Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 21

A mesure que l'âme fidèle se dégage de la terre et d'elle-même, toutes ses pensées, tous ses désirs s'élèvent et viennent se confondre en Celui qu'elle aime uniquement. Alors elle gémit des liens qui l'appesantissent et la retiennent encore ici-bas.

Pressée d'un amour qui croît sans cesse, elle voudrait briser son enveloppe mortelle, et s'élancer dans le sein de l'être infini auquel elle aspire, et s'y plonger, et s'y perdre éternellement. Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ? Nul repos, en effet, pour elle, jusqu'à ce qu'elle soit pleinement unie à l'objet de ses ardeurs, jusqu'à ce qu'elle puisse dire dans les transports, dans l'ivresse divine de sa joie, dans la jouissance, dans la possession à jamais immuable du céleste époux: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui !

Oh ! Quand luira cet heureux jour, jour de la délivrance et de l'allégresse sans fin ? Quand cessera le temps de l'exil, le temps de l'espérance et des larmes ? Quand verrons-nous décliner les ombres qui dérobent à nos regards le bien-aimé ? Comme le cerf altéré désire l'eau des fontaines, ainsi mon âme vous désire, ô mon Dieu ! Mon âme a eu soif du Dieu fort, du Dieu vivant: Oh ! Quand viendrai-je en présence de mon Dieu ?