Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 54
Selon la doctrine du grand Apôtre, nous avons en nous deux lois opposées: la loi de la chair, qui nous asservit au péché, et la loi de l'esprit, qui nous retient dans l'ordre par le secours de la grâce que Jésus-Christ nous a méritée. Partagés entre ces deux lois, entre la chair et l'esprit qui se combattent sans cesse, nous sommes ici-bas comme flottant entre le bien et le mal, entre Dieu et le monde, poussés vers l'un par la nature, attirés vers l'autre par la grâce, qui n'abandonne jamais entièrement les plus grands pécheurs, de même que la concupiscence ne cesse jamais de solliciter les plus justes.
Que deviendra notre pauvre âme, en proie à cette guerre terrible ? Combien doit-elle trembler sur les suites d'un tel combat ? Et c'est pourquoi, dit saint Paul, toute créature gémit, et est comme dans le travail de l'enfantement, et nous aussi qui avons reçu les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'adoption des enfants de Dieu, et la délivrance de notre corps.
Heureux jour ! Et quand viendra-t-il ? Quand goûterons-nous la délicieuse paix d'un amour immuable ? J'ai désiré la dissolution de ma chair, afin d'être avec Jésus-Christ. Mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de mon Dieu ?