Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 41
Celui qui s'examine devant Dieu à la lumière de la vérité se méprise souverainement, parce qu'il ne trouve en soi, sans la grâce, qu'un fond immense de corruption: et dès lors, loin de rechercher l'estime, les respects, les honneurs, il se réfugie dans son abjection comme dans le seul asile contre l'orgueil, la plus grande de ses misères.
Si on l'abaisse, si on le dédaigne, il ne se plaint ni ne s'irrite; il reconnaît qu'on lui fait justice, et l'on ne saurait tant l'humilier qu'il ne s'humilie encore davantage intérieurement; car, en tout, c'est Dieu qu'il regarde, et non pas les hommes. Il dit comme Job: Si je veux me justifier, ma bouche me condamnera: et si elle entreprend de montrer mon innocence, elle ne prouvera que mon crime.
Puis, dans l'amertume de son cur, appelant la miséricorde, il invoque le Père céleste, qui a pitié de sa pauvre créature. J'ai péché: que ferai-je, ô Sauveur des hommes ? Pourquoi avez-vous mis la guerre entre vous et moi, et suis-je devenu à charge à moi-même ? Pourquoi n'ôtez-vous pas mon péché, et n'effacez-vous pas mon iniquité ? Voilà que je dormirai dans la poussière, et quand vous me chercherez le matin, je ne serai plus.
Heureux celui qui s'accuse, car il obtiendra le pardon ! Heureux celui qui choisit la dernière place, car on lui dira: Montez plus haut.