Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 2
Il y a une voix qui nous parle intérieurement et comme dans le fond de l'âme, lorsque, fermant l'oreille au bruit des créatures, nous ne voulons plus écouter que Dieu seul, et que nous l'appelons en nous de toute l'ardeur de nos désirs.
C'est cette voix qui, loin des hommes, ravissait au désert les Paul, les Antoine, les Pacôme, et leur révélait sans obscurité les secrets de la science divine. C'est cette voix qui instruit les Saints, les enflamme, les console et les enivre, pour ainsi dire, de sa céleste douceur. Moïse et les prophètes étaient voilés pour les disciples d'Emmaüs: Jésus vient, et, à sa voix, les ombres qui offusquaient leur intelligence, se dissipent. Quelque chose d'inconnu se remue en eux, de sorte qu'ils se disaient l'un à l'autre: Notre cur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin et nous ouvrait les Ecritures ?
Et nous, pauvres infortunés, que le tumulte du monde distrait encore, que ferons-nous ? Ne voulons-nous point aussi entendre Jésus ? Comme les deux disciples, nous sommes en voyage. Nous nous en allons vers l'éternité. Jésus, dans son amour, s'approche de nous; il se fait en quelque sorte le compagnon de notre route. Mais, nous trouvant si peu attentifs, il se retire et nous marchons seuls. Effrayante solitude ! Ah ! Prenons garde que la nuit ne nous surprenne près du terme ! Hâtons-nous de rappeler le divin guide, et disons-lui de toute notre âme: Seigneur, demeurez avec nous, car le soir se fait, et le jour baisse !