Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 48
Les maladies, les peines, les souffrances, les tentations, l'invincible désir d'une félicité que rien ne nous offre ici-bas, tout nous rappelle sans cesse à cette grande éternité où la foi nous promet, dans la possession de Dieu même, le repos, la paix, le bien parfait, infini, auquel nous aspirons de toutes les puissances de notre âme. Et voilà pourquoi les saints gémissent si amèrement sous le poids des liens qui les retiennent encore sur la terre; voilà pourquoi l'Apôtre s'écriait: Je désire que mon corps se dissolve, afin d'être avec Jésus-Christ.
Alors plus de crainte, plus de larmes, plus de combat, mais un éternel triomphe et une joie éternelle. Si un faible reflet de la vérité souveraine ravit déjà notre intelligence, que sera-ce quand nous la contemplerons dans son plein éclat ? Et si dès à présent, il est doux d'aimer, que sera-ce quand nous nous abreuverons à la source même de l'amour ?
Oh ! oui, Seigneur, je désire la dissolution de mon corps, afin d'être avec vous ! Cette espérance seule me console; elle est toute ma vie. Qu'est ce pour moi que le monde et que peut-il me donner ? J'ai séjourné parmi les habitants de Cédar, et mon âme a été étrangère au milieu d'eux. Votre royaume, mon Dieu, votre royaume, je n'ai point d'autre patrie. Daignez y rappeler ce pauvre exilé, et il célébrera éternellement vos miséricordes.