28 ou 29* février
Bouquet spirituel: «Large est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la perdition, et nombreux sont ceux qui entrent par elle.» Mt. 7, 13
Bouquet spirituel du 29: «Le chemin du ciel est étroit, peu nombreux ceux qui le prennent.» Mt. 7, 14
SAINT ROMAIN
(+460)
et SAINT LUPICIN
(+480)
Abbés de Condat
Saint Romain et saint Lupicin naquirent d'une honnête famille, vers la fin du IVe siècle, dans le diocèse actuel de Belley; ce dont donc deux saints français.
La jeunesse de Romain demeura pure de toute corruption du siècle. Après s'être mis quelques temps sous la conduite d'un saint abbé, qui lui fit étudier sérieusement la vie cénobitique, il se retira, âgé de trente-cinq ans, à Condat, dans les forêts du Jura, où il mena la vie des anciens anachorètes, au milieu des bêtes féroces, et oublié du monde, qu'il avait oublié le premier. Mais ce n'était là, dans les desseins de Dieu, qu'une préparation: la vocation de Romain, c'était de fonder des monastères où l'on verrait fleurir toutes les merveilles de sainteté accomplies depuis plus de deux siècles dans les déserts d'Orient. Le premier de ses disciples fut son frère Lupicin.
Dieu avait donné aux deux frères des caractères fort différents; autant Romain était doux et indulgent, autant Lupicin était ferme et rigide, et on eût pu l'accuser d'excès, s'il n'avait encore été plus dur pour lui que pour les autres. Chez les deux Saints, ces divergences étaient toujours, chose étonnante, accompagnées d'une parfaite union. Si Lupicin avait paru dépasser la mesure, Romain était là pour tout concilier; s'il était besoin d'un coup d'énergie, Romain avait recours à Lupicin, dont le bras de fer brisait tout obstacle.
Une année que les récoltes avaient été très abondantes, les religieux se relâchèrent de leur abstinence et ne se rendirent point aux douces observations de Romain. Le saint abbé confia l'affaire à son frère, qui ne fit servir à la communauté, pendant un certain temps, que de la bouillie d'orge sans apprêt. Douze moines quittèrent le monastère, les autres retrouvèrent leur ferveur. Romain pleura ses douze religieux et se plaignit à son frère; il versa tant de larmes et fit tant de prières, que les douze fugitifs revinrent et menèrent une vie austère et pleine d'édification.
Un des plus anciens religieux lui reprocha un jour de recevoir trop facilement tous les sujets qui se présentaient, au risque de n'avoir plus de place pour accueillir les sujets d'élite: "Mon frère, lui dit le Saint, Dieu seul discerne le fond des coeurs, confions-nous en Lui. Accueillons toutes ces brebis que nous envoie le divin Pasteur, et, par notre zèle, conduisons-les avec nous aux portes du Paradis."
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
*Les années bissextiles, on fête ces Saints le 29 février