Vous êtes sur le site de : livres-mystiques.com ©


VIE DE GEMMA GALGANI

 


CHAPITRE XVII



L'ANGE GARDIEN.



Un des dogmes les plus consolants de notre foi est celui de la garde des saints Anges. Après le péché d'origine, l'homme, affaibli et misérable, avait besoin d'aide et de conseil pour marcher dans la voie du bien et parvenir à la fin de sa création. Dans sa miséricorde infinie et sa paternelle tendresse, le Seigneur, venant au secours des pauvres enfants d'Adam qu'il voulait sauver, ne fit rien moins que les placer sous la protection des Anges, ministres de sa céleste cour.

Chacun de nous est assisté d'un de ces purs esprits que nous appelons avec raison notre bon Anqe. Il nous prend par la main dès notre entrée dans la vie, pour ne plus nous quitter tant dure notre pélerinage terrestre. « Voici, dit le Seigneur, que je t'envoie mon Ange pour marcher devant toi, te protéger dans le chemin et t'introduire dans le lieu que je t'ai préparé. » (1)

Si Dieu pourvoit avec sollicitude aux besoins de toutes ses créatures, il prend un soin particulier des élus, qui lui sont aussi chers, dit-il Lui-même, que la prunelle de ses yeux ; et parmi les élus il a encore des préférences : de là les divers degrés d'importance de la mission miséricordieuse des Anges gardiens.

Puisque Gemma se trouvait prédestinée à un degré très élevé de gloire et de félicité célestes, il était naturel et conforme à la Sagesse divine que l'ange préposé à sa garde eût d'elle un soin tout spécial. La grâce, qui se manifestait par ailleurs dans celte âme fortunée en des phénomènes si prodigieux, allait prendre corps d'une façon non moins prodigieuse dans l'assistance de son bon Ange.

Celui qui ne connaîtrait par les Livres sacrés la touchante histoire de Tobie, et par l'hagiographie chrétienne sa fréquente répétition dans la vie des saints canonisés, serait tenté peut-être d'accuser d'invraisemblance les détails merveilleux que je vais rapporter. Mais le Seigneur prodigue chaque jour à ses enfants des biens autrement précieux, sans que personne s'avise de lui dire : Pourquoi vous montrez-vous si bon ?

D'ailleurs la jeune fille était admirablement préparée aux faveurs de son Ange par les vertus les mieux appropriées : innocence, pureté, candeur, simplicité d'enfant, et, par dessus tout, foi très vive qui lui laissait voir comme découvert les plus hauts mystères de l'éternité. L'esprit céleste découvrait sans nul doute dans son heureuse protégée quelque ressemblance avec la nature angélique, qui lui permettait, sans trop s'abaisser, d'entretenir avec elle un commerce familier.

Le plus frappant dans ce suave commerce était la présence sensible et presque continuelle de l'Ange. Gemma le voyait de ses yeux corporels, le touchait de ses mains, comme une personne vivante, liait conversation avec lui comme avec un ami. « Jésus, m'écrivait-elle, ne s'est pas fait voir depuis six jours mais il ne m'a pas laissée tout à fait seule ; l'Ange gardien se tient toujours visible près de moi. »

Avec quelle effusion elle rendait grâces à Dieu dc ce bienfait, et témoignait à l'esprit tutélaire sa reconnaissance : « Si quelquefois je suis mauvaise, cher Ange, lui disait-elle, ne te fâche pas ; je veux te montrer ma gratitude. - Oui, répondait le céleste gardien, je serai ton guide et ton compagnon inséparable. » Et il ajoutait pour la blesser d'un trait d'amour : « Ne sais-tu pas qui t'a confiée à ma garde ? c'est le miséricordieux Jésus. » À ces mots, la sainte enfant, ne contenant plus les sentiments de son âme, perdait les sens et entrait en extase en compagnie de son Ange. Ce qui se passait alors, elle-même l'exprime par ces simples mots : « Tous deux nous restions avec Jésus. Oh ! que n'étiez-vous avec nous père. » Et rester avec Jésus, c'était se plonger, cœur et esprit, dans l'océan immense de la divinité, pour y apprendre et contempler d'ineffables mystères.

Le plus souvent, Gemma et l'Ange priaient ensemble ou louaient le Très-Haut. Les esprits célestes, d'après un saint docteur, se plaisent à assister les âmes eu prière ; et l'archange Raphaël apprit au vieux Tobie que dans le temps de ses oraisons lui-même les offrait secrètement au Seigneur.

Quel cher objet de complaisance devait être pour son Ange l'admirable jeune fille, dont le cœur, comme la lampe du sanctuaire, veillait toujours devant son Dieu avec une vivacité de foi extraordinaire. Il aimait à lui apparaître, tantôt agenouillé ses côtés, tantôt élevé de terre, les ailes éployées et les mains étendues sur elle, ou jointes dans l'attitude de la prière. Ensemble ils récitaient alternativement les oraisons vocales et les psaumes ; et lorsqu'ils en venaient aux oraisons jaculatoires, c'était, suivant les propres paroles de Gemma, « à qui s'écrierait avec le plus d'âme : Vive Jésus ! Béni soit Jésus ! et autres affectueuses aspirations ; et Jésus s'en montrait si content ! »

Aux heures de méditation, le saint Ange versait dans son esprit de très hautes lumières, imprimait à son cœur de suaves et fortes impulsions ; et comme la Passion du Sauveur formait presque toujours le thème de ce pieux exercice, il lui en dévoilait les profonds mystères. « Regarde, disait-il, combien Jésus a souffert pour l'homme ; considère une à une ces plaies ; l'amour les a toutes ouvertes. Qu'il est affreux le péché dont l'expiation a coûté tant de douleur et tant d'amour ! » De telles pensées, comme autant de flèches ardentes, allaient percer en l'embrasant le cœur de la jeune fille.

Ayant assisté plusieurs fois personnellement aux prières et aux méditations de Gemma et de son Ange, j'ai pu me convaincre, par mes seules observations extérieures, de la réalité de tous les détails qu'elle me donnait ensuite dans ses comptes de conscience.

Toutes les fois, ai-je également remarqué, qu'elle levait les yeux sur l'Ange pour l'écouter ou lui parler, même en dehors de la prière, elle perdait l'usage des sens ; on pouvait alors la secouer, la piquer, la brûler, sans réveiller sa sensibilité. Mais dès qu'elle avait détourné ses regards de l'Ange ou cessé le colloque, ses relations avec notre monde reprenaient. Ce phénomène se renouvelait infailliblement à chacune de ses communications avec l'esprit bienheureux, si rapprochées fussent-elles. J'ai tenu à le noter ici - bien que je me réserve de parler dans la suite tout au long des extases de la servante de Dieu - pour fournir déjà la preuve que son commerce intime avec son céleste gardien était très réel et nullement le jeu de l'hallucination.

Toujours et partout, au milieu des occupations, en chemin, à table même, l'Ange se tenait à la disposition de Gemma et Gemma à celle de l'Ange. Aucun signe extérieur ne venait révéler leurs saints entretiens, sauf l'immobilité absolue de la voyante et l'éclat surhumain de son regard. Il suffisait de la toucher pour se persuader, à son insensibilité, qu'elle était bien ravie hors des sens et en relation avec l'au-delà.

Ces colloques respiraient souvent la plus grande simplicité, et la familiarité de l'Ange n'avait d'égale que celle de l'archange Raphaël à l'égard du jeune Tobie.

« Dis-moi, mon Ange, interrogeait la jeune fille, qu'avait ce matin mon confesseur pour être si sévère et refuser de m'entendre ? - Et le père, répondra-t-il de Rome, et en quel temps, à la lettre pressante où je lui demande une ligne de conduite sur tel point ? - Dis-moi, cher Ange, ce pécheur auquel je m'intéresse, quand Jésus me le convertira-t-il ? - Que dois-je répondre à telle personne qui me demande conseil ? Et de moi, que vous semble ? Jésus en est-il content ? Comment pourrai-je lui plaire ? » etc., de L'Ange, s'accommodant avec une charmante condescendance à cette ingénuité quelque peu importune répondait à tout ; et l'événement ne tardait pas à démontrer l'origine surnaturelle des réponses.

Je remplirais un volume de ces diverses communications mais peut-être m'en faudrait-il un second pour défendre leur réalité, tellement elles sont souvent extraordinaires et difficilement acceptables aux yeux du rationalisme contemporain.

On peut dire, d'une manière générale, que l'Ange gardien tenait auprès de Gemma la place de Jésus. Elle lui exposait ses besoins et ceux des autres, le voulait sans cesse près d'elle dans ses craintes et surtout dans ses luttes contre l'éternel ennemi ; lui confiait divers messages pour Dieu, pour la divine Mère, pour ses saints avocats ; lui remettait même des lettres fermées et cachetées pour tel ou tel de ces derniers, avec prière de rapporter en son temps la réponse ; et la merveille est que ces lettres étaient réellement enlevées liar un être invisible. Après avoir pris toutes les précautions pour m'assurer de l'intervention d'une cause surnaturelle dans leur disparition, j'ai dû rester dans la conviction qu'en ce point, comme en bien d'autres non moins prodigieux, le ciel aimait à jouer, pour ainsi dire, avec une enfant dont la simplicité lui était si chère.

Souvent elle chargeait l'obligeant Gardien d'une commission particulière près d'une personne de ce monde ; et quel était son étonnement lorsqu'elle ne voyait venir aucune réponse ! « Pourtant, écrivait-elle, il y a tant de jours, je vous l'ai mandé dire par l'Ange ; comment n'en avez-vous rien fait ? Au moins pouviez-vous me faire savoir par lui que vous n'entendiez pas vous occuper de cette affaire. En tout cas, ne vous fâchez pas ; j'insiste de nouveau par cette lettre ; il s'agit d'une chose très sérieuse. »

Ainsi donc le messager céleste se trouvait constamment tenu en haleine par cette jeune vierge d'une ineffable candeur. Il se prêtait d'ailleurs volontiers à tous ses désirs, accourait, même sans être invoqué, au moindre danger, au moindre besoin, refrénait l'audace du démon toujours prêt à maltraiter sa protégée, parfois même l'enlevait de vive force à ses mains brutales.

Voici quelques traits de cette assistance de tous les instants :

Encore à la maison paternelle, Gemma venait de prendre place à la table familiale, lorsqu'une des personnes présentes, par une habitude trop répandue de nos jours, se permit un blasphème contre l'adorable nom de Dieu. La pieuse enfant ne l'avait pas plus tôt entendu qu'elle s'évanouissait de douleur et tombait de sa chaise ; mais avant qu'elle eût pu heurter de la tête contre terre, l'Ange la prenant par le bras la soutint et d'une douce parole murmurée à son cœur lui fit reprendre immédiatement les sens.

Une autre fois, perdue dans la contemplation, elle se trouvait encore à l'église à une heure tardive. L'Ange l'avertit et au retour l'accompagna sous une forme visible jusqu'au seuil de la maison.

Un jour, le démon l'avait si cruellement battue au moment de la prière du soir, qu'elle se vit dans l'impuissance de faire un mouvement. L'Ange lui offrit son secours, l'aida à se mettre au lit et fit bonne garde à son chevet.

Dans plusieurs circonstances où sa vie pouvait courir un danger, l'Ange la prévint, lui indiquant les précautions à prendre. Sans son intervention, plus d'une fois, elle eût été victime de quelque malheur, tant elle se souciait peu de sa personne. Aussi l'entendit-elle un jour lui dire d'un ton d'aimable reproche « Pauvre petite, tu es bien imparfaite ; je dois continuellement te veiller ; quelle patience il me faut avec toi ! »

La mission des Anges gardiens regarde avant tout les intérêts spirituels des âmes. Instruments de sanctification, ils doivent, dans les desseins providentiels, nous conduire dans les voies difficiles de la vertu. L'Ange de Gemma ne manquait pas une occasion de la reprendre, de la conseiller, de l'instruire même par des enseignements sacrés d'une admirable sagesse, dont la jeune fille a consigné des extraits dans ses comptes-rendus de conscience. Une fois, de peur qu'il ne s'en perdît une syllabe, l'Ange lui en fit écrire quelques-uns sous sa dictée. Par son ordre Gemma s'installa au bureau, prit la plume et le papier, tandis que lui, debout à son côté comme un maître près de son élève, commençait :

« Souviens-toi que celui qui aime véritablement Jésus parle peu et supporte tout. Je te commande, de la part de Jésus, de ne jamais dire ton avis, si on ne te le demande ; de ne soutenir jamais ton sentiment, mais de rentrer dans le silence. Lorsque tu commets quelque faute, accuse-toi aussitôt sans te laisser prévenir par d'autres. Obéissance ponctuelle et sans réplique à ton confesseur et à ses mandataires ; sincérité avec lui et avec les autres. N'oublie pas de veiller sur tes regards, te rappelant que l'œil mortifié contemplera les beautés du ciel. »

Le saint ange savait user de rigueur envers son disciple ; il ne lui passait aucune imperfection et l'en corrigeait sans pitié, an point qu'elle me disait « Il est un peu dur, mon ange ; mais j'en suis bien aise. Ces jours derniers, il m'a grondée jusqu'à trois et quatre fois par jour. »

« Le vigilant gardien parut même, un temps, sortir des justes limites qu'on en juge « Hier, m'écrivait Gemma, pendant le repas, j'ai levé les yeux et j'ai vu l'ange me lancer des regards sévères. Plus tard, comme j'allais me reposer, je le regardai encore ; mais je baissai vite la vue ; mon Dieu, qu'il était courrouce ! » Tu n'as pas honte, me disait-il, de commettre des manquements en ma présence ? » Certains de ses regards étaient terrifiants. Je ne faisais que pleurer. N'y tenant plus, je suppliai mon Dieu et ma céleste Mère de me le tirer de devant. De temps en temps il me répétait « J'ai honte de toi. » - Je priais pour que personne ne le vît en cet état ; car ceux qui l'auraient aperçu n'auraient jamais plus voulu s'approcher de moi. J'ai souffert une journée entière ; impossible de me recueillir un seul moment ; je n'avais pas le courage de lui adresser la parole, tant son air persistant de sévérité me glaçait. J'aurais voulu lui demander pardon ; mais quand il est ainsi irrité, il n'y a pas danger de l'obtenir. Hier soir, je n'ai pu réussir à m'endormir. Enfin, vers les deux heures du matin, je lai vu s'approcher ; il a posé la main sur mon front, en disant : Dors, mauvaise, - et je ne l'ai plus vu.

On ne saurait exprimer les fruits retirés de ce magistère angélique par la sainte enfant, toujours affamée de vertu et de perfection. Attentive aux moindres paroles de l'ange. elle accomplissait même de grand cœur, pour réussir à lui plaire les pénitences qu'elle en recevait assez fréquemment. « Il me répugnait beaucoup, me dit-elle un jour, de faire connaître à mon confesseur certaines choses, comme l'ange me l'avait ordonné par pénitence ; j'ai obéi cependant et, de bon matin, me faisant violence, j'ai couru le lui dire Après cette victoire sur moi-même, l'Ange très content, est redevenu gracieux. »

Gemma chérissait ce gardien si dévoué au bien de son âme ; elle en avait constamment le nom sur les lèvres comme dans le cœur. « Cher ange, disait-elle, combien je vous aime ! -Eh pourquoi ? demandait celui-ci. - Parce que vous m'enseignez à être bonne, à me tenir dans l'humilité et à plaire a Jésus. »

Une vive affection dans une âme simple et ingénue engendre facilement une familiarité qui peut sembler excessive. À écouter les entretiens de Gemma avec son cher ange, à l'entendre parfois discuter vivement pour lui faire partager sa façon de voir, on l'eût pu croire en rapport tout au plus avec un égal. Quelque peu étonné moi-même dès le début, je la désapprouvai formellement et la traitai d'orgueilleuse poussant la familiarité jusqu'à tutoyer un pur esprit au lieu de trembler devant lui. Pour l'éprouver, je lui défendis de franchir certaines limites. La jeune fille baissa la tête et répondit en toute humilité : « Vous n'avez que trop raison, père ; je me corrigerai. Dorénavant je dirai toujours vous à l'ange et quand il me sera donné de le revoir, je lui témoignerai une grande révérence et me tiendrai à cent pas derrière lui. »

À la première visite du céleste gardien, elle l'avertit de cette nouvelle ligne de conduite : « Patience, cher ange ; le père n’est pas content il me faut changer de gamine » ; et elle se garda bien de l'outrepasser tant qu'elle fut maintenue. Par la force de l'habitude il lui arrivait souvent de s'embrouiller et de confondre le tu et le vous, mais elle se reprenait, même en extase.

Quelquefois le saint ange n'apparaissait pas seul ; il amenait avec lui d'autres esprits célestes pour tenir joyeuse compagnie à leur angélique petite sœur. Dès que je l'appris, j'affectai un grand mécontentement, et j'écrivis à Gemma, toujours pour mettre sa vertu à l'épreuve, qu'il était temps d'en finir. Elle répondit : « Vraiment, père, je n'y comprends rien. Les autres, lorsqu'ils sont en prière voient leur ange. Si moi aussi je le vois, vous criez et vous vous inquiétez. Mais hier, jour de leur fêtes, je les ai tous congédiés. Le mien n'a pas voulu partir, ni l'autre dont je vous ai parlé ; qu'y puis-je ? Ne vous fâchez pas une autre fois ; je serai sage et obéissante. »

La familiarité de Gemma à l'égard de son ange était simple, spontanée et pleine d'humilité, comme en témoignent les deux apparitions suivantes, prises presque au hasard entre mille, et racontées par la jeune fille elle-même :

« J'étais au lit, très souffrante. lorsque je me sentis subitement envahie par un profond recueillement. Je joignis les mains, et de toute la force de mon faible cœur je fis l'acte de contrition avec une vive douleur de mes innombrables péchés. Tandis que mon esprit se laissait absorber par le souvenir de mes offenses, j'apercus l'ange tout près de mon lit. Je rougis de me trouver en sa presence. Lui au contraire, avec une amabilité pleine de charme me dit : Jésus te porte une grande affection ; aime-le beaucoup. - Puis il ajouta : Aimes-tu la Mère de Jésus ? Envoie-lui souvent ton salut elle est très heureuse de le recevoir et ne manque pas de vous le rendre, à vous autres. Si elle ne le fait point toujours sensiblement, c'est pour éprouver votre fidélité. Il me bénit et disparut. »

Autre vision :

« Tandis que je faisais mes prières du soir, l'ange gardien s'est approché de moi ; me frappant sur l'épaule, il m'a dit : Gemma, comment apportes-tu tant de dégoût à la prière ? - Ce n'est pas du dégoût, ai -je répondu ; voilà deux jours que je ne suis pas bien. - il a repris : Fais ton devoir avec application, et Jésus t'en aimera davantage. - Je le priai d'aller demander à Jésus la permission de passer la nuit près de moi. Il disparut aussitôt, et, la permission obtenue, revint ô mes côtés. Oh ! qu'il s'est montré bon ! Comme il était sur le point de partir, je lui demandai de rester encore. Je ne puis, me répondit-il, il convient que je m'en aille. - Eh bien, allez, lui ai-je dit ; saluez Jésus pour moi. - Me jetant un dernier regard, il a ajouté : Je ne veux plus que tu lies conversation avec les créatures quand tu voudras parler, parle à Jésus et à ton Ange. »

Tel est, à peu près, le genre des autres apparitions. La jeune vierge devait être bien chère à Dieu, pour recevoir l'honneur d'être ainsi visitée, assistée et dirigée dans les voies de la sainteté par les esprits angéliques.


Ne l'envions pas ; car nous aussi nous avons reçu du même Père céleste un ange pour nous garder ; et si, comme Gemma, nous étions très purs, très humbles, simples de cœur, pleins de foi et de saints désirs de perfection, nous en serions entourés d'autant de sollicitude et d'autant d'amour.

 


 

(1) Exod. XXIII, 20.