Réflexion de Lamennais - Livre 4, chapitre 6
S'il est nécessaire de préparer son âme avant la prière, combien plus avant d'approcher de la divine Eucharistie !
Et c'est pourquoi l'Apôtre dit: Que l'homme s'éprouve soi-même, et qu'il mange ainsi de ce pain, et boive de ce calice; car celui qui mange et boit indignement, mange et boit son jugement, ne discernant point le corps du Seigneur.Mais hélas ! Mon Dieu, plus je m'éprouve, plus je me reconnais indigne de m'unir à vous dans le Sacrement adorable de votre corps et de votre sang: et cependant si je ne mange votre chair et ne bois votre sang je n'aurai point la vie en moi; de sorte que je suis partagé entre le désir de m'asseoir au banquet sacré où vous invitez vos fidèles, et la crainte d'entendre ces paroles terribles: Pourquoi êtes-vous entré ici sans être revêtu de la robe nuptiale ? Jetez-le, pieds et mains liés, dans les ténèbres extérieures: là sont les pleurs et les grincements de dents.
Que ferai-je donc ? Ah ! Voici ce que je ferai. Je me présenterai nu, misérable, devant mon Seigneur et mon Dieu, et je lui dirai: Ayez pitié de moi, Seigneur, et daignez me revêtir vous-même du vêtement pur qui me rendra digne d'être admis dans la salle du festin. Si vous ne venez à mon secours, si vous ne suppléez à mon indigence, je serai, ô mon divin maître ! à jamais exclu de votre Table sainte; mais vous laisserez tomber sur ce pauvre un regard de compassion; vous viendrez à lui dans votre bonté, dans votre miséricorde immense, et votre main s'étendra pour couvrir sa nudité. Oui, Seigneur, j'ai espéré en vous, et je ne serai point confondu éternellement.