Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 27
Si peu que lhomme se recherche lui-même, il séloigne de Dieu; mais à linstant le trouble naît en lui; car, ou il natteint pas lobjet de ses désirs, ou il sen dégoûte aussitôt, toujours tourmenté, soit par des convoitises soit par le remords et lennui.
Il a voulu être riche, puissant, posséder des titres, des honneurs, toutes choses qui ne sobtiennent guère que par de durs travaux, et qui rarement se rencontrent avec une conscience pure: nimporte, le voilà élevé au faîte des prospérités humaines, rien ne lui manque de ce quil enviait; demandez-lui sil est satisfait, il ne sortira que des plaintes, des cris dangoisse et de douleur de la bouche de cet heureux du monde. Et maintenant, selon la forte expression de lApôtre, et maintenant, ô riches! pleurez et poussez des hurlements dans les misères qui fondront sur vous. Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les voluptés, vous vous êtes engraissés pour le jour du sacrifice. Ainsi dun côté, les biens dici-bas, ces biens convoités si ardemment, fatiguent lâme sans la rassasier; et de lautre, à moins dune grâce peu commune, comme Jésus-Christ lui-même nous lapprend, ils la précipitent dans la perte.
Au contraire, celui qui sest renoncé complètement, celui pour qui Dieu seul est tout, jouit dune paix inaltérable. La souffrance même lui est douce, parce quelle accroît son espérance, purifie son amour, et que laffliction dun moment enfantera une joie éternelle. Persévérez donc dans la patience jusquà lavènement du Seigneur. Dans lespoir de recueillir le fruit précieux de la terre, le laboureur attend patiemment les pluies de la première et de larrière saison. Et vous aussi soyez donc patients, car lavènement du Seigneur approche.