Réflexion de Lamennais - Livre 3, chapitre 5
Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui. Mais l'amour a ses temps d'épreuve, comme ses temps de jouissance. Et cette vie toute entière ne doit être qu'un continuel exercice d'amour, ou la consommation d'un grand sacrifice, dont une vie éternelle ou un amour immuable sera le prix.
Tous les caractères de la charité, détaillés par saint Paul, nous rappellent l'idée de sacrifice, et l'amour infini lui-même n'a pu se manifester pleinement à nous que par un sacrifice infini. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique. Et notre amour pour Dieu ne peut non plus se manifester que par un sacrifice, non pas égal, il est impossible, mais semblable par le don de tout notre être ou une parfaite obéissance de notre esprit, de notre cur et de nos sens à la volonté de Celui qui nous a tant aimés. C'est alors que s'accomplit cette union ineffable que Jésus-Christ, à sa dernière heure, conjurait son Père d'opérer entre lui et la créature rachetée.
Pendant que la nature vit encore en nous, quelque chose nous sépare de Dieu et de Jésus. Et l'amour de Jésus nous presse d'achever le sacrifice et de prononcer cette parole dernière, que le monde ne comprend pas, mais qui réjouit le ciel: Tout est consommé.