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CHAPITRE V
FORMATION DE LA SOCIÉTÉ HUMANITAIRE
PRINCIPAL ÉLÉMENT DE FORMATION UNE MASSE
DE CHRÉTIENS DÉGÉNÉRÉS
I. De quelle manière se forme la société purement humanitaire. Deux éléments de formation : une masse de chrétiens dégénérés, et une petite troupe de juifs avancés. - II. Les intérêts du peuple catholique seront trahis, au profit des juifs, par cette masse de chrétiens dégénérés, successivement et par voie de conséquence. Trahis par le voltairianisme et la secte encyclopédiste.- III. Trahis par Rousseau. - IV. Trahis par les frivoles salons français du XVIIIe siècle. - V. Trahis par l'empereur Joseph II d'Autriche et le joséphisme. - VI. Trahis par l'égoïsme anglais. - VII. Confluent de toutes ces trahisons dans les sociétés secrètes ou maçonniques.
I
On se demande avec une sorte de stupéfaction comment et par quelles influences le dessein d'une société purement humanitaire était parvenu à s'introduire en pleine société chrétienne, avec le but de prendre sa place. Une réflexion, que nous avons déjà faite, en donne l'explication.
La haine des hommes, la plupart du temps, est aveugle, celle de Satan est clairvoyante ;
L'esprit humain, borné, n'aperçoit pas toutes les conséquences de tel acte mauvais, de tel principe dangereux qu'il pose ; mais le mauvais Esprit les voit, les dirige ;
Les hommes ont semé du vent ; lui, en fait sortir les tempêtes.
Or, ici, le vent semé est le philosophisme ; nous allons voir grossir et s'organiser la tempête.
Les fauteurs de l'audacieuse entreprise d'une société exclusivement humanitaire, qu'ils aient obéi d'une façon consciente ou d'une façon inconsciente au génie du mal, doivent être distribués en deux catégories. Nous nommons l'une : la masse des chrétiens dégénérés ; l'autre, une petite troupe de juifs avancés.
II
La masse des chrétiens dégénérés, voilà les premiers fauteurs de cette société humanitaire où vont se préparer simultanément la décadence des populations chrétiennes et la prépondérance de la race juive. La masse : ce mot n'est-il pas trop fort ? Hélas non. Dans cette masse, nous allons rencontrer des écoles nombreuses et célèbres, presque des contrées.
En tête de cette lugubre multitude qui vient trahir les intérêts chrétiens, procurer par voie de conséquence le profit des juifs, il faut nommer l'école voltairienne.
Mais parler ainsi, n'est-ce pas nous contredire et commettre une erreur historique ? N'avons-nous pas présenté Voltaire comme l'ennemi acharné des juifs ?
Oui, sans doute, Voltaire a été l'ennemi acharné des juifs ; Nous ajoutons même que dans sa rage il les eût exterminés, si cela eût été en son pouvoir. Néanmoins, le voltairianisme leur a été extrêmement favorable. Eux-mêmes en conviennent, dans des termes implacables de vérité. « Si Voltaire nous a été funeste, le voltairianisme nous a été éminemment utile (1). » - « Plus justes que leur ennemi, les juifs lui accordent une admiration qu'il mérite, en échange de son mépris qu'eux ne méritaient pas. Ils n'oublient pas que, si Voltaire les haïssait, son châtiment fut de leur être utile sans le savoir (2). »
Voltaire ennemi des juifs, et le voltairianisme profit pour les juifs : quelle solution renversante ! quelle bévue pour les esprits forts et quel châtiment quelle leçon, et dire qu'on ne l'a pas comprise ! Si du moins la réflexion suivante pouvait servir à éclairer :
Choisie et douée de façon à aller jusqu'à la fin des siècles, la race juive, qui sait son immortalité et qui poursuit, sans que rien la décourage, un rêve de prépondérance, est patiente. Elle sait attendre, et réduit tout à profit, même ses ennemis. Les outrages ne l'étonnent pas ; celui qui l'a outragée passe ; elle, non. Et s'il advient que l'insulteur ait été également apostat du Christ et qu'il ait eu pour complices des populations apostates, la vengeance divine permet que son œuvre nuisible profite aux juifs. Le voltairianisme en est un exemple saisissant. Voltaire a outragé les juifs, mais il a outragé bien davantage la divine figure du Christ. Punition, le voltairianisme est devenu profit pour les juifs. Comment cela ? En affaiblissant hélas ! chez les populations ; devenues voltairiennes l'esprit de foi et la gravité des mœurs antiques, de telle sorte qui n'étant plus protégées par ce qui faisait leur supériorité, ces populations gâtées, dégénérées, en un mot voltairiennes, deviendront plus facilement, dans des étapes inconscientes, la proie des juifs en affaires privées, puis leur proie dans les affaires publiques. Voilà comment les juifs ont pu dire avec une vérité implacable : Si Voltaire nous a été funeste, le voltairianisme nous a été éminemment utile.
Voltaire a donc été un traître à l'égard des populations chrétiennes. Mais il n'est pas seul, il a un cortège : les encyclopédistes.
L'Encyclopédie fut en quelque sorte la bataille rangée du XVIIIe siècle contre le catholicisme. À côté de Voltaire, viennent combattre d'Alembert, Diderot, Lalande, Lamettrie, Maupertuis, Condorcet, et autres non moins tristement célèbres. Aussi, l'Encyclopédie fut « plutôt un fait qu'un livre (3) » et l'on doit l'apprécier autant politiquement que littérairement. Comme livre, l'Encyclopédie ne répondit pas à sa prétention pompeuse de former un répertoire universel et savant des connaissances humaines. Les encyclopédistes n'atteignirent pas leur but ; ils n'élevèrent pas aux créations de l'esprit humain un monument digne de leur richesse et de leur gloire. Voltaire lui-même, leur compère et ami, jugea ainsi leur répertoire : L'Encyclopédie est un habit d'Arlequin où il y a quelques morceaux de bonne étoffe et trop de haillons. Mais, comme fait politique, l'Encyclopédie atteignit malheureusement son but ; ses auteurs ne réussirent que trop bien à propager leurs doctrines et à faire pénétrer leur esprit dans la société ; doctrines et esprit qui peuvent se résumer de la sorte : « il n'est presque pas un article de l'Encyclopédie qui ne prêche le doute philosophique, le déisme, ou le matérialisme, ou l'athéisme (4). » L'Encyclopédie, comme assemblage d'écrivains déistes, matérialistes, athées, fut ce démon dont parle l'Évangile : son nom est légion.
Cette réunion sinistre, Voltaire en tête, projeta sur la malheureuse société chrétienne l'ombre du festin de Balthazar. En effet, ils sont célèbres, ces joyeux soupers où les convives philosophes, l'esprit échauffé par le vin et par la haine, se proposaient de ne rien laisser debout au ciel, sur la terre et dans le cœur de l'homme. Dans un de ces soupers, chez d'Alembert, Voltaire, en regardant la compagnie, dit : Messieurs, je crois que le Christ se trouvera mal de cette séance. Et d'Alembert avoue, dans une de ses lettres, qu'en entendant leurs infâmes propos, les cheveux lui dressèrent sur la tête ; il les prenait, écrit-il, pour les conseillers du prétoire de Pilate.
Eh bien, ils écoutaient à la porte, les descendants des conseillers du prétoire ! Ils durent se dire le voltairianisme nous est utile.
III
Rousseau (1712-1778) est aussi un traître, et sa trahison a été d'autant plus dangereuse qu'il l'a dissimulée. Comme c'est lui qui est véritablement le pontife de la religion humanitaire, il importe de le juger selon la vérité, lui et son œuvre.
Des écrivains, fils des Nations, l'ont jugé d'une manière loyale ; qu'on permette à un fils d'Israël de le juger, à leur suite, avec la même loyauté. Voici, d'abord, leur jugement :
A. - SUR SES VICES ET SES MŒURS
Il révéla lui-même dans ses Confessions ses vices et jusqu'à ses faiblesses. « Je charge, quoiqu’avec répugnance, le baron de Lederhielm de vous porter un livre qui vient de paraître : ce sont les infâmes mémoires de Rousseau, intitulés Confessions. Il me parait que ce peut être celles d'un valet de basse-cour et même au-dessous de cet état, maussade en tout point, lunatique et vicieux de la manière la plus dégoûtante. Je ne reviens pas du culte que je lui ai rendu (car c'en était un) ; je ne me consolerai pas qu'il en ait coûté la vie à l'illustre David Hume qui, pour me complaire, se chargea de conduire en Angleterre cet animal immonde. » (Lettre de la comtesse de Boufflers à Gustave III.)
« L'ancien laquais de Mme de Vercellier, de M. de Gouvon et de M. de Montaigu, l'accusateur coupable d'une servante innocente, et l'homme qui paya par le déshonneur la pitié hospitalère d'une femme, le père qui envoya tous ses enfants à l'hôpital, le narrateur cynique des Confessions, ce n'est réellement pas là un législateur bien vénérable ; mais le philosophisme moderne, comme le polythéisme antique, ne tient pas à estimer ses dieux. » (POUJOULAT, Révolution française, p. 25.)
B. - SUR SON ORGUEIL
Se posant pour type moral de l'humanité, il tend à justifier systématiquement ses plus tristes égarements. « Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra... Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes iniquités, qu'ils rougissent de mes misères... et puis qu'un seul te dise, s'il ose, je fus meilleur que cet homme là ! (5) » (CANTU, Hist. univ., t. XVII, p. 153.)
C. - SUR SON ERREUR FONDAMENTALE
La nature a fait l'homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable. Ainsi la société seule a tous les torts. D'après Rousseau, tout homme est un Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaîne fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. (TAINE, l'Ancien Regime, p. 291.)
« Rousseau est exquis, lorsqu'il commence son Contrat social par cette maxime retentissante : L'homme est né libre, et partout il est dans les fers. Le contraire de cette folle assertion l'homme est né libre, est la vérité... Le Christianisme l'a délivré. » (DE MAISTRE, du Pape, p. 293-99.)
D. - SUR SA PERFIDE MANIÈRE DE PROCÉDER
EN DIALECTIQUE
On l'a comparé à l'araignée effarouchée, solitaire et venimeuse. « Il n'y a pas d logicien plus serré. Sa démonstration se noue, maille à maille, pendant un, deux, trois volumes, comme un énorme filet sans issue, où, bon gré, mal gré, on reste pris. C'est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s'y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier. N'y touchez pas. Comme une araignée effarouchée et solitaire, il a tout ourdi de sa propre substance, avec les plus chères convictions de son esprit, avec les plus intimes émotions de son cœur. Au moindre choc, il frémit, et, dans la défense, il est terrible, hors de lui, venimeux, même par exaspération contenue, par sensibilité blessée, acharné sur l'adversaire qu'il étouffe dans les fils tenaces et multipliés de sa toile, mais plus redoutable encore à lui-même qu'à ses ennemis, bientôt enlacé dans son propre rets, persuadé que la France et l'univers sont conjurés contre loi, et s'étranglant dans le lac admirable qu'à force de logique et d'imagination il s'est construit. » (TAINE, l'Ancien Régime, p. 353-4.) « Ses écrits, comme sa vie, sont une contradiction perpétuelle Il trace dans ses livres la peinture d'un âge d'or, tandis que sa vie est un blasphème et une malédiction continuelle. Rousseau méprise les grands et les petits, et pourtant il lie sait pas vivre sans leur estime il reconnaît un Dieu et pourtant il ne se confie pas en lui ; il aime la vertu et pourtant il n'y croit pas ; il idolâtre la vérité et il sacrifie au mensonge ; son existence est celle de l'homme qui se défie de ses semblables et n'espère point en la Divinité ; il veut enseigner à raisonner, et il déraisonne et se contredit continuellement. C'est notre âme qu'il demande, mais pour la jeter dans les illusions et les erreurs. » (CANTU, Hist. univ., t. XVII, p. 158-159.)
E. - SUR L'INFLUENCE PERNICIEUSE DE SES
ÉCRITS, PARTICULIÈREMENT DU CONTRAT SOCIAL
« Rousseau a été puissant, autant que Voltaire, et l'on peut dire que la seconde moitié du siècle lui appartient. » (TAINE, l'Anc. Rég., 354.)
« Rousseau fait frémir là où Voltaire ne fait que rire. Il se constitue l'organe des haines, des idées, des espérances du siècle ; il en résulta qu'il les transmit comme des inspirations et avec une immense efficacité, » (CANTU, t. XVII, p. 159.)
« Romancier de l'état sauvage, à force d'exalter la vigueur du corps, la perfection des sens, et même les vertus de l'homme sauvage, il met l'état sauvage à la mode. » (DE BONALD)
« Sans égard aux origines et aux traditions historiques, avec une confiance absolue en sa propre infaillibilité, il brise l'œuvre pénible des siècles, disperse dans les airs l'héritage sacré des peuples, sans en connaître le prix ni avoir rien à mettre à la place. Aussi Rousseau deviendra l'idole des prétendus patriotes, des hommes de la Terreur ; ils transporteront ses dépouilles an Panthéon et nommeront le Contrat social le phare de la Révolution. » (GOSCHLER, Dictionnaire théologique, t. XX, p. 474-8.)
Tel est Jean-Jacques Rousseau, jugé par les fils des Nations. Dans les traits de cette physionomie n'y a-t-il pas la préparation d'un traître ? Qu'il soit donc permis à un fils d'Israël, qui aime les Nations rachetées par Jésus-Christ, de déposer aussi contre cet être malfaisant, et de faire entrevoir le terme filial de sa trahison.
Rousseau est la plus rare figure de traitre qui se soit vue, parce que c'est lui qui, en apprenant aux peuples chrétiens à se dépouiller du chrétien pour se contenter de l'homme, a préparé leur infériorité et peut-être leur asservissement. En voici la preuve, bien simple à comprendre :
Rousseau demande dans tous ses écrits, particulièrement dans son Contrat social, que la société, pour en finir une bonne fois avec tous les désaccords qui déchirent son sein, et aussi pour réhabiliter tant de dégradés et de parias, recommence à nouveau ses âges en prenant l'idée d'homme comme base et point de départ Quoi de plus inoffensif au premier abord, et même de plus généreux ? Il se préparait là, cependant, la plus terrible trahison. Ce projet n'est-il pas, en effet, la plus sanglante injure envers Jésus-Christ, qui seul avait le droit de faire recommencer les siècles à l'humanité, parce qu'il était Dieu ?
Mais ensuite, si ce point de départ est accepté - il le sera par la Révolution, il en sortira même la Révolution - le juif montera, mais le chrétien descendra. Pour le fils d'Israël qui de paria va redevenir homme, il y aura évidemment ascension ; mais pour le chrétien, qui consentira à se dépouiller dans la vie publique de sa qualité de chrétien pour ne garder que son titre d'homme, il y aura décadence, dégradation volontaire. Or il est permis de s'humilier, mais jamais de se dégrader en abdiquant une qualité essentielle, intrinsèque. Pour un œil perspicace (celui de Satan), les choses ne s'arrêteront pas là. La décadence du chrétien ne s'arrêtera pas au niveau de l'homme, comme aussi l'ascension du juif ne se bornera pas à être l'égal du chrétien... Une terrible trahison se prépare donc. Le perfide Contrat social de Rousseau va devenir pour les malheureuses Nations chrétiennes, ce que le lit détourné de l'Euphrate fut pour le peuple endormi de Babylone. À travers le lit de l'Euphrate, l'armée de Cyrus passa et Babylone fut surprise. À travers le Contrat social de Rousseau, les hébreux passeront et feront main basse sur bien des choses dans la société.
IV
Les frivoles salons français du XVIIIe siècle sont également bien coupables de trahison.
« Au XVIIIe siècle la France est un salon (6) » Rien n'est plus vrai.
Ces salons deviennent d'abord, avec empressement, l'écho du rire sarcastique et libertin de Voltaire. Ils y étaient préparés. « Une grande erreur, c'est de penser que l'incrédulité date de Voltaire, de Rousseau et des Encyclopédistes. Avant l'apparition de ces hommes, la société française était pervertie. Pendant que la piété du vieux roi Louis XIV changeait trop de courtisans en hypocrites, l'irréligion railleuse et libertine avait ses réunions secrètes ; l'épicurisme incroyant était représenté par le prince de Conti, le duc de Venclôme et son frère le grand prieur, le duc de Sully, le marquis de la Fare, et par des abbés tels que Chaulieu, qui oubliait les leçons de Évangile pour suivre celles d'Horace, d'Ovide, et de Catulle. Les plus grands noms, les positions qui auraient dû le plus se respecter, se précipitaient dans le vice élégant et les enchantements de l'orgie. Ninon, qui vit à ses pieds les Longueville, les Coligny, les d'Albret, les d'Estrées, les Clérambault, les la Châtre, n'affichait-elle pas des sentiments antichrétiens ? Si vous saviez dit Mme de Sévigné, comme elle dogmatise sur la religion, cela vous ferait horreur. « Le Régent, qui ne croyait à rien qu'à l'alchimie, et dont le nom est resté dans l'histoire comme la plus complete expression de l'immoralité, ses amis les deffiat, les Canillac, les Nocé, les Brancas ; le cardinal Dubois, ce phénomène de corruption qui vendit son âme au diable et son pays à l'Angleterre ; ces roués qui dans des soupers célèbres ajoutaient à l'ivresse du vin l'ivresse des obscénités et des propos impies ; tous ces seigneurs de la régence qui souillèrent leurs blasons et tournèrent le dos à la gloire de leurs aïeux, enfin tous les hommes de triste renommée qui ferment le XVIIe siècle et ouvrent le XVIIIe, avaient-ils attendit Voltaire pour dépouiller le vêtement de la vieille foi ? Hélas ! non, et le fils de François Arouet eut pour parrain, pour guide de ses plus jeunes ans, l'abbé de Châteauneuf, le dernier adorateur de Ninon, et Voltaire enfant respira l'air du vice et de l'incrédulité (7). » Aussi. lorsque l'enfant fut devenu bouillie et que son éclat de rire retentit contre la religion, les salons français s'empressèrent-ils de le répercuter. « Jusque-là, quand on attaquait la religion, on l'attaquait comme une chose sérieuse ; le XVIIIe siècle l'attaqua par le rire. Le rire passa des philosophes aux gens de cour, des académies dans les salons ; il atteignit les marches du trône ; on le vit sur les lèvres du prêtre ; il prit place au sanctuaire du foyer domestique, entre la mère et les enfants. Et de quoi donc, grand Dieu ! de quoi riaient-ils tous ? Ils riaient de Jésus-Christ et de l'Évangile ! Et c'était la France (8) ! ... »
Favorables au rire sarcastique et libertin de Voltaire et des Encyclopédistes, les salons français ne le furent pas moins au dogmatisme de Rousseau.
Au XVIIIe siècle, tous les salons de France dogmatisent, tout le monde veut être philosophe. « Dans cette fête permanente que cette brillante société française se donne à elle-même, la philosophie est la pièce principale. Sans la philosophie, le badinage ordinaire serait fade. Elle est une sorte d'opéra supérieur où défilent et s'entrechoquent, tantôt en costume grave, tantôt sous un déguisement comique, toutes les grandes idées qui peuvent intéresser une tête pensante. Point de dîner ni de souper où elle n'ait sa place. On est à table au milieu d'un luxe délicat, parmi des femmes souriantes et parées, avec des hommes instruits et aimables, dans une société choisie où l'intelligence est prompte et le commerce est sûr. Dès le second service, la verve fait explosion, les saillies éclatent, les esprits flambent ou pétillent. Peut-on s'empêcher au dessert de mettre en bons mots les choses les plus graves ? Vers le café arrive la question de l'immortalité de l'âme et de l'existence de Dieu (9). Entra tous les déplorables résultats de ce dogmatisme des salons, ce qu'on nommait gentillement le retour à la nature a contribué, plus qu'on ne saurait le dire, à l'éclosion et au développement de la société humanitaire. Rousseau et les encyclopédistes préconisaient en doctrine ce retour à la nature ; les salons français se chargèrent de traduire la doctrine en actes. « Rousseau prêche en périodes travaillées le charme de la vie sauvage, et les petits maîtres rêvent au bonheur de coucher nus dans la forêt vierge (10). » - « Saint-Lambert est applaudi, lorsqu'à souper, levant un verre de champagne, il propose le retour à la nature et les mœurs d'Otaïti (11). » Compris sous une forme plus convenable, ce retour à la nature n'en est pas moins dangereux : « On bâtit dans son arc un petit temple à l'Amitié. On dresse dans son cabinet un petit autel à la Bienfaisance. (12) » Dans ce petit temple, au pied de ce petit autel, en vérité où était le chrétien ? Trahison !
Ces rires, ces licences sous toutes les formes, ces divertissements tout à la fois frondeurs et païens, ce gaspillage, en un mot, des doctrines et des mœurs chrétiennes, en amène un autre, où les salons français commencent à trouver un de leurs châtiments le gaspillage du patrimoine des familles et des antiques économies chrétiennes. L'idée qu'on se faisait alors de l'argent était celle-ci : Épargné, entassé, l'argent, au lieu d'être un fleuve, est une mare inutile et qui sent mauvais (13). Certes, pareil dicton devait exciter grandement le rire et l'espérance au foyer hébraïque : là, l'épargne n'est-elle pas la force ?... « Les grosses dépenses ruinaient les familles, ce qui les contraignait de faire taire leurs prétentions aristocratiques, pour s'allier à la roture opulente, et jeter, comme on disait, du fumier bourgeois sur les terres féodales. Louis XIV avait naguère cajolé le banquier Samuel Bernard ; l'aristocratie prit exemple sur lui sans imiter sa dignité et humilia ses quartiers devant un coffre-fort (14). »
En résumé, par leur esprit sceptique, libertin et frondeur, et par leur retour à la nature, les salons français du XVIIIe siècle préparent, dans la vie pratique, la substitution de la société humanitaire à la société chrétienne ; et par besoin de l'or pour leurs divertissements et leurs folies ils préparent le sceptre à l'or des juifs.
V
Cette société humanitaire qui se forme est le péché de l'Europe. Chaque nation, ce semble, y est représentée par un personnage, de péché. Luther a commencé le péché européen au nom de l'Allemagne. Voltaire y introduit la France, aidé des salons français. Rousseau y dogmatise au nom de Genève. L'Autriche va s'y trouver engagée par Joseph II ; et l'Angleterre y aura aussi son rôle.
En quoi donc Joseph II (l765-1790) a-t-il contribué à former la société humanitaire ? et de quelle manière a-t-il trahi à son tour les intérêts du peuple catholique ? Il faut répondre qu'avec lui le philosophisme est devenu gouvernemental. Si Rousseau est le pontife du nouvel ordre de choses, Joseph II en est le prince protecteur. Du philosophe de Genève est venu le programme, mais son application commence dans les États de l'Empereur d'Autriche. C'est ce prince qui pose officiellement la première pierre de la nouvelle société.
En effet, pour que le philosophisme pût réussir à devenir gouvernemental, il fallait deux choses : que la société catholique fut abaissée, contrariée dans ses membres et ses institutions, et que, d'autre part, les idées philosophiques, encyclopédiques, fussent protégées. À cette tâche ingrate, vraie trahison, s'appliqua durant tout son règne le fils de la grande Marie-Thérèse, empereur de la catholique Autriche. Il y a, de lui, cette lettre à un cardinal : « Du moment où je suis monté sur le trône, j'ai fait de la philosophie la législatrice de mon empire. L'Autriche en recevra une forme nouvelle.... Je déteste la superstition, je supprimerai les couvents, c'est à eux qu'on doit la décadence de l'esprit humain... (15) »
La religion catholique fut donc humiliée, abaissée. On peut dire que Joseph II chercha à lui ôter tous ses rayons, à la détériorer, à la priver de tout ce qui rappelait aux populations son origine céleste, sa mission divine, la réduisant à n'être qu'une branche d'administration, placée sous la direction de la police, comme les autres branches d'administration de son empire. N'est-il pas, en effet, l'auteur d'un système de bureaucratie despotique, qui plaça sous la tutelle de la police toute manifestation libre et spontanée de l'Église, et qui, en conservant le nom de Joseph II dans l'histoire, l'entoure d'une triste auréole ? Le joséphisme, c'est le nom qui est resté à ce système politico-ecclésiastique qui soumit l'Église d' Autriche à la plus tyrannique bureaucratie. Rapports avec Rome, liberté de la chaire, enseignement dans les séminaires, toutes ces choses sacro-saintes furent indignement traitées à la baguette. « Il abolit tous les couvents voués à la vie contemplative. Les ordres qu'il toléra furent obligés de se livrer à l'enseignement, et il les dispensa de chanter au chœur ainsi que de toutes les autres pratiques nuisibles à la santé. Des ordonnances de police, réglant le culte, le dépouillèrent de ses formes si belles et si variées. On arrêta jusqu'au nombre des cierges de la grand-messe ; pour économiser le bois, on prescrivit de coudre les morts dans des sacs au lieu de les ensevelir dans des bières (16). » Toutes ces mesures minutieuses firent plaisamment appeler l'empereur par Frédéric de Prusse : mon frère le sacristain. Hélas ! ce roi sacristain obéissait au programme du pontife de Genève, et d'autres rois deviendront, de par la Révolution, sacristains comme lui !
En même temps qu'il humiliait ainsi l'Église, Joseph II faisait de la philosophie, comme il l'avait écrit, la législatrice de son empire. Le philosophisme a considéré l'empereur comme le plus fidèle de ses adeptes. Il n'a eu que trop raison (17). « Joseph II appliquait les généralités abstraites, dont on faisait alors grand bruit, et qui tendaient un but sans tenir compte des moyens (18). » Ce but était de réformer la société, de refondre en quelque sorte les hommes. Joseph II prit au sérieux cette entreprise. Non content de son dessein d'améliorer, il voulut tout refaire, sans se préoccuper ni des races, ni des coutumes, ni des sentiments ; il se proposait même d'obliger tous ses sujets parler le même langage. Il publia dans les trois premieres années de son règne trois cent soixante-dix ordonnances. Quiconque résistait était « un coquin ». Il considérait les hommes « comme une argile faite pour être façonnée au gré de « l'ouvrier (19) ». Aussi était-il dur (20). Certes, le philosophisme devait battre des mains en voyant le royal manœuvre réaliser ainsi ses plans, et broyer au besoin pour cimenter (21) ! La Révolution fera plus violemment, mais pas différemment.
De cet abaissement de l'Église et de cette glorification pratique du philosophisme devait naître un acte considérable, tristesse pour l'Église, enthousiasme pour les philosophes, porte ouverte pour les juifs : l'édit de tolérance de 1781. « Persuadé de la grande utilité qui ressort pour la religion et l'État d'une véritable tolérance chrétienne. » Joseph II ordonne de tolérer tous les cultes non catholiques, et leur libre exercice dans le particulier. L'édit profita aussi aux juifs. L'empereur leur accorda la faculté « de fréquenter les écoles chrétiennes, les lycées et les universités, avec le droit d'obtenir les grades de docteur en philosophie, en médecine ou en droit, et d'exercer toutes les professions (22) ». Leur puissance en Autriche date de cet édit.
Un auteur israélite a dit avec reconnaissance : « Sur le trône impérial d'Autriche est monté, à la fin du siècle dernier, un monarque qui prit à tâche de rendre le sourire aux lèvres du juif, blêmies par la douleur et la honte (23). » C'est vrai, il rendit le sourire aux lèvres blêmies du peuple juif ; mais il le fit disparaître des lèvres de sa sainte mère l'Église, abreuvée par lui d'outrages (24) !
Chose remarquable, Joseph II et Louis XVI entreprirent presque à la même heure l'émancipation des israélites, et tous deux ont entouré les pauvres enfants d'Israël des mêmes bienfaits. Et cependant leur œuvre ne se ressemble pas. C'est que l'esprit en était tout différent. Chez Louis XVI, l'émancipation s'inspira de la charité chrétienne ; chez Joseph II, de la philosophie. Tout en voulant réhabiliter les juifs, Louis XVI veillait avec une sollicitude jalouse sur les intérêts du peuple catholique ; Joseph II les a trahis par le joséphisme.
VI
Comme origines de la société humanitaire, nous avons déjà trouvé : le voltairianisme, le dogmatisme de Rousseau, le scepticisme et la licence des salons français, le philosophisme gouvernemental de Joseph II.
À leur suite doit se placer l'égoïsme anglais.
Un observateur aussi profond que désintéressé a tracé ce tableau de l'Angleterre : Il est en Europe une nation redoutable par son immense pouvoir et digne d'être honorée à cause des grands pas qu'elle a fait faire aux sciences et aux arts ; une nation qui tient en ses mains, sur toute la surface du globe, des moyens puissants d'action, qu'elle sait employer avec une sagacité et une astuce véritablement admirables. Comme cette nation a été la première, dans les temps modernes, à parcourir les phases diverses d'une révolution religieuse et politique, elle a étudié les passions dans leur paroxysme et le crime sous toutes ses formes. Toutes sortes de ressorts lui sont connues. Elle ne se laisse point abuser par les vains noms dont se couvrent, aux époques de révolutions, les passions et les intérêts. Sa sensibilité est trop émoussée pour' qu'il soit facile d'exciter chez elle les tourments qui ont inondé d'autres pays de sang et de larmes. Au milieu de l'agitation et de la chaleur des disputes, elle sait maintenir sa paix intérieure ; et quoiqu'il soit permis de présager pour elle, dans un avenir plus ou moins éloigné, des situations périlleuses, elle jouit, en attendant, du calme que lui assurent sa constitution, ses habitudes, ses richesses, et surtout l'Océan, qui lui forme une ceinture. Placée dans uns situation si avantageuse, cette nation épie la marche des autres peuples, pour les atteler à son char, s'ils ont la simplicité d'écouter ses flatteries ; elle tâche du moins d'entraver leur marche, lorsqu'une noble indépendance les soustrait à son influence. Toujours attentive à s'agrandir par les arts et par une politique éminemment mercantile, elle parvient à couvrir d'un voile les intérêts grossiers qui la meuvent. La religion et les idées politiques, lorsqu'il s'agit d'un autre peuple, lui sont parfaitement indifférentes ; elle sait néanmoins se servir de ces armes avec adresse pour se faire des amis, pour renverser ses adversaires, et les prendre tous dans ce filet que ses marchands tiennent continuellement tendu aux quatre coins du globe (25).»
Comme ce tableau rend pensif ! Voilà donc une nation qui ayant, la première, connu et expérimenté, à l'époque de Charles 1er et de Cromwel, ce que c'est que la Révolution, a eu le talent de s'en débarrasser, d'en rejeter le venin chez les autres peuples ses frères, et de l'y entretenir. Ab aquilone pandetur malum (26), dit la Bible : de l'aquilon descendra le mal ; l'Angleterre s'est chargée de justifier une fois de plus la prophétie. Placée en quelque sorte, par sa situation topographique, dans les flancs de l'aquilon, elle s'est transformée d'Ile des Saints qu'elle était primitivement, en région impitoyable d'où sont descendues bien des tempêtes sur l'Europe et le reste du monde. Mais la Bible, dont l'Angleterre a su se faire un moyen de gouvernement, ne dit-elle pas également : Le Seigneur déteste celui qui sème des dissensions entre les frères (27) ? Loin de nous, certes, la pensée de méconnaître les solides et précieuses qualités du peuple anglais, sa prévoyance, sa prudence, son habileté dans l'exécution, sa persévérance, et ce qui est comme l'incarnation de ces qualités, l'imposante pléiade de ses hommes d'État. « Ces hommes d'État recherchent soigneusement ce qui peut les aider ou leur faire obstacle chez toutes les nations. Ils ne s'arrêtent pas à l'ordre politique ; ils pénètrent dans le cœur même de chaque société ; ils démêlent quel en est le principe vital, quelles sont les causes de la force et de l'énergie de chaque peuple (28). » Si ce besoin de rechercher et de démêler chez les autres peuples n'avait pour objectif que la sauvegarde des intérêts anglais dans une défensive loyale, il n'y aurait rien à dire. Mais ne recherchent-ils pas et ne démêlent-ils pas chez les autres afin de pousser au développement des mauvaises passions, et au besoin de souffler la tempête ? Voilà le mal, ab aquilone malum ! Au XVIIIe siècle, cette île est comme le laboratoire où tous les poisons se préparent. Découverts ailleurs, ils viennent se faire préparer en Angleterre, pour circuler, de là, dans les veines de l'Europe. Avant son voyage sur le sol anglais, Voltaire n'était qu'un poète brillant, sceptique seulement par saillies ; quand il revint d'Angleterre, nourri de l'impiété de Chubb, de Tindal, et autres, il avait ajouté un scepticisme érudit à son scepticisme de bel esprit. « Avant que Voltaire connut l'Angleterre et Loche, a écrit Victor Cousin, il n'était pas Voltaire, et le XVIIIe siècle se cherchait encore... Pour devenir un chef d'école, il fallut qu'il rencontrât, dans un pays voisin, un gran parti en possession de toute une doctrine. En arrivant en Angleterre, Voltaire n'était qu'un poète mécontent, l'Angleterre nous le rendit philosophe. » Quand Rousseau fut condamné à Paris et à Genève pour les hardiesses du Contrat social, c'est au foyer du philosophe anglais Hume qu'il trouva refuge et protection. Ainsi des autres génies malfaisants qui ont fomenté les tempêtes de ce siècle : l'Ang1eterre leur a fourni leurs ailes funèbres (29) !
Il n'est donc que trop vrai, l'égoïsme anglais a utilisé l'erreur et le mal contre le continent, contre des nations sœurs. La société humanitaire dont les pernicieux éléments étaient ainsi favorisés à mesure qu'ils paraissaient, s'est prodigieusement développée grâce à cet égoïsme. N'y a-t-il pas eu, en cela, la plus déplorable trahison des intérêts du peuple chrétien ? En vérité, les juifs se sont-ils montrés plus égoïstes que les Anglais, à l'égard des Nations ?...
VII
Il y a un confluent secret de toutes ces trahisons.
Voltaire et les Encyclopédistes renversent les palissades de la société chrétienne, en substituant à l'esprit chrétien l'esprit sceptique, frondeur et libertin, les palissades tombent, et la société humanitaire va s'édifier : Rousseau en fournit les bases, les salons français y entraînent les mœurs, Joseph II y introduit le gouvernement. L'égoïsme anglais protège partout où ils surgissent, les germes et les éléments de la sinistre société.
Cependant le christianisme était puissance publique encore trop solidement assise, pour que la nouvelle société se risquât à grandir en public et en rivale. C'est pourquoi les ténèbres sont appelées comme aides, et les sociétés secrètes deviennent en quelque sorte l'enclos de construction, les chantiers où se préparent les diverses pièces de la société humanitaire.
Nous n'avons pas à rechercher ici les origines des sociétés secrètes. Ce qu'il importe de faire remarquer, c'est que, malgré certaines apparences de respect religieux qui ont pu entourer ces origines et tromper les simples, les sociétés secrètes, diversifiées dans leurs modes comme dans leurs loges, ont toutes le même fond, poursuivent le même but : supprimer le Christ, se débarrasser de lui pour s'en tenir à l'humanité, et au besoin la déifier. Elles n'ont rien de Dieu puisqu'elles suppriment son Christ ; elles émanent de l'adversaire de Dieu. Aussi, au XVIIIe siècle, apparaissent-elles comme le confluent de toutes les trahisons énumérées plus haut. Voltaire en est un des chefs suprêmes ; sa plume venimeuse devient le plus solide marteau de la destruction maçonnique. Tous les encyclopédistes en sont membres. Les salons français y font leur entrée à la suite du duc d'Antin, élu grand maître en 1736 (30). Le gouvernement anglais les encourage dans le reste de l'Europe, et Joseph II exécute leurs ordres. À mesure que, philosophe ou prince, il trahit la cause du Christ et les intérêts du peuple chrétien, il sent le besoin de pactiser avec les ténèbres.
Nous avons écarté la question des origines des sociétés secrètes ; mais ce qui est capital comme observation, c'est que, vers la fin du XVIIIe siècle, ces diverses sociétés viennent confondre et perdre leurs dénominations particulières de Manichéens, Albigeois, Templiers, Sociniens, Martinistes, Illuminés, etc., dans la dénomination synthétique de Francs-Maçons. La Franc-Maçonnerie est le vaste abîme qui reçoit, avec les trahisons du XVIIIe siècle, les vapeurs et les pestilences des siècles précédents, noirs affluents d'apostasie ! Il semble que sur elle plane la parole vengeresse du Prophète : Voici que l'enfer a étendu ses entrailles, et qu'il a ouvert sa gueule jusqu'à l'infini ; et tout ce qu'il y a de puissant, d'illustre et de glorieux, avec tout le peuple, y descendra (31). Tout descend dans la Franc-Maçonnerie !
Mais la Franc-Maçonnerie elle-même, comme le voltairianisme, comme les autres trahisons, va profiter amplement aux juifs, surabondamment, puisqu'elle est le confluent des trahisons. Il viendra un temps où ce cri d'alarme se fera entendre : « Le judaïsme gouverne le monde, et il faut nécessairement conclure ou que la maçonnerie s'est faite juive, ou que le judaïsme s'est fait franc-maçon (32). »
C'est au XVIIIe siècle que cela s'est preparé. Un chapitre spécial est nécessaire à cet éclaircissement.
CHAPITRE VI
LES CHRÉTIENS DÉGÉNÉRÉS RASSEMBLÉS
DANS LA FRANC-MAÇONNERIE.
LA FRANC-MAÇONNERIE S'OUVRE DEVANT LE JUDAISME.
I. Assemblée clandestine, à Wilhemsbad en Nassau (1 781) : redoutable par la concentration de toutes les forces maçonniques. Elle présente aussi cette particularité grave l'admissibilité des juifs dans la franc-maçonnerie. - II Exagération d'une thèse qui suppose les juifs organisés en vaste société secrète depuis leur dispersion générale, inspirant les autres sociétés secrètes, et poursuivant un plan d'ensemble contre la société chrétienne. - III. Ce qui est historiquement vrai jusqu'au XVIIIe siècle, il y a des affinités et des liaisons passagères entre les sociétés secrètes et le judaïsme. Haine commune contre le christianisme. Emprunts faits à la Cabale. Toutefois rien ne prouve que les juifs soient les inspirateurs directs ni les membres de ces sociétés. Preuves même du contraire. - IV. Mais, au XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie s'ouvre devant eux. Explication très probable de la manière dont s'est faite leur admission, à l'époque de l'assemblée clandestine de Wilhemsbad. - V. Les loges maçonniques se préparent à prendre en mains la cause de leur émancipation.
Dans l'année 1781, une assemblée clandestine se tenait à Wilhemsbad, localité située dans le Hanau, à deux ou trois lieues de Francfort sur le Mein. Elle devait prendre dans l'histoire le nom de convent de Wilhemsbad. À ce convent, toutes les sociétés secrètes se trouvent réunies. Elles se sont appelées d'un bout de la terre à l'autre, comme des oiseaux sinistres auxquels on aurait fait comprendre que le cadavre de l'ancien ordre social se prépare et leur sera livré.
Le dangereux professeur Weishaupt (33), fondateur de la trop fameuse secte l'Illuminisme allemand, a été l'inspirateur du projet, et c'est le duc Ferdinand de Brunswick, un des généraux de Frédéric II, qui préside, comme grand maître, la concentration maçonnique qui va s'accomplir. « Sous l'inspiration secrète de Weishaupt et sur la convocation officielle du duc de Brunswick, de toutes les parties de l'Europe, du fond de l'Amérique et des confins même de l'Asie, étaient accourus les agents et les députés des sociétés secrètes. C'étaient en quelque sorte tous les éléments du chaos maçonnique, dit Barruel, réunis dans le même antre (34). » Il y a là des noms de toutes les classes : Weishaupt, Knigge, Villermoz, la Chappe de la Henzière, le comte de Virieu, le marquis de Chefdebien, etc., etc. Le roi de Prusse, le prince de Saxe-Cobourg et d'autres princes sont, de loin, favorables aux doctrines de l'assemblée (35). Les débris des anciennes sociétés secrètes, templières, albigeoises, manichéennes, sociniennes, cabalistiques, s'y rencontrent avec les nouvelles sectes d'illuminés, de martinistes, de perfectibilistes, de francs-maçons, de rose croix, de voyants, d'esprits du troisième ciel, des swedenborgiens, d'amis réunis : le vieux levain et le levain nouveau !
Quels furent les secrets communiqués et les résolutions adoptées dans ce sinistre convent ? L'histoire n'en a su quelque chose que par des dépositions privées.
Je ne vous dirai pas les secrets que j'apporte ; mais ce que je crois pouvoir vous dire, c'est qu'il se trame une conspiration si bien ourdie et si profonde, qu'il sera bien difficile à la religion et aux gouvernements de ne pas succomber : aveu du comte de Virieu, délégué au convent de Wilhemsbad par les martinistes français (36).
Le cardinal Caprara, alors nonce apostolique à Vienne, se faisant l'écho de ce qui lui avait été communiqué, adressa au Pape, en 1787, un mémoire qu'il concluait par ces paroles prophétiques : Le danger approche, car de tous ces rêves insensés de l'illuminisme ou du franc-maçonnisme il doit sortir une effrayante réalité. Les visionnaires ont leur temps, la révolution qu'ils présagent aura le sien (37).
Ces dépositions étaient très graves. Mais le fait seul de la concentration de toutes les sociétés occultes dans la franc-maçonnerie projetait une lueur suffisamment effrayante sur ce qui avait pu se décider au convent de Wilhemsbad.
Une autre particularité redoutable s'y était aussi rencontrée : le judaïsme y avait été admis. (Non pas, certes, le judaïsme honnête, mais un judaïsme perverti, comme tant de chrétiens, hélas ! dégénérés.)
Mais quoi ! dans cette admission du judaïsme y a-t-il quelque chose qui doive surprendre, et surtout apparaître comme un danger nouveau ? Les juifs n'ont-ils donc pas été, à travers tous les siècles du christianisme, les membres-nés des sociétés secrètes ?
Beaucoup moins qu'on le suppose généralement. Il y a ici des explications importantes à présenter.
II
Une opinion s'est propagée aujourd'hui qui prétend « qu'un centre de commandement et de direction a toujours existé chez les juifs depuis leur dispersion générale jusqu'à nos jours ; que cette direction se trouve aux mains de princes occultes. dont la succession se perpétue régulièrement ; et qu'ainsi la nation juive a toujours été conduite comme une immense société secrète qui donne à son tour l'impulsion aux autres sociétés secrètes (38) ».
C'est là une thèse exagérée, aussi en désaccord avec les textes des divines Écritures qu'avec les données de l'histoire.
En effet :
1° L'Écriture dit à propos du châtiment des, juifs : Je disperserai, dit le Seigneur, la maison d'Israël dans toutes les Nations par une agitation semblable à celle que l'on donne au blé quand on le secoue dans un crible ; et un seul ne tombera pas à terre, mais sera poussé au loin par l'ébranlement général (39). Toutes les Nations ont exécuté cet ordre. Le peuple juif dispersé au milieu d'elles a parfaitement ressemblé aux grains de blé qu'une violente agitation sépare en les poussant en divers lieux. Mais, si on les suppose dirigés, organisés dans leur dispersion et relevant d'un centre constant, quoique occulte, cet état d'agitation et de pèle-mêle général cesse ; ils ne sont plus criblés, mais organisés. Le crible de Dieu reçoit un démenti.
2° L'Écriture dit encore : Durant de longs jours les enfants d'Israël seront sans roi, sans PRINCE, sans sacrifice, sans autel (40)... Le texte du prophète Osée est formel sans prince comme sans sacrifice et sans autel. II ne saurait donc être question de princes qui auraient commandé et dirigé tout le corps de la nation dispersée et dont la succession régulière, quoique cachée, se serait perpétuée (41).
3° En admettant la nation juive conduite comme une immense société secrète et donnant à son tour l'impulsion aux autres sociétés secrètes, ce serait lui reconnaître une organisation et une puissance supérieures à celles dont elle jouissait an temps de son habitation en Palestine où le schisme séparait ses tribus et où les peuples voisins ne cessaient de la harceler. Le coup de foudre qui l'a éparpillée au loin n'aurait servi qu'à lui faire retrouver une organisation et une influence plus étonnantes.
4° C'est supposer l'action de la sainte Église catholique en grande partie inefficace dans ses mesures de précautions relatives aux juifs. Elle qui, durant tout le moyen-âge, veillait sur les Nations avec une vigilance de mère alarmée et prudente et qui, obéie des Nations et de leurs gouvernements, s'avançait belle comme Jérusalem, et terrible comme une armée rangée en bataille (42), n'aurait pu, dans cette hypothèse, empêcher la synagogue d'avoir eu, elle aussi, son armée rangée en bataille et en tous lieux.
5° Enfin les raisons que ces auteurs allèguent pour supposer les juifs organisés en vaste société secrète et poursuivant, depuis leur dispersion, un plan d'ensemble contre la société chrétienne, ces raisons ont le grand tort de passer, dans leurs accusations, du particulier au général, ou encore d'ériger des faits isolés, quoique très importants, à la hauteur de règles de conduite générales et constantes.
C'est donc là, nous le répétons, une thèse exagérée.
Voici ce qui nous a paru historiquement vrai sur les rapports des sociétés secrètes et du judaïsme.
III
Jusqu'au XVIIIe siècle, il n'y a pas d'alliance proprement dite, mais seulement des affinités et des liaisons indécises ou passagères.
Ces affinités sont de deux sortes : les unes proviennent de la haine, les autres, des emprunts faits par certaines sociétés secrètes à la Cabale.
A. - Haine commune aux sociétés secrètes
et à la Synagogue
Qu'il y ait dans le judaïsme une prédisposition à la maçonnerie, c'est incontestable. Cette prédisposition lui vient, hélas ! de sa haine contre Jésus-Christ et son Église, nullement, toutefois, de ses dogmes et de sa morale qui font partie de la religion révélée. Cette distinction est très importante, car elle est une preuve et une espérance que, pour le but suprême de destruction religieuse et sociale qu'elles poursuivent, les sociétés secrètes n'ont jamais obtenu et n'obtiendront jamais le concours des vrais israélites : les dogmes de l'unité et de la majesté de Dieu dont Israël est resté pénétré et comme étourdi depuis le Sinai s'y opposent ; également, les mœurs de la famille patriarcale ; également, l'instinct de la conservation. Mais il est malheureusement de notoriété historique que, contre Jésus-Christ, son Église et leurs œuvres, l'antagonisme hébraïque, en quête d'une revanche, bien loin de désavouer le concours des sociétés occultes, les a toujours utilisées, plus ou moins, suivant ses propres intérêts ; plus ou moins, selon que ces sociétés elles-mêmes s'y prêtaient ; car il ne faut pas oublier que, durant tout le moyen âge, le juif était tellement méprisé, était tellement, pour beaucoup, l'être vil et de rebut, que les plus mécréants eux-mêmes ne se souciaient guère de son concours.
B. - Emprunts faits par les sociétés secrètes
à la Cabale
Les ouvrages qui traitent de ces sociétés signalent en plusieurs d'elles une teinte sinon complétement juive, du moins orientale, et qui leur serait venue de la Cabale. Là encore il est équitable de discerner avec soin.
Le terme Cabale en hébreu veut dire tradition reçue, enseignement traditionnel.
a) Depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ, la Cabale est un enseignement oral, mais secret, sur les vérités les plus sublimes de la religion ; et cette Cabale est bonne, saine. « La Cabale, qu'on peut appeler la philosophie des Hébreux, lorsqu'elle était encore dans sa pureté, avait cela de particulier qu'elle donnait ces notions sublimes auxquelles n'ont jamais pu arriver les plus profonds génies parmi les philosophes païens privés du secours de la Révélation... Elle résolvait les problèmes les plus redoutables de la métaphysique sacrée. Les docteurs de la Synagogue enseignent d'une commune voix que le sens caché de l'Écriture fut révélé sur le Sinaï à Moïse, qui initia à cette connaissance Josué et ses autres disciples intimes ; que cet enseignement secret se transmettait ensuite oralement de génération en génération, sans qu'il fût permis de le mettre par écrit (43).
Telle est la bonne et saine Cabale (44).
b) À partir du crime du Golgotha et de la dispersion du peuple juif, la Cabale s'altère et devient ce que le Talmud appelle vinaigre fils du vin. Elle cesse d'être le recueil des traditions antiques et sailles, pour devenir le recueil des explications mystiques des rabbins, et aussi de leurs rêreries fantastiques et de leurs vaines subtilités (45). Elle cherche des solutions dans l'arrangement des lettres et des nombres : science abstruse, sans rives, aux combinaisons vertigineuses !
Cette Cabale sans autorité se subdivise alors en :
1° Cabale spéculative. - Elle peut être sans danger, pour les rabbins qui s'y livrent ; elle ne l'est pas pour les chrétiens qui veulent les suivre dans ces études abstruses : le fameux Pie de la Mirandole et Reuchelin, au XVe siècle, y perdent la foi ;
2° Cabale pratique. - Elle s'occupe de théurgie, de goétie, de magie ; et c'est là que se trouvent principalement les mystères et les secrets de la Cabale : procédés bizarres, serments terribles, symboles sinistres, empruntés non seulement à la Judée infidèle, mais à la Perse, à l'inde, à l'Égypte, à la Chaldée. En receleuse perfide, cette Cabale pratique admet également des formules et des opérations haineuses contre la religion chrétienne et les chrétiens ;
En sorte que la Cabale, devenue vinaigre fils du vin, se trouve être, dans sa partie spéculative, une science fausse et dangereuse ; et dans sa partie pratique elle est infernale.
Le plus grand éclat de cette fausse et mauvaise Cabale coïncida, du XIIIe au XVIe siècle, avec la sorcellerie, l'astrologie judiciaire, l'alchimie, qui exercèrent leur empire sur des foules superstitieuses et eurent même leur entrée à la cour des rois. La Cabale vint prendre sa place à côté de ces sciences malsaines, leur compagne, sinon leur inspiratrice ! Les sociétés secrètes s'emparèrent bien vite des unes et des autres. De là les rapports que les historiens signalent entre ces sociétés et la science cabalistique ; de là aussi la teinte, sinon juive, du moins orientale, qui colore les symboles et les rites en usage dans la plupart de ces sociétés.
Mais voici :
Les inventeurs de ces rites et symboles ont-ils accepté cette teinte de docteurs cabalistes, ou bien l'ont-ils empruntée d'eux-mêmes à la Cabale ou à la magie ? Sont-ils allés la chercher en Égypte, en Perse, ou dans une synagogue ? La réponse à ces différents points est pleine d'hésitation, à cause de l'insuffisance des documents (46).
Autre remarque importante. C'est ici qu'il faut prendre garde de ne point passer du particulier au général. Cette science cabalistique, abstruse dans sa partie spéculative, mauvaise et méchante dans sa partie pratique, n'était connue que du petit nombre en Israël. Beaucoup de juifs honnêtes, occupés à leurs affaires journalières, aux mœurs patriarcales, bien que n'aimant pas le Sauveur du monde et son Église, n'avaient nul penchant, nul loisir, pour ce commerce avec la Cabale et la magie.
C. Nonobstant ces affinités, la liaison
entre sociétés secrètes et judaïsme est indécise
jusqu'au XVIIIe siècle
En effet :
L'Église veillait, et avec elle veillaient les rois très chrétiens. Cette surveillance active et combinée rendait bien difficiles, sinon impossibles, des conciliabules suivis entre gens de la Cabale hébraïque et affidés des sociétés occultes. C'est une des raisons pour lesquelles les documents historiques font défaut.
Mais, de plus (et c'est là une observation dont les soutenants de la thèse exagérée n'ont pas suffisamment tenu compte), les sociétés secrètes, durant tout le moyen âge, présentèrent une certaine allure aristocratique. N'y entrait pas qui voulait. Satan a eu aussi ses castes noires ! En ces temps de seigneuries féodales, sa perspicacité, qui manœuvre en tenant compte des évolutions de l'humanité, jeta sur les sociétés secrètes des albigeois des Templiers et autres, une apparence de fierté et de hauteur. Un Templier n'eût jamais voulu serrer dans ses bras un juif comme compagnon d'armes et de ténèbres ; et tout ce que purent accorder les seigneurs Albigeois, se réduisit à confier quelquefois à un hébreu complaisant la charge de bailli. Il devait en être du recours aux secrets de la Cabale pratique comme du recours à l'usure : à la hâte, et sous un déguisement. Il est célèbre, le tableau inspiré par Shakespeare, nous le rappelons à regret ; mais il aide à déterminer et limiter la part d'Israël dans les sociétés secrètes au moyen âge :
« Pour que tel pauvre homme s'adresse au juif, pour qu'il s'approche de cette sombre petite maison si mal famée, pour qu'il parle à cet homme qui, dit-on, crucifie les petits enfants, il ne faut pas moins que l'horrible pression du fisc. Entre le fisc qui veut sa moelle et son sang, et le diable qui veut son âme, il prendra le juif pour milieu, Quand donc il avait épuisé sa dernière ressource, quand son lit était vendu, quand sa femme et ses enfants, couchés à terre, tremblaient de fièvre ou criaient du pain, alors, tête basse et plus courbé que s'il eût porté sa charge de bois, il se dirigeait lentement vers l'odieuse maison, et il restait longtemps à la porte avant de frapper. Le juif ayant ouvert avec précaution la petite grille, un dialogue s'engageait, étrange et difficile. Que disait le chrétien ? Au nom de Dieu ? Le juif l'a tué, ton Dieu. Par pitié ? Quel chrétien a jamais eu pitié du juif ? Ce ne sont pas des mots qu'il faut ; il faut un gage. Que peut donner celui qui n'a rien ? Le juif lui dira doucement : Mon ami, conformément aux ordonnances du roi, notre sire, je ne prête ni sur habit sanglant ni sur fer de charrue. Non, pour gage, je ne veux que vous-même (47).... »
Quelque chose d'analogue se passait, à coup sûr, pour le recours aux mystères de la Cabale pratique : on devait trembler et se trouver mal à l'aise lorsqu'on venait demander quelque formule ou quelque recette à un homme de la Cabale !
IV
Avec le XVIIIe siècle, les choses deviennent plus graves.
Les différentes sociétés secrètes opèrent leur concentration dans la Franc-Maçonnerie. Par cela même, elles revêtent un caractère nouveau. Elles abandonnent la forme aristocratique que plusieurs d'entre elles tenaient du moyen âge, pour prendre une organisation moins exclusive, plus populaire. L'œil de Satan, qui suit attentivement les développements de l'humanité, voit venir le règne de la démocratie ou de l'universel, et alors ses loges, ses autres, revêtent, elles aussi, cc caractère démocratique ; elles s'ouvrent à tout le monde. Le convent de Wilhemsbad est la grande salle de réunion.
Comment le judaïsme va-t-il y participer ?
En 1734, un certain juif du rit portugais, nominé Martinez Paschalis, avait fondé en France une secte basée sur la Cabale, et dans laquelle naturellement les juifs se trouvaient admis. De 1734 à 1768, il l'avait propagée en France sous le nom d'ordre de cohens (mot hébreu) ou prêtres (48). Après la mort de Martinez Paschalis, son disciple le fameux Saint-Martin (jeune officier du régiment de Foix, avec lequel on l'a souvent confondu), avait donné à la secte, par son ouvrage des Erreurs et de la Vérité par n philosophe inconnu, un développement considérable, qui de Paris et Lyon, ses centres, s'était étendu jusqu'en Russie. Les adhérents avaient pris le nom définitif de Martinistes ou Illuminés français. Tout cela avait été comme la préface d'une liaison positive entre le judaïsme et les sociétés secrètes.
La liaison s'opère et se consomme à l'époque du convent de Wilhemsbad.
En effet, le judaïsme est admis alors dans la concentration maçonnique, et cela, de deux manières, en fait et en droit ;
En fait :
Parce qu'au moyen de la secte des Martinistes ou Illuminés français, juive par origine, les fils d'Israël ou leurs amis entrent de plain-pied dans l'assemblée ;
Parce que les loges anglaises de l'assemblée leur sont favorables. Le fameux incrédule Toland a été l'âme de ces loges, et d'autre part Toland a publié ces deux écrits singulièrement instructifs : Raisons pour naturaliser les juifs de la Grande-Bretagne (1715) ; Nazarenus ou le Christianisme judaïque, païen et mahométan (1718) (49) ;
Parce qu'en Allemagne, et c'est le fait capital, particulièrement à Berlin, est en train de se former une jeunesse israélite ardente, enthousiaste de Lessing, qui la protège, une jeunesse passionnée jusqu'à l'excès pour le romantisme et les plaisirs (50). Dans ses rangs s'est placé Dohm qui, en cette année même du convent de Wilhemsbad (1781), publie le Programme de l'émancipation politique des juifs que les loges maçonniques des Jacobins feront exécuter en tous points à Paris en 1791. (Nous parlons de Dohm au chapitre suivant.)
Admis en fait au convent de Wilhemsbad, le judaïsme l'a été également en droit :
En effet, Veishaupt, l'inspirateur et ordonnateur du convent, n'a-t-il pas inscrit en tête de l'Illuminisme allemand cette invitation officielle Réunir, en vue d'un intérêt élevé et par un lien durable, des hommes instruits de toutes les parties du globe, de toutes les classes et de TOUTES LES RELIGIONS, malgré la diversité de leurs opinions et de leurs passions... Recruter constamment le personnel dans tous les rangs, dans toutes les classes, dans tous les états, toutes les conditions (51). Les barrières des loges maçonniques tombaient devant le judaïsme !
Ainsi se prouve, d'une manière à peu près certaine, l'admission officielle d'un judaïsme perverti dans la Franc-Maçonnerie (52).
Il y a des auteurs qui vont jusqu'à dire que même dès cette époque la Maçonnerie s'émut et se troubla de ce qu'elle venait de faire (53). Il y avait de quoi... « Un jour, raconte la Bible au Ier livre des Rois, Saul choisi par le Seigneur, puis rejeté de devant sa face, était venu pour consulter la magicienne d'Endor. Il s'était fait conduire dans le plus grand secret, et il avait pris d'autres vêtements afin de n'être pas reconnu. Il dit à la magicienne d'évoquer un mort, et à peine eut-il parlé, que le mort parut : c'était un vieillard couvert d'un manteau. « Le roi et la magicienne reconnurent Samuel. Dieu permit en effet que le prophète sortant de terre se montrât dans l'antre de la magie. Et à sa vue, la magicienne elle-même, troublée de cette apparition, jeta un grand cri. Et Samuel, s'adressant au roi infidèle, lui dit : Le Seigneur a déchiré votre royaume... et demain vous serez avec moi (54). »
Outre que cette scène atteste l'ancienneté de la magie, elle renferme plusieurs traits qui peuvent s'appliquer au convent de Wilhemsbad.
C'est la Franc-Maçonnerie qui est ici la magicienne ;
Une partie de la société chrétienne devenue infidèle, des princes, des ducs, des philosophes, se sont rassemblés dans le plus gland secret.
La magicienne a évoqué un mort, et le mort qui s'est présenté était le peuple juif, ce revenant qui n'avait pas de droits civils !
Et la Franc-Maçonnerie elle-même a été émue et troublée de l'apparition ;
Car il semblait que ce judaïsme perverti disait à toutes ces sociétés dégradées et infidèles à Dieu, et sur lesquelles il allait progressivement établir son influence : Demain, vous serez avec moi, mes plans seront les vôtres !
V
L'obséquiosité de la Maçonnerie à l'égard du judaïsme ne tardera pas à se montrer.
De quelle manière ?
La question de l'émancipation des juifs s'est posée devant l'opinion publique, Louis XVI va généreusement l'entreprendre et la mettre à l'étude : eh bien, s'il se rencontre des difficultés, la Franc-Maçonnerie se charge de les trancher.
Ce serait anticiper sur les événements que d'apporter ici les preuves de ce secours occulte ; il suffira de lever un coin du voile :
Quand l'examen de la question, soustraite à Louis XVI par la Révolution, viendra devant l'Assemblée constituante (1789-1791), les députés qui se chargeront de la faire passer seront des francs-maçons ;
C'est Mirabeau qui lui prêtera l'appui persévérant de son éloquence, et Mirabeau est franc-maçon, dans les hauts grades, intime avec Weishaupt et ses adeptes, présent en Allemagne dans l'année qui suit le convent de Wilhemsbad, et, d'autre part, ses liaisons avec le judaïsme de Berlin, pour être moins connues, sont incontestables (55).
Et lorsque, après des hésitations de deux années, l'Assemblée constituante, parvenue à sa dernière heure, à son avant-dernière séance, hésitera encore, est le franc-maçon et jacobin Duport qui exigera son vote, sommairement et la menace sur les lèvres.
Tel sera le premier service occulte rendu au judaïsme par la Maçonnerie. Après celui-ci, d'autres viendront. Elle est, en définitive, le formidable couloir à l'aide duquel la question juive est sûre de trouver une issue, le très sombre corridor travers lequel les fils d'Israël pourront déboucher à leur aise dans la société.
(1) Archives israélites, juin 1878, p. 324.
(2) Ibid., mai 1882, p. 152-153.
(3) CANTU, Hist. univ., t. XVII, p. 147.
(4) LEBAS.
(5) Quels exécrables sentiments d'orgueil dans ces autres extraits de sa correspondance. Première lettre à M. de Malesherbes : « Je connais mes grands défauts, et je sens vivement tous mes vices. Avec tout cela je mourrai persuadé que, de tous les hommes que j'ai connus eu ma vie, nul ne fut meilleur que moi, » - À Mme B., 16 mars 1770 : « vous m'avez accordé de l'estime sur mes écrits ; comme vous m'en accorderiez plus encore sur ma vie, si elle vous était connue, et davantage encore sur mon cœur s'il était ouvert à vos yeux. Il n'en fut jamais un meilleur, un plus tendre, un plus juste... Tous mes malheurs ne me viennent que de mes vertus, » - À Mme de la Tuer : « Celui qui ne s'enthousiasme pas pour moi n'est pas digne de moi. »
(6) TAINE, l'Ancien Régime, p. 158.
(7) POUJOULAT, Révolution Française, p 17-18.
(8) Discours sur la vocation de la Nation française, par LACORDAIRE.
(9) TAINE, l'Ancien Régime, p. 366-367.
(10) TAINE, ibid., p. 109.
(11) « Souper chez Mlle Quinault, la comédienne, avec Saint-Lambert, le prince de....., Duclos et Mme D'Épinay. » - Ibid., p. 372.
(12) Ibid., p. 218.
(13) TAINE, l'Ancien Régime, p. 169.
(14) CANTU, Hist. univ., t..XVII, p. 95 - À la cour de Louis XIV, le célèbre Samuel Bernard aida plusieurs fois l'État de ses finances ; sa fortune colossale était un nouvel exemple de cette opulence dont les banquiers juifs avaient si souvent offert le spectacle. (Les Juifs en France, par BÉDARRIDES, p. 392)
(15) Lettre de l'Empereur au cardinal Arzan, citée par CANTU, t. XVII, p. 432-433.
(16) Hist. de Joseph II, par PAGANEL. - CANTIJ, t. XVII, p. 431-432.
(17) Une curieuse brochure révèle comment le philosophisme s'y prit pour entraîner l'empereur dans ses desseins ; elle fut publiée en 1774, à Lausanne, par Lanjuinais, ancien bénédictin, sous ce titre : Le Monarque accompli, ou Prodiges de bonté, de savoir et de sagesse, qui font l'éloge de Sa Majesté impériale Joseph II et qui rendent cet auguste monarque si précieux à l'humanité.
(18) CANTU, ibid., p. 424.
(19) CANTU, t, XVII, p. 425.
(20) Marie-Thérèse l'aimait peu, « le jugeant grossier et dur de cœur ». (Selon Coxe, CANTU, p. 423.)
(21) Il disait « Souverain d'un grand empire, je dois embrasser d'un coup d'œil l'ensemble de mes États, sans écouter chaque loi les cris de quelques provinces qui ne connaissent qu'elles-mêmes. Le bien des particuliers est une chimère et je le sacrifie au bien général. (CANTU, ibid., p. 427.)
(22) Hist. des juifs modernes, par HALÉVY, p. 155-156. - Hist. des juifs. par GRAETZ, t. XI, p. 74-76.
(23) Lettres de Lombroso à Consoni, Ve et VIe lettre.
(24) Il y a quelque chose de douloureux dans la fin de ce prince, qui disait : « On a ordonné des prières publiques pour ma guérison, je le sais ; mais je sais aussi que la majeure partie de mes sujets ne m'aime pas. À quoi peuvent servir des prières qui ne partent pas du cœur, et qui le font mentir ? »
(25) BALMÈS, le Protestantisme comparé au Catholicisme. t. I, chap. XII.
(26) JÉRÉMIE, I, 14.
(27) Proverbes, VI, 19.
(28) DALMÈS, le Protestantisme comparé au Catholicisme, t. I, ch. XII.
(29) « Quiconque aspirait à de libres idées les demandait à l'Angleterre. » CANTU, XVII, p. 109-110.
(30) « Eu 1736, après le départ de Lord Harmonester, second grand maître de France, la Cour donna à entendre que, si le choix tombait sur un Français, il serait mis à la Bastille. Le duc d'Antin fut cependant élu, et sous lui la maçonnerie française parvint à s'établir à demeure » (CANTU, t. XVII, p. 102).
(31) ISAIE, chap. V, 14.
(32) Revue des questions historiques, 62e livraison, 1er avril 1882.
(33) Adam WEISHAUPT était Professeur de droit à l'université d'Ingolstadt. Plein de haine et d'astuce, il enseignait dans son programme de l'Illuminisme : qu'on devait procéder avec la plus grande prudence, laisser subsister d'abord le nom de religion et celui de christianisme, en leur substituant peu à peu la raison. - « De son sanctuaire à Ingolstadt, il présidait à tous les conjurés ; empereur souterrain, il eut bientôt plus de villes dans sa conspiration que le chef du saint-empire romain n'en avait sous son domaine. La facilité avec laquelle les illumi nés s'introduisaient dans les loges maçonniques et la préponderance que les mystères de Weishaupt y acquéraient chaque jour, expliquent cette extension si étonnante. Chose incroyable indépendamment des adeptes de toutes les classes, l'illuminisme compta dans son sein des princes souverains. Il y en eut cinq, en Allemagne, qui s'y agrégèrent. Ces dupes illustres ne se doutaient pas sans doute de l'aversion du fondateur pour toute espèce de dépendance ; Weishaupt leur avait dissimulé pro bablement le serment qu'il faisait prêter, dans le dernier grade, de détester les rois ; il ne leur avait révélé que ce qu'il pouvait dire à ces princes incrédules, sans les blesser, savoir ses projets hostiles contre la religion et son horreur pour les prêtres. » BERGIER, Dictionnaire de théologie, au mot Illuminisme.
(34) DESCHAMPS, les Sociétés secrètes, avec les notes et documents recueillis par M. CLAUDIO JANET. t. II, p. 105-106. - BARRUEL, Mémoires sur le Jacobinisme.
(35) DESCHAMPS, ibid., p. 106 et suiv.
(36) Cette réponse fut faite par M. de Virieu au comte de Gilliere, qui le pressait en public de ses saillies. - BARRUEL, qui la rapporte dans ses Mémoires sur le Jacobinisme, t. IV, p. II, p. 119 et 120, ajoute : « M. de Virieu avait un très grand fonds de probité et de droiture. Ce qu'il avait appris dans sa députation lui inspira tant d'horreur pour les mystères, qu'il y renonça absolument et devint un homme très religieux et très zélé contre les Jacobins. »
(37) CRÉTINEAU-JOLY, l'Église romaine en face de la Révolution, t. I. - DESCHAMPS, les Sociétés secrètes. t. II, p. 113.
(38) Thèse soutenue par M. GOUGENOT DES MOUSSEAUX. dans son livre le Juif, le Judaïsme et la Judaïsation des peuples chrétiens ; par M. DE SA1NT-ANDRÉ, dans son livre Francs-maçons et Juifs : et par M. l'abbé CHABAUTY dans son livre les Juifs, nos maîtres.
(39) AMOS, chap. IX, 9.
(40) OSÉE, chap, III, 3.
(41) Ce qui a dû induire en erreur les soutenants de cette thèse, c'est très probablement le titre de Princes de la captivité que prirent, après la dispersion générale, les chefs des juifs en Orient. Or ce titre a été plus fictif que réel, et absolument nul comme centre d'autorité sur tous les juifs de la dispersion. En effet :
1° En Orient même où ils vivaient, il n'en était guère fait mention. « Les chronologistes juifs ont bien eu soin de conserver les noms des docteurs qui ont été les chefs de leurs Académies tant en Orient qu'en Occident ; mais ils parlent rarement des Princes de la captivité. Ce silence fait voir que, malgré le titre de Prince qu'on donne à ces chefs de la captivité d'orient, ils n'avaient pas un très grand pouvoir en ce pays-là, car les historiens n'oublient jamais ce qui peut relever la gloire de leur nation. » (BASNAGE, Histoire des juifs, t. III, chap. IV.)
2° Bien loin d'exercer leur domination sur tous les juifs de la dispersion, ils avaient en Orient même une autorité subdivisée car à Tibériade résiliait un chef qui portait le nom de Patriarche de la Judée ; et c'est à Babylone seulement que le chef des juifs de cette partie de l'Orient s'appelait Prince de la captivité. Ils ont toujours été indépendants l'un de l'autre.
3° Là même où il fut porté, ce titre fut sans valeur intrinsèque, afin que ne fût pas infirmée la prophétie d'Osée : Durant de longs jours les fils d'Israël seront sans princes... Aussi l'historien protestant Basnage le qualifie avec beaucoup de justesse le « titre excessif qu'ils se donnent. » Et il ajoute : « Ce titre fastueux de Prince, qu'ils ont pris souvent, regardait plutôt le mérite et la conaissance, que le pouvoir de ces maîtres. C'est le style ordinaire des thalmudistes d'appeler ainsi ceux qui s'élèvent au-dessus des autres et d'eux-mêmes par leur vertu ; car ils sont plus rois que les rois eux-mêmes... Nous avons déjà remarqué que les chefs des synagogues d'Allemagne ou de quelques provinces d'Italie prenaient le titre de ducs et de princes des juifs ; et ces noms pompeux ne doivent en imposer à personne, comme si l'autorité souveraine y était attachée ; car ce sont souvent des docteurs pauvres et malheureux qui les portent. » (Hist. des juifs, t. III, chap. I.)
4° Enfin, ce titre s'éteignit au XIIe siècle. « ils perdirent leur pouvoir par la désertion des peuples et par l'oppression des Infidèles. Leur nom passa jusqu'au XIIe siècle ; mais on n'en vit plus aucune trace depuis ce temps là. » (Ibid., t. III, chap. IV.)
(42) Cantique des cantiques, chap. VI, 3.
(43) Le rabbin DRACH, Harmonies entre l'Église et la Synagogue, t. II, notice sur la Cabale des hébreux, p. XX-XXI.
(44) Il ne reste de la bonne et saine Cabale que quelques fragments conservés par écrit, à partir du IIe siècle de l'ère chrétienne, dans le fameux livre du Zohar qui veut dire clarté, mais conservés çà et là au milieu d'un fatras talmudique. Ces fragments sont précieux, car les vérités catholiques y brillent d'une manière voilée, et ils ont servi à convertir plus d'un israélite de bonne foi.
(45) Harmonies de l'Église et de la Synagogue, t. II. notice, etc., p. XXVII.
(46) Les très savants ouvrages de DESCHAMPS, les Sociétés secrètes, mettent dans un relief saisissant cette teinte orientale et cabalistique des sociétés secrètes ; voir t. I, liv. Ier, chap. II et t. II, liv. II chap. V, 8.
(47) SHAKESPEARE, The Merchant of Venice, acte Ier, scène III. - M. CHELET, Histoire de France.
(48) Consulter : DESCHAMPS, qui dit : « Cette secte est une des plus perverses de la Maçonnerie. » Les Sociétés secrètes et la Société, t. I, p. 12-19 ; t. II, p. 93-95 ; t. III, p. 23 ; p. 35-36. - Comte DE MAISTRE, Quatre Chapitres inédits sur la Russie, p. 98. - HENRI MARTIN, Histoire de France, t. VI, p. 529.
(49) Sur Toland, les loges anglaises et leurs rapports avec les juifs, voir DESCHAMPS et CLAUDIO JANET, les Sociétés secrètes, t. 1, liv. II, chap. II, § 4 ; t. III, liv. III, chap. I, § 3 ; annexes, documents B, p. 662. - GRAETZ, Histoire des juifs, t. XI, p. 67-68.
(50) GRAETZ, ibid., t. XI, chap. IV. Il sy trouve de trés curieux détails sur cette jeunesse israélite qui se jette avec effervescence dans les idées nouvelles et dans les plaisirs malsains.
(51) FELLER, Dictionnaire, supplément, au mot Weishaupt. - GOSCHLER, Dictionnaire, au mot Illuminés (société politique des). - BOUILLET, Dictionnaire, au mot Weishaupt. - BARRUEL, Mémoires sur le Jacobinisme.
(52) Le comte de Maistre, qui, dans la suite, se tint au courant des manœuvres des Illuminés, disait dans un mémoire adressé à l'empereur Alexandre Ier, en 1816 : « Il y a très certainement, selon toutes les apparences, des sociétés proprement dites organisées pour la destruction de tous les trônes et de tous les autels de l'Europe. La secte, qui se sert de tout, paraît dans ce moment tirer un grand parti des juifs, dont il faut beaucoup se défier. » (Quatre Chapitres inédits sur la Russie, chap. IV.)
(53) Des auteurs prétendent que le manifeste que le duc de Brunswick lança en 1796 pour arrêter momentanément les travaux de l'ordre maçonnique, visait particulièrement les juifs. Il se plaint, dans ce manifeste, qu'on ait recruté pour les introduire dans les loges, des compagnons de tout rang et de toute puissance. (DESCHAMPS, t. II, p. 173-5.) - Deschamps dit également, t. III, p. 23 : « Depuis que la plupart des loges allemandes ont abaissé les anciennes barrières, on constate même dans le monde maçonnique, non sans un certain effroi, l'influence que les enfants d'lsraël y ont prise. »
(54) Ier livre des Rois, chap. XXVIII. - Avant que la magicienne eût commencé son évocation, aussitôt que Saul eut manifesté son désir, Dieu permit que Samuel parût pour lui annoncer le dernier châtiment qui l'attendait. Ce fut la cause pour laquelle la nécromancienne fut étonnée et poussa des cris à l'apparition de Samuel. Telle est l'explication donnée par les saints Pères et par l'Esprit-Saint lui-même au chap. XLVI de l'Ecclésiastique, v. 23. Ainsi l'apparition de Samuel, à la demande de Saul, doit être attribuée, non à la puissance de l'art magique ni au démon, mais à une permission spéciale de Dieu.
(55) Sur les liaisons de Mirabeau avec Weishaupt et les sociétés secrètes, voir DESCHAMPS, t. II, chap. V, § 7 ; chap. VI, § 1. - Nous parlons plus loin des liaisons de Mirabeau avec les israélites de Berlin.