POUR L'UNION DES CHRÉTIENS
 

« Ut unum sint.»
Jean, XVII, 22-23)


 


     Nous terminions un précédent article par un appel à l'union de tous les chrétiens ; nous avons le ferme espoir que cet appel sera entendu par tous ceux qui, ayant au coeur l'amour du Christ, veulent travailler au salut de leurs frères. Ne trouvons-nous pas d'ailleurs, chez tous les fidèles, à quelque confession chrétienne qu'ils appartiennent, cette aspiration à l'Unité de l'Église ; nous rechercherons, enfin, sur quelles bases pourrait s'édifier, dès à présent, une union de tous les chrétiens, plus soucieux de charité fraternelle que de querelles théologiques.
 


II

     Ce fut l'une des principales missions du Verbe incarné de « rassembler en un seul corps les enfants de Dieu dispersés » (Jean, XI, 52). Le Christ, en effet, est « le berger » (Jean, X, 11), celui qui aime ses brebis jusqu'à donner, s'il le faut, sa vie pour elles ; car il n'est pas un étranger ou un mercenaire, mais les brebis lui appartiennent et, lorsqu'une d'elles s'est égarée, il court à sa recherche à travers monts et vallées et, lorsqu'il l'a retrouvée, il la porte tout joyeux sur ses épaules pour la ramener au bercail (Matth., XVIII, 12-14). Il n'est pas seulement le bon berger, mais aussi l'unique berger, celui qui connaît les chemins par où, à travers le désert, il saura mener les brebis aux pâturages où elles trouveront la vie en abondance. Aussi les appelle-t-il chacune par leur nom et il marche devant elles et elles le suivent, dociles au son de sa voix. Et, comme il n'est point de bergerie dont les brebis ne lui aient été données par son Père, toutes elles entendront sa parole et se rassembleront dans les mêmes pâturages, de sorte qu'il n'y aura qu' « un seul troupeau et un seul berger » (Jean, X, 4-16).

     Cette sollicitude amoureuse pour les brebis dont la vie a été confiée à ses soins, le Christ la manifestera tout le long de sa vie publique : « ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume », (Luc, XII, 32). Et, dans la suprême prière qu'il adressera à son Père avant de quitter les siens pour monter au Calvaire, il insistera une dernière fois sur un désir particulièrement cher à son coeur : l'union en Lui et par Lui dans le Père, de tous ceux qui auront cru en sa parole : Père Saint, garde-les !, qu'ils soient fidèles à ton Nom, que tu m'as chargé de faire connaître, afin qu'ils soient un comme Nous..,. Ce n'est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en Toi ; afin qu'eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c'est Toi qui m'as envoyé je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et Toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité. » (Jean, XVII, 11-24).

     Et, comme si quelque signe matériel devait subsister jusque dans la mort de cette volonté d'union que le Christ avait si formellement exprimée, l'Évangile nous apprend que la robe sans couture dont Jésus était revêtu ne fut pas déchirée par les soldats romains qui le crucifièrent : « Après que les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa robe, mais cette robe était sans couture, tout entière d'un Seul tissu, depuis le haut jusqu'en bas. Ils se dirent donc les uns aux autres : ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui l'aura. C'était afin que cette parole de l'écriture fût accomplie : « ils ont partagé mes vêtements entre eux et ils ont tiré ma robe au sort ». Voilà ce que firent les soldats » (Jean, XIX, p. 23-24).
     La robe sans couture que les soldats romains n'avaient pas osé se partager, ce sont des chrétiens qui l'ont déchirée.


II

     Déjà, dès les premiers temps, les Apôtres durent réagir contre les dissensions qui menaçaient de séparer les fidèles en Églises rivales : « je vous exhorte, frères, écrit St-Paul aux Corinthiens, à tenir tous le même langage et à n'avoir point de divisions parmi vous, mais à être bien unis dans une même pensée et dans un même sentiment. En effet, mes frères, j'ai été informé qu'il y a des disputes parmi vous. Voici ce que je veux dire, c'est que, parmi vous, chacun parle ainsi : moi je suis disciple de Paul ; et moi d'Apollon et moi de Céphas, et moi, de Christ. Christ est-il donc divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous Où avez-vous été baptisés au nom de Paul ?... Quand l'un dit : moi, je suis disciple de Paul et l'autre : moi, d'Apollon, n'êtes-vous pas des hommes comme les autres ? Qu'est-ce donc qu'Apollon ? Et qu'est-ce que Paul ? Ce sont des serviteurs par le moyen desquels vous avez reçu, selon ce qui il été accordé à chacun par le Seigneur. J'ai planté, Apollon a arrosé, mais c'est Dieu qui a fait croître... Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai posé la fondation, comme fait un sage architecte, et un autre bâtit dessus ; mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit lui-même : pour ce qui est de la fondation, personne ne peut en poser une autre que celle qui été posée, Jésus-Christ . (I Cor., I, I, 10-14 ; III, 4-12).

     L'Apôtre met les fidèles en garde contre « les mauvais ouvriers » (Phil. III. 2), contre ceux, écrit-il aux Galates qui veulent substituer à l'Évangile du Christ un autre évangile « Si quelqu'un de vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème » (Gal, I, 8-10). Il recommande à son disciple Timothée « de rester à Éphèse afin d'avertir certaines personnes de ne pas enseigner une autre doctrine, de ne pas s'attacher à des fables et à des généalogies sans fin, qui provoquent des disputes, au lieu de contribuer au développement de l'oeuvre de Dieu qui s'accomplit par la foi » (I Tim. I, 1-4) ; il rappelle au même Timothée, dans une seconde lettre, que « les disputes de mots ne servent à rien qu'à la ruine de ceux qui les écoutent » (II Tim. II, 14).

     De son côté, St Pierre prévoit qu'il y aura dans l'Église « de faux docteurs qui introduiront sournoisement des hérésies pernicieuses et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une ruine soudaine » (II Petri, II, 1-2). Saint jean rend aux chrétiens d'Ephèse ce beau témoignage qu'ils sont demeurés attachés à la saine doctrine : » je vous écris ces choses au sujet de ceux qui vous égarent. Pour vous, l'onction que vous avez reçue demeure en vous et vous n'avez pas besoin que personne vous instruise » (I Jean II, 26-27.)

     Ainsi, de tout temps, des tentatives de séparatisme se sont manifestées dans l'Église. Mais c'est au XI° siècle que se produit le premier grand schisme, celui de Michel Cérulaire qui soustrait à l'obédience du Pape d'Occident toutes les Églises d'Orient ; puis, c'est, au XVI° siècle, la révolte du moine Martin Luther, soutenu ou plutôt poussé par les princes allemands, désireux de s'affranchir de la tutelle de Rome ; enfin, par la volonté d'Henri VIII, l'Église d'Angleterre s'érige en Église nationale autonome. De la sorte, au cours des siècles, trois grands rameaux du Christianisme, orthodoxes, protestants et anglicans, se sont successivement détachés du tronc catholique pour vivre d'une vie propre, indépendante.

III

     Cependant, du sein des diverses Églises, des voix se sont élevées pour prêcher le retour à l'Unité.

     Écoutons tout d'abord le Chef de l'Église romaine, Pie XI, déclarer dans une allocution adressée le 10 janvier 1927 à la Fédération universitaire catholique italienne : « Pour l'union il est avant tout nécessaire de se connaître et de s'aimer. Se connaître, parce que l'on peut dire que, si l'oeuvre de réunion des Églises a échoué tant de fois, ces échecs sont dus en grande partie au fait que de part et d'autre on ne se connaissait pas. S'il y a eu des préjugés réciproques, il faut que ces préjugés tombent. Elles semblent si incroyables, ces erreurs et ces équivoques qui subsistent et se répètent parmi les frères séparés contre l'Église catholique ; mais, d'autre part aussi il a parfois manqué aux catholiques la juste appréciation de leur devoir ou, parce que la connaissance leur faisait défaut, la piété fraternelle. Sait-on tout ce qu'il y a de précieux, de bon et de chrétien dans ces fragments de l'antique vérité catholique ! Les parties séparées d'une roche aurifère sont aurifères elles aussi. Les vénérables chrétientés orientales ont conservé une sainteté si vénérable dans leur objet qu'elles méritent non seulement tout le respect, mais encore toute la sympathie. »

     Veut-on entendre la réplique des Orthodoxes ? « Pour connaître le catholicisme, dit le Père V. Tsebricov, c'est un François d'Assise, un curé d'Ars, que nous autres orthodoxes devons examiner ; pour connaître l'orthodoxie, les catholiques occidentaux doivent étudier avec attention et amour ceux qui en étaient les véritables initiés. Serait-ce un paradoxe de dire que plus on est catholique, plus on est orthodoxe, mieux on s'entend ? La raison en est que la plénitude du catholicisme et la plénitude de l'orthodoxie c'est la charité, c'est l'amour illimité du Christ qui seul comprend tout et pardonne tout » (L'esprit de l'Orthodoxie, Amay s/Meuse, 1927).

     Voici, du côté protestant, une belle page du Professeur Alfred de Martin, de l'Université de Munich, citée par Dom de Lilienfeld, dans Pour l'Union (Amay s/Meuse 1927) : « Tout entourés que nous sommes des puissances du mal, pénétrés d'un esprit qui ne cherche que les choses de ce monde, idéologie d'un siècle matérialiste et païen, nous considérons la nécessité de nous réunir pour combattre ensemble dans la défense du dépôt commun du christianisme. Nous sommes attristés de nos luttes fratricides. Si le protestantisme ne vit presque plus que de son principe de lutte contre Rome, le Catholicisme à son tour dépense le meilleur de ses forces dans une attitude toute négative, antiprotestante.

     « Ces attitudes surannées de polémiques ne conviennent plus à nos besoins modernes. Il faut que nous remettions en honneur ce qui est positif, ce qui est beau ; soyons prêts à servir, soyons unis.
     « Dans le catholicisme on commence à comprendre ce qu'il y a de légitime dans la réforme de Luther. De leur côté, les protestants se rendent compte que le subjectivisme finira par dissoudre tout ce qui est objectif dans le monde. L'Église d'Orient, elle aussi, se rapproche ; elle prend un contact fécond avec le monde occidental dans la sphère religieuse.
     Une nostalgie d'unité, une aspiration fraternelle traverse le monde chrétien. Le temps est mûr pour des rencontres. »

     Quelle Église, mieux que l'Église anglicane, s'est prêtée à ces rencontres ? Faut-il signaler l'appel lancé à tous les chrétiens par les prélats assemblés à la Conférence de Lambeth (1920) ? « Nous, Archevêques, évêques, Métropolitains et autres évêques de la Sainte Église Catholique, en communion avec l'Église d'Angleterre, assemblés en Conférence, comprenant la responsabilité qui pèse sur nous, à ce moment, et étant sensibles aux voeux et aux prières de beaucoup de nos fidèles et même de ceux qui ne sont pas en communion avec nous, nous adressons cet appel à tous les chrétiens...

     « Nous reconnaissons tous ceux qui croient en Notre Seigneur Jésus-Christ et qui ont été baptisés au nom de la Sainte Vérité comme faisant partie avec nous, en tant que membres, de l'Église universelle du Christ, son corps mystique...

     « Nous croyons que l'unité visible de l'Église comportera l'acceptation entière des Saintes Écritures comme étant l'histoire de la révélation de Dieu à l'homme et comme étant la règle et le modèle ultime de la foi, et le symbole connu ordinairement sous le nom de Nicée comme étant un exposé suffisant de la foi chrétienne et soit ce dernier, soit le symbole des Apôtres comme profession de foi baptismale. »

     Faut-il enfin rappeler et les conversations de Malines (1925) qui, dirigées par le Cardinal Mercier, archevêque de Malines, en plein accord avec l'archevêque de Cantorbery, ont établi d'heureuses relations entre les deux Églises ; et la Conférence de Stockholm (1925) qui, convoquée par la Société américaine Life and Work, obtint des résultats importants dans le domaine des « oeuvres » ; et aussi la Conférence de Lansamir (1927) qui, réunie sur l'initiative d'une autre société américaine Faith and Order, eut le courage d'aborder les questions de principes sans que la charité fraternelle eut à en souffrir à aucun moment, et dont l'esprit peut être défini par cette phrase du sermon de l'évêque de New York : « Nous vivons dans un monde qui a perdu sa route. Jésus-Christ seul peut nous sauver encore. Dieu a eu patience avec nous jusqu'à présent.; mais, dès lors que nous avons compris le péché de sectarisme, nous ne pouvons espérer,qu'Il tolérera plus longtemps nos désunions.


IV

     Selon une prophétie du Grand-prêtre Caïphe, que nous avons déjà citée, Jésus est mort « non seulement pour la nation juive, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu dispersés » (Jean, XI, 52). Voilà bientôt deux mille ans que le sacrifice du calvaire a été consommé et les enfants de Dieu sont encore dispersés. Le Christ serait-il donc mort en vain ; ou bien faut-il qu'il revienne de nouveau sur la terre s'immoler une seconde fois ? Et pourtant il semble bien que l'entente de tous les chrétiens ne serait pas très difficile à réaliser si l'on voulait s'en tenir aux conditions que le Christ a posées lui-même et qui servaient précisément à St-Paul pour définir les marques de l'unité de l'Église : une seule foi, un seul baptême.

     « Plus tard, écrit St Marc, il se montra aux Onze pendant qu'ils étaient à table et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. Puis il leur dit : « Allez par tout le monde et prêchez l'Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas, sera condamné. » (Marc, XVI, 14-17). D'autre part, on lit dans le quatrième Évangile : « Dieu n'a point envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean, III, 17-19). Et cette foi, sans laquelle on ne peut être sauvé, en quoi consiste-t-elle précisément ? À confesser que Jésus-Christ est le Fils de Dieu venu dans la chair, pour la rédemption de l'humanité . « Voici, écrit St Jean aux fidèles d'Éphèse, voici comment vous reconnaîtrez l'Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu.... Et celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu » (I, Jean, IV, 2-4 ; 15-16).

     Ainsi, confesser que Jésus est le Fils de Dieu fait homme, c'est posséder l'Esprit du Christ et par là, appartenir à l'Église intérieure ou invisible ; il suffit alors d'être baptisé au nom du Père et du Fils et du St-Esprit pour être incorporé à l'Église extérieure ou visible « Il y a, écrit St-Paul aux Êphésiens, un seul Corps et un seul Esprit, de même que vous avez été appelés à une seule espérance par la vocation qui vous a été adressée. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et parmi tous et en tous. Mais à chacun de nous la grâce a été donnée, conformément au don du Christ. » (Ephès. IV, 4-7). C'est pourquoi, malgré, les dissensions et les schismes, l'Unité intérieure de l'Église s'est maintenue à travers les siècles, dans l'ordre spirituel, selon la mesure même de l'incorporation des fidèles du Christ qui, partout et toujours, ne cesse de demeurer parmi les siens, quand ils sont réunis en son nom, et leur assure l'assistance de l'Esprit-Saint qui, parce qu'il est l'Esprit du Père et du Fils, anime, éclaire, dirige l'Église sur la voie de ses fins surnaturelles.

     Une question se pose néanmoins, celle de savoir quelles sont les vérités de foi qu'implique la croyance en la divinité du Christ. Les prélats assemblés à Lambeth ont déjà précisé que l'Unité visible de l'Église doit comporter, avec l'acceptation entière des Écritures, l'adhésion au symbole de Nicée « comme étant un exposé suffisant de la foi chrétienne ». On sait que ce symbole, rédigé contre les Ariens en 325 par les Pères du 1er Concile de Nicée, a reçu des Pères du 1er Concile de Constantinople en 381 quelques additions, notamment en ce qui concerne le St-Esprit. Mais c'est seulement après les décrets du Concile d'Ephèse, en 431, interdisant à quiconque « d'enseigner, d'écrire ou de composer une autre profession de foi que celle définie par les Pères assemblés à Nicée », que le Symbole est passé dans l'usage liturgique, tout d'abord en Orient, puis, beaucoup plus tard, en Occident. Ajoutons, à propos de la procession du St-Esprit, que l'addition du « Filioque » , qui a soulevé tant d'objections de la part de l'Église d'Orient, fut faite pour la première fois en Espagne, qu'elle passa de là en Gaule, puis en Allemagne, que le pape Léon III, en 809, refuse de l'introduire dans l'Église romaine par respect pour la formule du Symbole communément reçue ; que c'est seulement tu XlV° siècle que le pape Boniface VIII accepta qu'elle fût chantée à Rome aux messes solennelles. Il semble donc bien que nous soyons autorisés à nous en tenir à la forme traditionnelle du Symbole pour établir sur une base acceptable par tous les fidèles l'unité de la foi chrétienne. (1)

     Donc, une seule foi : celle de Nicée ; un seul baptême : celui qui est conféré au nom du Père et du Fils et du St-Esprit. Dira-t-on que nos exigences sont bien minimes et réduites ? Puisqu'elles suffisent au salut, selon la promesse formelle de Celui qui est venu enseigner toute vérité, pourquoi imposer à tous les fidèles, pour qu'ils fassent partie de la Grande Église du Christ, des croyances et des pratiques qui ne sont pas indispensables au salut ? Nous avons là deux éléments essentiels sur lesquels l'accord des esprits et des coeurs est déjà pleinement acquis : ne suffirait-il pas, dès lors, pour réaliser l'union de tous les chrétiens de consacrer publiquement l'adoption de ces deux éléments par une déclaration solennelle de toutes les Églises chrétiennes ? Cette déclaration établirait, désormais, entre toutes les Églises des rapports de fraternelle charité et de mutuelle assistance dans un dévouement commun à la cause de Celui qui demeure pour nous, au dessus de tous les séparatismes, la Voie, la Vérité, la Vie.

GABRIEL HUAN.
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(1) On trouvera le texte du Symbole avec ses variantes dans l'Enchiridion Symbolorum, de Denzinger-Bannwart, NI, 86 (p. 37).