9 novembre
Bouquet spirituel: «Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos coeurs.» Col. 3, 15
DÉDICACE de
la BASILIQUE du SAINT-SAUVEUR
En l'an 324
L'usage d'avoir des lieux spécialement destinés à la prière et au culte remonte à l'origine du monde. Toutefois, le premier temple consacré au vrai Dieu ne fut bâti que vers l'an 3000 après la création, à Jérusalem, par le roi Salomon. Ce prince en fit la dédicace l'an 3004; la cérémonie dura huit jours, et les Juifs en renouvelèrent chaque année la mémoire. Aux premiers siècles du christianisme, l'Église persécutée ne put bâtir de temples et dut célébrer les divins mystères dans des maisons particulières ou dans les catacombes, sur les tombeaux des martyrs. Mais quand la paix fut donnée aux chrétiens, on vit bientôt surgir de toutes parts des temples magnifiques en l'honneur du seul vrai Dieu, sur les ruines des temples du paganisme.
Le Christ et Sa Croix rendirent Constantin victorieux de son rival Maxence. Ne marchandant pas sa reconnaissance, le grand empereur mit fin aux persécutions sanglantes, donna la liberté à l'Église et promulgua une loi par laquelle il permettait aux chrétiens de bâtir des églises dans tout son empire. Donnant lui-même l'exemple, Constantin fit construire un baptistère en 334, à l'endroit où le pape saint Sylvestre l'avait baptisé. Il fit aussi édifier les somptueuses basiliques de Ste-Croix-de-Jérusalem, réplique de celle du St-Sépulcre, et la basilique St-Pierre qu'il érigea sur le tombeau du prince des apôtres. Le pieux empereur fit également bâtir sur l'emplacement du palais des Laterani, pour servir d'église patriarcale et pontificale, la basilique du Saint-Sauveur, appelé aussi St-Jean de Latran.
Le Pape saint Sylvestre fit, en 324, la dédicace de l'église de Saint-Sauveur, aujourd'hui Saint-Jean-de-Latran, à Rome. En France, l'usage s'est généralisé de célébrer, dans les premiers jours de ce même mois, l'anniversaire de la dédicace de toutes les églises. Cette fête mérite de notre part un respect tout spécial: après la fête de l'Église du Ciel et de l'Église du purgatoire, c'est, en quelque sorte, la fête de l'Église de la terre. L'office de ce jour est d'une beauté remarquable et nous montre dans nos temples, d'après la Sainte Écriture, la maison de la prière, la maison de Dieu, un lieu saint et terrible, une image de la céleste Jérusalem, la porte du Ciel.
Tout, en effet, dans ces saints lieux, est fait pour nous inspirer la plus profonde vénération: les Fonts sacrés du baptême, où nous avons été régénérés; le saint Tribunal, où le pardon divin descend sur nos âmes, à la parole du prêtre; la Chaire de vérité, du haut de laquelle la parole de Dieu se fait entendre; la Table Sainte, où nous recevons le pain des anges; l'Autel, où S'immole l'Agneau qui efface les péchés du monde; le Tabernacle, où réside le Roi immortel des siècles; enfin les croix, les tableaux, les images, les emblèmes religieux qui ornent les murailles. Il n'est pas jusqu'aux pierres de ces édifices vénérables qui ne parlent à nos âmes et ne nous rappellent que nous sommes les pierres vivantes du Temple mystique qui l'Esprit-Saint Lui-même.
Comment se fait-il donc que nos temples soient si déserts, qu'on y entre avec un esprit si mondain, qu'on s'y tienne d'une manière si vulgaire ou si dissipée, qu'on y prie si machinalement, qu'on néglige tant de moyens de salut offerts par Dieu dans ces asiles sacrés? Faisons réparation au Seigneur, et n'oublions jamais la sainteté de nos églises.
Résumé O.D.M.
SAINT THÉODORE
Soldat, Martyr
(+ 304)
Saint Théodore, jeune soldat romain, est un des plus célèbres martyrs de l'Orient. Il naquit en Syrie, à la fin du IIIe siècle; il ne faut pas le confondre avec un autre Théodore, vieux soldat et martyr, dont la fête arrive le 7 février. Théodore faisait partie d'une légion romaine qui avait établi son quartier d'hiver dans la ville d'Amasia, où les édits persécuteurs étaient exécutés sévèrement.
Le jeune soldat, plein de l'amour de Jésus-Christ, dédaigna, malgré le péril, de cacher sa foi, et, au contraire, il se fit une gloire de la professer publiquement; aussi fut-il présenté comme chrétien au tribun de sa légion. Celui-ci lui demanda comment il osait professer une religion proscrite sous peine de mort: "Je ne connais point vos idoles, répondit-il; j'adore Jésus-Christ, Fils unique de mon Dieu. Je vous abandonne mon corps; vous pouvez le déchirer, le mettre en pièces, le livrer aux flammes. Si mes discours vous offensent, coupez-moi la langue. Dès que Dieu l'exige, je suis prêt à faire le sacrifice de chacun de mes membres." Le tribun et les juges, affectant d'être touchés de compassion pour sa jeunesse, se contentèrent de le menacer et le laissèrent en liberté.
Théodore ne songea qu'à gagner des âmes à Jésus-Christ, à fortifier les autres confesseurs de la foi et à les animer au martyre; il poussa même le courage jusqu'à mettre le feu au temple de la déesse Cybèle. Ce fut en vain qu'on essaya de lui faire exprimer quelques regrets à ce sujet: il brava toutes les menaces, comme il se rit de toutes les promesses. Il fut alors fouetté très cruellement et enfermé dans un cachot, sans nourriture, pour y mourir de faim. La nuit, le Sauveur vint le visiter, lui promit de le nourrir d'un aliment invisible et le fortifia pour le dernier combat. Cette visite donna à Théodore tant de joie, qu'il se mit à chanter les louanges de Dieu, et des Anges vêtus de blanc vinrent unir leurs voix à la sienne. Les geôliers et les gardes, le juge lui-même, furent témoins du miracle sans se convertir. On lui fit alors de belles promesses, et on lui dit que, s'il feignait seulement la moindre soumission, on le mettrait en liberté. Ayant répondu à ces nouvelles sollicitations avec une fermeté invincible, Théodore est alors déchiré avec des crochets de fer, on lui brûle les côtes avec des torches ardentes, puis on le condamne à être brûlé vif. Le vaillant soldat, placé sur le bûcher, se munit du signe de la Croix, et bientôt sa belle âme s'envola au Ciel.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.