Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 19
Si nous avons souvent à souffrir du prochain, il n'a pas moins à souffrir de nous, et c'est pourquoi l'Apôtre dit: Portez le fardeau les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi de Jésus-Christ.
Mais je vous entends: il y a des choses qu'il est dur, dites-vous, et difficile de supporter. Eh bien, votre mérite en sera plus grand. La grâce ne nous est donnée que pour cela, pour que vous fassiez avec elle ce qui serait impossible à la nature seule. D'ailleurs, que vous arrive-t-il que Dieu n'ait prévu, que Dieu n'ait voulu ? La patience n'est donc qu'une soumission douce et calme à ce qu'il ordonne, et sans elle nous vivons dans un trouble perpétuel; car qui a résisté à Dieu, et a eu la paix ? Et combien ne faut-il pas qu'il soit lui-même patient avec vous ! Descendez dans votre conscience, et répondez. N'a-t-il rien à supporter de vous, rien à vous pardonner ?
Oui, le Seigneur est patient et rempli de miséricorde. Soyons donc aussi patients envers tous. L'homme patient vaut mieux que l'homme fort: et celui qui domine son âme, mieux que celui qui réduit les villes. Je me suis tu, disait David en prophétisant les souffrances du Christ, je me suis tu, et je n'ai point ouvert la bouche; et un autre prophète: il s'est tu, comme l'agneau devant celui qui le tond.
Qui oserait après cela murmurer, s'irriter, rendre offense pour offense? O Jésus ! soyez notre modèle. Vous nous avez appris à dire à Dieu: Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent. Voilà ce que nous demandons chaque jour, ce que chaque jour nous promettons, et malheur à celui dont la prière sera trouvée menteuse !