CINQUIÈME LETTRE Nous vous avons, frères aimés, rendus attentifs dans notre dernier écrit, au plus haut de tous les mystères, la possession réelle de Dieu ; il est nécessaire de vous communiquer la plénitude de la lumière sur cet objet. L'homme, frères chéris, est malheureux ici-bas, parce qu'il est formé d'une matière destructible et sujette à toutes les misères. L'enveloppe fragile qu'est le corps, l'expose à la violence des éléments ; la douleur, la pauvreté , la souffrance, la maladie, voilà son sort. L'homme est malheureux, parce que son esprit immortel languit dans les liens des sens ; la lumière divine est fermée en lui ; uniquement à la lueur clignotante de sa raison sensorielle, il marche en chancelant dans les voies de son pèlerinage ; torturé par les passions, égaré par les préjugés, et nourri par les erreurs, il se plonge d'un abîme de misère dans l'autre. L'homme est malheureux, parce qu'il est malade de corps et d'âme, et qu'il ne possède aucune vraie médecine, ni pour son corps, ni pour son âme. Ceux qui devraient conduire les autres hommes, les guider au bonheur et les gouverner, sont des hommes comme les autres, aussi fragiles et assujettis à autant de passions, exposés de même à bien des préjugés. Ainsi quel sort peut attendre l'humanité ? La plus grande partie sera-t-elle toujours malheureuse ? n'y a-t-il point de salut pour l'ensemble ? Frères, si l'humanité est jamais capable de s'élever à un état heureux, la félicité qu'elle veut acquérir ne sera possible que sous les conditions suivantes : Premièrement, la pauvreté, la douleur, la maladie et la misère doivent devenir plus rares. Deuxièmement, les passions, les préjugés et les erreurs doivent diminuer. Est-ce que ceci est possible étant donné la corruption de la nature humaine, lorsque l'expérience nous a prouvé de siècle en siècle comment la misère ne fait que changer en une autre forme de misère ; comment les passions, les préjugés et les erreurs occasionnent toujours le même mal ; quand nous pensons que toutes ces choses n'ont fait que changer de forme, et que les hommes, dans chaque siècle, ont été les mêmes hommes fragiles ? Il y a un jugement terrible prononcé sur l'espèce humaine, et ce jugement est : Les hommes ne peuvent pas devenir heureux tant qu'ils ne seront pas sages. Mais ils ne deviendront pas sages, tant que la sensualité dominera sur la raison, tant que l'esprit languira dans les liens de la chair et du sang. Où est l'homme qui est sans passions? Qu'il se montre ! Ne portons-nous pas tous plus ou moins les chaînes de la sensualité? Ne sommes-nous pas tous des esclaves? tous des pécheurs? Oui, frères, confessons que nous sommes les esclaves du péché. Ce sentiment de notre misère excite en nous le désir de rédemption ; nous tournons nos regards en haut, et la voix d'un ange nous annonce : La misère de l'homme sera levée. Les hommes sont malades de corps et d'esprit. Ainsi cette maladie générale doit avoir une cause, et cette cause est dans la matière de laquelle l'homme est composé. Le destructible enferme l'indestructible ; la lumière de la sagesse est liée dans les profondeurs de l'obscurité ; le ferment du péché est en nous, et dans ce ferment réside la corruption humaine, et sa propagation avec les suites du péché originel. La guérison de l'humanité n'est possible que par la destruction en nous de ce ferment du péché ; de là, nous avons besoin d'un médecin et d'un remède. Mais le malade ne peut pas être guéri par le malade ; le destructible ne peut pas porter le destructible à la perfection ; ce qui est mort ne peut pas réveiller ce qui est mort, et l'aveugle ne peut pas conduire l'aveugle. Seul le Parfait peut porter l'imparfait à la perfection ; seul l'Indestructible peut rendre le destructible indestructible ; seul ce qui est vivant peut animer ce qui est mort. De là, on ne doit pas chercher le médecin et le moyen de la guérison dans la nature destructible, où tout est mort et corruption. On doit chercher !e Médecin et le remède dans une nature supérieure, où tout est perfection et vie. Le défaut de connaissance de l'alliance de la Divinité avec la nature, et de la nature avec l'homme., est la vraie cause de tous les préjugés et de toutes les erreurs. Les théologiens, les philosophes et les moralistes voulurent gouverner le monde, et le remplirent d'éternelles contradictions. Les théologiens ne connurent pas les rapports de Dieu avec la nature et tombèrent, par là, dans des erreurs. Les philosophes n'étudièrent que la matière et non pas l'alliance de la nature pure avec la nature divine, et manifestèrent, par là, les opinions les plus fausses. Les moralistes ne connurent pas la corruption fondamentale de la nature humaine, et voulaient guérir par des paroles, quand les moyens étaient nécessaires. C'est ainsi que, le monde, l'homme et Dieu même étaient livrés à d'éternelles disputes, et que les opinions chassèrent les opinions ; que la superstition et l'incrédulité dominèrent tour à tour et éloignèrent le monde de la vérité, au lieu de l'en rapprocher. Il n'y a que dans les seules Ecoles de la Sagesse qu'on apprit à connaître Dieu, la nature et l'homme, et on y travaillait depuis des milliers d'années dans le silence pour acquérir le plus haut degré de la connaissance : l'union de l'homme avec la nature pure et avec Dieu. Ce grand but de Dieu et de la nature, auquel tout tend, fut représenté à l'homme symboliquement par toutes les religions ; et tous les monuments et hiéroglyphes sacrés étaient de simples lettres par les quelles l'homme pouvait retrouver peu à peu le plus haut de tous les mystères divins, naturels et humains ; savoir : le moyen de guérison pour son état actuel et misérable, le moyen d'union de son être avec la nature pure et avec Dieu. Nous avons atteint cette époque sous la conduite de Dieu. La Divinité, se rappelant de son alliance avec l'homme, nous a donné le moyen de guérison de l'humanité malade, et montré les voies pour élever l'homme à la dignité de sa nature pure, et l'unir avec Elle, source de sa félicité. La connaissance de ce moyen de salut est la science des saints et des élus ; et sa possession, l'héritage promis aux enfants de Dieu. Ayez la bonté, frères aimés, de nous accorder toute votre attention. Dans notre sang, il y a une matière gluante (appelée gluten) cachée, qui a une parenté plus proche avec l'animalité qu'avec l'esprit. Ce gluten est la matière du péché. Cette matière peut être modifiée différemment par des excitations sensibles ; et, d'après l'espèce de modification de cette matière du péché, se distinguent les mauvaises inclinations au péché. Dans son plus haut état d'expansion, cette matière opère la présomption, l'orgueil ; dans son plus haut état de contraction, l'avarice, l'amour-propre, l'égoïsme ; Dans l'état de répulsion, la rage, la colère ; dans le mouvement circulaire, la légèreté, l'incontinence; Dans son excentricité, la gourmandise, l'ivrognerie ; Dans sa concentricité, l'envie ; Dans son essentialité, la paresse. Ce ferment du péché est plus ou moins abondant dans chaque homme, et transmis par les parents aux enfants ; et sa propagation en nous empêche toujours l'action simultanée de l'esprit sur la matière. Il est vrai que l'homme peut mettre, par sa volonté, des limites à cette matière du péché, la dominer. pour qu'elle devienne moins agissante en lui ; mais l'anéantir entièrement n'est pas en son pouvoir. De là dérive le combat continuel du bien et du mal en nous. Cette matière du péché qui est en nous, forme les liens de la chair et du sang, par lesquels nous sommes liés d'un côté à notre esprit immortel, et de l'autre aux excitations animales. Elle est comme l'amorce par laquelle les passions animales s'embrasent en nous. La réaction violente de cette matière du péché en nous à l'excitation sensuelle, est la cause pour laquelle, par défaut de jugement juste et tranquifle, nous choisissons plutôt le mal que le bien, parce que la fermentation de cette matière, source des passions, entrave l'activité calme de l'esprit, condition d'un jugement sain. Cette même substance du péché est aussi la cause de l'ignorance, car, comme sa trame épaisse et inflexible surcharge les fibres délicates de notre cerveau, elle contrecarre l'action simultanée de la raison, qui est nécessaire à la pénétration des objets de l'entendement. Ainsi, le faux et le mal sont les propriétés de cette matière du péché en nous, comme le bien et le vrai sont les attributs de notre principe spirituel. Par la connaissance approfondie de cette matière du péché, nous apprenons à voir combien nous sommes moralement malades, et à quel point nous avons besoin d'un médecin qui nous administre le remède capable d'annihiler ladite matière et de nous ramener à la santé morale. Nous apprenons également à voir que toutes nos manières de moraliser avec des paroles servent peu, là où des moyens réels sont nécessaires. On moralise déjà depuis des siècles, et le monde est toujours le même. Le malade ne deviendra pas convalescent si le médecin ne fait que moraliser à son chevet. Il est nécessaire qu'il lui prescrive des remèdes ; mais auparavant on doit connaître l'état réel du malade * * * ÉTAT DE MALADIE DE L'HUMANITÉ
L'état de maladie des hommes est un véritable empoisonnement ; l'homme a mangé du fruit de l'arbre dans lequel le principe corruptible et matériel prédominait, et s'est empoisonné par cette Jouissance. Le premier effet de ce poison fut que le principe incorruptible, qu'on pourrait appeler le corps de vie, comme la matière du péché est le corps de mort, dont l'expansion formait la perfection d'Adam, se concentra dans l'intérieur, et abandonna l'extérieur au gouvernement des éléments. C'est ainsi qu'une matière mortelle couvrit bientôt l'essence immortelle, et les suites naturelles de la perte de la 1umière furent l'ignorance, les passions, la douleur, la misère et la mort. La communication avec le monde de la lumière fut interceptée ; l'il intérieur qui voyait partout la vérité, se ferma, et l'il matériel s'ouvrit à l'aspect inconstant des phénomènes. L'homme perdit toute sa félicité et, dans cet état misérable, il eut été perdu pour toujours, sans moyens de salut. Mais l'amour et la miséricorde infinie de Dieu, qui n'eut jamais d'autre but en créant que la plus haute félicité des créatures, ouvrit immédiatement après la chute, à l'homme tombé, les moyens du salut qu'il avait à espérer avec toute sa postérité, afin qu'étant fortifié par l'espérance dans son bannissement, il puisse supporter son malheur humblement et avec résignation, et conserver dans son pèlerinage la grande consolation que tout ce qu'il avait corrompu recouvrerait sa perfection première par l'amour d'un Sauveur. Sans cette révélation, le désespoir aurait été le lot de l'homme. L'homme avant la chute était le Temple vivant de la Divinité ; et, dans le moment où ce temple fut dévasté, le plan pour le rebâtir fut déjà projeté par la Sagesse de Dieu, et de cette époque commencent les Mystères Sacrés de toutes les religions, qui ne sont en eux-mêmes sous mille dehors différents, adaptés aux circonstances des divers peuples, que les symboles répétés et déformés d'une vérité unique, qui est : la Ré-génération de l'homme, ou sa ré-union avec Dieu. Avant la Chute, l'homme était sage ; il était uni à la Sagesse ; après la Chute, il fut séparé d'elle. C'est pourquoi la Révélation lui devint nécessaire, pour le mettre en mesure de se réunir à elle de nouveau. Et cette première Révélation était la suivante : L'état d'immortalité consiste en ce que l'immortel pénètre le mortel. L'immortel est une substance divine qui est la magnificence de Dieu dans la. nature, le substratum du monde des esprits, en bref, l'infinité divine en laquelle tout a vie et mouvement. C'est une loi absolue qu'aucune créature ne peut être vraiment heureuse hors de la source de toute félicité. Cette source est la magnificence de Dieu même. Par l'assimilation d'un aliment périssable, l'homme est devenu lui-même périssable et matériel : la matière se trouve pour ainsi dire entre Dieu et lui ; il n'est plus pénétré immédiatement par la Divinité, et, par là, est assujetti aux lois de la matière. Le divin en lui, qui est enfermé dans les liens de la matière, est son principe immortel ; celui-ci doit être mis en liberté, se développer de nouveau en lui afin de gouverner le mortel. Alors l'homme se retrouvera dans sa dignité primitive. Mais un moyen pour sa guérison, et pour éliminer le mal interne, est nécessaire. L'homme déchu ne peut ni reconnaître ce moyen par lui-même, ni s'en emparer. Il ne peut pas le reconnaître parce qu'il a perdu la connaissance pure, la lumière de la sagesse ; il ne peut pas s'en emparer, parce que ce moyen est enfermé dans le plus intérieur de la nature ; et il n'a ni le pouvoir ni la force pour ouvrir ce t intérieur. De là la Révélation pour connaître ce moyen et la force pour l'acquérir lui sont nécessaires. Cette nécessité, pour le recouvrement du salut des hommes détermina la Sagesse ou le Fils de Dieu à se donner à connaître à l'homme, comme étant la substance pure, de laquelle tout a été fait. A cette substance pure est réservé de vivifier tout ce qui est mort, et de purifier tout ce qui est impur. Mais pour que cela s'accomplisse et que le plus intérieur, le divin dans l'homme, enfermé dans l'enveloppe de la mortalité, soit ouvert de nouveau, et que le monde entier puisse être régénéré, il était nécessaire que cette substance divine s'humanisât, et transmît la force divine et régénératrice à l'humain; il était nécessaire aussi que cette forme divine-humaine fût tuée, afin que la substance divine et incorruptible contenue dans son sang puisse pénétrer dans le plus intérieur de la terre et opérer une dissolution progressive de la matière corruptible; pour que, dans son temps, la terre pure et régénérée puisse être retrouvée par l'homme, et que l'Arbre de Vie y soit planté ; car par la jouissance de son fruit renfermant en lui le principe immortel, le mortel en nous sera anéanti, et l'homme sera guéri par le fruit de l'Arbre de Vie, comme il a été empoisonné par la jouissance du fruit du principe mortifère. Ceci fut la première et la plus importante révélation sur laquelle sont fondées toutes les autres et qui fut toujours conservée et transmise oralement parmi les Elus de Dieu jusqu'à nos jours. La nature humaine avait besoin d'un Rédempteur; ce Rédempteur fut Jésus-Christ, la Sagesse de Dieu Lui-même, la Réalité émanée de Dieu ; Il Se revêtit d'humanité afin d'introduire, de nouveau, dans le monde, la substance divine et immortelle, qui n'était autre que Lui-même. Il s'offrit Lui-même, volontairement, afin que les forces pures renfermées dans Son sang pussent pénétrer directement les plus intimes profondeurs de la nature terrestre et y réintroduire le germe de toutes les perfections. Lui-même, comme Grand-Prêtre et Victime en même temps, entra dans le Saint des Saints et, après avoir accompli tout ce qui était nécessaire, posa les fondements du Sacerdoce Royal de Ses Elus et leur enseigna, par la connaissance de Sa Personne et de Ses pouvoirs, de quelle manière ils devaient conduire, comme étant les premiers nés de l'Esprit, les autres hommes, leurs frères, à la félicité générale. Et, ici, commencent les Mystères Sacerdotaux des Elus et de l'Eglise Intérieure. La vraie Science Royale et Sacerdotale est la science de la régénération, ou celle de la réunion de l'homme tombé avec Dieu. Elle est appelée science royale parce qu'elle conduit l'homme à la puissance et à la domination sur toute la nature. Et elle est appelée science sacerdotale, parce qu'elle sanctifie tout, porte tout à la perfection répandant partout la Grâce et la bénédiction. Cette science tire immédiatement son origine de la Révélation verbale de Dieu; elle fut toujours la science de l'Eglise intérieure des prophètes et des saints, et ne reconnut jamais un autre Grand-Prêtre que J.-C., le Seigneur. Cette science avait pour triple but de régénérer successivement, d'abord, l'homme isolé, ensuite, de nombreux hommes, en dernier lieu, l'ensemble de l'humanité. Sa pratique consistait dans le plus haut perfectionnement de soi-même et de tous les objets de la nature. Cette science ne fut enseignée par personne que par l'Esprit de Dieu même, et par ceux qui étaient en union avec cet Esprit ; et elle se distingua de toutes les autres sciences en ce qu'elle enseignait la connaissance de Dieu, de la nature et de l'homme dans une synthèse parfaite, alors que les sciences extérieures ne connaissent ni Dieu, ni la nature, ni l'homme et sa destination, avec exactitude. Elle apprit à l'homme à distinguer la nature pure et incorruptible de la nature impure et corrompue et lui enseigna les moyens de séparer cette dernière pour reconquérir la première. Brièvement, son contenu était la connaissance de Dieu dans l'homme et de l'expression divine dans la nature constituant le sceau de la Divinité, et nous donnant les moyens d'ouvrir notre intérieur pour atteindre à l'union avec le divin. Cette réunion, cette régénération, en étaient le but le plus élevé, et c'est de là que le Sacerdoce tira son nom : religio, clerus regenerans. Melchitsédeq fut le premier Prêtre-Roi ; tous les vrais prêtres de Dieu et de la nature descendent de lui, et Jésus-Christ Lui-même se joignit à lui, comme prêtre « selon l'ordre de Melchitsédeq ». Ce mot est déjà littéralement de la plus haute et de la plus vaste signification. (Melchi-Tsédeq), signifie littéralement « l'instructeur dans la vraie substance de vie et dans la séparation de cette véritable substance de la vie d'avec l'enveloppe destructible qui l'enferme. Un prêtre est un séparateur de la nature pure d'avec la nature impure ; un séparateur de la substance qui contient tout, d'avec la matière destructible qui occasionne la douleur et la misère. Le sacrifice, ou ce qui a été séparé, consiste dans 1e pain et le vin. Pain veut dire littéralement la substance qui contient tout, et vin la substance qui vivifie tout. Ainsi, un prêtre selon l'ordre de Melchitsédeq est celui qui sait séparer la substance qui contient tout et vivifie tout, de la matière impure ; et qui la sait employer comme un vrai moyen de réconciliation et de réunion pour l'humanité tombée, afin de lui communiquer la vraie dignité royale ou la puissance sur la nature, et la dignité sacerdotale ou le pouvoir de s'unir par la Grâce, aux mondes supérieurs. Dans ce peu de mots est contenu tout le Mystère du Sacerdoce de Dieu, l'occupation qui est le but du prêtre. Mais ce Sacerdoce royal ne pouvait acquérir sa maturité parfaite, que lorsque Jésus-Christ Lui-même, comme Grand-Prêtre, eut accompli le plus grand de tous les sacrifices et fut entré dans le sanctuaire le plus intérieur. Ici s'ouvrent de nouveaux et grands mystères dignes de toute votre attention. Lorsque, d'après les décrets éternels de la sagesse et de la justice de Dieu, il fut résolu de sauver l'espèce humaine tombée, la sagesse de Dieu dut choisir le moyen qui était, sous tous les rapports, le plus efficace pour la consommation de ce grand but. Lorsque l'homme, par la jouissance d'un fruit corruptible, et qui portait en lui le ferment de la mort, fut empoisonné de telle sorte que tout ce qui était autour de lui devint mortel et destructible, la miséricorde divine devait nécessairement établir un contrepoison qui pût de même être absorbé, et qui contînt en lui 1a substance qui renferme et vivifie tout, afin que, par la jouissance de cette nourriture immortelle, l'homme empoisonné et assujetti à la mort pût être guéri et délivré de sa misère. Mais, pour que cet arbre de vie pût être planté de nouveau ici-bas, il était nécessaire avant tout que le principe matériel et corruptible qui est dans le centre de la terre, fût d'abord régénéré, transformé et rendu capable d'être un jour une substance qui vivifierait tout. Cette capacité pour une nouvelle vie, et la dissolution de l'essence corruptible elle-même, qui se trouvait dans le centre de la terre, n'étaient possibles qu'autant que la substance divine de la vie s'envelopperait de chair et de sang, pour transmettre les forces cachées de la vie à la nature morte. Ceci se fit par la mort de Jésus-Christ. La force tinctoriale, qui découla de Son sang répandu, pénétra le plus intérieur de la terre, ressuscita les morts, brisa les rochers, et occasionna l'éclipse totale du soleil, lorsqu'elle repoussa, du centre de La terre dans lequel la lumière pénétra, toutes les parties des ténèbres vers la circonférence, et posa la base de la glorification futuredu Monde. Depuis l'époque de la mort de Jésus-Christ, la force divine, instillée dans le centre de la terre par son sang répandu, travaillait toujours pour s'extérioriser et rendre toutes les substances graduellement capables du grand bouleversement qui est réservé au monde. Mais la régénération de l'édifice du monde en général n'était pas le seul but de la Rédemption. L'homme était l'objet principal qui Lui a fait répandre Son sang, et pour lui procurer déjà, dans ce monde matériel, la plus haute perfection possible par l'amélioration de son être, Jésus-Christ Se détermina à des souffrances infinies. Il est le Sauveur du monde, Il est le Sauveur des hommes. L'objet, la cause de Son incarnation était de nous racheter du péché, de la misère et de la mort. Jésus-Christ nous a délivrés de tout mal par Sa chair qu'il a sacrifiée, et par Son sang qu'il a répandu pour nous. DANS LA CLAIRE COMPRÉHENSION DE LA CHAIR ET DU SANG DE JÉSUS-CHRIST, RÉSIDE LA VRAIE ET PURE CONNAISSANCE DE LA RÉGÉNÉRATION EFFECTIVE DE L'HOMME. LE MYSTÈRE DE L'UNION AVEC JÉSUS-CHRIST, NON SEULEMENT SPIRITUELLEMENT, MAIS AUSSI CORPORELLEMENT, EST LE MYSTÈRE SUPRÊME DE L'EGLISE INTÉRIEURE. Devenir UN avec Lui, en esprit et en être, telle est la suprême réalisation qu'attendent Ses Elus. Les moyens de cette possession réelle de Dieu sont cachés aux sages de ce monde, et révélés à la simplicité des enfants. 0 philosophie orgueilleuse, prosterne-toi devant les grands et divins mystères inaccessibles à ta sagesse et sans commune mesure avec les pâles lumières de la raison humaine ! |