Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 22

Profitons de la grâce qui nous est donnée, sans rechercher si les autres en ont reçu une mesure plus grande. Dieu se communique comme il lui plaît, il est le maître de ses dons; et que sommes-nous pour lui en demander compte ? Bénissons-le de ceux qu'il nous accorde dans sa bonté toute gratuite, et bénissons-le encore de ceux qu'il nous refuse, nous reconnaissant indignes du moindre de ses bienfaits. Si vous êtes humble, vous n'aspirerez point à des faveurs extraordinaires, et si vous manquez d'humilité, ces faveurs loin de vous être utiles, ne serviraient peut-être qu'à vous perdre en nourrissant en vous la vaine complaisance et l'orgueil.

Une vive gratitude envers le Seigneur, une soumission parfaite à ses volontés, la fidélité dans la voie où il vous conduit, voilà ce que vous devez désirer. Avec cela vous reposerez en paix, parce que vous reposerez en Dieu, et qu'en lui vous trouverez le secours contre les tentations, la paix dans les souffrances, la consolation dans les misères et les peines de la vie, et enfin l'amour qui rend tout léger. Oh ! Que nous penserions peu à souhaiter un état plus élevé ou plus doux, si nous aimions véritablement ! Mais nous ne savons point aimer. Gémissons au moins de notre tiédeur et supplions le divin Maître d'échauffer, d'embraser notre cœur languissant, afin que nous puissions dire avec l'Apôtre:

Qui me séparera de l'amour du Christ ? La tribulation ? L'angoisse ? La faim ? La nudité ? Le péril ? La persécution ? Le glaive ? Mais nous triomphons de toutes ces choses à cause de Celui qui nous a aimés. Car je suis certain que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les vertus, ni le présent, ni l'avenir, ni la force, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra me séparer de la charité de Dieu, laquelle est dans le Christ Jésus Notre Seigneur.