Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 52
Quelques-uns recherchent avec un désir trop vif les consolations célestes, et tombent dans l'abattement dès qu'elles leur sont retirées. Mais ces grâces, que Dieu accorde, ou comme récompense aux âmes embrasées d'une ferveur extraordinaire, ou comme encouragement aux âmes faibles encore, pour les aider à supporter le travail de la pénitence, ne nous sont dues en nulle manière, et toujours faut-il porter en nous la mortification de Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée en nous.
Où serait l'expiation, où serait le mérite, si nous n'avions rien à souffrir, ou si nos souffrances étaient constamment accompagnées de l'onction divine qui les tempère, et quelquefois les rend plus douces qu'aucune joie du monde ? De nous-mêmes, pécheurs misérables, nous n'avons droit qu'au supplice, et nous voudrions jouir ici-bas de la félicité du ciel !
Bénissons plutôt la miséricorde, qui aux peines de l'éternité substitue les épreuves du temps: bénissons le Dieu qui ne se souvient, durant notre passage sur la terre, de ce que nous devons à la justice, que pour l'oublier ensuite à jamais; et disons-lui du fond de notre cur brisé, mais plein de reconnaissance et d'amour: Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité, Seigneur, et purifiez-moi de mon péché; car je connais mon iniquité, et mon péché est devant moi toujours.