VISION PREMIERE Sommaire :
De la Toute-Puissance de Dieu. - Paroles de Job sur le même sujet. - Que le Verbe, avant et après avoir revêtu l'humanité, indivisiblement et éternellement, est auprès du Père. - Pourquoi le Fils de Dieu est-il appelé Verbe- Que par la vertu du Verbe de Dieu, toute créature est produite, et que l'homme renaît dans la rédemption. - Que l'incompréhensible puissance de Dieu a fabriqué le monde et produit les diverses espèces. - Que toutes choses étant créées, l'homme fut créé du limon de la terre. - Qu'Adam ayant accepté le doux précepte d'une obéissance facile, à l'instigation du démon n'obéit pas.- Qu'Abraham, Isaac et Jacob et les autres prophètes chassèrent les ténèbres du monde par le sens (de leurs prophéties). - Que le premier des prophètes, jean, tout resplendissant de ses miracles, annonça le Fils de Dieu. - Que le Verbe de Dieu s'étant incarné, on y vit les effets du grand et antique conseil.- Que l'homme ne doit pas sonder les secrets divins, plus que Dieu ne veut les manifester. - Que le Fils de Dieu, né dans le monde, vainquit le démon par sa mort et ramena les élus vers son héritage. - Paroles d'Osée sur le même sujet. - Que le corps du Fils de Dieu, étant resté trois jours dans le sépulcre, ressuscita, et que la voie de la vérité de la mort à la vie fut montrée à l'homme. - Que le Fils de Dieu ressuscité de la mort, apparut souvent à ses disciples pour les affermir.- Que le Fils de Dieu, montant vers son père, (I'Eglise) son épouse, enrichie des dons divins fut fondée.
Et moi ; sans connaître les lettres, à la manière des forts, n'ayant pas été instruite par leur enseignement, mais malgré ma débilité, (frêle côte d'Adam), étant toute pénétrée du souffle mystique : j'ai vu comme un feu resplendissant, incompréhensible, inextinguible, plein de vie, et toute vie, dont la flamme était couleur d'air, et brûlait ardemment sous un souffle léger ; et cette flamme était aussi inséparablement unie au foyer lucide, que le sont les entrailles au corps humain. Et je vis que cette flamme fulminante, s'embrasa ; et voici qu'une forme aérienne, obscure et sphérique, d'une grande étendue, surgit soudain, sur laquelle la flamme elle-même darda ses rayons, faisant jaillir des étincelles de la forme sphérique, jusqu'à ce que l'air devenu parfaitement (limpide), le ciel et la terre resplendirent d'une pleine clarté. Ensuite, la même flamme étendit sa chaleur et sa lumière vers une petite glèbe d'une terre limoneuse gisant au fond de l'air, pour la réchauffer, de manière qu'elle forma la chair et le sang ; et elle lui donna le souffle (le mouvement),de telle sorte qu'elle reçut son être complet par une âme vivante. Cela fait, ce feu lucide, par cette même flamme brûlant ardemment sous un souffle léger, donna à l'homme lui-même une fleur très blanche, suspendue à la flamme comme la rosée à la plante, dont l'homme apprécia l'odeur de ses narines, sans la goûter de ses lèvres, ni daigner l'effleurer de ses mains, se détournant ainsi pour tomber dans les ténèbres épaisses dont il ne put se relever. Mais ces ténèbres dans cet air augmentèrent, en s'étendant de plus en plus. Alors trois grandes étoiles, égales par la splendeur, apparurent dans ces ténèbres; et après elles, de multiples étoiles grandes ou petites, brillantes d'une grande clarté ; et ensuite une très grande étoile, d'un merveilleux éclat dirigeant sa lumière vers la dite flamme. Mais, sur la terre, apparut aussi une lueur semblable à l'aurore, à laquelle une flamme plus éclatante fut infusée d'une manière merveilleuse, sans être toutefois séparée du dit feu lucide ; mais une plus grande vertu fut communiquée à cette lueur d'aurore. Et comme je voulais considérer diligemment l'accroissement de cette vertu (volonté), un sceau fut posé mystérieusement devant cette vision, et j'entendis une voix d'en haut qui me dit : Tu ne pourras contempler rien autre chose de ce mystère, que ce qui t'est concédé par un miracle de foi. Et je vis, de cette même lueur d'aurore, sortir une forme humaine splendide, qui répandit sa clarté vers les dites ténèbres, et fut reflétée par elles ; et, changée en pourpre de sang et en blancheur d'aube, pénétra les ténèbres d'une vertu si grande, que cet homme qui gisait en elles, apparaissant par la vertu de cette attraction, resplendit, et qu'ainsi redressé, il s'éleva. Et ainsi l'homme splendide, qui sortit de l'aurore, apparaissant dans une telle clarté que la langue humaine ne peut l'exprimer, monta vers une si haute gloire, qu'il rayonnait magnifiquement dans la plénitude de l'abondance et de la joie. Et j'entendis, de ce dit feu vivant, une voix qui me dit: Toi qui es une terre fragile et sous un nom de femme ignorante dans toute doctrine des maîtres charnels, pour comprendre les lettres selon l'intelligence des littérateurs ; toi qui es seulement effleurée par ma lumière qui t'éclaire intérieurement comme un embrasement lorsque le soleil brille, crie, raconte, et écris ces choses mystérieuses que tu vois et entends dans une vision mystique. Ne sois pas timide, mais dis ce que tu comprends en esprit, comme je le dis par toi ; tant que seront retentis par la honte ceux qui devraient montrer à mon peuple la voie de la justice ; mais qui, à cause de la perversité de leurs murs, refusent de dire la vérité qu'ils connaissent ; ne voulant pas s'abstenir des mauvais désirs, qui adhèrent tellement à leur chair, qu'ils en sont presque dominés, ce qui leur fait éviter la face de Dieu, et rougir de dire la vérité. C'est pourquoi, être de néant, toi qui es instruite intérieurement en esprit, par l'irispiration mystique, quoique tu n'aies pas reçu les vertus de l'homme, à cause de la prévarication d'Eve dis cependant l'uvre de flamme, qui t'a été manifestée dans une vision véritable. Car le Dieu qui a créé toutes choses par son Verbe, par le même Verbe a ramené au salut véritable la malheureuse créature humaine qui était tombée dans les ténèbres. Comment cela ? Ce feu très lucideque tu vois, désigne le Dieu tout puissant et vivant, qui dans sa clarté sereine n'est jamais offusqué par aucune iniquité et reste incompréhensible ; parce qu'il ne peut être divisé aucunement, n'ayant ni commencement fin ; et il ne peut être compris tel qu'il est par aucune étincelle de science de sa créature ; et il est inextinguible, parce qu'il est lui-même cette plénitude que n'atteint nulle fin ; et il est tout vivant (toute vie) parceque rien ne lui reste caché ; et il existe dans la plénitude de la vie, parce que tout ce qui vit reçoit de lui la vie ; selon ce que Job, inspiré par moi, indique en disant : Qui ignore que la main du Seigneur ait fait toutes ces choses ? lui, en la main duquel est l'âme de tout ce qui vit, et l'esprit de toute chair de l'homme. (1) (i) Quis ignorat quod omnia hc manus Domini fecerit in cujus manu est anima omnis viventis et spiritus universae carnis hominis (Job, XII). Que signifie cela? Nulle créature n'est si stupide, de sa nature, qu'elle ignore, dans ces causes, les vicissitudes de sa plénitude, en quoi elle est utile. Comment ? Le ciel a la lumière, la lumière possède l'air, l'air est rempli de volatiles, la terre nourrit les plantes, les plantes produisent les fruits, les fruits nourrissent les animaux ; toutes ces choses témoignent qu'une main puissante les a placées : c'est la main du Dominateur de toutes choses, qui a créé toutes choses, avec leurs vertus propres, de telle sorte qu'il ne leur manque rien pour leur usage ; et dans la toute puissance du même artisan, se trouve le mouvement de tous les êtres vivants et terrestres, tels que les animaux, qui recherchent la terre, dans les choses terrestres, et qui n'ont pas en eux la raison provenant du souffle de Dieu, et l'élan des esprits qui habitent la chair humaine, dans lesquels setrouvent le raisonnement, le discernement etla sagesse. Comment ? L'âme parcourt les événements humains, se multipliant de mille manières, selon les exigences des murs charnelles. Mais l'esprit s'élève de deux manières, à savoir par le soupir, le gémissement et le désir qui le portent vers Dieu, ou par la recherche qu'il fait du Seigneur, de sa loi et de son choix en toutes choses, comme étant une obligation de précepte, car il a le discernement dans la raison. C'est pourquoi l'homme contient en lui l'image du ciel et de la terre. Comment ? Il possède en effet cet ensemble de facultés (ce cercle) parmi lesquelles apparaissent la perspicacité, la vie et la raison, comme dans le ciel on voit les astres. Il a l'âme (sensitive) qui pénètre tous les sens et leur donne le mouvement, comme l'air qui contient les volatiles, est aussi le réceptacle des vapeurs d'eau et de l'humidité. Il peut croître et se multiplier, comme sur la terre les plantes, les arbres et les animaux. Comment cela ? Ô homme, tu es tout dans toute créature, et tu oublies ton Créateur ! la créature, qui t'est soumise, t'obéit comme il lui a été ordonné ; et toi, tu transgresses les lois de ton Créateur ! Mais tu vois que le même feu a en lui une flamme couleur d'air, qui brûle ardemment sous un souffle léger, et qui est aussi inséparablement unie à ce feu lucide, que le sont les entrailles dans l'homme : C'est que dans l'éternité, avant les temps de la formation de la créature, le Verbe infini, dans l'ardeur de sa charité, pendant le cours des temps qui passent, devait s'incarner merveilleusement sans la souillure et l'assujettisement du péché, par la vertu du St-Esprit, dans l'aurore de la bienheureuse virginité ; de telle sorte que cependant, comme avant de prendre la chair, il fut indivisiblement dans le Père, et qu'ainsi, après avoir pris l'humanité, il lui restàt inséparablement uni ; car, comme l'homme n'est pas sans le souffle vital, au fond de ses entrailles, ainsi le Verbe de Vie ne peut être nullement séparé du Père. Et pourquoi est-il appelé Verbe ? Parce que, de même que par le verbe mortel qui, dans la poudre terrestre de l'homme, est transitoire, les ordres du maître sont compris sagement, par ceux qui savent et prévoient la loi de celui qui commande: ainsi, parle verbe immortel qui ne passe pas, à cause de la vie inextinguible qui se perpétue dans l'éternité, est vraiment connue la puissance du Père, par les diverses créatures du monde qui le sentent et le comprennent, dans l'état ou elles ont été créées ; et de même que par le verbe officiel, on connaît la puissance et l'honneur de l'homme, ainsi par le Verbe divin resplendit la sainteté et la bonté du Père. Mais, comme tu le vois, cette flamme fulminante éblouit : cela signifie que le Verbe de Dieu, comme pour se montrer dans tout son éclat, manifesta sa vertu lorsqu'il façonna toute créature ; et il fut tout embrasé lorsqu'il s'incarna dans l'aurore et l'aube virginale ; et de lui découlèrent toutes les vertus, dans la connaissance de Dieu, lorsque l'homme reprit une nouvelle vie dans le salut des âmes. Mais une forme aérienne, obscure et sphérique d'une grande étendue sortit soudain, c'est la terre (l'instrument) encore dans l'obscurité de l'imperfection, c'est-à-dire non encore embellie par la plénitude des créatures ; et elle est ronde parce qu'elle est sous la puissance incompréhensible de Dieu, la divinité n'étant nulle part absente ; mais elle s'éleva en vertu de la toute puissance de Dieu, comme en un clin d'il, dans sa suprême volonté ; et sur elle la même flamme, comme un artisan, frappa quelques coups, en faisant jaillir d'elle une étincelle, jusqu'à ce que l'air devînt parfait; parce que le ciel et la terre resplendirent dans la plénitude de leur être, lorsque celui qui l'emporte sur toute créature, le Verbe d'en haut, montra dans la création des êtres, la servitude de ceux qui tiennent la vertu de sa force ; produisant diverses espèces de créatures, étonnantes par la merveilleuse origine de leurs conditions ; de même que l'artisan façonne artistement ses modèles avec l'airain ; jusqu'à ce que ces mêmes créatures resplendirent dans la beauté de leur plénitude, ayant en toutes leurs parties la beauté et la stabilité d'une créature parfaite ; parce que les choses supérieures resplendirent par les inférieures et les inférieures par les supérieures. Mais qu'ensuite cette même flamme, de ce foyer et de cette clarté, se répandit sur une petite glèbe de terre limoneuse gisant au fond de l'air : cela signifie que, les autres créatures étant formées, le Verbe de Dieu, dans la puissante volonté du Père et dans l'amour de la suprême suavité du St-Esprit, regarda la fragile matière de la molle et débile faiblesse humaine, de tous les hommes bons ou mauvais qui devaient être procréés, contenue dans les profondeurs de son insensibilité et de sa pondérabilité, et pas encore animée par le souffle efficace et vital ; et la réchauffant, il façonna la chair et le sang, les pénétrant de chaleur par sa vertu ; parce que la terre est la matière charnelle de l'homme, puisqu'elle le nourritde ses fruits, comme la mère ses fils ; et Dieu l'anima de son souffle, de telle sorte qu'elle devint l'homme dans une âme vivante, parce qu'il la vivifia par sa vertu suprême, et il produisit merveilleusement par elle, dans une âme et un corps, l'homme intelligent. Cela fait, ce feu lucide donna, par cette flamme qui brûle ardemment sous un léger souffle, à l'homme lui-même, une fleur très blanche suspendue à cette flamme, comme la rosée sur la mousse ; parce qu'Adam étant créé, le Père qui est la lumière très pure, donna par son Verbe en vertu du St-Esprit, à Adam lui-même, un doux précepte d'une obéissance facile, adhérant au Verbe lui-même par la douce rosée de la féconde vertu, parce que parle Verbe lui-même, une suave émanation de sainteté procéda du Père dans le St-Esprit, portant des fruits nombreux et magnifiques, comme la pure rosée qui descend sur le grain le féconde, pour qu'il produise des germes nombreux. L'homme en vérité sentit le parfum (de cette fleur) de ses narines, mais ne la goûta pas de ses lèvres, et ne pénétra pas ses murs ; parce que lui-même effleura, comme par ses narines, le précepte de la loi, avec l'intelligence de la sagesse; mais il n'en goûta pas parfaitement la force de perfection intime, en l'introduisant dans sa bouche ; et il ne la remplit pas par I'uvre de ses mains, dans la plénitude de la vie bienheureuse, se détournant de cette manière, pour tomber dans d'épaisses ténèbres desquelles il ne put se relever ; parce que, à l'instigation du démon, il désobéit au précepte divin, pour tomber dans les abîmes de la mort ; et qu'il ne voulut pas rechercher Dieu dans la foi et dans les actes. Aussi, écrasé sous le faix du péché, il ne put s'élever à la vraie connaissance de Dieu, jusqu'à la venue de celui qui, sans péché, obéit pleinement à son Père. - Mais ces ténèbres, dans cet air, s'accrurent en s'étendant de plus en plus ; car la puissance de mort prit toujours dans le monde des proportions plus grandes, en raison directe de l'étendue des vices, la science de l'homme se propageant dans le sens de la diversité des passions multiples et des péchés dégradants, que propage l'erreur. Mais que trois grandes étoiles égales par leur splendeur apparurent dans ces ténèbres, suivies d'un grand nombre d'autres grandes ou petites, brillantes d'un grand éclat : ce sont sous la figure de la suprême Trinité, les grands luminaires, à savoir : Abraham, Isaac et Jacob se complétant mutuellement, et repoussant les ténèbres du monde par leurs prédictions ; ainsi que d'autres nombreux prophètes, grands et petits, illustrés par la grandeur et la beauté de leurs miracles. Mais ensuite une très grande étoile apparut, resplendissant d'une merveilleuse clarté, et dirigeant ses rayons vers la dite flamme : c'est Jean-Baptiste le premier des prophètes, illustre parmi les illustres par la fidélité et la beauté de son uvre et par ses merveilles, annonçant le Verbe véritable, le Fils de Dieu, parce qu'il ne céda pas à l'iniquité, mais il la combattit vaillamment et puissamment dans les uvres de justice. Mais que sur la terre cette lueur comme celle de l'aurore apparaisse, à laquelle est infusée merveilleusement une flamme supérieure, non séparée toutefois dudit feu lucide: cela signifie que Dieu établit une grande lumière, d'une splendeur admirable, parmi la fécondité des choses, envoyant dans ce lieu, avec une volonté parfaite, son Verbe nullement séparé de lui ; mais il le donna comme un fruit merveilleux, et il le fit surgir comme une fontaine, de laquelle tout fidèle qui boit est à jamais désaltéré. Aussi, dans cette lueur d'aurore, une puissante volonté s'enflamma, parce que, dans la clarté de la sérénité empourprée, la vertu du grand et antique conseil fut connue, de telle sorte que les légions des esprits célestes admirèrent cette merveille dans la splendeur de leur félicité. Mais toi, ô homme, quand tu désires connaître pleinement, à la façon humaine, l'excellence de ce conseil, la barrière du mystère s'y oppose ; parce que tu ne dois pas approfondir davantage les secrets de Dieu, qu'il ne plait à la divine majesté de les manifester, pour l'amour de ceux qui croient fidèlement. Mais quand tu vois, de la lueur d'aurore, sortir une splendide forme humaine qui, répandant sa clarté sur les ténèbres, est reflétée par elles, et qui, changée en pourpre de sang et en blancheur d'aube, pénètre ces ténèbres d'une si grande vertu, que cet homme qui gisait en elles, apparaissant à son attouchement, resplendit ; et ainsi redressé, s'élève : cela désigne le Verbe de Dieu incarné inviolablement dans la candeur de l'intégrité virginale, né sans douleur, ni séparé du Père. Comment ? Lorsque le Fils de Dieu naquit dans le monde d'une mère : il apparut dans le ciel, dans le Père, et les anges tremblèrent ; et se réjouissant, ils entonnèrent les plus douces louanges. Ce Fils de Dieu, venu dans le siècle sans la tache du péché, projeta sur les ténèbres de l'infidélité la doctrine lumineuse de la béatitude et du salut ; mais rejeté par un peuple incrédule, et conduit à sa passion, il répandit son sang empourpré, et goûta corporellement les affres de la mort. Et par là, terrassant le démon, il délivra des enfers ses élus qui y avaient été précipités et retenus ; et par la vertu de sa rédemption, il les ramena miséricordieusement à leur héritage qu'ils avaient perdu en Adam. Lorsque ceux-ci parvinrent dans leur héritage, les harpes et les cymbales retentirent dans un concert d'une harmonie divine, parce que l'homme qui gisait dans la perdition, élevé maintenant dans la béatitude, délivré par la vertu d'en haut, avait échappé à la mort, comme je l'ai dit par mon serviteur Osée: L'iniquité d'Ephraïm a été unie en faisceau, son péché est caché ; il éprouvera les douleurs de l'enfantement: c'est un fils qui n'a pas la sagesse. Il ne restera pas debout dans le châtiment des fils. Je les délivrerai des mains de la mort, je les racheterai de la mort. Je serai ta mort, ou mort, je serai ton frein, ou enfer. (1) (1) Colligata est iniquitas
phraïm, absconditum peccatum ejus ; dolores parturientis venient ei, ipse filius non sapiens. Nunc enim non stabit in contritione filiorum. De manu mortis liberabo eos. De morte redimam eos. Ero mors tua, ou mors, ero morsus tuus, inferne. (Osée XIII). Que signifie cela ? La perversité de la malice du démon a été enchaînée par un lien efficace, pour qu'elle ne puisse se soustraire au zèle de la fureur de Dieu, parce qu'il ne l'a jamais vu penser au bien ; ainsi, ceux qui craignent Dieu fidèlement ne sont pas sujets aux embûches de Satan. Car il s'élève toujours contre Dieu, se disant Dieu lui-même, étant toujours dans l'erreur contre Dieu, et, à cause de lui, contre-disant au nom chrétien. Et c'est pourquoi sa malice est si profonde, que nul remède réparateur ne peut le guérir du péché qu'il a commis, d'une manière impie, dans son orgueil méprisant ; aussi il restera dans la perpétuité de la douleur, comme dans l'enfantement, la femme est dans le désespoir, et doute de pouvoir vivre si on lui ouvre le sein. Car cette infélicité restera toujours sur lui, qu'il a été rejeté de la béatitude, et la sagesse des fils fuit de celui qui ne revient pas à lui, comme le fils prodigue revenu à luimême, du fond de son iniquité revint à son père. C'est pourquoi il ne pourra jamais se fier à cette contrition, par laquelle les fils du salut, en vertu de la mort du Fils de Dieu, sont victorieux de la mort de la cruelle iniquité, que le serpent rusé a fait naitre, en suggérant au premier homme la fourberie que l'homme ne connaissait pas. Mais, parce que les fils du Sauveur méprisent le funeste venin de la suggestion, et sont attentifs à leur salut, je les délivrerai de la servitude des idoles, de la servitude, dis-je , des idoles, qui ont l'erreur comme puissance de perdition, et pour lesquelles les infidèles changent l'honneur qu'ils doivent à leur Créateur, s'enveloppant dans les filets du démon, et accomplissant leurs uvres suivant sa volonté. Et c'est pourquoi je rachèterai les âmes de ceux qui m'honorent, c'est-à-dire des saints et des justes, de la peine infernale, parce que nul homme ne pourra être arraché à l'esclavage de Satan, dans lequel il est tombé sous les coups de la mort cruelle, par la prévarication des préceptes divins, si ce n'est en vertu de la rédemption de celui qui a délivré ses élus par son propre sang. C'est pourquoi je t'exterminerai, ô mort, parce que je t'enlèverai ce qui te fait vivre ; de telle sorte que tu seras appelée un cadavre inutile, parce que, terrassée au milieu de tes forces redoutables, tu seras, gisante comme le corpsconduit à la souveraine béatitude, fut montrée à l'homme ; et, dans cette voie, il fut ramené de la mort à la vie. Mais, de même que les fils d'Israël, délivrés de l'Egypte, traversant le désert pendant quarante années, parvinrent dans la terre qui produisait le lait et le miel : ainsi le Fils de Dieu ressuscitant de la mort, se montra avec bonté à ses disciples et aux saintes femmes, qui soupiraient après lui et désiraient d'un grand désir le voir; et il les confirma dans la foi, pour qu'ils ne doutassent pas, en disant : Nous n'avons pas vu le Seigneur ; c'est pourquoi nous ne pouvons croire qu'il soit notre salut ! Mais il se manifesta fréquemment à eux, pour les corroborer, de peur qu'ils ne tombassent. Mais, qu'il monta à une hauteur suréminente, d'une gloire indicible, ou il resplendit merveilleusement dans la plénitude de toute abondance et de toute joie : cela signifie que le même Fils de Dieu s'éleva vers son Père, auquel, avec le Fils et le St-Esprit, la même grandeur et la même suréminence d'une inestimable gloire et d'une indicible allégresse appartient ; ou le même Fils dans l'abondance de toute sainteté et de toute béatitude apparaît glorieusement à ses fidèles, qui croient dans un cur simple et pur, qu'il est vraiment Dieu et homme. Car alors l'épouse nouvelle du même agneau lui est présentée, dans les divers ornements qui doivent la parer, de tous les genres des vertus, (propres) au combat redoutable de tout le peuple fidèle, qui doit livrer bataille contre le rusé serpent. Que celui qui voit avec des yeux vigilants, et qui entend de ses oreilles attentives, embrasse avec amour le sens de ces paroles mystiques, émanant de Moi qui suis la vie. |