Notre Vie dans le Christ

 


« Dieu nous a prédestinés à être 
conformes à l'image de son Fils. »
(Rom., VIII, 29).
 

     Fils de l'homme et Fils de Dieu, tel nous est apparu le Christ au cours de nos précédentes études : une double nature est en lui, l'une divine par son origine, l'autre humaine par son incarnation ; et comme ces deux natures sont assumées en lui par la Personne du Verbe, il est, d'un mot,le Verbe incarné On peut donc considérer distinctement dans le Christ son humanité et sa divinité, à la condition toutefois de ne pas perdre de vue que cette humanité et cette divinité ne sont pas opposées dans son être comme des essences incompatibles ou des forces divergentes, mais qu'elles demeurent conjointes dans toutes les démarches de sa pensée et toutes les actions de sa vie, étant animées du même souffle et conduites par le même Esprit. Et parce que l'Esprit qui demeure en lui et dirige sa volonté humaine comme sa volonté divine est l'Esprit de Dieu, il est vrai de dire que son humanité est si voisine de sa divinité qu'il est de tous les êtres humains ayant vécu sur la terre celui qui a touché Dieu de plus près, dans une communion de pensée, de volonté et d'amour qui n'a été réalisée au même point dans aucun être ici-bas en dehors de lui et qui fait que son humanité était sainte, de la sainteté même qui appartient à Dieu.

     Dès lors quelle autre voie pourrions-nous suivre plus sûrement pour atteindre Dieu que celle qu'il nous a lui-même tracée par les enseignements de sa parole et par les exemples de sa vie ? Il est la vérité et la vie ; il est la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde et quiconque marche sur ses pas est assuré de ne point trébucher dans les ténèbres. « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ », écrit Saint Paul aux Romains (XIII, 14) ; « c'est en lui, dit encore l'Apôtre des gentils, que Dieu nous a élus dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui, nous ayant dans son amour prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ » (Ephès, I. 4-5). « Dans le mystère du Dieu fait homme, dira à son tour Saint Augustin, il y a quelque chose pour ton infirmité, mais autre chose pour ta perfection : que le Christ t'élève par ce qui le fait homme ; qu'il te guide par ce qui le fait homme-Dieu ; qu'il te conduise à ce qui le fait Dieu » (1). Dans l'imitation du Christ, Verbe incarné, réside ainsi tout le secret de notre sanctification ; dans la conformité de notre âme à l'image du Fils est renfermée toute la perfection de notre vie surnaturelle.

     Et, puisque l'âme, sanctifiée par la grâce et appelée à l'union divine dans le parfait amour, est, selon la formule de Saint Bonaventure une âme «hiérarchique » (2), on peut distinguer trois paliers dans la « Montée du Carmel » : rentrer en soi, pour sortir de soi, afin de s'élever au-dessus de soi. Rentrer en soi pour recevoir au principe même de notre vie intérieure, dans l'obéissance et l'humilité de la foi, ces illuminations de l'Esprit du Christ, dont le rayonnement est multiplié par la diversité des vertus et des dons ; sortir de soi pour entreprendre cette action sanctifiante des oeuvres spirituelles qui configure l'âme tout entière à l'image du Christ par une imitation de sa sainte Humanité, dans un amour de conformité prêt à tous les héroïsmes et à tous les crucifiements ; s'élever, enfin, au-dessus de soi, pour atteindre dans l'amour de fruition, par delà toutes les ressemblances et toutes les formes, cette union ineffable avec la pure divinité du Christ qui transforme et déifie tout ce qui participe à sa nature infinie. Ou encore : aimer pour être illuminé par l'Esprit du Christ, obéir aux commandements, suivre les conseils pour être sanctifié par la sainte humanité du Christ ; s'offrir sans réserve aux volontés du Ciel et, par un abandon tout filial, se perdre dans l'abîme sans fond de la Superessence pour être déifié par la Divinité du Christ, voilà les trois démarches qui, réalisant et consommant notre vie dans le Christ, nous apportent par Lui l'illumination, avec Lui la sanctification, en Lui la déification.
 


II

     « Si quelqu'un, dit Saint Paul, n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. » (Rom., VIII, 9). La première condition de toute vie chrétienne, c'est donc de posséder en soi l'Esprit du Christ.

     On se doute bien qu'une pareille possession ne peut être acquise sans une ascèse préalable, une « conversion » de tout l'être humain, un dépouillement complet du « vieil homme », un absolu détachement de tout ce qui n'est pas purement et simplement Dieu, de façon que l'âme, désappropriée, dénudée, vidée de toute attache aux créatures et à elle-même, soit prête à recevoir, dans un abandon sans réserve à la volonté divine, l'influx de grâces naturelles.

     Toutefois, cet état de nudité, de pauvreté spirituelle est beaucoup moins le fruit d'une activité personnelle de l'âme qu'un don gratuit de Dieu qui, détournant cette âme de toutes les choses créées, la ramasse tout entière sur elle-même afin de l'attirer dans le sanctuaire intérieur où siège en nous l'Esprit divin. Nos oeuvres, quelque saintes qu'elles soient, ne suffiraient point à nous sanctifier, puisque c'est nous au contraire qui les sanctifions dans la mesure mêmes où nous sommes saints. Et il n'y a que la grâce divine qui puisse nous conférer cette sainteté qui, nous haussant au-dessus de notre propre nature, nous apprend à mourir à nous-mêmes et à nous mettre pieusement entre les mains de Dieu par une offrande de tout notre être à son amour et à ses dons.

     Lorsque l'âme a été ainsi disposée, par la purification en elle de tout le créé, à recevoir dans le silence et la solitude de sa vie intérieure le Dieu qu'elle cherche et qui demeure caché au plus profond d'elle-même, l'Esprit ne peut manquer d'agir et d'accomplir son oeuvre dans cette âme qui ne s'est vidée de tout ce qui n'est pas Dieu que pour que Dieu vienne la remplir de la plénitude de ses dons. Et, dans la sérénité d'une joie que rien ne peut troubler, puisque plus rien du dehors ne peut être en elle, l'âme se sent complètement transformée, comme retournée sous l'action mystérieuse de la grâce, et revêtue maintenant de l'« homme nouveau » par la vertu de l'Esprit qui la possède tout entière et lui donne le sentiment de ne plus s'appartenir à elle-même.

     De là cette impression de paix, de quiétude, de repos infiniment doux qui fait éprouver à l'âme comme une détente, un affranchissement, une libération. « Le Seigneur, c'est l'Esprit, disait déjà Saint Paul , et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté ». (II Cor., III, 17). Il semble qu'après s'être longtemps égaré, on se soit enfin retrouvé soi-même et qu'en mourant à tous les biens et à toutes les choses d'ici-bas, on se soit acquis en Dieu une indépendance qui ne sera jamais ravie. L'âme sent si vivement alors le poids des chaînes dont elle est maintenant débarrassée qu'elle est prête à immoler à l'Esprit qui demeure en elle jusqu'aux préférences les plus secrètes de son coeur, Elle se rend compte, avec une pénétration extraordinaire, combien elle avait été captive autrefois et combien l'Esprit qui lui est donné l'a délivrée de toutes ses servitudes ; et elle va jouir désormais de l'union divine dans la liberté reconquise des enfants de Dieu.

     C'est bien, en effet, de jouissance qu'il faut parler ici ; car la quiétude que l'âme éprouve dans la liberté de l'Esprit s'achève en une sorte d'« embrassement » divin qui enivre l'âme d'une ivresse surnaturelle. « Celui qui s'unit au Seigneur, dit Saint Paul, est un seul esprit avec lui » (I. Cor., VI, 17). Dans cette union, où elle est si attachée à Dieu qu'elle ne fait plus ainsi qu'un seul esprit avec lui, l'âme est semblable à un homme ivre ; elle s'oublie complètement elle-même pour se plonger sans retenue dans la plénitude de sa félicité. C'est qu'elle a bu à pleines lèvres au divin breuvage et qu'elle a gardé dans la bouche comme « un goût d'essence divine et de vie éternelle » (3). Mais, après le débordement de l'ivresse et les véhémences de la jubilation, voici les délices d'une suavité pleine de douceurs et d'intimes apaisements : l'âme reprend peu à peu possession d'elle-même et dans ce retour sur soi elle comprend qu'elle n'a pas mérité les faveurs de l'illumination où elle se complaisait. Aussi ne veut-elle rien s'attribuer de l'oeuvre que Dieu a accomplie en elle ; et plus elle découvre en son coeur l'action de l'Esprit divin, plus profondément aussi elle s'enfonce dans le sentiment de son propre néant... Elle est mûre pour les épreuves que Dieu lui réserve et qui, par le chemin de la Croix, vont la conduire au terme de sa sanctification.
 


III

     Illuminée et guidée par l'Esprit du Christ, l'âme sait bien que le disciple n'est pas au-dessus du Maître et que, là où le Maîtrea passé, le disciple aussi doit passer. Après le Thabor, voici la montée du Calvaire.« Il fait bon d'être ici » disait Pierre sur le Thabor ; et l'Évangéliste fait observer que Pierre ne savait ce qu'il disait : c'est que le Sauveur va annoncer à ses apôtres l'imminence de sa passion. Sur le Calvaire seront dressées, non plus trois tentes, mais trois croix ; et le Christ agonisant sera entouré, non plus de Moïse et d'Élie, mais de deux voleurs. Si Jésus est « source de grâces », il est aussi « principe de croix » (4), et il faut que ses témoins sur la montagne de l'illumination soient aussi ses témoins, ses martyrs dans le renoncement et le sacrifice. Dans la contemplation et l'imitation de l'Humanité souffrante du Verbe incarné réside ainsi la seule voie qui mène des états spirituels de la vie illuminative aux états déifiés de la vie unitive : c'est la Croix qui nous ouvre l'accès à la divinité du Sauveur.

     La Sainte Humanité du Christ, en effet, n'est pas seulement la cause instrumentale de toutes les grâces que nous recevons, soit par les sacrements, soit en dehors d'eux ».(5), c'est elle aussi qui nous donne ce que Saint Paul appelle « le sens du Christ » (I. Cor., II, 16). Car il faut avoir compris et accepté pour soi-même les anéantissements et les humiliations du Verbe incarné pour être digne de le suivre dans les splendeurs de sa résurrection. « Il ne peut T'apercevoir dans les hauteurs de Ta gloire, dit Suso, celui qui refuse à T'embrasser, abîmé dans l'abjection. » (6). Contemplation de l'Humanité du Christ, notamment dans les douleurs de sa passion ; imitation du Christ dans sa vie pauvre et renoncée conformité au Christ anéanti jusqu'à la mort de la Croix ; finalement identification au Christ crucifié : voilà ce qu'exige le « sens du Christ » et il n'y a pas d'autre chemin qui mène à la sanctification. « C'est à travers la passion et les plaies amoureuses de notre Seigneur, dit l'auteur de l'Imitation de la vie pauvre de Jésus-Christ, que coule la sagesse divine du Père dans les coeurs altérés et tout brûlants ,d'amour » (7). « Méditez bien attentivement la Passion de Notre Seigneur, dit encore le même auteur, et votre âme recevra de Dieu une force extraordinaire qui l'entraînera vers Lui jusqu'à l'union parfaite... De même que Dieu, le Père engendre son Verbe en Lui-même, ainsi il engendre l'homme nouveau dans la passion de fils. » (8).

     C'est bien, en effet, de génération intérieure, spirituelle qu'il s'agit ici : l'imitation du Christ ne doit pas être extérieure, comme la copie d'un modèle dont la substance et les vertus continuent à nous demeurer étrangères. Il ne suffit pas de copier Jésus, il faut devenir Jésus ; il ne suffit pas de reproduire en soi les traits du modèle, il faut laisser Jésus se reproduire lui-même en nous, de telle sorte qu'on puisse dire avec saint Paul : « ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. » (Galat. II, 19 - 20). Et que devons-nous faire pour devenir Jésus ? « Vous voulez le savoir ? répond l'auteur de l'Imitation de la vie pauvre de Jésus-Christ ; il a été pauvre et méprisé ; il a souffert la faim, la soif et toutes sortes de douleurs ; il a été doux, patient, et humble, voilà la vie de Jésus-Christ ! Voilà ce que vous devez imiter, si vous voulez ne faire qu'un avec lui » (9). « Les premières leçons de l'école de la sagesse, dit le Seigneur à son bien-aimé fils Suso, c'est dans le grand livre de mon corps crucifié qu'on les trouve... c'est avec des fleurs rouges que je veux engraisser le jardin de ton âme » (10).

     Ce qui manque aux souffrances du Christ disait déjà Saint Paul, je l'achève en ma chair pour son corps, qui est l'Église » (Coloss.,I, 24). Une amante passionnée du Christ, Angèle de Foligno, a énuméré quelques-unes des conditions que doit remplir l'âme qui aspire à la plénitude de cette perfection : « d'abord l'amour de la pauvreté, qui délivre l'âme des attaches de la créature, de toute possession qui ne serait pas celle de Jésus-Christ, de toute espérance qui ne serait pas celle de Jésus-Christ, de toute espérance qui serait fondée sur un autre. Cet amour ne doit pas seulement vivre dans le coeur, il doit se prouver par les actes. Un autre don, c'est le désir d'être méprisé par toute créature et de ne trouver de compassion nulle part, et de vivre dans le coeur de Dieu seul, et de compter pour rien partout ailleurs. Je pourrais citer encore le désir d'être accablé et inondé dans son coeur et dans son corps de toutes les douleurs de Marie et de Jésus, et que toutes les créatures nous les fassent subir sans relâche. Celui qui n'a pas ces trois désirs ne possède pas la bienheureuse ressemblance du Christ car ils l'ont accompagné, sa Mère et Lui, en tout temps et en tout acte. Si vous possédez ces trois dons, le quatrième sera de vous en sentir indigne, d'être persuadé que vous ne les avez pas par votre vertu propre ; et plus vous les aurez, plus vous croirez qu'ils vous manquent ; car celui-là perd l'amour qui se déclare satisfait de ses dons. » (11).

     Pauvreté, douleur, mépris, humilité, n'est-ce pas là toute la science des saints ?

IV

     Dieu ne crucifie une âme que pour la mûrir, la renouveler dans son essence et la rendre divine, car la flamme dont il l'a brûlée douloureusement pour la purifier est la flamme même de son amour. Il faut passer par les ténèbres de la mort pour parvenir à la lumière de la résurrection. C'est seulement lorsqu'on a découvert le Rien de soi-même qu'on peut trouver le Tout de Dieu ; parce que, alors, le Rien de soi-même sera devenu le Tout de Dieu. Au sortir de cette épreuve crucifiante où, dans l'anéantissement de tout ce qu'elle était, elle s'est attachée à la Croix de son Maître, l'âme éprouve, en effet, comme une présence particulière de Dieu en elle, Sous un mode inaccoutumé : il lui semble qu'elle est bien plutôt en Dieu que Dieu n'est en elle ; elle se sent envahie en quelque sorte et possédée par un Être tout-puissant qui ne l'attache à elle-même que pour l'attirer tout entière à Lui et l'immerger dans sa propre Substance. Ce n'est plus elle qui S'unit à Dieu dans l'effusion de la grâce ; c'est Dieu qui l'unit à Lui dans une étreinte dont elle subit passivement la force et qui la remplit d'une délectation jusqu'alors inconnue. L'oeuvre de la déification commence : Dieu la poursuivra jusqu'à cet état spirituel que les mystiques ont appelé l'« union transformante » ou « mariage spirituel >, et que le P. Chardon a excellemment défini par cette formule : « l'âme a perdu son non-être pour prendre un être divin » (12).

     Totalement abandonnée à la volonté de Dieu, l'âme est devenue entre ses mains la chose dont il use à son gré ; il lui a ravi son sens propre et sa volonté propre et il n'y a plus rien en elle qu'il n'ait envahi et pénétré de sa flamme. Elle marche pour ainsi dire « hors de soi », en une sorte d'état « théopathique », où désormais tout ce qu'elle est et opère, c'est Dieu qui l'est et l'opère en elle. « Tous ces mouvements, opérations et penchants, dit Saint Jean de la Croix, que l'âme recevait auparavant du principe et de la force de sa vie naturelle, se trouvent transformés, en mouvements divins... L'entendement d'une telle âme est entendement de Dieu., sa volonté est volonté de Dieu, sa mémoire, mémoire éternelle de Dieu, et sa jouissance, jouissance de Dieu. Et la substance de cette âme, tout en n'étant pas substance de Dieu, parce qu'elle ne peut se changer en elle substantiellement, cependant unie avec Lui, absorbée par Lui, est Dieu par participation. » (13).

     C'est ici le point culminant du progrès de l'âme dans les voies surnaturelles ; car, dans cet état que Ruysbroeck a appelé « la canicule de la vie intérieure » (14), l'âme a échangé avec son Dieu l'anneau du mariage mystique et elle a le droit désormais de se dire l'« épouse du Verbe ». Et parce que Dieu a créé toutes choses dans son Verbe et pour son Verbe, l'âme déifiée et consommée dans son union avec le Verbe a rejoint en Lui le principe même de son être. Née de Dieu en Dieu, elle est retournée à Dieu, en Dieu, par la voie de Celui qui nous a tant aimés qu'il a pris notre chair et a habité parmi nous, afin que PAR LUI, AVEC LUI, EN LUI, nous possédions la vie éternelle dans la gloire incréée du Père et les lumières de l'Esprit Saint.

Gabriel HUAN.
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(1) In Johann. Tr. XXIII, 6.
(2) Dans le Soliloque (ou exercices spirituels de l'âme).
(3) SAINT Jean DE LA CROIX, Montée du Carmel, Liv. II, eh. XXIV.
(4) cf. CHARDON, La Croix de Jésus., Paris, 1647.
(5) SAINT THOMAS, Somme théol., IIIa qu. 43. a. 3 qu. 48, a. 6.
(6) Le petit livre de l'amour, ch. III.
(7) Le petit livre de l'amour, 2° Partie, ch. VII.
(8) 1° Partie, ch. IX.
(9) première partie. Ch. IX.
(10) SUSO, Le livre de la sagesse éternelle, ch. II.
(11) Le livre des visions, trad. Hello, p. 307-308.
(12) La Croix de Jésus, Tome II, p. 278-279. 
(13) La vive flamme d'amour, 2° Strophe, 6° vers.