Réflexion de Lamennais - Livre 2, chapitre 5
Quand vous sauriez ce qu'il y a de bon et de mauvais dans chaque homme, sans en excepter un seul, à quoi cela vous servirait-il, si vous vous ignorez vous-même ? On ne vous interrogera point, au dernier jour, sur la conscience d'autrui. Laissez donc là une sollicitude dont presque toujours l'orgueil et la malignité sont le principe. Et occupez-vous d'un soin plus agréable à Dieu et plus utile pour vous.
La grande, la vraie science est de se connaître soi-même. Ce doit être notre étude de tous les instants. Alors on apprend à se mépriser, à gémir sur la plaie de son cur, sur l'amour-propre effréné qui nous domine, sur les secrètes convoitises qui nous tourmentent, et l'on s'écrie comme l'Apôtre: Qui me délivrera de ce corps de mort ? Heureuse, heureuse délivrance !
Mais que trouverons-nous après, si nous avons été fidèles ? Dieu, uniquement Dieu, et en lui toutes choses, toute consolation, tout bien. O mon âme, puisqu'il en est ainsi, commence dès ce moment même à te dégager du poids qui t'affaisse, de la terre et des créatures, pour ne t'attacher qu'à Dieu seul.