces petits enfants, mesdames, cela mange,

Cela mange beaucoup. - Si l'enfant est un ange,

Quand il est sur la terre il a bon appétit ;

Il lui faut, chaque jour, du pain, un toit, un lit.

Où trouver tout cela quand, pour toute ressource,

On a, – c'est notre lot, – le vide dans sa bourse ?

L'abbé, tout humblement, se mit à demander ;

Quand les enfants ont faim, il faut bien mendier !

Et, lors, la Sainte Vierge, aimable protectrice,

Se fit de ces enfants Dame Auxiliatrice.

Elle daigna combler d'éclatantes faveurs,

Tous ceux qui leur donnaient... trop heureux bienfaiteurs !

Et l'on donna beaucoup : pour la grâce espérée,

Et pour la guérison d'une enfant adorée...

..........

Le pauvre prêtre, ainsi, possède un vrai trésor :

C'est la Reine du Ciel qui lui fournit de l'or.

Un sac et un bâton, bagage de l'apôtre,

Voilà tout son avoir ; sa bourse... c'est la vôtre.