Cet opuscule, dont la publication a été demandée par les Amis de J. A. R., renferme les causeries qu'il a faites, ainsi que les réflexions qui lui ont été suggérées au cours des événements de 1914 à 1920.

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NOTES DE MYSTIQUE PRATIQUE
 
 

1. - RAYON DIVIN

     Regarde ce monde soumis au rayonnement, à l'influx des planètes qui président à la destinée de tous les êtres ; humains, animaux, végétaux, minéraux, vont donc subir plus ou moins l'influence de telle ou telle planète qui a plus particulièrement présidé à sa naissance, c'est la Loi du Destin.

     Ce Serpent qui se mord la queue et qui encercle ce système planétaire, c'est le Destin lui-même, (le Satan), qui enveloppe tout et auquel, avant la venue du Christ, tout était soumis. Tout ce monde évoluait dans ce destin qui l'étreignait de toutes parts.

     Dans cette sphère, il y avait alors, une religion forte et puissante. La Terre était le Lieu, l'École où le Serpent lui-même, par ses génies, apprenait à l'homme à connaître les forces de la Nature, à leur commander et à s'en servir.

     Ceux qui étaient arrivés à cette maîtrise, priaient le Destin lui-même sous une dénomination quelconque (chef des dieux, etc. ... ), les autres, moins instruits, offraient des sacrifices aux génies des planètes, sous la dénomination de dieux, d'autres s'adressaient au serviteurs des grands génies des planètes dieux), puis aussi aux Héros qui, eux, dirigeaient les éléments, quelques-uns évoquaient les morts qui,durant leur vie terrestre, s'étaient montrés supérieurs aux autres hommes (nécromancie, spiritisme).

     Tu vois maintenant que le SEUL VRAI DIEU qui a tout créé, qui SEUL PEUT DONNER, qui SEUL A DROIT À UN CULTE, était oublié.

     Le terrible et égoïste orgueil dominant tout ce Monde, cherchait à s'assouvir et n'y parvenant pas écrasait la pauvre humanité, l'assoiffant de désirs et l'asservissant de toutes façons.

     L'Homme (fils de Dieu), avait oublié son Père et ne pouvait retourner à LUI, ne Le connaissant plus. Il n'y avait plus d'issue pour sortir du Serpent.

Alors le Père dans Son infinie Bonté, ayant Pitié de Ses enfants, leur envoya Ses Serviteurs les prophètes, qui eurent à lutter contre ce terrible Serpent, furent méconnus des hommes et rejetés par le Destin ; mais néanmoins ils préparèrent l'humanité à revenir à Dieu, et une faible lueur guida la marche des humains.

De son côté, le Serpent mettait tout en oeuvre pour étouffer cette Lumière et ceux qui essayaient d'en parler étaient ridiculisés ou martyrisés. (Seuls les Hébreux crurent au VRAI DIEU).

Mais SEUL JÉSUS pouvait nous racheter, nous rouvrir la VOIE, donc dans Sa paternelle Bonté, Dieu envoya Son Coeur, Son Verbe, le CHRIST, qui fit, dans le Serpent une trouée par laquelle, l'homme put enfin retourner à son Père.

     Allons dépouillez-vous donc de ce qui appartient encore à la Terre, et si vos frères vous aident dans cette besogne en vous arrachant ce que vous n'avez pas encore le courage de donner, ne leur en voulez pas ... Pardonnez... Priez... ils ne savent ce qu'ils font ...

     Nous ne sommes pas d'ICI, Jésus a dit « Mon royaume n'est pas de ce monde »... et puisque vous essayez d'être CHRÉTIENS, suivez donc LA VOIE D'AMOUR que le Christ a faite et suivie Lui-même et qui, seule, nous conduira dans notre PATRIE, à NOTRE PÈRE.
 

II. - LA TERRE

     Quel est donc ce lieu où tout est si tourmenté, où tout semble soubresauter, comme dans les spasmes convulsifs d'une horrible douleur ?

     Quels sont donc ces êtres qui se meuvent à sa surface et dans toute sa structure ?

     On dirait des démons !

     D'où viennent-ils ? De quoi sont formées leurs âmes ?

     Pourquoi ne peuvent-ils atteindre la sérénité, l'Idéal qu'ils portent en eux ?

     Sont-ils donc ces damnés dont parlent toutes les théologies, et, chose curieuse, ils imaginent des enfers encore plus noirs, des lieux encore plus terribles, où un dieu inexorable les enverra peut-être un jour

     Ils se déchirent tout vifs, se dépouillent du peu qu'ils semblent avoir, et se donnent la mort !... Ils ont soif de jouissances... Ils aspirent à se dominer les uns les autres. Ils ne craignent pas de se martyriser sous toutes sortes de prétextes, religieux, politiques, économiques, ils invoquent même jusqu'à la sainte philosophie pour s'entre-tuer!...

     Mais qu'ont-ils donc fait pour être ainsi plongés dans les abîmes, au fond desquels le plus hardi des Archanges n'oserait s'aventurer, par crainte de ne pouvoir remonter à l'air pur de la Vie ?

     Réponse de l'Ange :

     Dieu est venu les chercher, leur ouvrant les portes d'En-Haut, mais les laissant libres de monter ! Il leur donna tous les moyens pour arriver aux Sommets... Et quels sont donc ces moyens ?

     C'est la Simplicité même, c'est le renoncement aux prérogatives de leurs enfers, c'est l'oubli de cet égoïsme qui prend, même à autrui, pour se satisfaire. c'est l'abandon de cet orgueil qui veut contraindre les autres à marcher sous son faux sceptre.

     C'est le désir pur des choses stables, vraies, bonnes, mais qui appartiennent seulement aux lieux des sommets où la Vie est libre et l'Horizon infini.

     Oui, bel Ange, oui!! je reconnais bien la beauté de la parole de Dieu ; au reste, pour qu'Il osât franchir cette zone et descendre en ces lieux d'horreurs, il fallait bien qu'Il fût un Dieu puissant.

     Mais ne vois-tu pas, bel Ange, que la nature même des hommes s'oppose à tout cela ? Et qu'il leur eût, peut-être, été plus facile de se forger des ailes d'airain, que de devenir des êtres de douceur? je vois que les Sisyphes modernes sont légion, tandis que les doux et humbles de coeur me semblent bien rares en ces lieux...

     L'Ange est parti, mais j'entends une voix me dire :
          Espère ! ! leur Dieu ne les a pas abandonnés et Il est tout puissant, et Il est tout amour.

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     Pauvre poète, en descendant dans l'abîme infernal, les chocs violents avaient faussé ta lyre ; mais l'Harmoniste divin t'a redonné le ton. Accorde-la donc et fais-la vibrer, au risque de passer pour fou ! Ce sera préférable que de la souiller aux rythmes des saturnales humaines.
     Courage, ô petit poète, reprends ta lyre... accorde ton instrument sur celui de ton Chef, et joue ton air divin, et puis... va... va... va... et au bout on t'attend...
 

III. - PAROLES À L'AUBE

     Je dois tout d'abord vous dire que vous m'êtes chers, très chers, car il y a longtemps que je suis avec vous.

     Je ne suis pas trop mécontent de vous, mais il importe que vous compreniez bien ce que je vais exposer:

     Vous êtes comme un nouveau troupeau ou plutôt un troupeau nouvellement rassemblé par le « Chien du Berger », et si le Maître. m'en a confié la garde ce n'est pas pour le perdre, mais bien au contraire pour le guider et le conserver.

     Vous n'êtes pas encore ce que l'on nomme des élus, mais j'ai la ferme confiance que vous le devenez chaque jour. Si vous voulez arriver au « But » faites donc tous vos efforts pour pratiquer les enseignements que vous avez reçus. Mettez toute votre bonne volonté en oeuvre, pour être patients, bons, pleins d'attentions pour vos frères, quels qu'ils soient, et ayez confiance, c'est tout.

     Le Maître n'attend pas de vous des actes extraordinaires, mais seulement de la bonne volonté, un peu chaque jour.

     Allons, allons, ESPÉRANCE !...

     Quelques-uns sont venus ici demander la réussite,la guérison, le bonheur !... Mais c'est le Maître Lui-même qui détient tout cela et le bonheur n'est pas « de ce monde !... D'autres ont compris et il leur a été donné de porter une lourde croix durant ces temps, ils ont remercié d'avoir pu en supporter le poids... Ceux-là ont senti le Maître Jésus.

     Ce ne sont pas vos frères qui vous persécutent, mais l'ombre de votre vie qui vous attire la douleur.

     Parfois, lorsque je suis au milieu de toutes vos souffrances et vous voyant accablés, je me demande si je dois vous inciter à faire d'autres efforts que de supporter vos peines.

     Mais cette pitié apparente n'est que sensiblerie aux yeux du Ciel, et il m'a été montré que c'est par votre faute que vous souffrez, étant vous-mêmes les artisans de vos malheurs, mais pour porter remède à vos misères, il faut guérir le mal dans son principe, c'est pourquoi je semble accusateur à vos yeux, tout en étant votre avocat auprès du Maître.

          Si vous êtes trop paresseux, ... demandez du Courage.

          Si vous êtes trop jouisseurs, ... demandez la Continence.

          Si vous êtes trop égoïstes, trop orgueilleux,... demandez la Bonté.

     Priez avec votre négatif femme, afin que la polarité soit complète et l'action de la prière efficace.

     Ne demandez pas le repos mais ce qu'il faut pour lutter, pour payer vos dettes et être prêts.

     Ainsi que les grandes luttes, les plus petites même développent en nous le centre récepteur de notre entité réelle, et quand nous aurons atteint son plein épanouissement, alors seulement nous redeviendrons NOUS, tels que le Créateur nous a faits en principe. ( Prépare le chemin par lequel ton Maître doit venir ).

     Fais ton appartement large, spacieux, propre, afin que ton Maître y soit à l'aise.

     Il vous faut agir comme si c'était cette fois votre dernière journée, car vous ne savez l'Heure à laquelle le Père rappellera Ses enfants !... Vous ne serez jamais trop en avance...

     La plupart d'entre vous étaient « comme assis à l'ombre de la Mort » et je vous ai crié : Éveillez vous, car c'est l'Heure ... ».

IV. - LE CHOIX

          Que cherchez-vous ?...

     LE BONHEUR !!!... un petit endroit pour vous reposer et couler sans souci les jours qui vous restent à vivre !!!

     NON, NON, NON, ce n'est pas cela. Ce qu'il faut chercher., c'est la VOIE, le chemin qui mène à la délivrance des peines infernales que vous subissez ici-bas.

     Suivez donc la voie que le CHRIST a suivie Lui-même et abandonnez aux rapaces ce que vous semblez posséder. Peut-être un jour serez-vous sur le point de regretter cet acte ? Mais ce sera le cri que tout être pousse sur le pont de l'Abîme, à cette heure souvenez-vous que Jésus cria « ÉLIE, ÉLIE, lamma sabachthani », c'était pour nous qu'il poussait cet appel déchirant, afin que nous ne fussions pas perdus.

     LE MAÎTRE A PURIFIÉ LE PASSAGE.
 

V. - LA VOIE MYSTIQUE

     Un grand frisson parcourt l'être qui a réellement entrevu la Route que le Christ a tracée.

     Il n'y a guère que les soldats du Verbe qui puissent avoir le courage de marcher dans cette Voie. La décrire semble impossible, aussi n'en avons-nous pas la prétention, à peine peut-on en esquisser un faible aperçu, ce petit opuscule ne renferme donc que de simples notes explicatives, car, chacun devant faire ce Chemin avec son bagage personnel, c'est-à-dire ses facultés particulières et son type spécial, ne verra donc les événements qu'avec ses propres yeux, bien que le principe en soit le même pour tous.

     Vous boirez à la même coupe que Moi, a dit le Maître ; Il a dit aussi : « Satan vous a demandés à mon Père, mais ne craignez rien, j'ai prié pour vous. »


     Quand le disciple comprend, il tremble comme son Maître au jardin des Oliviers mais qu'il ne craigne point, le Maître est là pour le soutenir.

     La terre à ses yeux commence à s'effacer, les joies humaines pour lui ne comptent plus. Il sent toute une armée de monstres qui obscurcissent ses yeux pour lui cacher son BUT.

     Le DOUTE, le premier se présente au disciple, l'incitant à retourner en arrière, puis vient à sa suite le NÉANT qui cherche, par son souffle glacé, à anéantir son élan. Après, il est assailli par les FUREURS SPIRITUELLES, qui le poussent à la Révolte ; la lutte est alors terrible car, étant en leur sphère, leurs insinuations lui semblent vraies. Ensuite viennent les FORCES DE LA NATURE, qui offrent au disciple le Fruit défendu, c'est à ce moment que la lutte va être définitive, Heureux à cette heure l'homme dont le coeur n'est plus orgueilleux, car si son But a été d'acquérir des pouvoirs, il est perdu... S'il résiste, le Ciel alors s'ouvre, et c'est fini, le voilà accepté au rang des Soldats du Maître.

     C'est là seulement que commence l'Apostolat.

     Lorsqu'un homme veut suivre la Voie du Christ et devenir son disciple, il se retire du monde, c'est-à-dire que, continuant de vivre toujours avec tous, il n'accepte que juste ce qui lui est nécessaire pour ne pas se singulariser; on conçoit dès lors les difficultés sans nombre qu'il devra surmonter.

     C'est le commencement des humiliations qui serviront à purifier en lui son orgueil, il perd alors sa place dans le monde ; il sait que les prérogatives attachées à sa famille, à son ambiance terrestre, ne lui appartiennent plus, et ne les acceptant pas, il passe aux yeux de tous pour un faible d'esprit, pour ce que le monde appelle ironiquement et communément un « illuminé ». ( Pourtant le véritable sens de l'« illumination » est la Lumière que l'Esprit octroie à qui lui a préparé la place en son coeur ).

     Le vrai disciple du Christ qui a reçu la Lumière ne voit plus les événements comme le commun des hommes, il ne croit plus à l'injustice ni au hasard, il voit les souffrances de ses frères sous un jour nouveau, il connaît des nécessités qu'il faut subir mais que chacun veut éviter, car en général on cherche le bonheur immédiat, tandis que chaque chose ne peut venir qu'en son temps et avec les moyens divers placés sur la Route, mais qu'on rejette presque toujours hélas !

     Donc, le disciple devra prêcher par l'exemple, se soumettre aux lois divines, pardonner toujours et aimer quand même jusqu'au sacrifice et quand, les pieds en sang, le coeur déchiré, il se sentira faiblir, Jésus, en qui il aura mis tout son espoir, sera sur la Route son suprême Consolateur.
 

VI. - LE VIEIL HOMME

     Il est dit de se dépouiller du « vieil homme » (3).

     L'homme est d'abord « entier », puis, par les exigences de sa position sociale, il se soumet aux manières du monde : pleure aux heures de tristesse, rit aux heures de joie, paraît docte dans certains cas, en somme Il se laisse aller aux diverses grimaces qui, appropriées aux circonstances, font de lui un être de parade. Il joue une continuelle comédie ! Il est par moment fier de lui-même, quand il a cru montrer son bon coeur (tristesse), son intelligence (hilarité, ironie satirique) ou sa science (jugement). Dans son for intérieur il n'en croit rien, l'esprit d'imitation (vieil homme), qui, peu à peu, se servant des circonstances et ayant su jouer son rôle, a été cru ; puis à un certain moment, il s'est substitué à l'homme réel et l'a presque totalement remplacé.

     O tristesse, tous, tous, tous à part les Génies, nous nous sommes vus jouant la comédie humaine.

     Pas de faiblesse, pas d'indulgence pour nous et surtout pour notre orgueil stupide, notre esprit d'imitation, notre « vieil homme » qui nous éloigne de Jésus.

     Plus de comédie, mais la VÉRITÉ qui est DIEU.

     Et alors, il nous importera peu d'avoir l'approbation ou la réprobation du monde, quand nous pourrons aimer et suivre JÉSUS.
 

VII. - LA CROIX. - LA DESTINÉE
LA TUNIQUE DE NESSUS

     Celui qui veut devenir réellement un « Homme », doit prendre l'entière responsabilité de ses actes, lesquels vont se modeler sur son caractère, ses aptitudes physiques et morales. Sous peine de lâcheté, il ne doit pas prendre prétexte de ce que font les autres hommes pour justifier ou excuser ses actions personnelles.

     Il est écrit « connais-toi toi-même ». Oui, nous naissons tous avec ce que les diverses religions ou philosophies ont désigné sous le nom de croix, destinée, karma, etc... et qui représente la tâche que nous avons à remplir.

     À cet effet, le Ciel nous a donné des facultés que, dans notre enfance, nous devons développer afin de jouer, le mieux possible, notre rôle, en son temps, sans oublier le dressage de l'homme naturel, (instinct) qui doit servir à l'âme de moyen docile de réalisation.

     L'âme va donc rencontrer cette personnalité éphémère qui est le moi humain, cette « Tunique de Nessus » dont parle la mythologie ; tous nos efforts ne peuvent parvenir à nous en défaire, un seul moyen est mis à notre disposition, c'est de l'utiliser pour l'oeuvre à accomplir. Cette « Tunique » c'est notre « croix », car elle est composée des essences même des quatre éléments auxquels nous sommes attachés.

     La croix, selon les anciens, représente le chiffre 4 et symbolise les quatre éléments (feu, eau, air, terre) dans lesquels l'âme humaine est incarnée. Notre croix a donc une vie particulière, qui correspond en forces d'attractivité et de mouvement au lieu où elle a été prise. Par la suite des temps et avec ses oeuvres, elle s'est fait une personnalité qui, bien que factice, n'en est pas moins une force avec laquelle l'âme humaine doit compter bien souvent.

     En définitive, c'est notre caractère, bon ou mauvais tour à tour, plus ou moins mal éduqué par la suite des siècles, car c'est toujours le même qui nous sert depuis le commencement des Temps et que nous conserverons jusqu'à ce que le Père nous rappelle à LUI.

     Eh bien, cette personnalité née des quatre éléments principaux du Lieu, c'est justement cette croix dont parle le Christ lorsqu'il dit « Celui qui m'aime prend sa croix et me suit ».

     Si vous avez le temps de réfléchir avec nous, je vous conseillerais d'ouvrir le Nouveau Testament et de voir la Voie qu'a suivie notre Maître.

     Si les soucis de la matière n'ont pas complètement voilé votre vision intérieure, vous apercevrez un Chemin nommé Calvaire, et au sommet la Croix, ancien objet d'infamie, devenue lumineuse parce qu'elle a supporté le DIEU D'AMOUR qui était sans tâche, mais qui se laissait supplicier pour ouvrir aux siens la Porte du Ciel, de la Liberté.

     Alors, en cette Heure, celui qui veut arriver au Verbe, sortir de la Tourmente, retourner à la Patrie, doit porter lui-même son caractère, sans le faire supporter à ses compagnons de misère, quel que soit le poids de cette croix douloureuse.

     C'est un genre de renoncement au moi inférieur, (d'une logique irréfutable) ; car on ne souffre pas tant de ce que les autres nous font, que de notre propre sensibilité qui correspond étroitement à notre EGO ou moi inférieur.

     Dans les temps primitifs du Christianisme, beaucoup ont cru qu'il fallait mortifier la chair par des supplices ! Aujourd'hui que nous avons un peu vieilli, nous comprenons que nous n'avons plus besoin d'inventer des supplices pour arriver au Maître, mais seulement de prendre librement notre propre croix et de la porter courageusement en faisant appel, dans les moments de faiblesse, à CELUI QUI NOUS A PROMIS ASSISTANCE. J'ajoute même que nous ne devons plus compter sur une future réincarnation, car nul ne sait le nombre qu'il en a déjà vécu et s'il n'a pas épuisé son cycle !

     Hâtons-nous donc de modifier notre caractère, faisceau des quatre éléments, et si nos compagnons de route nous aident dans cette besogne ardue en nous faisant souffrir sur les points les plus douloureux, regardons notre Maître : c'est quand Il a été crucifié, qu'il a dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font ».

     Se plaindre et gémir sous le poids de « sa croix », c'est étaler ses défauts, seule cause de nos souffrances Ici-bas.

     Pourquoi le même événement survenant dans la vie de plusieurs individus, va-t-il les faire souffrir chacun de façon différente ?

     C'est que chacun en subissant et assimilant cet événement, va trouver l'occasion d'user les aspérités de son caractère et de travailler à son propre perfectionnement.

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     L'humanité a, elle aussi, son Karma, sa Croix.
 

     À certaines périodes de purification, tout souffre sur la Terre, il faut donc mettre courageusement l'épaule sous le petit morceau de la grande Croix méritée par notre race, et porter ce qui nous est dévolu par nos actes antérieurs.
 

     Il y en a qui n'ont rien fait de mal et qui souffrent pour nous aider... mais ils ne peuvent tout faire.

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     Le Temps vient où l'on verra les fils du Ciel, - sur Terre - trembler comme des feuilles secouées par le vent.
 

     Mais nous avons l'Espérance puisque le FILS a dit : « Ne craignez rien, j'ai prié pour vous ».
 

     Alors, chose inouïe, on verra des brebis du Troupeau (comme Simon le Cyrénéen) aider les fils de Dieu à porter les croix des hommes !!!
 

     Ne vous scandalisez point, car c'est l'épreuve dernière à laquelle sont conviés les élus.

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     LA SECONDE CROIX, c'est le Calice que les apôtres - disciples doivent boire.
 

     Il viendra une Époque où le Temps n'existera plus pour les retardataires... Alors... ah !... alors... vous, vous les vrais serviteurs de l'Abnégation, les serviteurs du Verbe !... vous vous verrez dans l'obligation de faire comme votre Maître, c'est-à-dire de vous charger, pour vos frères, des infirmités qu'ils ne peuvent plus porter, ayant trop attendu...
 

     Courage ! car IL est avec vous. ( Il est vrai que vous boirez à la Coupe que je dois boire...Évangile).
 

     Méfiez-vous du Passage... car il est terriblement dur à franchir, à tel point qu'un Dieu a proféré ces paroles : « Eli, Eli lamma sabachthani » !
 

     Que la somme de Foi soit en vous plus forte que la Douleur, que la Fausse Lumière, que le Doute enfin.

          Préparez-vous pour cette Heure ! Veillez et priez
 

VIII. - LA COMPRÉHENSION

     La compréhension est triple :
 

     D'abord le cerveau conçoit la chose, mais le coeur peut s'y refuser ; si le coeur l'accepte, il la comprend et l'admet, mais ce n'est pas tout, il y a encore le moi inférieur, alors quand ce dernier a, lui aussi, compris, accepté, puis réalisé, à ce moment seulement, nous sommes pénétrés de cette vérité.
 

     En principe, nous comprenons beaucoup de choses, mais en réalité nous profitons de bien peu.
 

IX. - ACTE VIVANT

     Un acte vivant est un acte sanctifié par la Grâce du Père et vécu avec Amour. Nul ne peut faire un acte vivant s'il n'a la Grâce du Père.

     Le premier but qu'entrevoit l'homme, malheureusement encore inférieur (égoïste, orgueilleux), c'est l'ambition de cet acte, l'orgueil, le profit à en retirer pour lui, (toujours ce vieux MOI), qui le fera ressortir aux yeux de ses semblables et même à ses propres yeux, (s'il est tiède, il verra cela d'un oeil indifférent et ne fera aucun effort).

     Que faut-il donc ?

     Voici : quand un homme a pensé et désiré une belle action (chose qui nécessite l'intervention du Ciel), il faut qu'il demande au nom de la Charité, au nom de la Lumière, la Grâce du Père pour la bien réaliser en tous points et dans tous ses effets.

     Si sa prière est écoutée et s'il est digne de cela, alors descendra en lui un rayon de Vie, qui est la grâce du Père et qui porte en lui le moyen vivant de faire un acte de VIE.

     Cet homme aura donc été le canal par lequel aura passé la volonté de Dieu, il sera par cela même redevenu l'Enfant de Dieu, de la Volonté du Père, et aussi l'ouvrier, puisqu'il aura réalisé et par conséquent Son serviteur. Tout ceci le relie à son Père par le Fils qui, en nous, s'est manifesté par le désir du Bien pour les autres (surtout dans le secret). et aussi par l'Esprit, qui l'a éclairé sur la découverte qu'il a faite, en percevant une bonne action à faire pour le Bien de ses frères.

     Et cette bonne action est dès son principe la Volonté de Dieu, parce que tout ce qui est Beau, Bon et Bien vient de LUI.