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Tableau naturel des rapports qui existent
entre Dieu, l'Homme et l'Univers.

L.C. de St Martin

par Louis-Claude de Saint-Martin

XXII 

Hommes de paix, hommes de désir, telle est la splendeur du Temple dans lequel vous aurez droit un jour de prendre place. Un tel privilège doit d'autant moins vous étonner qu'ici-bas vous pouvez poser les fondements de ce Temple, que vous pouvez commencer à l'élever, que vous pouvez même l'orner à tous les instants de votre existence.

La nature entière vous en offre l'exemple : lorsque les végétaux sont semés dans la terre, lorsque les animaux sont dans le sein de leur mère, tous travaillent et emploient continuellement leur action à changer leur état grossier et informe, en une manière d'être active, libre et rapprochée de la perfection qui leur est propre.

Mais pour avoir droit à cette sublime attente, sondez souvent votre Etre, afin de vous assurer qu'il ne respire que pour le règne de la vérité et non pour le vôtre : c'est là cette boussole du Sage, ce pacte qu'il doit faire sans cesse avec lui-même. Conservez toujours une assez noble idée du Principe qui vous anime, pour croire qu'après celui qui vous a donné l'existence, il n'est rien pour vous de si respectable que vous-même. Ce sera un rempart qui vous défendra des approches non seulement de tout ce qui est opposé à votre nature, mais encore de tout ce qui n'en est pas digne et qui n'a pas des rapports vrais avec vous.

Les hommes étant l'expression des facultés du grand Principe, chacun d'eux est marqué plus spécialement par l'une de ces facultés : mais quoiqu'il doive plus naturellement manifester les propriétés qui y sont analogues : quoique tous soient assujettis à éprouver ici-bas des lenteurs, à parcourir différentes progressions et différents degrés dans l'acquisition et le développement du don qui leur est propre ; néanmoins, tenant par leur essence au Principe universel des Etres, ils ont tous des rapports avec l'universalité de ses vertus et de sa lumière, mais d'une manière proportionnée à la sphère qu'ils habitent, et à l'infériorité de la production relativement à son Principe générateur.

Dès lors si l'homme parvenu à l'âge mûr est encore étranger à quelque science, à quelque lumière, s'il est inaccessible à quelque jouissance pure, honnête, naturelle et vraie, ce n'est pas un homme complet ; car la connaissance et le bonheur ne sont autre chose que l'application de l'usage actif et vivant des vertus suprêmes, aux différents objets, aux différentes classes, aux différentes situations où il peut se trouver. 

Ainsi l'homme malheureux est comme mort, puisqu'il ne connaît pas la vie : l'homme ignorant est un malade et un infirme qui n'est devenu tel que pour n'avoir pas exercé ses forces ; enfin l'homme misanthrope et sans charité est un lâche et un impie, puisqu'il ne fait pas usage de ce qui est en lui pour vivifier ce qui lui répugne, et qu'il n'a pas assez de confiance en son Principe pour croire que ce Principe en ait la force quand il l'appellera à son secours.

Oh ! hommes, j'essaierai de vous présenter ici quel moyens préservatifs, pour vous garantir de ces écarts et des malheurs qui en sont la suite.

Souvenez-vous que, selon l'enseignement des Sages, les choses qui sont en haut sont semblables à celles qui sont en bas : et concevez que vous pouvez concourir vous-même à cette ressemblance, en faisant en sorte que les choses qui sont en bas soient comme celles qui sont en haut. Là on est simple et pur comme le Principe qui a tout en lui. Là règnent l'ardeur et le zèle pour que les Lois du Temple soient intactes et à jamais honorées de la vénération des Etres. Là enfin, des vœux et des désirs brûlants ne cessent de s'exhaler devant le Trône de L'ÉTERNEL, soit pour implorer sa clémence envers les malheureux prévaricateurs, soit pour célébrer ses vertus et ses bienfaits. Apprenez donc dans ces actes sublimes, le ministère qui vous est confié : les Agents qui les exercent ne font que vous tracer vos obligations, et vous n'auriez pas la faculté de lire en eux, si vous n'aviez celle de les imiter.

« Ne négligez pas les secours de la terre sur laquelle vous marchez, elle est la vraie corne d'abondance pour votre état actuel ; et ce n'est pas sans raison qu'elle est regardée par quelques observateurs, comme contenant un aimant énorme dans son sein ; car elle est en effet le point de ralliement de toutes les vertus créées. Elle est même en quelque sorte, le réservoir de la vraie fontaine de Jouvence, dont la fable nous a transmis tant de merveilles ; puisque c'est en elle que se prépare la substance qui sert de base et de premier degré à la régénération, ou à la renaissance de tous les Etres. Enfin elle est le creuset des âmes autant que celui des corps ; heureux celui qui saura en découvrir les propriétés ! car ne pas connaître les choses par elles-mêmes, c'est ne rien savoir, et il ne suffit pas de croire que tout se tient, que tout est actif, il faut chercher à s'en assurer et à le sentir. »

« Vous apprendrez alors ce que c'est que d'aider la terre à Sabbatiser, et pourquoi les Hébreux méritèrent tant de reproches pour avoir négligé ce devoir pendant qu'ils habitèrent la terre promise. Car dans le physique actif il en est de même que dans le physique passif, où nous voyons que si l'homme ne prête ses soins à la terre par la culture, elle ne rend que des végétations grossières et sauvages. »

« Les propriétés de l'eau ne vous seront pas moins utiles à connaître, parce qu'étant la mine de tous les sels et contenant en elle tous les germes de corporisation, elle est en principe et en puissance, ce que la terre n'est qu'en acte, comme étant une matière déjà déterminée. Vous y verrez que la couleur verte est particulièrement affectée au règne végétal qui n'est que l'expression des principes de l'eau, et qui lient parmi les trois règnes le rang intermédiaire que l'eau tient parmi les trois éléments, et le vert parmi les sept couleurs de l'arc-en-ciel. »

« Ne dédaignez pas d'observer que sur toute la surface du globe terrestre, l'eau est toujours plus basse que les terres qui l'environnent, quoique par sa nature fluide et volatile elle soit destinée à être plus élevée vous verrez dans cette image physique une représentation naturelle et sensible du rang inférieur que toutes les vertus occupent aujourd'hui pour venir à votre secours, tandis qu'elles sont faites pour dominer sur toutes les régions. »

« flous pourrez aussi considérer l'eau sous un autre point de vue ; savoir, par rapport aux désordres qu'elle a causés sur la surface terrestre, parce que dans le sensible tous les types sont doubles, et que celui de l'eau porte spécialement ce nombre. En comparant donc les différents endroits qu'elle a submergés, avec ceux qu'elle laisse à découverts ; en considérant, dis-je, la figure extérieure de notre globe, sur lequel l'eau et la terre sont diversement mélangées, vous pourrez étendre vos lumières sur les effets progressifs, généraux et particuliers du crime, et sur le véritable état de la Géographie intellectuelle, ancienne, présente et future. Mais sur cet article, ainsi que sur tous ceux de ce genre, ne vous tenez point au premier aperçu. Plus les découvertes sont susceptibles d'être étendues, plus il est important de ne les adopter qu'avec beaucoup de précaution et de prudence. »

« Enfin, les propriétés du feu, si vous avez le bonheur d'en acquérir la connaissance, vous paraîtront préférables à toutes les autres forces élémentaires, parce qu'alors vous toucherez la racine même du grand arbre temporel, auquel tiennent tous les phénomènes physiques, et par où coule la sève qui anime et nourrit tous les Agents sensibles.. Et pour vous retracer avec certitude le véritable rang de cet élément sur les deux autres, observez que le Soleil est toujours lumineux par lui-même et dans tous les sens, tandis que la Lune et la terre n'ont qu'une lumière d'emprunt, et que la moitié de leur surface est toujours ténébreuse.»

« Si vous voulez ensuite juger de l'état pénible et dégradé de l'homme ici-bas, tant par rapport aux connaissances élémentaires que relativement aux connaissances supérieures qu'elles représentent, vous remarquerez que ces trois Agents destinés particulièrement à notre instruction, le Soleil a toujours son plein pour nous, quand il se montre à nos yeux : la Lune ne l'a qu'une fois par mois ; et la Terre ne l'a jamais, puisque nous n'en pouvons découvrir qu'un horizon très borné. »

« Mais pour ranimer votre espérance au milieu des privations que vous subissez, faites attention qu'à l'exemple de l'action universelle de la vie, tous les fluides quelconques, aquatique, igné, magnétique, électrique, tendent toujours à recouvrer leur équilibre et à se porter dans les lieux où ils manquent. Faites attention que l'air le plus grossier, le plus concentré dans les corps matériels, soit toujours en correspondance avec l'air de l'atmosphère ; que cet air passe continuellement dans nos corps et pénètre jusqu'à nos plus petits vaisseaux : mais que lorsqu'il se sensibilise, pour ainsi dire, et qu'il se modifie selon toutes nos situations, et selon tous les états de notre forme, il ne cesse pas pour cela de garder sa communication avec l'air le plus pur, le plus libre et le plus délié de l'éthérée. »

« Si toutes ces connaissances élémentaires vous paraissaient indifférentes, c'est que vous n'auriez pas encore saisi l'ensemble et l'universalité de l'empire de l'homme. Mais les Sages de tous les temps les ont recherchées comme un bien qui fait partie de leur domaine, et comme une route favorable pour monter à des degrés plus élevés. Ces mêmes Sages ont été trop prudents pour vouloir marcher dans une pareille carrière sans avoir des lois et des règles constantes, parce qu'ils ont senti qu'il ne devait rien y avoir d'arbitraire dans le culte que l'homme est chargé d'exercer sur la terre. »

« C'est ici où les nombres sensibles exercent merveilleusement leurs droits, en classant dans un ordre exact toutes les propriétés de toutes les régions, de tous les règnes, de toutes les espèces et de tous les individus de l'Univers élémentaire. C'est ici où l'on peut commencer à acquérir une connaissance certaine des Lois initiales, médianes et terminatives de toutes les choses corporelles, parce que ces choses étant mixtes sont susceptibles de décomposition et d'analyse, et que le nombre de leurs Principes constitutifs est analogue au nombre de toutes leurs actions, soit primitives et d'origine, soit d'existence et de durée, soit de dépérissement et de destruction. »

« Enfin c'est ici que se font les premières applications du vrai sens du mot initier qui dans son étymologie latine veut dire rapprocher, unir au principe ; le mot initium signifiant aussi bien principe que comme commencement. Et dès lors rien de plus conforme à toutes les vérités exposées précédemment, que l'usage des initiations chez tous les peuples, rien de plus analogue à la situation et à l'espoir de l'homme que la source d'où descendent ces initiations, et que l'objet qu'elles ont dû se proposer partout, qui est d'annuler, distance qui se trouve entre la lumière et l'homme : ou de le rapprocher de son Principe en le rétablissant dans le même état où il était au commencement. »

« Lorsque tous les Agents sensibles dont je viens parler, auront consommé par leur activité les substances impures qui souillent vos organes matériels ; lorsqu'ils vous auront régénéré corporellement leur propre vie, et qu'ils auront ainsi contribué à laisser reprendre à vos facultés intellectuelles, l'équilibre et l'agilité proportionnée à votre situation infirme et douloureuse : portez vos regards sur ces vertus éparses et subdivisées de tous les Etres d'un autre ordre qui ont été les prédécesseurs de l'époque de l'intelligence comme en étant les Agents et les Ministres. Tachez, en mettant constamment à profit les pensées qu'ils vous envoient, de vous rendre assez analogue à eux, pour faciliter le rapprochement de leur essence et de la vôtre. Par cette union, ils vous convaincront de nouveau et physiquement, que vous êtes destinés à les contempler dans leur ensemble et dans leur unité et ils vous confirmeront, la certitude de toutes les connaissances élémentaires dont vous aurez fait antérieurement la découverte et l'acquisition ; parce que le même Principe qui a produit les Etres et les Agent de toutes les classes, les dirige et les gouverne toi par une seule et même Loi. »

« Aussi dans la même région, dans le même fait, dans le même phénomène où vous aurez aperçu une vérité naturelle élémentaire, soyez assurés, si vous faites à propos usage de vos facultés, que vous trouverez une vérité naturelle intellectuelle ; soyez sûr que vous apercevrez dans cette nouvelle classe, le même plan que dans la classe précédente ; que même vous y reconnaîtrez des propriétés analogues et tendant au même but, parce que tout se tient, tout se touche, tout est un dans les moyens comme dans l'objet que l'Auteur des choses s'est proposé. C'est ainsi que dans l'homme les organes corporels qui manifestent les fonctions animales les plus parfaites, telles que celles qui s'opèrent dans la tête et dans le cœur, sont également le siège des plus beaux traits de son Etre immatériel, savoir de l'amour et de l'intelligence. »

« Enfin, non seulement il n'est aucun fait physique qui ne soit voisin d'une vérité intellectuelle ; mais il n'en est aucun dans les grands phénomènes, et dans le jeu des grands ressorts de l'Univers qui ne soit le pronostic de l'une de ces vérités, et qui ne l'annonce telle qu'elle doit arriver dans son temps : de façon que cet Univers matériel, considéré sous un tel aspect, est pour l'homme intelligent une véritable prophétie. »

Ces Agents supérieurs, servant d'intermédiaires entre les objets physiques et les objets Divins, vous retraceront par leur action, la vraie destination de l'homme, et la vraie place qu'il devrait occuper, c'est-à-dire qu'ils vous exposeront par eux-mêmes les véritables rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'Univers. D'un côté ils vous représenteront la multitude et la subdivision de toutes les choses élémentaires et inférieures, qui par la raison de leur nombre et de leur multiplicité, n'offrent en elles que confusion et dépérissement. De l'autre ; par leur union mutuelle et générale, et par leur parfaite correspondance ils vous convaincront de l'unité du Principe suprême. Ils vous montreront par leur harmonie universelle que l'unité est le seul nombre en qui reposent tous les dons que nos besoins ne cessent d'appeler sur nous, dons que tous les hommes de la terre sans exception poursuivent par des mouvements secrets dont ils ne sont pas maîtres.

Ils vous feront connaître que si à leur exemple nous nous tenions constamment en aspect de cette unité, c'est-à-dire sous notre ligne supérieure et Divine, il descendait sur nous une substance fixe et pure de force et d'action, qui s'amassant autour de nous y formerait une base plus on moins grande, plus ou moins vaste ; selon que nous ouvririons plus ou moins nos canaux immatériels propres à s'en abreuver.

L'homme étant plus souvent ici-bas le type du mal que celui du bien : justifie cette vérité par des exemples funestes, au lieu de la justifier par des exemples consolants : aussi, ce que nous éprouvons le plus fréquemment, c'est que la base dont je viens de parler, diminue pour nous à mesure que nous resserrons les canaux intellectuels qui sont comme les sens de notre esprit ; et lorsque nous interceptons tout à fait la communication, notre centre intellectuel ne recevant plus cette substance qui devait former sa base, chancelle sur lui-même, se renverse, et se voit exposé à la révolution des circonférences inférieures et horizontales, qui l'entraînent et le font errer selon leurs lois désordonnées : « c'est ce que les justices humaines ont représenté par l'usage où elles sont de jeter aux vents les cendres des criminels. »

Au contraire ces Agents purs et intermédiaires, ne pouvant offrir que les types du bien, doivent nous faire connaître que si nous ne fermions aucun de nos canaux immatériels, nous verrions notre base s'étendre à une distance immense, et acquérir peut-être assez d'étendue pour couvrir l'Univers entier.

Nous ne pouvons même en douter, en réfléchissant à notre destination primitive, et en nous souvenant que telle était la majesté de l'homme, qu'il ne lui fallait rien moins que toutes les vertus de l'Univers pour le contenir et lui servir de siège ; de même que dans son état actuel, la forme corporelle dans laquelle il est emprisonné, ne pourrait embrasser et soutenir son Etre intellectuel dans l'étendue de toutes ses facultés, si elle n'était la plus régulière de toutes les formes, et l'abrégé le plus ressemblant du grand Univers. Ce n'est donc que d'une base aussi étendue, et d'un appui aussi solide ; ce n'est, dis-je, que de l'union générale, et du vaste assemblage de tous ces Agents purs et intermédiaires qui, planant au-dessus du monde sensible, tendent à vous seconder, à vous défendre, à vous environner, que vous pouvez vous élever comme eux avec sécurité, et avec une véritable lumière, jusqu'à cette Unité universelle qui les domine et qui les vivifie tous.

Dès lors, ces mêmes Etres purs et intermédiaires, vous apprendront que l'Agent dépositaire de cette unité portant en lui la vie et la clarté, peut produire en vous, comme il le fait en eux, la force et la paix qui lui sont propres ; car la plus belle de ses vertus est le désir de les partager toutes avec vous.

Ainsi cet Agent étant le mobile de tous les dons et de tous les secours qui peuvent parvenir dans votre région, deviendra celui de tous les mouvements de votre Etre, lorsque toutes vos facultés disposées par vos désirs ; « par la terre, par l'huile, par le sel, et par le feu »  auront recouvert le degré de pureté qui leur est nécessaire pour vous faire ouvrir les premières portes du Temple, et pour vous y faire adopter par les Guides fidèles qui doivent vous transmettre ici-bas les vertus du Sanctuaire, jusqu'à ce que vous ayez acquis le droit et le pouvoir de les aller puiser vous-même à leur source.

Reconnaissez donc que depuis le degré le plus inférieur, jusqu'au plus supérieur, vous pouvez espérer des secours à tous les pas que vous avez à faire pour parcourir la carrière et vous réhabiliter dans les droits de votre origine.

Reconnaissez aussi qu'il n'est aucun de ces secours qui puisse être étranger à cet Agent universel qui a dû fixer l'époque de l'intelligence, et apporter aux hommes le complément de toutes les vertus et de toutes les lumières. Comme son essence est inhérente au centre même d'où proviennent toutes les essences, tous les faits purs, tous les appuis, rien de ce qui s'opère en bien, ne peut s'opérer sans son attache sans qu'il en soit le principe médiat, ou immédiat. 

Ainsi lorsque vous vous occuperez à attirer vous les vertus diverses de ces Etres immatériel chargés de réactionner votre pensée, ce seront les secours de cet Agent suprême que vous recevrez,  que ces Etres n'en sont que les organes et les administrateurs. Lors même que vous ne vous exercez que sur des objets élémentaires, si vous sentez étendre vos connaissances et vos forces, soyez sûr c'est encore lui qui opère par eux les succès que vous obtenez, comme c'est lui qui opère à tout moment leur existence, et tous leurs actes réguliers. 

Il n'est donc point d'œuvre pure, de quelque genre qu'elle soit, où vous ne puissiez reconnaître sa puissance  ; et pour ainsi dire, communiquer avec lui. La seule différence qui distingue ces diverses opération c'est que dans les unes il agit par de simples émanations  actives et que dans les autres il agit par d'émanations intelligentes ; que par les unes, il préserve, il anime, il instruit, et que par les autres il renouvelle, il élève, il sanctifie. Mais dans cette diversité d'actions, et sous les noms de préservateur, d'instructeur, de rénovateur, de sanctificateur, vous ne pouvez vous dispenser de voir le même Etre, le même Agent suprême et universel, par qui tout se meut, par qui tout existe, et qui ne se revêt de ces différents caractères que pour mieux subvenir à tous nos besoins, à toutes nos situations, et pour remplir dans toute leur étendue les vastes desseins qu'il a sur nous.

Car il ne faut pas oublier que si les hommes étaient attentifs et soigneux de se prêter aux vues de la sagesse, ils verraient, chacun en particulier, s'opérer eux, et par rapport à eux, le même ordre de faits, même suite de manifestations que nous avons vu précédemment s'être opérée en général, sur toute notre espèce pour l'accomplissement du grand œuvre.

Si par ces voies médiates et secondaires, vous pouvez en quelque sorte recevoir toujours les secours du suprême Agent, qui dans toutes les époques a été l'artisan et le soutien de ce grand œuvre, et goûter sans cesse des consolations particulières il vous est facile de juger ce que seraient vos jouissances et vos succès, si par votre confiance dans ces secours et ces consolations, vous vous éleviez assez pour être étayé immédiatement de sa propre puissance.

Lors donc que vos maux deviendront trop pressants, quand les eaux de votre obscure demeure seront prêtes à vous inonder, et même quand les ténèbres de l'ignorance vous paraîtront pénibles et insupportables, demandez par lui à la SAGESSE quelques rayons de son feu pour les dissiper. Pourrait-elle sans s'oublier elle-même, ne pas se rendre aux vœux de sa propre substance, et aux vertus de celui sur qui reposent à la fois son NOMBRE, et son Nom. Demandez, dis-je, par lui à la Sagesse qu'elle supplée elle-même à votre impuissance, qu'elle mette sa pensée à la place de votre pensée, sa volonté à la place de votre volonté, son action à la place de votre action, ses paroles mêmes à la place de vos paroles, et quand elle aura ainsi renouvelé tout votre Etre, quand elle vous aura rendu invincible et incorruptible comme elle, elle ne pourra refuser vos offrandes, puisque ce seront ses propres dons que vous lui présenterez.

Par là elle ne laisse plus de terme à vos espérances, par là elle assure la force à votre Etre s'il est languissant, l'abondance s'il est dans la disette, la science s'il est ignorant ; bien plus, elle lui assure la vie et la lumière, quand même il serait mort et enseveli au plus profond des abîmes. Car si ce Principe suprême a pu par ses facultés actives enfanter l'harmonie des Etres sensibles, et par ses facultés pensantes produire votre Etre intelligent, comment lui serait-il plus difficile de régénérer vos vertus que de leur avoir donné l'existence ?

FIN

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