Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 49
On ne saurait trop le redire, le premier et le dernier précepte, celui qui les comprend tous, est l'entier renoncement de soi-même et la conformité parfaite de notre volonté à celle de Dieu. Ainsi, bien qu'il nous soit permis et même commandé d'aspirer à la béatitude céleste, et de gémir sur la longueur de l'exil, néanmoins nous devons supporter avec une grande patience et nous complaire dans les épreuves que la Providence nous envoie, parce qu'elles sont tout ensemble utiles à notre salut, et l'un des moyens que Dieu a choisis pour satisfaire sa justice, et pour manifester en nous sa miséricorde et sa gloire.
Pécheurs, nous devons participer aux souffrances de Celui qui nous a rachetés: disciples de Jésus, nous devons marcher à la suite de notre Maître et de notre modèle, en portant la Croix, et, comme lui, épuiser le calice d'amertume. Nul n'est couronné s'il n'a combattu. Heureux donc l'homme qui endure la tentation ! Parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment.
Attendons le moment qu'il a marqué, et poursuivons en paix notre pèlerinage. Tout ce qui finit est court, et rien n'est pénible à celui qui espère. Que cette pensée ranime notre langueur, quand nous nous sentons abattus. "Au milieu de ce grand naufrage du monde, dit saint Chrysostome, une main propice nous jette d'en haut le câble de l'espérance, qui peu à peu retire des flots des misères humaines et soulève jusqu'au ciel ceux qui s'y attachent fortement."