Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 11
Nous avons un grand combat à soutenir: Contre notre esprit, qui nous égare, séduit par de fausses lueurs et par une funeste curiosité. Contre nos désirs, qui nous troublent. Contre nos sens dont les convoitises souillent l'âme et la courbent vers la terre.
Lamentable condition de l'homme déchu ! Mais Dieu ne l'a point abandonné: il peut vaincre s'il veut. La foi réprime l'inquiétude maladive de l'esprit, et le fixe dans la vérité. Une entière soumission à la volonté divine produit la paix du coeur, en étouffant les vains désirs et ceux même qui trompent la piété par une apparence de bien. Enfin, nous triomphons des sens par la prière, l'humilité, la pénitence, en châtiant le corps rebelle, et le réduisant en servitude.
C'est dans cette guerre de chaque moment que le chrétien se perfectionne, et c'est, en combattant avec fidélité qu'on peut dire comme l'Apôtre: Je ne pense point être encore arrivé où j'aspire: mais oubliant ce qui est en arrière, et m'étendant à ce qui est devant, je cours au terme de la carrière pour saisir le prix que Dieu nous a destiné, la félicité céleste à laquelle il nous a appelés par Jésus-Christ.