Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 58
C'est une grande misère que le penchant qu'ont les hommes à s'inquiéter de mille vaines questions, tandis qu'à peine songent-ils aux vérités les plus importantes. Ils veulent tout savoir, excepté la seule chose indispensable. Leur orgueil se complaît dans des spéculations presque toujours dangereuses, ou du moins stériles pour le salut. En s'efforçant de pénétrer des mystères impénétrables, ils s'égarent dans leurs pensées, et ne saisissent que l'erreur, au moment où ils croient ravir à Dieu son secret. Voilà le fruit des travaux dont ils se consument sous le soleil.
Ah ! Qu'il y a de profondeur et de véritable science de l'homme dans ce conseil du Sage: Ne cherchez point ce qui est au-dessus de vous, et ne scrutez point ce qui est plus fort que vous. Mais pensez sans cesse à ce que Dieu nous prescrit, et gardez-vous de sonder curieusement toutes ses uvres; car il ne vous est pas nécessaire de voir de vos yeux ce qui est caché.
Songeons à nous-mêmes, à nos devoirs, au compte rigoureux qu'il nous faudra rendre de nos uvres et de nos paroles. Il y a bien là de quoi nous occuper et remplir tout notre temps; il ne nous est donné que pour cela.