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26 septembre

Bouquet spirituel: «Chacun recevra sa propre récompense, selon son travail.» I Cor. 3, 8

Saints Martyrs Canadiens

Les SAINTS MARTYRS
de l'AMÉRIQUE du NORD

(XVIIe siècle)

Vers le milieu du XVIIe siècle (1542-1649) une vaillante légion de Jésuites travaillait, dans le Canada encore à peu près sauvage, à la conversion de peuplades féroces, parmi lesquelles étaient surtout les Iroquois. Alors s'ouvrit pour les missionnaires ce que l'on a justement appelé "l'ère des martyrs".

La première victime fut le Père Antoine Daniel qui fut percé de flèches, achevé d'un coup de feu, dépouillé de ses habits et jeté dans le brasier de sa chapelle devenue la proie des flammes (1648).

Quelques mois plus tard, le Père Jean de Brébeuf et le Père Gabriel Lalemant subissent à leur tour les plus affreux supplices. On pique d'abord le Père de Brébeuf avec des alènes rougies au feu, on promène sur ses membres des tisons embrasés, on lui enlève la peau de la tête en forme de couronne. Pour l'empêcher d'exhorter ses fidèles, les bourreaux lui coupent les lèvres, la langue et le nez, lui fendent la bouche jusqu'aux oreilles, enfoncent un fer rouge dans sa gorge; ils coupent des lambeaux de sa chair, les font rôtir et les mangent sous ses yeux. Ils jettent ensuite de l'eau bouillante sur sa tête, enduisent son corps de résine et le font griller lentement; enfin, un chef Iroquois lui arrache le coeur, le dévore et boit le sang du martyr. Le Père Lalemant subit un supplice du même genre pendant seize heures et eut enfin le crâne fracassé à coups de hache.

Le Père Isaac Jogues aurait pu se soustraire une première fois au martyre en 1642; mais il ne voulut pas se séparer de ses chrétiens, prisonniers des Iroquois. Après des supplices aussi inouïs que variés, il fut arraché à la mort et ramené en France. Mais son coeur était resté au Canada. Il y revint en 1646, et y reçut bientôt la palme d'un martyre glorieux.

Au nombre des autres victimes des Iroquois furent, en 1649, les Pères Charles Garnier et Noël Chabanel, Jean de la Lande et René Goupil, massacrés dans l'héroïque exercice de leur apostolat. Le Pape Pie XI béatifia ces admirables martyrs, dignes de ceux des premiers siècles en 1926. - Quelle est divine la religion qui inspire de tels courages et suscite de tels apôtres!

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.


SAINT CYPRIEN
et SAINTE JUSTINE
Martyrs
(314)

Les parents de Cyprien, très superstitieux, le vouèrent au démon dès son enfance; ils le firent élever dans le paganisme; il se livra à l'astrologie judiciaire et à la magie. Avec le secours de ses connaissances, il s'abandonna à toutes sortes de crimes et se déclara ennemi acharné de la religion chrétienne.

Il y avait à Antioche une jeune vierge nommée Justine, non moins distinguée par ses rares qualités que par sa naissance. Ses parents étaient idolâtres; mais elle avait eu le bonheur de connaître Jésus-Christ, et sa conversion fut bientôt suivie de celle de sa famille. Un jeune homme nommé Agladius, païen, conçût pour elle une violente passion, et pria Cyprien de l'aider par les secours de son art. Ce magicien mit tout en oeuvre, sans que rien pût lui réussir. Il consulta le démon, qui lui promit de lui servir d'auxiliaire; mais de nouvelles tentatives ne furent pas plus heureuses; la vierge priait, elle imprimait sur elle le signe du salut, et le démon s'enfuyait confondu. Cyprien, désespérant du succès, dit au démon: "Eh bien! Te voilà vaincu? -- Oui, dit l'esprit infernal, j'ai vu un signe, et j'ai été vaincu. -- Quel est ce signe? reprit Cyprien. -- J'ai vu le signe du Crucifié. -- Le Crucifié est donc plus grand que toi? Fuis loin de moi, imposteur! Tu m'as trompé trop longtemps."

Le démon chercha à étouffer Cyprien, mais il le mit en fuite par l'invocation du Dieu de Justine et par le signe de la Croix. Le jeune Agladius, plein d'admiration au récit que lui fit Cyprien, se convertit lui-même à Jésus-Christ. Emprisonnés par les persécuteurs après avoir été préservés l'un de l'huile bouillante et l'autre des flammes du bûcher, ils eurent la tête tranchée.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.