12 novembre
Bouquet spirituel: «La volonté de Dieu est que vous soyez saints.» I Thess. 4, 3
SAINT MARTIN
Pape et Martyr
(+ 655)
Saint Martin, natif de la Toscane, se rendit célèbre dans le clergé de Rome par son savoir et sa sainteté. À son élection au souverain pontificat, Rome retentit d'allégresse; le clergé, le sénat et le peuple en témoignèrent une satisfaction extraordinaire, et l'empereur approuva cet heureux choix. Martin ne trompa point l'espoir de l'Église; la piété envers Dieu et la charité envers les pauvres furent ses deux règles de conduite. On était sûr de le trouver en prière, ou occupé des malheureux, ou absorbé par les soins multiples de sa charge. Son plus grand soin fut de maintenir dans l'Église l'héritage précieux de la vraie foi.
Le grand Pape se vit un moment dans la situation la plus critique, et accablé sous le nombre des ennemis spirituels et temporels du Saint-Siège. Contre l'hérésie du monothélisme, qui relevait la tête, il assemble, dans l'église de Latran, un concile de cinq cents évêques, où les principaux chefs des hérétiques sont condamnés.
Poussé par les sectaires, l'empereur Constantin II, sous prétexte d'une trahison à laquelle Martin aurait pris part, fait saisir le Pape et le met en jugement. On le traite comme un misérable, et on amène devant lui vingt accusateurs pour l'accabler de faits imaginaires. Martin, voyant qu'on va les faire jurer sur le livre des Évangiles: "Au nom de Dieu, s'écrie-t-il, dispensez-les d'un serment sacrilège; qu'ils disent ce qu'ils voudront. Et vous, magistrats, faites votre oeuvre." Et sans se donner la peine de répondre à toutes les accusations formulées contre lui, il se contente de dire: "Je suis accusé pour avoir défendu la foi; je vous attends au jour du jugement."
Un soldat vient dépouiller Martin de ses ornements pontificaux; réduit à un dénuement complet, chargé de fers, le Pape est traîné, dans cet état, à travers les rues de la ville de Constantinople, où il avait été amené. Après plusieurs jours de prison, ayant dit adieu aux membres du clergé qui l'avaient suivi, le martyr part pour l'exil. La Chersonèse, où il fut relégué, était désolée par la famine; il eut à y endurer pendant deux ans des souffrances et des privations pires que la mort; mais il supporta tout avec une résignation parfaite.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.