page précédente page principale page suivante

4 avril

Bouquet spirituel: «Je suis le Pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» Jn 6, 51-52

Saint Benoît de Palerme

SAINT BENOÎT de PALERME
Frère Mineur
(mort en 1589)

Saint Benoît, surnommé le More, était fils de parents esclaves, mais fervents chrétiens, qui habitaient la Sicile. En qualité de premier-né, il fut affranchi. Son père, doué d'une grande dévotion à la très Sainte Vierge et d'un amour ardent pour les pauvres, l'éleva chrétiennement. S'il ne lui apprit point les lettres humaines, ne sachant lui-même ni lire ni écrire, il lui enseigna à aimer Dieu par-dessus tout, à Le prier sans cesse, à Le prendre pour l'unique règle de ses pensées et pour le but de sa vie.

Benoît passa sa jeunesse occupé à la garde des troupeaux. Pendant de longues heures, il s'absorbait à genoux dans la prière; aussi l'appelait-on "le Saint more". Ses camarades l'accablaient souvent de railleries et se moquaient de la couleur de sa peau. Le jeune Saint endurait tout avec patience.

À l'âge de dix-huit ans, à force de privations, il parvint à posséder le prix d'une paire de boeufs. Dès lors il travailla seul, priant et méditant, en conduisant sa charrue. Il passa ainsi trois années.

À l'âge de vingt et un ans le Saint vendit ses boeufs, distribua l'argent aux pauvres et se mit sous la conduite d'un saint ermite. Le pieux laboureur devint un ermite parfait. Il ne buvait pas de vin, mangeait une seule fois le jour du pain et des herbes, châtiait sa chair jusqu'au sang, et couchait sur la dure. À l'imitation de saint Paul, premier ermite, il s'était fait une tunique de feuilles de palmier qu'il continua à porter, sous sa robe de bure, lorsqu'il eut choisi l'Ordre de saint François d'Assise.

On lui confia les humbles fonctions de cuisinier. Il s'en acquitta avec joie pendant vingt-sept ans, heureux de faire la Volonté de Dieu, à qui il recourait quand les provisions ou le temps lui manquaient. Le ciel se plut à le récompenser par plusieurs prodiges.

Benoît inspira tant d'estime à ses frères qu'ils le choisirent comme gardien de leur couvent. Fidèle avant tout à remplir les observances de la règle, il prêcha d'exemple plus que de paroles, et dans sa communauté, excitée par une sainte émulation, régna une admirable ferveur. Après trois années de supériorat, il devint maître des novices et rendit de nouveaux services à son Ordre en formant ses jeunes frères à la perfection de leur état.

Benoît revint ensuite à son emploi de cuisinier qu'il préférait à tout autre, y trouvant plus de temps pour s'entretenir avec Dieu dans la prière, plus de facilité pour cacher ses austères pénitences, et pour vivre dans un entier oubli des créatures.

Cette vie si sainte fut couronnée par une mort précieuse devant le Seigneur. Étant tombé malade, il annonça ses derniers moments, reçut avec ferveur les sacrements de l'Église, et rendit son âme à Dieu le 5 avril 1589 à l'âge de soixante-cinq ans.

Frères des Écoles Chrétiennes 1932, Vie des Saints, p. 146-147


SAINT ISIDORE
Archevêque de Séville
(mort en 639)

Saint Isidore, frère et successeur de saint Léandre sur le siège archiépiscopal de Séville, était de famille princière; il eut aussi pour frère saint Fulgence, et pour soeur sainte Florentine, vierge et religieuse, illustre par ses chants sacrés.

On rapporte que la nourrice d'Isidore l'ayant laissé seul un instant dans le jardin de son père, il fut environné d'un essaim d'abeilles, dont quelques-unes se posèrent sur son visage et sur ses lèvres sans lui faire aucun mal: présage des flots de persuasive éloquence qui devaient couler un jour de la bouche du grand Docteur.

Il fut confié, jeune encore, à son frère aîné, Léandre, qui l'aimait comme un fils, mais qui usa envers lui d'une grande sévérité. Un jour, Isidore, découragé par l'insuccès de ses efforts et rebuté par les énergiques corrections de l'archevêque, s'enfuit de l'école de Séville. Après avoir erré quelque temps dans la campagne, exténué de soif et de fatigue, il s'assit auprès d'un puits et se mit à regarder avec curiosité les sillons qui en creusaient la margelle. Il se demandait d'où provenait ce travail, lorsqu'une femme qui venait chercher de l'eau au puits, touchée de la beauté et de l'humble innocence de l'écolier, lui expliqua que les gouttes d'eau, en tombant sans cesse sur le même endroit, avaient creusé la pierre. Alors l'enfant rentra en lui-même et se dit que si la dureté de la pierre se laissait ainsi creuser goutte à goutte par l'eau, son esprit finirait bien aussi par subir l'empreinte de l'enseignement.

Il retourna auprès de son frère et acheva son éducation de façon à posséder bientôt le latin, le grec et l'hébreu, et à devenir le collaborateur actif de Léandre dans l'oeuvre de la conversion des ariens. Son zèle et sa science irritèrent tellement ces hérétiques, qu'ils résolurent de le tuer; mais la Providence le tira de leurs mains. C'est alors que, pour approfondir encore davantage la science de la foi, il entra dans un monastère, où il s'adonna autant aux vertus religieuses qu'à l'étude.

A la mort de Léandre, il fut élu à sa place aux unanimes applaudissements du peuple. Pendant que tous se réjouissaient de son élévation, lui seul pleurait. Dès qu'il eut ceint la mitre et pris en main la houlette pastorale, sa vie ne fut plus qu'un perpétuel sacrifice, et il ne cessa de se dépenser pour son troupeau, au point qu'il est incompréhensible comment la vie d'un homme si occupé par le ministère extérieur a pu suffire à tant de savants écrits.

Prévenu par le Ciel de son prochain trépas, il se fit porter à l'église, se fit donner un cilice et mourut sur la cendre.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.